Logiques sectorielles et nomenclature d activité
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La validité d'une nomenclature d'activité réside dans sa capacité à rendre compte des mécanismes économiques et financiers propres aux activités regroupées en chacun de ses postes. Sous cet angle, dans les dernières années de son utilisation, la nomenclature d'activité et de produit (NAP) s'est avérée encore capable de segmenter l'activité économique en ensembles homogènes sous l'angle de certains de ces mécanismes. Tout comme à la fin des années 60, rentabilité et utilisation des facteurs de production restent, en 1985, les dimensions essentielles autour desquelles s'articulent les logiques productives, économiques et financières des différentes activités. C'est par rapport à ce référentiel que peut s'apprécier la pertinence de la NAP en ce qui concerne l'individualisation et l'homogénéité de ses différents postes. En son niveau de regroupement le plus agrégé (N15), elle démontre ainsi, sur près de vingt ans d'états de services, une remarquable persévérance à rendre compte des différences sectorielles en matière de combinaison des facteurs de production. L'essentiel de cette capacité discriminante est conservé en 1985 et en 1992. En matière de rentabilité, elle donne, en revanche, une image peu fidèle des fluctuations réelles d'un secteur d'activité à l'autre.

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Langue Français

Extrait

NOMENCLATURES
Logiques sectorielles
et nomenclature d’activités
Frédéric La validité d’une nomenclature d’activité réside dans sa capacité à rendre compte
Lainé* des mécanismes économiques et financiers propres aux activités regroupées
en chacun de ses postes. Sous cet angle, dans les dernières années de son utilisation,
la nomenclature d’activité et de produit (NAP) s’est avérée encore capable de
segmenter l’activité économique en ensembles homogènes sous l’angle de certains
de ces mécanismes.
Tout comme à la fin des années 60, rentabilité et utilisation des facteurs
de production restent, en 1985, les dimensions essentielles autour desquelles
s’articulent les logiques productives, économiques et financières des différentes
activités. C’est par rapport à ce référentiel que peut s’apprécier la pertinence
de la NAP en ce qui concerne l’individualisation et l’homogénéité de ses
différents postes.
En son niveau de regroupement le plus agrégé (N15), elle démontre ainsi, sur près
de vingt ans d’états de services, une remarquable persévérance à rendre compte
des différences sectorielles en matière de combinaison des facteurs de production.
L’essentiel de cette capacité discriminante est conservé en 1985 et en 1992.
En matière de rentabilité, elle donne, en revanche, une image peu fidèle
des fluctuations réelles d’un secteur d’activité à l’autre.
* Au moment de la ré-
daction de cet article,
Frédéric Lainé appar-
tenait à la division
Synthèse des statisti- e système productif français a connu des d’organisation de l’offre (concentration des en-
ques d’entreprises. L recompositions importantes de sa struc- treprises, emprise des groupes) sont des fac-
ture sectorielle des années 70 aux années 90. teurs de diversité. Une autre différenciation
Ces modifications ont été abondamment com- réside dans la position relative des secteurs par
mentées dans la littérature économique. Mais rapport à l’utilisation des facteurs de produc-
en quoi un secteur est-il différent d’un autre ? tion, au mode de financement de l’activité ou
La réponse apportée à cette question permet encore à la rentabilité. L’étude porte sur ce
d’apprécier pleinement ces recompositions troisième aspect. Il s’agira d’abord d’exhi-
ainsi que la pertinence du découpage utilisé ber les dimensions essentielles autour
pour décrire l’économie (à savoir la nomen- desquelles s’articulent les logiques produc-
clature d’activités). Le type de marché dans le- tives, économiques et financières des sec-
Les noms et dates entre quel s’insère un secteur d’activité (taux teurs. Les résultats obtenus serviront alors à
parenthèses renvoient à d’accroissement de la demande, degré d’inter- apprécier la pertinence de la nomenclature agré-
la bibliographie en fin
nationalisation par exemple) ainsi que le mode gée pour regrouper les activités économiquesd’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 323, 1999 - 3 95en des ensembles homogènes et sufisamment naison productive capital / travail et le degré de
distincts les uns des autres. qualification semblent donc liés. La variable
taux d’investissement se retrouve elle aussi au
Le système productif marchand est analysé sur nord du deuxième axe : un taux d’investisse-
