Vieillissement démographique et dépenses de santé et de soins de longue durée au Québec, 1981-2051 - article ; n°2 ; vol.1, pg 155-171
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Santé, Société et Solidarité - Année 2002 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 155-171
La part du PIB consacrée aux soins de santé et de dépendance pourrait doubler d’ici 50 ans au Québec alors qu’elle n’augmenterait que du tiers dans les pays de la Communauté européenne. Ce constat repose sur l’hypothèse, vérifiée dans la période récente malgré l’amélioration de l’état de santé et du statut vital de la population, que les dépenses per capita (à âge égal) suivent l’augmentation de la richesse collective et augmentent au sein des générations. Pour les dépenses publiques, il en fut autrement et, par conséquent, leur poids ne cesse de diminuer. L’augmentation ne provient pas d’une croissance accélérée des dépenses mais plutôt du fossé qui risque de s’élargir entre celles-ci et la richesse nationale. Le système est toutefois confronté à un déplacement graduel des besoins vers les problèmes caractéristiques des 3e et 4e âges. Les soins dépendance, qui constituent actuellement 26% des dépenses publiques, représenteront pendant encore deux décennies un peu moins de 40% des dépenses additionnelles. Par la suite, cette proportion progressera rapidement. Plusieurs inconnus demeurent et autant l’offre que la demande de services sont susceptibles de se transformer dans les prochaines décennies. L’ampleur de la croissance économique et le rythme d’augmentation des dépenses per capita (à âge égal) seront, autant que le vieillissement démographique, des facteurs clé dans la capacité future des États de financer le système de santé et de dépendance.
The share of GDP devoted to health care and dependency care could double within the next 50 years in Quebec whereas it should increase by only one third in the European Community countries. This observation is based on the hypothesis — confirmed recently despite improved health and vitality of the population — that per capita expenditures (at the same age) keep up with the increase in collective wealth and rise within generations. However, for public expenditures, the scenario is different and, as a result, their importance decreases continuously. The increase does not come from a rapid growth in expenditures but rather from the gap that may widen between expenditures and national wealth. The system is nevertheless faced with the gradual displacement of needs towards problems that are characteristic of the third and fourth ages. Dependency care, which currently makes up 26% of public expenditures, will for another two decades account for slightly under 40% of additional expenditures. Subsequently, this proportion will rise rapidly. There are still many unknown factors and both supply and demand of services are likely to change during the coming decades. The extent of economic growth and the rate of increase in per capita expenditures (at the same age) will be, as much as population aging, key factors in the future capacity of states to finance the health and dependency system.
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Publié le 01 janvier 2002
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Vieillissement démographique et dépenses de santé et de prise en charge de la dépendance au Québec, 1981-2051
Madeleine Rochon QUÉBEC Agente de recherche et de planification socio-économique, Unité des études et analyses, ministère de la Santé et des Services sociaux
La part du PIB consa-Résumé crée aux soins de santé et de dépendance pourrait doubler d’ici 50 ans au Québec alors qu’elle n’aug-menterait que du tiers dans les pays de la Communauté européenne. Ce constat repose sur l’hypothèse, vérifiée dans la période récente malgré l’amélioration de l’état de santé et du statut vital de la popu-lation, que les dépenses per capita (à âge égal) suivent l’augmentation de la richesse collective et augmentent au sein des générations. Pour les dépenses publiques, il en fut autrement et, par conséquent, leur poids ne cesse de diminuer. L’augmentation ne provient pas d’une croissance accélérée des dépenses mais plutôt du fossé qui risque de s’élargir entre celles-ci et la richesse nationale. Le système est toutefois confronté à un déplacement graduel des besoins vers les problèmes caractéristiques des 3 e et 4 e âges. Les soins dépendance, qui constituent actuellement 26 % des dépenses publiques, représente-ront pendant encore deux décennies un peu moins de 40 % des dépenses additionnelles. Par la suite, cette proportion progressera rapidement. Plusieurs inconnus demeurent et autant l’offre que la demande de services sont susceptibles de se transformer dans les prochaines décennies. L’ampleur de la croissance économique et le rythme d’aug-mentation des dépenses per capita (à âge égal) seront, autant que le vieillissement démographique, des facteurs clé dans la capacité future des États de financer le système de santé et de dépendance.
