Nouvelles technologies, nouvelle économie et nouvelles organisations
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Les innovations techniques et l'ouverture à la concurrence remodèlent progressivement les économies développées. Leurs effets ont d'abord été visibles aux États-Unis : l'expansion des années 90 trouve, pour une large part, son origine dans le déclin rapide du prix de l'informatique et le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC).

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Langue Français

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003-014 Préface 04/05/2001 13:20 Page 3
Nouvelles technologies,
nouvelle économie
et nouvelles organisations
es innovations techniques et l’ouverture à la concurrence remodèlentLprogressivement les économies développées. Leurs effets ont d’abord
été visibles aux États-Unis : l’expansion des années 90 trouve, pour une
large part, son origine dans le déclin rapide du prix de l’informatique et le
développement des nouvelles technologies de l’information et de la com-
munication (TIC). Dans la première moitié de la décennie, cette nouvelle
vague d’innovations a stimulé l’accumulation de capital et l’emploi, sans
effet visible sur les gains de productivité. À partir du milieu de la décennie,
l’augmentation tant attendue des gains de productivité s’est enfin maté-
rialisée. Les économies européennes semblent, avec un certain décalage,
également tirer profit de cette nouvelle vague d’innovations.
Peut-on pour autant parler de « nouvelle économie » ? Un certain flou
entoure assurément ce concept. Selon Gordon (2000), les TIC ne peuvent
se comparer aux grandes innovations du passé (chemin de fer, électricité
ou automobile par exemple) : elles ne créent pas, à proprement parler, de
nouveaux produits, leur apport essentiel étant de dématérialiser des biens
existants et de réduire le prix de l’information. Dans le même temps, ces
nouvelles technologies présentent un caractère «générique» dans la
mesure où elles affectent pratiquement tous les secteurs de l’économie.
Pour éclairer les termes de ce débat sur l’ampleur des changements en
cours, il est sans doute utile de distinguer deux types d’approche. L’approche
macroéconomique appréhende la nouvelle économie au travers d’une modi-
fication des paramètres de la croissance : les gains de productivité sont, au
moins transitoirement, plus dynamiques et le chômage structurel plus bas.
L’approche microéconomique souligne, pour sa part, les nouvelles sources
de la croissance : modification de la frontière entre l’entreprise et le marché,
développements des réseaux et des activités à rendements d’échelle crois-
sants, nouveaux circuits de financement de l’innovation.
3ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 339-340, 2000 - 9/10003-014 Préface 04/05/2001 13:20 Page 4
Ce numéro d’Économie et Statistique aborde ces deux dimensions de la
« nouvelle économie ». Sans prétendre à l’exhaustivité, il propose un éclai-
rage sur certains de ses aspects : pourquoi la nouvelle économie s’est-elle
d’abord développée aux États-Unis ? comment évaluer sa contribution à
la croissance ? les gains de productivité trouvent-ils leur origine dans la
production ou dans la diffusion des innovations ? comment les nouvelles
technologies modifient-elles l’organisation et les conditions de travail ?
Évaluer la contribution des nouvelles
technologies à la croissance
Les gains de productivité par tête de l’économie américaine sont passés
de 1,3 % par an sur la période 1973-1995 à 2,5 % par an sur la période
1995-1999. L’ampleur et la nature exacte de cette accélération restent un
sujet de controverses. Celle-ci peut en effet présenter un caractère tran-
sitoire ou permanent ; trouver son origine dans une augmentation de l’in-
tensité capitalistique ou une hausse des gains de productivité globale ; être
davantage liée à la production ou à la diffusion des TIC. Pour préciser les
différents termes de ce débat, il est utile de raisonner dans le cadre simple
d’une fonction de production. Dans ce cadre, le progrès technique peut
affecter la productivité du travail de deux manières différentes :
- via une baisse du prix des équipements. La méthode des prix hédoniques,
explicitée dans ce numéro, permet d’intégrer à la mesure du capital le
