Ad perpetuam memoriam. Les nouvelles fonctions de l image peinte en Italie : 1250-1400 - article ; n°2 ; vol.100, pg 541-615
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Ad perpetuam memoriam. Les nouvelles fonctions de l'image peinte en Italie : 1250-1400 - article ; n°2 ; vol.100, pg 541-615

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1988 - Volume 100 - Numéro 2 - Pages 541-615
Jean-Philippe Antoine, Ad perpetuam memoriam. Les nouvelles fonctions de l'image peinte en Italie : 1250-1400, p. 541-615. Dans la deuxième moitié du Duecento, una série de transformations affecte le statut des images : de simples signaux renvoyant à un contenu extérieur, béquilles destinées aux ignares, elles deviennent instrument privilégié de la méditation et de la connaissance, envahissant à partir de leur socle religieux les sphères de la nouvelle culture civile. Au cœur de cette évolution est la définition de l'image comme auxiliaire de la mémoire, et sa construction à partir des données élaborées par les artes memoriae antiques. L'examen des traces des pratiques mnémoniques dans la production des images matérielles permet de définir les rôles nouveaux qui leur sont assignés, jusque dans des secteurs comme le droit et la propagande politi- (v. au verso) tique. Éloignés des conceptions médiévales comme de celles qui prennent naissance au XVIe siècle, Duecento et Trecento forment un moment autonome dans l'histoire des images.
75 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Jean-Philippe Antoine
Ad perpetuam memoriam. Les nouvelles fonctions de l'image
peinte en Italie : 1250-1400
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 100, N°2. 1988. pp. 541-615.
Résumé
Jean-Philippe Antoine, Ad perpetuam memoriam. Les nouvelles fonctions de l'image peinte en Italie : 1250-1400, p. 541-615.
Dans la deuxième moitié du Duecento, une série de transformations affecte le statut des images : de simples signaux renvoyant
à un contenu extérieur, béquilles destinées aux ignares, elles deviennent instrument privilégié de la méditation et de la
connaissance, envahissant à partir de leur socle religieux les sphères de la nouvelle culture civile. Au cœur de cette évolution est
la définition de l'image comme auxiliaire de la mémoire, et sa construction à partir des données élaborées par les artes memoriae
antiques.
L'examen des traces des pratiques mnémoniques dans la production des images matérielles permet de définir les rôles
nouveaux qui leur sont assignés, jusque dans des secteurs comme le droit et la propagande politi-
(v. au verso) tique. Éloignés des conceptions médiévales comme de celles qui prennent naissance au XVIe siècle, Duecento et
Trecento forment un moment autonome dans l'histoire des images.
Citer ce document / Cite this document :
Antoine Jean-Philippe. Ad perpetuam memoriam. Les nouvelles fonctions de l'image peinte en Italie : 1250-1400. In: Mélanges
de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 100, N°2. 1988. pp. 541-615.
doi : 10.3406/mefr.1988.2985
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1988_num_100_2_2985CULTURE ET SOCIÉTÉ EX ITALIE À LA FIN DU MOYEN ÂGE
JEAN-PHILIPPE ANTOINE
AD PERPETUAM MEMORIAM
LES NOUVELLES FONCTIONS DE L'IMAGE PEINTE EN ITALIE
1250-1400
La révolution picturale qui, dans les dernières années du XIIIe siècle
italien, «rimutò l'arte del dipignere di greco in latino», pour reprendre
l'hommage rendu à Giotto par Cenno Cennini1, et le parcours qui la
conduit jusqu'à l'invention de la perspectiva artificialis ont été et conti
nuent d'être l'objet de nombreuses études, soit sous forme de recherches
visant à compléter l'image parcellaire qui est encore la nôtre des différent
es écoles et de la diffusion des styles, soit sous celle de recherches atta
chées à l'étude du symbolisme à l'œuvre dans les peintures.
Beaucoup moins nombreuses sont les études consacrées au change
ment de perspective mentale qui sous-tend cette révolution, si l'on excepte
un discours de sociologie générale sur la nouvelle culture civile qui se
développe en particulier dans les républiques communales aux XIIIe,
XIVe et XVe siècles.
