Tabagisme féminin
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Extrait d’article de la revue Mutuelle et Santé n° 39

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Publié le 15 février 2013
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Langue Français

Extrait

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Santé UNE ACCUMULATION DE RISQUES Le tabagisme au féminin Le nombre de femmes fumeuses, notamment les adolescentes, ne cesse d’augmenter. Ce constat est d’autant plus inquiétant que l’on connaît déjà très bien les ravages causés par le tabac dans la population masculine ; les responsables de santé craignent à terme, pour les femmes, des conséquences pires encore « Hé ! Monsieur, une cigarette/Une cibiche ça n’engage à rien… » chantait-on au début du siècle dernier, quand le tabac – le gris, dans ses doigts que l’on roule – était encore assimilé, pour une femme, à la débauche. L’évolution des mœurs, en quelques décennies, a submergé tout cela: les bouts dorés, les blondes – ce tabac-là, dit toujours la chanson, «c’est du chiqué» – puis les filtres ont en quelque sorte féminisé la cigarette, l’ont civilisée d’ailleurs à tel point que tout le monde, homme ou femme, jeune ou moins jeune, fume à peu près, aujourd’hui, le même type de cigarette. Ce qui est nouveau pourtant, depuis quelques années, c’est que le tabagisme masculin a régressé alors que, chez les femmes, la tendance est inverse, le pourcentage des adolescentes fumeuses ayant même dépassé celui des garçons fumeurs du même âge. Un marqueur social La consommation masculine a d’abord été l’apanage des classes supérieures, puis la pratique a gagné les hommes des milieux populaires dans la première e moitié du XXsiècle, en relation étroite d’ailleurs avec l’alcoolisme. Aujourd’hui, on note un reflux de la consommation du tabac dans les classes moyennes et supérieures mais une stagnation dans le monde des ouvriers et employés. Quoi qu’il en soit, on peut considérer, globalement, que le tabagisme masculin a désormais atteint son apogée et se trouve plutôt en phase de régression.
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C’est loin d’être le cas pour la population féminine. Avec environ deux générations de décalage, on assiste à un processus similaire à celui des e hommes : pour les femmes de la seconde moitié du XXsiècle, fumer a d’abord été le privilège d’une classe sociale cultivée et aisée en même temps qu’un signe d’émancipation. Ce sont ces femmes qui, à l’heure actuelle, fument davantage, mais la diffusion de la pratique dans les milieux plus modestes, encore, hélas! à ses débuts, laisse augurer un phénomène analogue à celui qu’on a connu dans la population masculine, à savoir qu’il faudra sans doute beaucoup de temps pour que l’on parvienne à une phase globalement descendante. Une question d’image Voir une femme fumer dans la rue, au milieu des années soixante, suscitait pour le moins de l’étonnement. Dix ans plus tard, cela n’étonnait plus grand monde mais ce n’était pas très fréquent. Aujourd’hui, on fume jusque dans les cours de collèges, ou en tout cas sur le trottoir, devant l’entrée du lycée, et les filles encore plus que les garçons si l’on se réfère aux statistiques relatives aux moins de 18 ans. Chez les adolescentes, la cigarette symbolise sans doute l’égalisation des chances entre garçons et filles, ainsi que l’affirmation de l’indépendance, voire de l’accession à la réussite sociale. Le milieu familial ne joue pas un mince rôle dans l’affaire : l’accompagnement tabagique de l’émancipation de maman à la génération précédente sera d’autant mieux reproduit que maman continue de fumer à la maison. Mais le déterminant social joue tout autant : si les garçons fument, c’est pour faire comme les copains; pour les filles, c’est plutôt l’inverse, par désir de se singulariser et pour donner de soi une image à la fois originale et conforme aux stéréotypes de la mode véhiculés par les émissions de télé et les magazines féminins. Des risques accrus Le tabac tue en France environ 60 000 personnes chaque année, dont la moitié par cancer du poumon ou des voies respiratoires, de l’œsophage, du côlon, de la vessie… Tous les fumeurs courent des risques communs et, actuellement, la mortalité masculine par cancer du poumon