Achat d esclaves turcs pour les galères pontificales (XVIe - XVIIe siècles) - article ; n°1 ; vol.39, pg 79-92
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Achat d'esclaves turcs pour les galères pontificales (XVIe - XVIIe siècles) - article ; n°1 ; vol.39, pg 79-92

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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1985 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 79-92
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Salvatore Bono
Achat d'esclaves turcs pour les galères pontificales (XVIe -
XVIIe siècles)
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°39, 1985. pp. 79-92.
Citer ce document / Cite this document :
Bono Salvatore. Achat d'esclaves turcs pour les galères pontificales (XVIe - XVIIe siècles). In: Revue de l'Occident musulman et
de la Méditerranée, N°39, 1985. pp. 79-92.
doi : 10.3406/remmm.1985.2065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1985_num_39_1_206539, 1985-1 R.O.M.M.,
ACHAT D'ESCLAVES TURCS POUR LES GALÈRES
PONTIFICALES (XVIe - XVIIP SIÈCLE)
par
Salvatore BONO
Dès le début du XVIe siècle, les luttes entre les pays chrétiens — Espagne en tê
te — et les pays arabo-musulmans, guidés par l'Empire ottoman, se ravivèrent, ce qui
poussa les deux parties à renforcer leurs flottes militaires qui devaient avant tout leur
force, on le sait, aux galères rapides et agiles. Si on les compare aux autres navires,
l'efficacité des galères était principalement due à leur autonomie et à leur rapidité de
mouvement, grâce à un système de rames mues par de vigoureux bras humains. En
général, de 150 à 240 rameurs étaient nécessaires, mais leur nombre atteignait parfois
trois cents et même plus (1).
L'on sait aussi que la chiourme était généralement constituée d'hommes libres
(bonavoglia) qui percevaient un salaire, de forçats condamnés à vie ou à de longues
périodes de bagne, et enfin d'esclaves, musulmans pour la plupart : ces derniers
étaient pris au cours de guerres (capturés à la suite de combats navals ou d'incursions
en terre ennemie), ou bien, en proportion nettement inférieure, récupérés à la suite
de naufrages ou dans d'autres circonstances (2). Le sujet du recrutement et de la
composition de la chiourme a été peu étudié jusqu'ici (3), mais il apparaît avec une
certaine évidence que la demande en rameurs était considérable et ne pouvait que
difficilement être satisfaite, sinon à certaines époques particulières.
Le nombre d'esclaves ne devait pas dépasser un certain pourcentage de la
chiourme — de 15 -20 à 25-30 pour cent — pour des raisons de sécurité : on remar
que que les administrations compétentes s'en procuraient constamment en les ache
tant parfois à d'autres administrations gouvernementales ou à des particuliers, sur les
marchés extérieurs ou dans leurs propres ports, où il était plus facile d'en trouver.
Parmi les plus importants marchés d'esclaves, figuraient Malte, Messine, Livourne et
Gênes ; c'est dans les deux ports de la Mer Tyrrhénienne, et surtout à Livourne, que
la Marine française se ravitaillait en hommes dans la seconde moitié du XVIIe siècle,
comme l'attestent de nombreux documents (4). La Marine pontificale — dont les
achats constitueront l'objet principal de notre rapport — avait alors sa base à Civita
vecchia; pour ses propres achats, elle pouvait donc s'adresser aussi bien aux
«marchés» méridionaux qu'aux marchés septentrionaux, où elle trouvait les mêmes
avantages et les mêmes difficultés. 80 S. BONO
Selon les moments et les circonstances, un gouvernement pouvait ressentir un
besoin urgent de rameurs pour ses propres galères alors qu'au même moment un
autre gouvernement était disposé à lui en céder. Le besoin en hommes était évidem
ment accentué lorsque la chiourme était réduite par des pertes subies au cours de
combats malchanceux, par une forte mortalité ou pour d'autres motifs ; la demande
correspondait parfois même à d'ambitieux projets d'armement. De l'autre côté, la
disponibilité en hommes dérivait normalement d'un excès du nombre de Musul
mans détenus à la suite de campagnes fructueuses ou de combats victorieux. Les
vendeurs étaient généralement les Chevaliers de Malte et ceux de Saint Etienne, les
marchés les plus fréquentés semblent avoir été ceux de Malte et de Livourne.