Abstract eTdhetsohahreeaolfthGDcaPredeavontd-dependency care could double within the next 50 years in Quebec whereas it should increase by only one third in the European Community countries. This observation is based on the hypothesis – confirmed recently despite improved health and vitality of the population – that per capita expendi-tures (at the same age) keep up with the increase in collective wealth and rise within generations. However, for public expendi-tures, the scenario is different and, as a result, their importance decreases continuously. The increase does not come from a rapid growth in expenditures but rather from the gap that may widen between expenditures and national wealth. The system is neverthe-less faced with the gradual displacement of needs towards problems that are characteris-tic of the third and fourth ages. Dependency care, which currently makes up 26% of pub-lic expenditures, will for another two decades account for slightly under 40% of additional expenditures. Subsequently, this proportion will rise rapidly. There are still many unknown factors and both supply and demand of services are likely to change during the coming decades. The extent of economic growth and the rate of increase in per capita expenditures (at the same age) will be, as much as population aging, key factors in the future capacity of states to finance the health and dependency system.
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l n’y a pas unanimité quant aux consé-quences du vieillissement démogra-I Canada ou au Québec. Pour certains, phique sur les coûts de la santé au c’est un problème très sérieux illustré par l’augmentation du rapport de dépendance démographique des personnes âgées 1 , lequel doublera dans les vingt-cinq pro-chaines années. Pour d’autres, le vieillisse-ment démographique ne pose pas de pro-blème. La hausse de la productivité sera suffisante pour faire face à l’augmentation des dépenses gouvernementales. Enfin, certains pensent que le vieillissement com-portera ses propres solutions au Canada puisqu’il entraînera des entrées fiscales sup-plémentaires importantes dans quelques décennies (4 % du PIB). Nous verrons sur quelles prémisses des résultats aussi diver-gents peuvent être obtenus. Juger de l’im-pact du vieillissement démographique implique en effet de faire des hypothèses sur les multiples forces qui agissent dans les domaines de la santé et de l’économie. Cet article ne propose pas une vision pessimiste ou optimiste du sujet. Il veut plutôt éclairer le débat actuel sur la capacité de nos sociétés d’assurer le financement des dépenses de santé et de prise en charge de la dépendance. Il tentera d’abord de com-prendre les facteurs à l’origine de l évo-lution des dépenses dans les années récentes, puis les mettra en lien avec ceux qui affectent l’évolution de la richesse collective. Les comparaisons internationales ont, en effet, donné peu d’importance au vieillisse-ment démographique, la richesse des pays industriels semblant être le principal facteur des variations de dépenses par habitant dans le temps et l’espace. Le progrès technique et les dispositifs institutionnels ont également un impact. On a noté une influence signi-ficative du rapport de dépendance sur une longue période, celle de 1960-1995. Les études nationales ont également souligné le faible rôle du vieillissement démogra-phique, l’augmentation des coûts étant plutôt expliquée par la hausse des dépenses per capita. En effet, les années 70 et 80 se sont caractérisées par une augmentation importante des contacts entre la population
et l’appareil médical, particulièrement dans le cas de la population âgée. Nous vérifierons d’abord s’il en est tou-jours ainsi, au Québec, pour un ensemble de dépenses plus large : la santé et la dépen-dance. Certaines séries chronologiques, bien qu’imparfaites, nous permettront d’abord de vérifier la stabilité du profil des dépenses per capita selon l âge. Nous pourrons ensuite comparer l’effet du vieillissement démo-graphique à celui d’autres facteurs, autant sur l’évolution des dépenses que sur celle de la richesse collective, et ce, depuis le début des années 80 au Québec. Ce portrait devrait nous permettre d’éclairer les diffé-rents modèles de projection de l’impact futur du vieillissement démographique. Profil des dépenses selon l’âge Le profil, très accentué, des dépenses québé-coises avec l’âge provient essentiellement du secteur de la dépendance. À partir de 80 ans, ce secteur représente la majorité des dépenses publiques par habitant et, sans doute, la majorité des dépenses totales dès 85 ans. Dans le secteur de la santé, l’aug-mentation des dépenses avec l’âge apparaît plus tôt dans la vie, ne prend jamais une telle ampleur et s’atténue aux âges avancés. Autant pour le secteur des soins de courte durée (hospitalier surtout) que celui de la rémunération des médecins (quel que soit le lieu de pratique), il s’agit d’une progres-sion relativement linéaire, du moins jusqu’à un certain âge. La composition, fort différente, des dépenses publiques et privées selon le type de soins explique leur profil selon l’âge assez dissemblable (figure 1). En raison du développement historique du système de santé canadien, les dépenses publiques comprennent les dépenses hospitalières et médicales et l’essentiel des dépenses des autres types d’établissements (hôpitaux psy-chiatriques, centres d’hébergement et de soins de longue durée, centres de réadapta-tion, etc.) et des dépenses à domicile. Les dépenses privées sont constituées de la majorité des dépenses pharmaceutiques et