progrès technique incorporé aux nouvelles générations de capital, c’est-à-
dire, en simplifiant, de prendre en compte l’amélioration de la qualité des
équipements. Cette baisse du prix ne préjuge cependant pas d’une amé-
lioration de l’efficacité globale de l’économie. Elle peut simplement induire
un mouvement de substitution entre nouveaux équipements et facteurs de
production existants ;
- via une hausse des gains de productivité globale, qui vient stimuler en
retour l’accumulation de capital.
Les innovations portant sur les TIC ont vocation à stimuler, avec les conven-
tions comptables en vigueur, les gains de productivité globale dans les sec-
teurs producteurs. L’impact des TIC sur la productivité globale des secteurs
utilisateurs reste, en revanche, plus indéterminé. A priori, la baisse du prix
relatif des TIC incite les entreprises à substituer du capital informatique à
d’autres facteurs de production, ce qui modifie leur combinaison productive et
leur niveau de production rentable, mais pas leur productivité globale : la
productivité du travail et du capital traditionnel augmentent, tandis que celle
du capital informatique diminue. Selon Gordon (2000), la loi des rendements
décroissants s’applique au capital informatique, au même titre qu’aux autres
formes de capital, dans la mesure où le nombre d’utilisateurs potentiels et
le temps disponible par individu sont fixes.
Pour rendre compte d’une incidence des nouvelles technologies sur les
gains de productivité globale des secteurs utilisateurs, il faut postuler soit
l’existence d’effets externes liés aux nouvelles générations de capital (exter-
nalités de réseau par exemple, la productivité d’un équipement en réseau
augmentant au fur et à mesure que le nombre d’utilisateurs s’accroît), soit
des retombées favorables en termes d’organisation (plus grande efficacité
logistique des entreprises ; réduction de la place des intermédiaires le long
de la chaîne de production et de distribution, etc.).
4 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 339-340, 2000 - 9/10003-014 Préface 04/05/2001 13:20 Page 5
Les études empiriques disponibles sur les États-Unis montrent que l’aug-
mentation des gains de productivité par tête apparue au cours des années 90
trouve, pour une large part, son origine dans une hausse des gains de pro-
ductivité globale des secteurs producteurs de TIC, ainsi que dans une accu-
mulation du capital par tête dans tous les secteurs, qu’ils soient producteurs
ou utilisateurs. Le débat reste vif, en revanche, sur deux points : l’ampleur
des gains de productivité globale des secteurs utilisateurs et le caractère
cyclique ou structurel des évolutions récentes.
Comme le montre le tableau ci-dessous, la hausse des gains de productivité
globale dans les secteurs utilisateurs serait de l’ordre de 0,3-0,4 point selon
Oliner et Sichel (2000) et Jorgenson et Stiroh (2000), de 1 point d’après les
dernières évaluations du Council of economic advisers (2001). Elle serait,
en revanche, quasi inexistante une fois corrigée des effets du cycle chez
Gordon (2000).
De fait, l’accumulation du capital comporte, du moins pour partie, une com-
posante cyclique, la forte hausse de la valeur boursière des entreprises
américaines (relativement à la valeur de leurs équipements) ayant pu artifi-
ciellement pousser l’investissement à la hausse. La part des investisse-
ments des entreprises dans le PIB en valeur a augmenté (de 13,2 % fin
1991 à 17,8 % fin 2000), ce qui signifie que la hausse du taux d’investis-
sement en volume a été supérieure à la baisse du prix relatif des inv
sements (- 18 % sur la période). Dans son article, Romain Duval ne décèle
pas, il est vrai, d’excès significatif d’investissement aux États-Unis.
Il montre, en revanche, que l’augmentation récente des gains de producti-
vité globale présente, en partie, un caractère cyclique.
Ces différentes estimations montrent qu’il est difficile d’évaluer ex ante dans
quelle mesure les TIC permettent de rehausser de manière pérenne le niveau
de l’offre potentielle, voire le rythme de croissance de long terme de l’éco-
nomie. Une baisse du prix relatif des équipements appelle une croissance de
l’investissement plus rapide que celle du PIB. Un tel écart de croissance ne
peut présenter, dans un modèle à la Solow (1956), qu’un cara

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