A propos du livre de M. Le Mercier d Erm . L étrange aventure de l armée de Bretagne - article ; n°3 ; vol.44, pg 450-462
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A propos du livre de M. Le Mercier d'Erm . L'étrange aventure de l'armée de Bretagne - article ; n°3 ; vol.44, pg 450-462

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Annales de Bretagne - Année 1937 - Volume 44 - Numéro 3 - Pages 450-462
13 pages

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Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 7
Langue Français

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A. Rébillon
A propos du livre de M. Le Mercier d'Erm . L'étrange aventure
de l'armée de Bretagne
In: Annales de Bretagne. Tome 44, numéro 3-4, 1937. pp. 450-462.
Citer ce document / Cite this document :
Rébillon A. A propos du livre de M. Le Mercier d'Erm . L'étrange aventure de l'armée de Bretagne. In: Annales de Bretagne.
Tome 44, numéro 3-4, 1937. pp. 450-462.
doi : 10.3406/abpo.1937.1771
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1937_num_44_3_1771A. R^BILLON
A PROPOS DU LIVKE DJE M. LE MEBCIEK D'ERM
L'ÉTRANGE AVENTURE
DE L'ARMÉE DE BRET4GNE ' "
Des armées de province constituées en 1870 par le Gouver
nement de la Défense nationale, il en est une dont on ne parle
jamais, l'Armée de Bretagne. Le souvenir, il faut le dire, n'en
a guère subsisté que chez ceux, bien peu nombreux aujourd'hui,
qui en connurent les misères. Encore leur fut-il difficile d'avoir
le sentiment d'appartenir à une véritable armée, comme celles
de la Loire, de l'Est et du Nord. Son histoire, ce fut celle du
rassemblement au camp de Conlie, dans la Sarthe, à partir du
3 novembre 1870, d'environ 60.000 mobilisés des cinq dépar
tements bretons, amenés là par paquets successifs jusqu'au
10 décembre et qui s'y morfondirent, dans l'inaction et dans la
boue, jusqu'au jour où l'on se décida, vers la fin de décembre,
à les ramener en Bretagne. Le 23 novembre, 13.500 hommes,
de ses meilleurs éléments, en avaient été tirés pour former une
division de marche qui, sous le commandement du général
Gougeard, rejoignit la seconde armée de la Loire après les
combats sous Orléans. Cette division se distingua par sa bravoure,
tant au cours de la « Retraite infernale » que de la bataille du
Mans. Le 11 janvier, elle reprit de haute lutte le malemon ouest
1. Camille Le Mercier d'Erm, L'Étrange Aventure de V Armée de Bretagne.
Le Drame de Conlie et du Mans, Dinard, Éditions de l'Hermine, 1937, in-8°, XVIII-
303 p. illustr. AVENTURE DE L'ARMÉE DE BRETAGNE 451 L'ÉTRANGE
du plateau d'Auvours, ce qui fut l'avantage le plus signalé
obtenu au cours de cette bataille. Des 19.000 hommes maintenus
à Conlie après le 20 décembre, 6 bataillons, sans instruction
militaire et sans armes utilisables, la brigade Lalande, furent
envoyés au Mans pour aider Chanzy à garnir ses lignes. C'est
sur eux que l'on devait faire retomber la responsabilité de la
défaite française, en les accusant, très injustement nous le
verrons, d'avoir abandonné sans combattre la position de la
Tuilerie, à l'aile droite de l'armée.
Après la guerre, l'organisation et la direction de cette armée
de Bretagne furent l'objet d'un examen approfondi de la part
de la Commission d'enquête de l'Assemblée Nationale sur les
actes du Gouvernement de la Défense nationale. Le rapporteur,
Arthur de la Borderie, le célèbre historien breton, député légi
timiste d'Ille-et-Vilaine, s'attacha, tout en faisant ressortir les
graves erreurs de M. de Kératry, le créateur et le premier chef
de l'armée de Bretagne, à rejeter sur Gambetta et son entourage
la plus lourde part de responsabilité dans les malheurs de celle-ci.
Avec son rapport et les procès-verbaux de la Commission
d'enquête, nos principales sources d'informations, jusqu'à la
publication de l'ouvrage de M. Le Mercier d'Erm, ont été les
souvenirs personnels de M. de Kératry et de certains de ses
collaborateurs ainsi que de quelques anciens combattants de
la même armée, le tout publié peu après les événements et
fort peu lu depuis.
L'ouvrage de M. Le Mercier d'Erm est le fruit d'un labeur
consciencieux. La bibliographie qui le termine témoigne de