1. Le rapport entre le nombre de personnes âgées et le nombre de personnes d’âge actif.
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e n c a d r é 1 Changements démographiques
Le Québec se particularisera, avec le Canada et quelques pays anglo-saxons, par un très fort accroissement de sa population âgée. Celle-ci doublera dans les 25 prochaines années alors qu’elle n’augmentera que de 40 % dans plusieurs pays européens (France, Suède, Royaume-Uni, etc.). Toutefois, contrairement à ce qui est sou-vent perçu, ce n’est pas le taux d’accroissement du nombre de personnes âgées qui sera alors un phénomène nouveau mais bien la décroissance de la population jeune. En effet, selon le scénario démographique de l’Institut de la statistique du Québec 2 , le nombre de personnes âgées augmentera, entre 2011 et 2026, au rythme de 3 % par an, comme durant la période 1961-1991. On assistera par contre, pour la première fois à une décrois-sance de la population en âge de travailler, particulièrement abrupte entre 2020 et 2030, de l’ordre de 0,9 % par an. L’année 2026 marque le début du déclin de la population totale, mais tous les groupes d’âge sont appelés à diminuer. Ainsi, la population âgée de moins de 40 ans, qui incluent la majorité des personnes en âge de procréer, est déjà en décroissance et le nombre de naissances a commencé à chuter. De plus, durant les dernières décennies, le taux de croissance de la population âgée a été d’autant plus élevé que son âge était important, reflétant ainsi le cumul des gains de survie avec l’âge. Ce phénomène sera momentanément interrompu dans les deux prochaines décennies alors que le cap de 65 ans sera franchi par les générations nées durant le « baby boom » et que celui de 85 ans sera atteint par les générations creuses nées durant la crise économique des années 30. Dès 2027 cependant, le groupe des 85 ans ou plus retrouvera, mais pour une décennie seulement, le formidable accroissement relatif qu’il a connu au cours des 40 dernières années (4,7 % par an). Cette population très âgée demeure toutefois à peine visible actuellement puisqu’elle ne constitue que 1 % de la population totale. Dans 50 ans, elle pourrait représenter 7 % de la population, soit une proportion aussi importante que l’ensemble de la population âgée de 65 ans ou plus il y a à peine 30 ans. Notons que l’écart de longévité entre hommes et femmes, qui s’est accentué durant une grande partie du XX e siècle, a commencé à se réduire depuis quelques décennies et que la forte féminisation des vieillards est donc appelée à diminuer. On peut choisir un autre critère que l’âge chronologique pour juger du vieillissement de la population. On a ainsi proposé de déplacer le seuil de l’âge de 65 ans en fonction des gains de l’espérance de vie ou de la durée de vie moyenne des générations (Desjardins, Légaré [1984], Bourdelais [1993], Brouard [1997]). Prenant en compte le lien entre les dernières années de vie et les dépenses de santé et de dépendance (voir la section « dernières années de vie et état de santé »), on peut retenir non pas la durée qui suit la naissance mais celle qui précède le décès. Ainsi, les personnes qui sont dans leur dernière année de vie augmenteront de 76 % au cours des 50 prochaines années alors que le nombre de personnes âgées de 65 ans ou plus s’élèvera de 123 %. La fin de la vie, avec ce qu’elle exige de soins, est donc également appelée à augmenter en chiffres absolus et relatifs. Toutefois, le choix du critère modifie de façon importante l’évolution prévisible.
