Safari nivernais

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• Publié par: motorevue
• Publié le: 19 juillet 2012
• Nombre de lectures: 4
• Langue: Français

Extrait

Safari nivernais

C'est moche de vieillir... Je regarde ce visage fatigué, crevassé, laminé, usé par ces trois heures de compétition intense, et je ne peux réfréner un léger vague à l'âme. Pas de miroir devant moi, non, perso, je pète la forme ! On me proposerait un 3e relais que j'en serais, et en sifflotant encore... Non, ce qui me fait trouver la vieillesse laide, c'est la tronche de mon rédac' chef, adversaire du jour, souffredouleur de ma grande forme, celui-là même qui fut pour moi un pilote avant d'être un journaliste et qui vient d'annoncer brutalement la fin de sa carrière sur bitume. Scié, je regarde ce vieux lion argumenter sur les raisons de sa retraite. Il dit ne plus savoir aller vite sur circuit et entend se consacrer pour le restant de ses jours aux compétitions de tout-terrain... Mouais, pas sûr que son corps apprécie. Je le revois encore lors de notre dernière virée verte, à genoux dans la gadoue, la clavicule pulvérisée... Bref, du coup, je culpabilise. Je viens de vivre l'une de mes plus belles expériences sportives et je la lui dois. Alors pourquoi, mais pourquoi a-t-il fallu que je vienne tout gâcher en étant presque aussi rapide que lui ? J'ai l'impression d'être un sale gosse qui vient de botter le cul du père Noël ! En y repensant, je me suis même trouvé méchant. Entendonsnous bien, dans la famille Moto Revue, on se taquine. Chambrer n'est plus un jeu, pas même un sport, c'est un art de vivre ! Alors trop heureux de faire des chronos honorables, pour un photographe j'veux dire, à chaque fin de séance j'allais me pavaner avec la feuille des temps en espérant trouver du répondant. Que nenni, le vieux lion restait sur le flanc, paisible, me félicitant et siestant au lieu de pester. Peut-être est-ce cette déconvenue, lui qui ne m'envisageait sur circuit il y a peu encore que comme une simple chicane mobile, qui a mis définitivement en vrille son esprit... En même temps, il ne peut me reprocher de m'être pris au jeu de la course. D'autant que, grisé par l'ambiance du paddock, par l'excitation de vivre une vraie compétition de grands avec mon ami, Tom, par l'adrénaline que procure un parfait tirage de bourre entre pilotes décomplexés et sérieux, j'en ai oublié les règles élémentaires de la politesse. Alors rendons à César ce qui lui appartient... Merci Trac.