Quel crédit accorder à la « nouvelle économie » américaine ?
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Depuis 1991, les États-Unis ont connu une croissance forte et surtout durable, dans un contexte d'inflation maîtrisée. À partir de 1996, et jusqu'à la fin 1999, cette performance d'ensemble est devenue exceptionnelle : le PIB a progressé à un rythme annuel supérieur à 4 %, les prix ont décéléré, et les gains de productivité du travail ont été élevés. De façon schématique, trois types d'interprétation du cycle d'expansion actuel peuvent être avancés. Suivant le premier d'entre eux, les États-Unis auraient simplement bénéficié de politiques économiques (un policy-mix) performantes, mais aussi d'une combinaison d'éléments circonstanciels, dont certains, comme l'envolée boursière, auraient favorisé une dynamique d'endettement intérieur et extérieur difficilement soutenable. Les deux autres types d'interprétation possibles renvoient à l'émergence d'une nouvelle économie. Dans sa version la plus favorable, celle-ci serait caractérisée par une hausse permanente du taux de croissance potentiel, rendue possible par l'impact de l'essor des nouvelles technologies de l'information (NTI) sur les rythmes d'accumulation du capital et du progrès technique. Dans sa version la moins favorable, la nouvelle économie serait marquée par une hausse transitoire du taux de croissance potentiel, qui proviendrait d'une utilisation plus large et plus efficace des facteurs de production, grâce notamment aux réformes intervenues sur les marchés du travail et des biens. En fait, les facteurs temporaires que sont l'appréciation du dollar ou encore la baisse des cours mondiaux des matières premières ne suffisent pas à expliquer les succès rencontrés par l'économie américaine. Au-delà, il semble bien que le niveau de la production potentielle ait augmenté, par le biais notamment d'une baisse du chômage structurel. En outre, l'apparition de gains permanents dans le rythme d'accumulation du progrès technique paraît aujourd'hui probable. Cette évolution semble devoir être rapprochée de ...