des services rendus par les autres profes- puisque la baisse, autant des dépenses sionnels. Les dépenses privées augmentent publiques que privées, n’atteint que 13 %. ppeeruceapvteicblleâàgeu,nqâugoeiqturèusnavsaonucbéreesnaurtaissoointIlenrésulte,àstructureparâgeégale, celle de 1980, une diminution de la consom-de la contribution des bénéficiaires héber-mation relative des personnes âgées. En gés dans un établissement de long séjour. effet, une personne de 65 ans ou plus utili-Les dépenses publiques présentent une sait 3,6 fois plus de services que la popula-dauèsg5m0enatnast.ionbeaucoupplusimportantetionengénéralen1998comparativementà  3,8 fois en 1980. Dans le cas des dépenses Il existe très peu de différences entre le publiques, ce rapport est le même en début et en fin de période (4,1), le maximum profil relatif 3 des dépenses par habitant selon observé ayant été atteint en 1989 (4,4). Pour l8â5gaensdeopuupislu1s,98p0o,ursaluefqupeoluornleregmroaurqpueeduenslesdépensesprivées,iloscilleautourde2,7. affaiblissement marqué, de l’ordre de 18 % au Ceci peut paraître surprenant puisque, total, des dépenses relatives. Une bonne sur la base de l’évolution des taux de part de cette diminution tient cependant au journées d’hospitalisation ou des coûts des changement de composition des dépenses 4 services médicaux par âge, on s’attendrait à 2. Le scénario de référence de l’Institut de la statistique du Québec suppose une baisse de mortalité relativement importante (l’espérance de vie des femmes atteindrait 87,5 ans et celle des hommes 82,7 ans en 2050), un solde migratoire annuel de 12 000 personnes et un indice de fécondité de 1,5 enfant par femme, (valeur légèrement inférieure à la descendance des générations de femmes nées au milieu des années 60 (1,6 enfant) mais égale à la moyenne de l’indice synthétique de fécondité des 20 dernières années). 3. Le profil relatif est obtenu en divisant les dépenses per capita d’un groupe d’âge donné par les dépenses per capita de l’ensemble de la population. Puisque le vieillissement démographique crée ipso facto une augmentation des dépenses moyennes per capita, ces dépenses sont recalculées en gardant constante la structure par âge de la population. 4. Ce changement de composition résulte d’une augmentation des dépenses per capita beaucoup plus élevée dans le secteur qui présente l’augmentation des dépenses avec l’âge la plus faible, soit le secteur privé.
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e n c a d r é 2 Sources des données
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L’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) suit les standards internationaux développés par l’OCDE pour les dépenses de santé. Toutefois, ces dépenses incluent un éventail d’établissements de long séjour plus large que celui d’autres pays (OCDE [2001]) alors que la composante des soins à domicile exclut les services d’aide pour des activités de la vie quotidienne ou domestique (ICIS [2001]). Le second univers de dépenses présenté est limité aux dépenses publiques du Gouvernement du Québec. Ces données administratives ont le grand avantage de permettre une distinction claire entre les dépenses de santé et les dépenses reliées à la dépendance, malgré les vocations multiples de plus en plus fréquentes des établisse-ments. Toutes les dépenses provinciales reliées à la dépendance, qu’elles soient de nature professionnelle (par exemple les soins infirmiers) ou para-professionnelle (aide à domicile), sont comptabilisées 5 . Ces données serviront à la projection future des dépenses publiques. Une troisième source de données disponibles concerne les dépenses publiques et privées de santé établies par l’ICIS et réparties par âge et sexe par Santé Canada (Grenon [2001]) 6 . Ces informations sont très utiles pour véri-fier la stabilité du profil par âge de l’ensemble des dépenses de santé et de dépendance sur une assez longue période, situer l’importance des changements démographiques dans l’ensemble des facteurs qui ont généré la croissance des coûts et projeter l’augmentation future des dépenses privées de santé et de dépendance. Ces données, comme celles des gouvernements provinciaux, portent sur l’année financière (1 er avril au 31 mars) alors que celles de l’Institut canadien d’information