l’emporte largement sur la mortalité féminine pour la même affection. Cependant, cette dernière en région parisienne dépasse déjà celle causée par le cancer du sein, or il y a tout lieu de s’inquiéter en outre des interactions néfastes entre le système hormonal féminin et le tabac: des études montrent que le cancer du col de l’utérus est quatre fois plus fréquent chez les femmes fumeuses, et les accidents vasculaires sont multipliés par dix pour les femmes qui associent tabac et pilule contraceptive, surtout après 35 ans D’autres effets liés à l’action anti-œstrogène du tabac ont été constatés, comme une baisse sensible de la fertilité et une ménopause plus précoce.
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Parallèlement, le tabagisme au long cours finit par provoquer des affections bucco-dentaires rebelles aux actes de chirurgie tels les implants ou les greffes osseuses ainsi que les traitements parodontaux. D’un point de vue dermatologique enfin, le tabac altère les fibres élastiques de la peau – ce qui nuit à une bonne cicatrisation –, favorise les rides et donne un teint grisâtre. Pour en sortir L’information sur les ravages du tabagisme est largement faite ; les interdits – d’affichage, de publicité, de vente aux mineurs, de fumer à peu près partout… – s’accumulent et finissent par s’imposer peu ou prou; les prix de l’herbe à Nicot montent inexorablement – à un point tel d’ailleurs que la contrebande fleurit et que les diverses mafias recommencent à s’intéresser à ce marché – et pourtant, comme nous l’avons vu au début, la décrue est lente et ne s’applique pas à la population féminine prise dans son ensemble. Les jeunes femmes, notamment, non seulement ne «décrochent »pas mais sont de plus en plus nombreuses à fumer. Parmi toutes les mauvaises raisons qui expliquent ce phénomène, on peut en retenir deux qui se conjuguent en se contrariant mutuellement: si l’acte de fumer, initié relativement tôt pour les raisons énoncées plus haut, est une forme de réponse au stress de la vie moderne où les femmes se trouvent dans la situation de devoir faire doublement leurs preuves professionnelles tout en essayant d’accomplir au mieux leur vie familiale, le fait de vouloir arrêter de fumer leur fait craindre non seulement de se priver d’un «anxiolytique » agréable et convivial mais de devoir ensuite lutter encore plus difficilement contre la prise de poids que le sevrage induit quasi systématiquement. Il faut pourtant sortir de ce cercle vicieux, par des réponses différenciées qui, précisément, tiendront compte, pour les jeunes femmes, de cet épouvantail du surpoids qui paralyse souvent les meilleures volontés. Les mesures diététiques et les conseils psychologiques sont les deux axes de la prise en charge nécessaire, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de femmes enceintes, où la notion de risques accrus concerne à la fois la mère et le futur enfant. Dans le domaine de la prévention, signalons cette initiative toute simple qui a été lancée par un médecin du Nord – Pas-de-Calais, qui consiste à effectuer une mesure systématique du taux d’oxyde de carbone dans l’air expiré. Appliquée expérimentalement dans les écoles et collèges – mais pourquoi pas dans les administrations ou les entreprises –, elle est une excellente approche pour l’arrêt de la cigarette car elle permet au fumeur de prendre immédiatement conscience de son degré d’intoxication.
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Des adresses utiles  Office français de prévention dutabagisme :66, boulevard Saint-Michel, 75006 Paris. Tél.: 0143 25 19 65.Il informe sur tous les centres de sevrage tabagique en France.  Comité national contre le tabagisme: 31, avenue Michel-Bizot, 75012 Paris. Tél. : 01 44 23 04 00. Tabac et grossesse Malgré toutes les mises en garde à propos du caractère hautement nuisible du tabac pour le développement du fœtus, on estime que les grossesses sous dépendance tabagique sont trois fois plus nombreuses aujourd’hui qu’il y a vingt-cinq ans. D’où la multiplication des risques :  d’avortement spontané,  d’accouchement prématuré,  de retard de croissance à la naissance,  d’infections respiratoires et ORL du nouveau-né,  de mort subite du nourrisson.
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