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Langue Français

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n° 339-340 - Inter duval 04/05/2001 13:23 Page 15
INTERNATIONAL
Quel crédit accorder
à la « nouvelle économie »
américaine ?
Romain Duval*
Depuis 1991, les États-Unis ont connu une croissance forte et surtout durable,
dans un contexte d’inflation maîtrisée. À partir de 1996, et jusqu’à la fin
1999, cette performance d’ensemble est devenue exceptionnelle : le PIB a pro-
gressé à un rythme annuel supérieur à 4 %, les prix ont décéléré, et les gains
de productivité du travail ont été élevés.
De façon schématique, trois types d’interprétation de ce cycle d’expansion
peuvent être avancés. Suivant le premier d’entre eux, les États-Unis auraient
simplement bénéficié de politiques économiques (un policy-mix) perfor-
mantes, mais aussi d’une combinaison d’éléments circonstanciels, dont cer-
tains, comme l’envolée boursière, auraient favorisé une dynamique d’endette-
ment intérieur et extérieur difficilement soutenable. Les deux autres types
d’interprétation possibles renvoient à l’émergence d’une nouvelle économie.
Dans sa version la plus favorable, celle-ci serait caractérisée par une hausse
permanente du taux de croissance potentiel, rendue possible par l’impact de
l’essor des nouvelles technologies de l’information (NTI) sur les rythmes
d’accumulation du capital et du progrès technique. Dans sa version la moins
favorable, la nouvelle économie serait marquée par une hausse transitoire du
taux de croissance potentiel, qui proviendrait d’une utilisation plus large et
plus efficace des facteurs de production, grâce notamment aux réformes inter-
venues sur les marchés du travail et des biens.
En fait, les facteurs temporaires que sont l’appréciation du dollar ou encore la
baisse des cours mondiaux des matières premières ne suffisent pas à expliquer
les succès rencontrés par l’économie américaine. Au-delà, il semble bien que
le niveau de la production potentielle ait augmenté, par le biais notamment
d’une baisse du chômage structurel.
En outre, l’apparition de gains permanents dans le rythme d’accumulation du
progrès technique paraît aujourd’hui probable. Cette évolution semble devoir
être rapprochée de l’accumulation massive de capital en matériel informa-
tique, mais aussi de l’accélération du progrès technique dans les secteurs pro-
ducteurs de ce type de matériel.
* Romain Duval appartient à la direction de la Prévision et au TEAM-CNRS (Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne).
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
15ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 339-340, 2000 - 9/10n° 339 - 340 - Annexes 1 à 3 04/05/2001 13:29 Page 35
ANNEXE 1
COMPARAISON DES REPRISES DE 1982 ET 1991 AUX ÉTATS-UNIS
Produit intérieur brut Consommation privée
150 150 150 150
140 140 140 140
130 130 130 130
120 120 120 120
110 110 110 110
100 100 100 100
90 90 90 90
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36
reprise de 1982 reprise de 1991 reprise de 1982 reprise de 1991
Consommation publique Investissement en équipement
140 140 300 300
130 130 260 260
120 120 220 220
110 110 180 180
100 100 140 140
90 90 100 100
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36
reprise de 1982 reprise de 1991 reprise de 1982 reprise de 1991
Investissement en construction Exportations
150 150 240 240
140 140
200 200
130 130
120 120 160 160
110 110
120 120
100 100
90 90 80 80
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36
reprise de 1982 reprise de 1991 reprise de 1982 reprise de 1991
Importations Emploi salarié
280 280 125 125
120 120240 240
115 115
200 200
110 110
160 160
105 105
120 120 100 100
80 80 95 95
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36
reprise de 1982 reprise de 1991 reprise de 1982 reprise de 1991
Taux d'épargne des ménages Taux de change effectif réel
12 12 120 120
10 10
110 110
8 8
6 6 100 100
4 4
90 90
2 2
0 0 80 80
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 0 4 8 12 16 20 24 28 32 36
reprise de 1982 reprise de 1991 reprise de 1982 reprise de 1991
Capacité de financement structurelle desTaux d'intérêt réel à 3 mois
7 7 APU
2 %6 6
5 5 0 %
4 4
-2 %3 3
2 2
-4 %
1 1
-6 %0 0
0 4 8 1216 202428 3236 0123456789
reprise de 1982 reprise de 1991 reprise de 1982 reprise de 1991
Lecture : les données sont en base 100 =1982T3 ou 1991T1 (sauf pour le taux d’épargne, les taux d’intérêt et le besoin de financement
des APU). L’axe des abscisses indique le nombre de trimestres (d’années dans le cas du besoin de financement des APU) écoulés
depuis le dernier creux de cycle observé.
Sources : Bureau of Economic Analysis, Bureau of Labor Statistics, Federal Reserve, calculs de l’auteur.
o 35ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N 339-340, 2000 - 9/10n° 339 - 340 - Annexes 1 à 3 04/05/2001 13:29 Page 36
ANNEXE 2
ESTIMATION D’UNE COURBE DE PHILLIPS SOUS FORME RÉDUITE
On se propose d’estimer une forme réduite de la courbe de Phillips avec chocs d’offre, sous la forme :
P = A(L)*P - α*(U –U ) - B(L)*Zt-1 N t
où A(L) est un polynôme retard dont la somme des coefficients est égale à 1 (hypothèse d’indexation unitaire, qui sous-
tend l’existence d’un NAIRU), P l’indice des prix à la consommation (en logarithme), U est le taux de chômage, U le NAIRU,N
B(L) un autre polynôme retard, et Z une variable représentative des chocs d’offre.t
Cette relation peut être réécrite sous la forme :
P = A(L)*P - *U - B(L)*Z + * Ut-1 t N
Cette équation est estimée par les moindres carrés non linéaires sur la période 1975T1-2000T1, en supposant un
NAIRU constant. La constante α*U est estimée sous la forme d’un produit de deux coefficients, dont le premier estN
contraint égal à α, coefficient estimé du taux de chômage : cette méthode est strictement équivalente à une régression
avec une simple constante estimée librement, mais elle permet de lire directement le niveau du NAIRU sous-jacent à
l’estimation. Par ailleurs, l’hypothèse d’indexation unitaire n’est pas rejetée par un test de Wald au seuil de 5 %.
L’estimation finale est la suivante :
P = 0,42*P + 0,31*P + 0,27*P - 0,1*U + 0,12* Z + 0,1*6,7-1 -3 -6 t
(6,1) (3,9) (contraint) (-3,3) (5,9) (3,3) (16,6)
2R = 0,85 DW = 1,9
Avec :
- P = Indice des prix à la consommation en logarithme (1) (Source : Bureau of Labor Statistics) ;
- U = Taux de chômage (Source : Bureau of Labor Statistics) ;
- Z = Taux de croissance trimestriel du prix réel des importations, égal à la différence entre le taux de croissance dut
déflateur des importations et celui du déflateur du PIB (Source : Bureau of Economic Analysis). Cette variable intègre
donc à la fois les effets des variations du dollar et ceux de l’évolution des cours mondiaux des matières premières.
Il ressort de cette équation un niveau plutôt élevé du NAIRU sur la période : 6,7 %, alors que la majorité des
économistes l’estimaient jusqu’au début des années 90 à un peu plus de 6 %.
Afin de déterminer si et à quel moment le NAIRU a diminué au cours des quinze dernières années, on effectue une simu-
lation dynamique de l’équation à partir de 1985T1, jusqu’en 2000T1 (cf. graphique A).
L’équation surestime régulièrement l’inflation à partir de la mi-1992, mais la divergence devient surtout frappante à partir
de la fin 1997. Dans la mesure où l’estimation intègre l’impact des chocs d’offre, il apparaît clairement que ceux-ci ne
sauraient expliquer à eux seuls le mouvement de désinflation observé entre la fin 1997 et la fin 1998. Ils expliquent
toutefois pourquoi l’équation ne prévoyait pas d’accélération de l’inflation au cours de cette période, en dépit d’un taux
de chômage constamment très inférieur au NAIRU estimé. Au vu de cette simulation, il semble donc bien qu’il se soit
produit une diminution du taux de chômage structurel au cours des années 90.
En théorie, il se pourrait toutefois que la sous-estimation récente de l’inflation soit davantage liée à un changement dans
la dynamique de l’équation (modification des coefficients autres qu

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