Ainsi, en février 1547, le Grand-duc de Toscane, Côme de Médicis, acheta
cinquante esclaves au Vice-roi de Sicile, au prix moyen de quarante écus chacun (5),
alors qu'il ne réussit pas à en obtenir du Grand-Maître de Malte, qui déclara, en octo
bre 1548, qu'une de ses galères avait été capturée par Dragut (6) et que, dans son île,
" les esclaves ne suffisaient pas pour les travaux " (7).
Après la malheureuse conclusion de l'occupation de Tunis et de la Goulette par
les Espagnols — à laquelle avaient participé les galères siciliennes — le Vice-roi de
Naples acheta, à son tour, des rameurs musulmans à la Marine toscane (8). Au
printemps de 1605, sur le chemin du retour après leur succès à Prevesa, les galères
toscanes s'arrêtèrent à Messine, où furent vendus ou échangés les esclaves «de peu
de valeur», parmi lesquels se trouvaient certainement des hommes robustes destinés
à la rame ; plus de deux cents personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants,
avaient été capturées, et des pièces d'artillerie, des bijoux et des étoffes précieuses
constituaient le butin (9).
Il était fréquent que les vendeurs soient des Toscans, alors que les vice-royau
mes de Sicile et de Naples avaient un besoin pressant de rameurs. En 1642, le Vice-
roi de Sicile promulgua une ordonnance dans laquelle il annonçait que " considerato
il mancamento che la Corte tiene di remeri per le galère causato dalla perdita di galè
re ultimamente fatta e di altri accidenti... ha resoluto di comprare tutti quelli schiavi,
che si potrà, atti al remo " (manquant de rameurs, la Cour a décidé d'acquérir tous les
esclaves bons pour la rame) ; il invitait ainsi tous les possesseurs d'esclaves à dénonc
er ceux-ci à l'autorité dans un délai de huit jours (10).
En 1665, la Marine napolitaine avait à son tour un besoin pressant de rameurs
pour armer une nouvelle galère, lancée en mars, et pour compenser de récentes per
tes en hommes ; le Vice-roi s'adressa donc à Malte et à Livourne pour ses achats (11).
À la fin du mois d'août, il fit retirer plusieurs esclaves à Reggio Calabria (12). En
1732, l'administration sarde acheta des esclaves pour les galères royales (13).
Parmi les vendeurs, figuraient assez fréquemment des propriétaires de navires
qui exerçaient l'activité corsaire et qui avaient leur base — ou du moins faisaient
halte et effectuaient des ventes — dans les ports de Malte, Livourne, Messine, Gênes
et autres. À la marine pontificale, l'administration achetait parfois des Musulmans
pour la rame à des citoyens ou à des commandants et officiers de l'armée pontificale
même, qui avaient auparavant acquis les esclaves ou les avaient obtenus, selon la
coutume, comme prix pour les succès remportés dans les campagnes militaires (14). ACHAT D'ESCLAVES TURCS 81
Dans notre rapport, nous avons cherché à recueillir des informations concer
nant les achats d'esclaves «turcs» par la Marine pontificale du XVIe au XVIIIe siècle.
Notre source principale a été la vaste documentation des archives de l'administration
de la Marine pontificale, qui sont aujourd'hui conservées — certainement pas intégra
lement — aux Archives d'État de Rome (15). On ne retrouve pas d'enregistrements
spécifiques d'achats d'esclaves, même sur des listes plus amples d'esclaves «pris en
charge» par l'administration des galères ; c'est-à-dire qu'on ne trouve apparemment
pas, même si l'on sait qu'ils ont vraisemblablement existé, les «registres matricules»,
tels que la «matricule des Turcs» des galères françaises conservée dans les Archives
du Port de Toulon et utilisée avec profit par les spécialistes (16). Nous avons tiré la
plupart de nos informations concernant ces marchés des documents comptables indi
quant les paiements effectués directement aux vendeurs ou, le plus souvent, les rem
boursements aux administrateurs ou aux officiers de marine qui avaient procédé aux
marchés. Il est presque toujours possible de savoir le prix, du moins global, de
l'achat effectué, mais ce n'est que rarement qu'une information précise sur les
Musulmans nous est donnée (nom, âge, lieu d'origine, signes particuliers, etc.)
contrairement au registre français. À travers ce

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