sur la santé portent sur l’année civile. De plus, Santé Canada ajoute aux dépenses considérées par l’Institut tous les services de soutien à domicile offerts en raison d’un mauvais état de santé permanent ou temporaire, à l’exception de l’hébergement temporaire. La partie privée des soins à domicile demeure toutefois incomplète à l’occasion d’une invalidité de courte durée (partie payée par les assureurs privés, par exemple). Les variations des dépenses peuvent être ventilées entre chacune des composantes disponibles (hôpitaux, autres établissements, services médicaux 7 , autres professionnels, médicaments, etc.). Malheureusement, les indices de l’évolution des prix ne sont disponibles que pour les deux composantes principales, soit l’indice implicite des prix des dépenses gouvernementales courantes en biens et services, dans le cas des dépenses publiques, et la composante santé de l’indice des prix à la consommation (IPC), dans le cas des dépenses privées (Institut canadien d’information sur la santé [2001]). Ces indices sont donc approximatifs. En outre, des changements administratifs dans la classification des établissements, dans la couverture des services de santé complémentaires ou encore dans la méthodologie pour établir les dépenses privées, ont provoqué certains bris dans les données par composante. En bref, ces trois sources présentent quelques légères différences dans l’univers considéré, particulièrement dans la prise en charge de la dépendance. Les données du ministère de la Santé et des Services sociaux sont comparables aux dépenses publiques des deux organismes fédéraux, si on exclut le secteur de l’adaptation sociale, et permettent de mieux distinguer le domaine de la santé de celui de la dépendance. L’estimation du profil des dépenses publiques par habitant selon l’âge effectuée par ces trois organismes est assez similaire 8 . Ainsi, le rapport entre les dépenses publiques moyennes de la population âgée de 65 ans ou plus et celui de la population totale varie en 1999 de 3,5 selon nos calculs (dépenses de santé et de services sociaux moins les dépenses du programme de l’adaptation sociale) à 3,6 selon l’Institut canadien d’information sur la santé et à 3,7 selon Santé Canada.
une concentration plus prononcée des des dépenses selon l’âge. Au début des dépenses publiques chez les personnes années 80, la clientèle en milieu institution-âgées. Les données utilisées indiquent nel public était, en proportion de la popula-qu’un tel phénomène existait encore au tout tion âgée, plus importante que celle d’au-début des années 80 pour l’ensemble des jourd’hui mais elle était surtout différente, dépenses et que cette tendance persiste particulièrement dans les centres d’accueil dans le secteur hospitalier et dans celui des d’hébergement. Une proportion non négli-services médicaux durant à peu près toute la geable de personnes y recevait alors très période. Cependant, ces secteurs ont perdu peu de soins. Ces établissements ont changé de l’importance au fil du temps. C’est de vocation et accueillent désormais des surtout la baisse des taux d’hébergement de personnes requérant un volume important la population âgée qui a contribué à contre- de soins et présentant souvent des pro-carrer la tendance à l’accentuation du profil blèmes cognitifs sévères.
5. L’aide physique ou financière dans les activités de la vie domestique apportée par l’État dans le cadre d’autres programmes n’est pas comptabilisée au chapitre de la santé et des services sociaux (voir l’article de Lysette Trahan et Patricia Caris dans le présent numéro) mais ces dépenses sont minimes. 6. Nous tenons à remercier l’auteur de ce rapport qui nous a fourni les données historiques sur les compo-santes des dépenses, données non publiées par province. 7. Dans le contexte canadien, il s’agit de la rémunération des médecins, quel que soit leur lieu de pratique. 8. Ces estimations sont réalisées par type de soins en appliquant aux dépenses publiques par habitant un indicateur de l’intensité des ressources utilisées selon l’âge. Des résultats d’enquêtes par échantillonnage sont utilisés pour une faible portion des dépenses, soit les dépenses des ménages non remboursées par une compagnie d’assurance privée, ou encore pour répartir selon l’âge ces dernières dépenses.