le champ des sociétés imposées au bénéfice réel ment matériel élevé constitue le moyen privilé-
normal. Les logiques sectorielles sont appré- gié de maintenir une combinaison productive à
hendées au travers de la nomenclature d’activi- forte utilisation de capital.
tés et de produits en 100 postes (NAP 100).
Cette dernière a servi de cadre de référence au - le troisième axe discrimine les secteurs selon
classement sectoriel des unités économiques de la valeur du taux d’intégration (valeur ajou-
1973 à 1992 (cf. encadré 1). tée / production). Il révèle la place qu’occupent
les secteurs dans les filières de production et de
commercialisation. Les secteurs à taux d’inté-
Rentabilité, utilisation des facteurs gration faibles sont situés soit en amont des fi-
de production et taux d’intégration : lières (intégration dans la production de
trois dimensions discriminant les consommations intermédiaires importantes),
soit en aval (incorporation d’importantes fonc-logiques sectorielles
tions de commercialisation).
L’analyse en composantes principales permet
d’appréhender les dimensions essentielles Les ratios économiques et financiers s’ordon-
qui structurent un ensemble de variables nent donc autour de trois dimensions essentiel-
quantitatives (Volle, 1985). Réalisée pour les qui définissent le positionnement relatif des
l’année 1985, elle porte sur 15 ratios économi- secteurs : rentabilité, utilisation des facteurs
ques et financiers relatifs à 78 secteurs (cf. en- de production et taux d’intégration de la pro-
cadré 1). Elle fait ressortir trois axes factoriels duction. Le premier pourrait être qualifié de di-
significatifs : mension économique alors que le deuxième
s’interpréterait comme une dimension techni-
- un premier axe que nous appellerons axe de que. Celles-ci sont indépendantes, à savoir que
rentabilité (taux d’inertie = 33,6 %). À l’ouest le positionnement technique d’un secteur ne
de cet axe (cf. graphique I), se regroupent les préjuge pas de son positionnement économi-
variables de rentabilité et d’autofinancement que, et inversement. Ce résultat est en accord
(rentabilité des immobilisations, rentabilité fi- avec les conclusions de A. Desrosières dans son
nancière, capacité de remboursement, taux analyse du système productif industriel à la fin
d’autofinancement des investissements), tandis des années 60, même si l’ordre des axes est in-
que se positionnent à l’autre extrémité les va- terverti (Desrosières, 1972). La place du sec-
riables corrélées négativement à la rentabilité, à teur dans la filière de production apparaît
savoir la part des frais de personnel dans la va- également déterminante. Cependant, elle n’in-
leur ajoutée et le taux d’endettement. On con- duit aucune spécificité systématique dans le
çoit la logique qui préside à l’organisation de domaine de l’utilisation des facteurs de produc-
ces variables autour d’un axe de rentabilité. Le tion ou de la rentabilité.
maintien d’une part de frais de personnel faible
dans la valeur ajoutée conditionne une rentabi- Le positionnement des secteurs sur les axes 1 et 2
lité plus élevée, qu’elle soit d’ordre économi- de l’analyse en composantes principales des-
que ou financier. Une rentabilité élevée permet sine ainsi le paysage productif du milieu des an-
l’autofinancement des investissements, garan- nées 80. Sa diversité s’exprime au travers d’un
tit une capacité de remboursement des dettes et certain nombre de pôles représentatifs de situa-
permet de maintenir un niveau d’endettement tions bien caractérisées (cf. graphique II).
faible.
Au nord de l’axe d’utilisation des facteurs de
- un deuxième axe que nous appellerons axe production se retrouvent les secteurs à forte in-
d’utilisation des facteurs de production (taux tensité capitalistique, combinée à des frais de
d’inertie = 27,8 %). Se positionnent au nord de personnel moyens et à une productivité du tra-
cet axe la variable intensité capitalistique, qui vail assez élevée, comme l’industrie énergéti-
témoigne d’une utilisation prononcée du fac- que et bon nombre d’industries de process,
teur capital par rapport au facteur travail, et la ainsi que certaines activités de service utilisant
variable frais de personnel par tête qui reflète des équipements importants : postes et télé-
essentiellement le degré de qualification de la communications, services récréatifs, culturels
main-d’œuvre. Au niveau du secteur, la combi- et sportifs, transports aériens.
96 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 323, 1999 - 3Encadré 1
CHAMP DE L’ÉTUDE ET RATIOS ÉCONOMIQUES ET FINANCIERS UTILISÉS
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