À propos des Anicii : le IIIe siècle - article ; n°1 ; vol.98, pg 141-164

Michel Christol

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1986 - Volume 98 - Numéro 1 - Pages 141-164
Michel Christol, À propos des Anicii : le IIIe siècle, p. 141-164. Une inscription récemment révisée et complétée (M. Leglay et S. Tourrenc, Antiq. Afric, 21, 1985, p. 103-136), permet de réexaminer le stemma des Anicii au IIIe siècle. Sex. Anicius Faustus Paulinianus, fils du légat de Septime Sévère, apparaît aussi sur l'inscription CIL, VIII, 11933 (Uzappa), datée habituellement de l'époque de Gallien. Il faut en conséquence réexaminer l'histoire municipale d'Uzappa, mais tenir, en revanche, pour plus assurée l'origine locale des Anicii. La génération du milieu du IIIe siècle n'en disparaît pas pour autant. Une inscription de Cirta qui n'était plus attribuée à M. Cocceius Anicius Faustus Flavianus par les derniers travaux des prosopographes, lui est restituée à la suite de l'examen de son contenu religieux. Au cours du IIIe siècle plusieurs rameaux des Anicii se sont dévelop- (v. au verso) pés de façon plus ou moins autonome, si bien que les différentes branches qui apparaissent au début du IVe siècle pourraient avoir une plus longue existence qu'il n'était admis jusqu'ici. C'est dans cette continuité qu'il faut chercher, comme pour d'autres familles, les racines de leur puissance dans l'Antiquité tardive.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1986
• Nombre de lectures: 21
• Langue: Français
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Extrait