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f i g u r e 1 Dépenses de santé et de soins dépendance par habitant selon l’âge et la source de financement, Québec, 1999-2000 30 000 Total Public Public, Public, Priv é d é pendance sant é 25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0 0-4 5-9 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80-84 85-89 90+ Groupe d ’â ge Note : Les d é penses priv é es ne sont disponibles que pour des groupes d ’â ge d é cennaux Sources : Rochon, donn é es non publi é es pour les d é penses publiques et Grenon [2001] pour les d é penses priv é es
L’évolution des dépenses une hausse très élevée pour d’autres (par de santé et de soins dépendance exemple hébergement et médicaments). qu AlorrscaqpuietalesdécardtisffréerleatnitfssegnrtoruepleessddépâegensseseSionpostuleilnyaaucunesubstitu-spoentmainteneuss,lesdépensespercapita,àtionentrediverstypesdesoins,uneconsom-âge égal, ont é moins augmenté. L’évolu- mation à la baisse pour un type donné n an implique que, dans les faits, l’effet théorique tion des dépenses peut être décomposée en du vieillissement ne s’est pas entièrement plusieurs facteurs : le prix des services, les réalisé. Un facteur de correction conforme à csthraunctguermeepnatrsâdgéemdoegrlaapphoiqpuuleastio(tna)illeetleetscettehypothèse,maximaleparcequelilsesenniet modificationsdelutilisationdesservices.éqvuieterdeunenohuovsepaiutaxlismatéidoincaomueuntnshpéuberge-L’influence de chaque facteur est déter- ent de l term minéeengardantconstantstouslesautrestmextepouronragffinerel,asnearlaysien.trCoedtutietcdoarnrselce-paramètres. L’interaction entre les change- tion fournit donc une estimation minimale ments démographiques et la distorsion du de l’effet réel du vieillissement et une estima-profil des dépenses selon l’âge est illustrée chan ements de consom-parunquatrièmefacteur.Ainsi,leffetdestmioantiomna.xiLmaalreédaleistésegsituequelquepart changements démographiques est mesuré à entre ces deux estimations : l’effet théori e consommation constante même si, dans les (tableau 1) et l’effet corrigé. qu faits, il peut y avoir déplacement de la consommation d’un secteur d’activités à Globalement, les dépenses publiques de l’autre. De même, la hausse de la consom- santé et de dépendance ont pratiquement mation reflète l’ensemble des changements triplé en 20 ans alors que les dépenses privées survenus dans les dépenses per capita (en ont plus que quadruplé ; par conséquent, la dollars constants) et peut donc impliquer part des dépenses publiques dans les dé-une baisse pour certains types de services et penses totales a régressé de 80 à 71 % durant
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cette période. La hausse des prix des services, en troisième lieu (augmentation de 1,2 % de 3,8 % par an en moyenne, explique plus de par an). C’est dans le secteur public que le la moitié de ces augmentations et affecte vieillissement démographique a le plus davantage les dépenses du secteur privé (d’au grand rôle ; le vieillissement y exerce à lui moins 1 % par an, tableau 1). seul une pression deux fois plus importante e Ledeuxièmefacteurenimportanceestqulesvariationsdecnotnàso0m,6mation(1,1% constituédeschangementsdémographiques,epnarvaantocoutmapuatrraetimveenmtedusecte%urpparrivaén).quIli lesquels ont entraîné, théoriquement, une témoigne d’augmentations de consom-croissance des dépenses totales de 1,6 % par ui ansurlensembledelapériode.Lesaug-smoanttioonbsqeruvaétreesfdoainsssupérieuurresàcellesq mentations de dépenses per capita (à âge le secte public (2,3 % égal et en dollars constants) viennent donc par an).
t a b l e a u 1 Effet de différents facteurs sur l’évolution des dépenses de santé et de soins dépendance, Québec, 1980-1981 à 1998-1999 Changements démographiques D é penses Prix Total Population Vieillissement Consommation Interaction Évolution (1980-81 = 1,00)
Dépenses totales 1980-81 1,00 1,00 1,00 1,00 1,00 1990-91 2,39 1,71 1,20 1,08 1,11 1998-99 3,18 1,95 1,34 1,13 1,19 Dépenses publiques (Gouvernement du Québec) 1980-81 1,00 1,00 1,00 1,00 1,00 1990-91 2,19 1,67 1,21 1,08 1,12 1998-99 2,78 1,86 1,36 1,13 1,21 Dépenses privées 1980-81 1,00 1,00 1,00 1,00 1,00 1990-91 3,06 1,90 1,18 1,08 1,09 1998-99 4,45 2,32 1,29 1,13 1,15 Taux d’accroissement annuel (en %)
Dépenses totales 1980-81/1990-91 9,1 5,5 1,8 0,7 1,1 1990-91/1998-99 3,6 1,7 1,4 0,6 0,9 1980-81/1998-99 6,6 3,8 1,6 0,7 1,0 Dépenses publiques (Gouvernement du Québec) 1980-81/1990-91 8,2 5,3 1,9 0,7 1,1 1990-91/1998-99 3,0 1,4 1,5 0,6 1,0 1980-81/1998-99 5,8 3,5 1,7 0,7 1,1 Dépenses privées 1980-81/1990-91 11,8 6,6 1,6 0,7 0,9 1990-91/1998-99 4,8 2,5 1,2 0,6 0,6 1980-81/1998-99 8,6 4,8 1,4 0,7 0,8
1,00 1,17 1,24 1,00 1,09 1,11
1,00 1,38 1,51
1,6 0,8 1,2 0,8 0,3 0,6
3,2 1,2 2,3
Note : Ces facteurs sont multiplicatifs et non additifs. Sources : Institut canadien d information sur la sant é [2001], Grenon [2001] et calculs de l auteur.