recherches étendues, et le talent de l'auteur a bien mis en lumière
l'intérêt du sujet. Mais, là où nous aurions aimé avoir un exposé
objectif, M. Le Mercier d'Erm ne nous présente qu'un réqui
sitoire et une thèse, l'un et l'autre fort peu propres à lui valoir
beaucoup de crédit.
Contre Gambetta, Chanzy et les hommes de la Défense
nationale, il manifeste le même parti-pris que les conservateurs
de l'époque, adoptant sans aucune critique toutes les imput
ations de leurs plus haineuses polémiques. Pour lui, comme 452 l'étrange aventure de l'armée de Bretagne
pour Thiers, la politique de la Défense nationale a été une
politique de « fous furieux » conduite avec une présomption et
une incompétence sans excuses. Les misères des malheureux
Bretons amenés à Conlie n'ont eu d'autre cause que l'obstination
machiavélique de la Délégation de Tours à ne pas leur fournir
d'armes. Autrement, Kératry, en quelques jours, et bien avant
l'invasion de la boue où ils s'enlisèrent, en aurait fait une armée
assez vigoureuse pour marcher en avant. Voilà le réquisitoire.
Puis, voici la thèse : tandis que, jusqu'ici, l'on a généralement
expliqué la prétendue malveillance de Gambetta à l'égard de
l'armée de Conlie simplement par la crainte de voir les monarc
histes de l'Ouest s'en faire un instrument contre la République,
M. Le Mercier d'Erm. croit pouvoir démontrer que le « tribun »
redouta en réalité tout autre chose. C'est que cette « armée
de chouans » fût une armée non point française, mais purement
bretonne et devînt l'instrument, non pas d'une entreprise
monarchiste, mais d'un mouvement séparatiste. Et, pour
M. Le Mercier d'Erm, cette crainte était parfaitement fondée.
Dans le comte de Kératry, il célèbre une sorte de héros national
breton, en l'honneur duquel son enthousiasme va jusqu'à
évoquer le souvenir de Nominoë (p. 139). C'est à la défense de
la Bretagne, non de la France, qu'auraient pensé ses meilleurs
collaborateurs, tout comme lui, et, avec eux, la masse de ses
soldats. A l'occasion de la guerre, M. Le Mercier d'Erm voit se
réveiller chez les mobilisés bretons le sentiment de leur natio
nalité particulière, sentiment qu'il aurait été facile, à son avis,
d'exploiter pour l'affranchissement de la province. Pour lui,
si les Bretons ont été sacrifiés, à Conlie d'abord, à la Tuilerie
ensuite, c'est parce qu'on a voulu détruire et déshonorer en
eux les soldats d'une nation dont il fallait craindre la révolte
contre l'unité française.
A l'appui de sa thèse, M. Le Mercier d'Erm nous promet un
second volume, Une Armée de Chouans, dans lequel il apportera
ses preuves les plus originales, « la somme, dit-il, de patientes
» recherches poussées en profondeur, qui nous ont permis de
» reconstituer dans leur ensemble les circonstances obscures AVENTURE DE L'ARMÉE DE BRETAGNE 453 L'ÉTRANGE
» et singulières au milieu desquelles s'est développée la cruelle
» aventure de l'Armée de Bretagne ». Dans le présent volume,
il n'a voulu s'attacher qu'au « récit des événements extérieurs ».
Je crains fort que, dans le suivant, si nous en jugeons par la
table qu'il en publie déjà, nous ne trouvions rien de plus — mises
à part certaines « confidences » de M. Bidard de la Noë, maire
de Rennes en 1870 — qu'une interprétation toute personnelle
des faits et gestes déjà connus de Kératry après sa démission,
ainsi que des manœuvres de Chanzy et de la politique de Gam-
betta. Il est donc probable que l'argumentation de ce deuxième
volume ne remédiera pas aux insuffisances du premier.
Dans celui-ci manque, pour commencer, une étude satisfai
sante des premiers efforts d'organisation de la défense nationale
dans l'ouest en septembre 1870. Quelques indications sommaires
pages 38 et 39, nous éclairent bien mal sur la manière dont la
politique s'en mêla .Préoccupé de découvrir à tout prix des
manifestations du sentiment national breton, soulignant le mot
Bretagne avec une naïveté désarmante, partout où il le rencontre,
M. Le Mercier d'Erm néglige de nous apprendre comment les
légitimistes tentèrent de s'emparer de la direction de la Ligue
de l'Ouest et d

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