Michel Christol
À propos des Anicii : le IIIe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 98, N°1. 1986. pp. 141-164.
Résumé
Michel Christol, À propos des Anicii : le IIIe siècle, p. 141-164.
Une inscription récemment révisée et complétée (M. Leglay et S. Tourrenc, Antiq. Afric, 21, 1985, p. 103-136), permet de
réexaminer le stemma des Anicii au IIIe siècle. Sex. Anicius Faustus Paulinianus, fils du légat de Septime Sévère, apparaît aussi
sur l'inscription CIL, VIII, 11933 (Uzappa), datée habituellement de l'époque de Gallien. Il faut en conséquence réexaminer
l'histoire municipale d'Uzappa, mais tenir, en revanche, pour plus assurée l'origine locale des Anicii. La génération du milieu du
IIIe siècle n'en disparaît pas pour autant. Une inscription de Cirta qui n'était plus attribuée à M. Cocceius Anicius Faustus
Flavianus par les derniers travaux des prosopographes, lui est restituée à la suite de l'examen de son contenu religieux.
Au cours du IIIe siècle plusieurs rameaux des Anicii se sont dévelop-
(v. au verso) pés de façon plus ou moins autonome, si bien que les différentes branches qui apparaissent au début du IVe siècle
pourraient avoir une plus longue existence qu'il n'était admis jusqu'ici. C'est dans cette continuité qu'il faut chercher, comme pour
d'autres familles, les racines de leur puissance dans l'Antiquité tardive.
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Christol Michel. À propos des Anicii : le IIIe siècle. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 98, N°1. 1986. pp.
141-164.
doi : 10.3406/mefr.1986.1496
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1986_num_98_1_1496MICHEL CHRISTOL
À PROPOS DES ANICII : LE IIIe SIÈCLE
Le dossier des Anicii ne cesse de s'épaissir. En témoigne la récente
contribution de M. Le Glay et S. Tourrenc aux fastes des légats de la
légion HI" Augusta1. Certes toutes les pièces nouvelles n'apportent pas des
éléments décisifs sur la famille ou l'activité de ses membres : dans la
documentation imposante qui est rassemblée, une nette prépondérance,
voire un déséquilibre considérable apparaissent au profit du légat de Sep
time Sévère2. Mais, même si les dernières inscriptions connues ou mieux
connues se rapportent, comme par nécessité, à celui-ci, elles permettent
de réexaminer plusieurs faits qui paraissaient acquis, et contraignent à
reconsidérer des attributions qui n'étaient plus discutées, tant les hypo
thèses qui avaient été initialement formulées semblaient inébranlables,
faute de remise en question.
En effet, M. Le Glay et S. Tourrenc, en raccordant à un texte incomp
let, anciennement connu3, un fragment jusqu'ici quasi inédit et négligé4,
1 M. Le Glay et S. Tourrenc, Nouvelles inscriptions de Timgad sur les légats de
la troisième légion Auguste, Ant. Afr., 21, 1985, p. 103-136, surtout p. 129-136 (4 tex
tes). Progrès important pour CIL, VIII, 2437 = 17940, texte inédit (n° 2), améliorat
ion pour CIL, VIII, 17871 (n° 3). Progrès décisifs pour CIL, VIII, 17890 (n° 4).
2 Sur ce personnage, PIR2 A 595 ; G. Barbieri, Albo, 27 ; Β. E. Thomasson, Die
Statthalter der römischen Provinzen Nordafrikas von Augustus bis Diocletianus,
Lund, I960, II, p. 197-201. Bibliographie complémentaire dans M. Le Glay et
S. Tourrenc, op. cit., p. 129.
'CIL, VIII, 17890.
4 BCTH, 1893, p. 158. Relevons que H. Pavis d'Escurac, Flaminat et société dans
la colonie de Timgad, Ant. Afr., 15, 1980, p. 193, pensait, à propos de ce document,
que le clarissimus puer inconnu, choisi comme patron par le fils de Q. Tegonius
Saturninus « pourrait bien être le fils d'Anicius Faustus ». Le texte établi par M. Le
Glay et S. Tourrenc se présente ainsi : Sex. Anicio Fausto Anici consularis filio Pau-
liniano, c.p., Q. Tegonius Latinus Q. Tegoni Saturnini fi. pp. fil., patrono. On peut
penser qu'il n'avait pas encore 17 ans : J. P. Néraudau, La jeunesse dans la littératu
re et les institutions de la Rome républicaine, Paris, 1979, p. 114-121.
MEFRA - 98 - 1986 - 1, p. 141-164. 142 MICHEL CHRISTOL
ont découvert l'identité de l'un des fils de ce légat impérial. Il s'appelle,
non Sex. Anicius Faustus, Anici consularis filius, mais Sex. Anicius Faus-
tus, Anici consularis filius, Paulinianus5. Il porte donc un second surnom,
que l'on ne pouvait soupçonner tant ce qui restait de la cinquième ligne
du texte incomplet était peu significatif. Il s'agit, au moment de l'hommag
e, d'un très jeune membre de l'ordre sénatorial, qui porte le titre de c(la-
rissimus) p(uer). On sait aussi qu'il est patron du fils d'un notable de Tim-
gad, du nom de Q. Tegonius Latinus, Q(uinti) Tegoni Saturnini fi. pp.
filius6. Opportunément, les auteurs ont rappelé l'existence d'une autre
inscription peu connue de Timgad, montrant qu'entre Q. Anicius Faustus
et son fils d'une part, et la gens Tegonia d'autre part, s'étaient noués des
liens de patron à client très étroits : Q. Tegonius Saturninus honore com
me patron Q. Anicius Faustus ; Q. Tegonius Latinus honore pour sa part
Sex. Anicius Faustus Paulinianus en lui attribuant la même qualité7.
De la sorte nous connaissons mieux la famille du légat de Numidie. Il
aurait eu deux fils, au moins :
1) l'un, l'aîné certainement, (Sex.?) Anicius Faustus Paulinus, qui
est connu comme légat de Mésie inférieure en 229-230, sous1 Sévère
Alexandre8. Il dut obtenir le consulat au début de la décennie 220-230,
une vingtaine d'années environ après son père. Il était né vers 180 ou peu
5 Sous la forme traditionnelle le nom est enregistré dans PIR2 A 596.
6 Deux inscriptions récemment publiées, apportent des compléments sur cette
famille : H. Pavis d'Escurac, Ant. Afr., 15, 1980, p. 193 et p. 199-200 (=AE, 1980, 957
et 958).
7 Inscription publiée dans BCTH, 1909, p. 109: Q. Anicio Fausto cos., Tegonius
Saturninus, fl. pp., qq. col. Thamug., patrono. On éclairera cet ensemble de patrona
ges par les réflexions de R. P. Saller, Personal Patronage under the early Empire,
Cambridge, p. 161-162, et en se référant aux réalités de l'hospitium (cf. p. 160 et
185) : cette juxtaposition des liens entre les deux générations est le plus sûr moyen
de donner à la relation client-patron la meilleure efficacité. On ne peut parler ici
de transmissibilité des patronages, puisqu'ils sont définis conjointement et exercés
simultanément, quand le sénateur et son jeune fils se trouvaient en Numidie. Le
même phénomène apparaît dans CIL, VIII, 610, cité par R. P. Saller, p. 186 et, à
notre avis, mal interprété : les deux patronats sont exercés conjointement et se ren
forcent l'un l'autre. On ne peut parler d'héritage, puisque le fils ne se substitue pas
à son père.
8 PIR2 A 599; G. Barbieri, Albo, 931 ; A. Stein, Die Legaten von Moesien, Budap
est, 1940, p. 97. CIL, III, 7473. E. Groag suppose que l'on peut tenter de l'identifier
au «faux» Sex. Anicius Faustus de Timgad. Il est suivi par M. Corbier, Les familles
clarissimes d'Afrique proconsulaire, dans Epigrafia e ordine senatorio, Tituli, 5,
1982, p. 740-741. À PROPOS DES ANICII 143
après, si l'on pense qu'il parcourut une carrière normale au service du
prince.
2) l'autre, le cadet, Sex. Anicius Faustus Paulinianus, encore claris-
simus puer dans les premières années du IIIe siècle, dont l'identité exacte
est à présent connue. C'est le jeune homme de Timgad9.
Mais l'intérêt d'avoir rétabli le texte exact de cette inscription ne s'ar
rête pas là. Il faut en effet reconsidérer bien des aspects de l'histoire de
cette famille au IIIe siècle.
Il semble légitime d'adjoindre à la documentation nouvelle provenant
de Timgad, un document ancien, attribué par la plupart des auteurs à un
descendant plus lointain du légat de Septime Sévère, puisque l'on consi
dérait que Sex. Anicius Faustus Paulinianus 10, mentionné sur une inscrip
tion d'Uzappa11, était le fils de Sex. Cocceius Anicius Faustus Paulinus12,
proconsul d'Afrique à l'époque de Gallien 13. Ce document, issu de l'Africa,
se présente de la sorte :
Sex(to) Anicio Fausto Pauliniano,, c(larissimo) i(uveni), patrono, pa
troni f(ilio), ordo [c]ivi