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Toutefois, la correction effectuée pour Évolution des dépenses tenir compte de la baisse survenue dans en proportion de l’utilisation de certains types de services la richesse collective (inhdôipqituaeuxuentapuotrrtersaiéttalbélgisèsreemmeennttspdiuffbélircesn 9 t),Ilestpossibledemettreenparallèlelévolu-. tion des dépenses de santé et de dépend ance Pmoeunrtslednésmeomgbrlaephdieqsuedséeptelnasecso,nlseosmchmaantigoen-etcelledelarichessenationale(disponible sur une base comparable depuis 1981). Il doantnsalloersseuctneeufrfeptusbilmici,lalierevi(e1il,l4is%sepmaernatn)etelta,suffitdeconsidérerlesdépensesetla richesse par habitant. Cette dernière peut consomesmaantiaolonguoenst(0ég8al%empaerntan)d.esconsé-êtreégalementdécomposéeenquatrefac-quenc , teurs : l’indice des prix, la proportion de la À noter que les années 90 se démarquent population d’âge actif, le taux d’emploi de nettement des années 80 par une croissance cette population (qui inclut l’effet du vieillis-sement dans l’ensemble de la main-d’œuvre, beaucoup moins prononcée des dépenses voir l’encadré 3) et enfin, la productivité du staecntteudranpsrivlée(tsaebclteeauur1p)utbliclqeusefacdtaenusrsleytravail 10 . ; ous ont contribué mais davantage les variations Le vieillissement démographique inter-de prix et de consommation. Enfin, l’interac- vient sur deux facteurs. D’une part, il affecte tion entre le vieillissement démographique et le partage de la production nationale entre le profil de la consommation a un effet mi- tous les habitants ; la mesure de cet impact nime sur l’ensemble de la période mais nous est fournie par l’évolution du rapport négatif dans les années 90, ce qui correspond entre la population d’âge actif et la popula-à la modification du profil des dépenses tion totale. D’autre part, il influence l’évolu-décrit précédemment. tion de la population qui occupe un emploi ;
e n c a d r é 3 Décomposition du PIB par habitant en facteurs £ Le PIB par habitant est é gal à la production multipli é e par les prix et divis é e par la population. £ La production est é gale à la productivit é (la production par emploi) multipli é e par le nombre d emplois. £ Le nombre d emplois peut ê tre d é compos é en deux facteurs : le nombre d emplois attendu en fonction du vieillisse-ment d é mographique (c est-à -dire à  taux constants) et le rapport entre le nombre d emplois observ é  et le nombre d emplois attendu (observ é /attendu). £ Le nombre d emplois à taux constants par â ge est d é compos é en deux termes : le taux d emploi de la population â g é e de 20 à 64 ans multipli é par l inverse de la proportion d emplois d é tenus par la population â g é e de 20 à 64 ans. £ Ces deux derniers termes sont multipli é s par un dernier facteur qui illustre l effet du vieillissement d é mographique sur le partage de la richesse collective, soit la fraction de la population d ’â ge actif (les 20-64 ans) sur la population totale. £ Plusieurs termes peuvent alors s annuler et on revient bien à l ’é quation de base à savoir le PIB par habitant est é gal à la production multipli é e par les prix et divis é e par la population totale. PIB : PIB I : Prix P : Population Pa : Population â g é e de 20 à 64 ans PP : Production E : Nombre observ é d emplois Es : Nombre total d emplois attendu à taux par â ge constants Esa : Nombre total d emplois des 20-64 ans à taux par â ge constants PPIB = [ I × PPP ] = [ I × PEP × EPsaa × EEssa × EEs × PPa ]
9. R é unis en raison du changement de classification de certaines ressources au cours du temps. 10. La productivit é du travail est ici mesur é e par la valeur de la production par emploi. Une mesure plus pr é cise est la richesse cr éé e par heure travaill é e.
161 SANT É , SOCI É T É  ET SOLIDARIT É N ° 2, 2002
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