Les pages qui suivent ont pour objet d'examiner les fonctions des
images peintes à partir de l'évolution des concepts et des pratiques
concernant les images qui s'effectue dès la seconde moitié du Duecento.
Cette évolution nous paraît en particulier commandée par la redécouverte
contemporaine des arts de la mémoire, et ses conséquences sur l'appré
hension des images, à la fois d'un point de vue de construction formelle
qui n'est pas notre présent objet2, et du point de vue de leur usage, qui
nous occupera ici.
1 Cenno Cennini, // libro dell'arte, ed. D. W. Thompson, New Haven, 1932,
p. 2.
2 Les pages qui suivent sont une version d'un travail beaucoup plus vaste et
encore inédit sur les arts de la mémoire et l'image en Italie (1250-1450). Le rapport
entre règles de construction des images mentales et construction des images matér
ielles en constitue un volet.
MEFRM - 100 - 1988 - 2, p. 541-615. 542 JEAN-PHILIPPE ANTOINE
Cette relation est, pour paraphraser les remarques d'Erwin Panofsky
sur le rapport entre architecture gothique et scholastique, «plus concrète
qu'un simple «parallélisme» et cependant plus générale que les «influen
ces» individuelles (et très importantes) qui sont inévitablement exercées
sur les peintres, sculpteurs ou architectes par des conseillers érudits. Par
opposition à un simple parallélisme, [elle] est une véritable relation de
cause à effet ; mais par opposition à l'influence individuelle, cette relation
de cause à effet s'effectue par diffusion plutôt que par impact direct. Elle
s'effectue en répandant ce que, faute de terme plus adéquat, on peut
nommer une habitude mentale»3.
L'ars memoriae peut à juste titre être considéré comme une de ces
habitudes mentales. Ici, comme avec la scholastique dans son rapport
avec l'architecture, le lien n'est pas fait avec un contenu notionnel précis,
mais avec un modus operandi.
L'art de la mémoire a pour fondement deux opérations : la première
est la construction dans l'esprit d'une série de lieux, dans lesquels les ima
ges des choses dont on veut se souvenir seront installées. Plus tard, en
reparcourant mentalement les lieux, on y retrouvera les images déposées.
Ces lieux sont en général des pièces dans une maison ou un palais, ordon
nées en un parcours déterminé une fois pour toutes.
La deuxième opération est la construction des images représentant
l'objet du souvenir. Elle repose principalement sur un système de tran
sformation des mots en images. Au départ de l'opération le matériau de la
mémorisation est en effet toujours un mot ou un texte, que l'objet du sou
venir soit tel à l'origine, ou qu'il ait été transposé en matériau verbal. Ce
dernier est transformé en image au moyen de techniques qui, outre la
figure la plus simple - l'image pour le mot -, usent souvent de figures
rhétoriques, appartenant soit au catalogue traditionnel des tropes, soit à
un répertoire moins académique : jeux de mots, calembours, assonance,
etc.4. L'image ainsi figurée prend place dans le lieu qui lui est assigné.
De plus, si les éléments composant l'objet du souvenir sont des objets ina
nimés, une figure humaine doit leur servir de support, figure frappante
soit par son apparence, soit par l'action dans laquelle elle est engagée5.
3 Erwin Panofsky, Gothic architecture and scholasticism, New York, 1957,
p. 20-21.
4 Cf. J.-Ph. Antoine, The art of memory and its relation to the Unconscious,
article à paraître.
5 «Imagines igitur nos in eo genere constituere oportebit quod genus in
memoria diutissime potest haerere. Id accidet si quam maxime notatas similitudi-
nes constituemus ; si non multas nee vagas, sed aliquid agentes imagines ponemus; AD PERPETUAM MEMORIAM 543
Une image de mémoire ne comprend donc pas simplement des objets
et des lieux, mais des personnages en action, des imagines agentes : elle
est située non pas simplement dans la sphère de la représentation visuelle
mais plus précisément dans une conception narrative et gestuelle de celle-
ci. Un objet ne peut symboliser à lui seul, ni simplement attaché à un lieu.
Il faut qu'il soit pris dans un réseau narratif, dont le geste singulier est la
plus petite unité. L'image de mémoire est une historia6.
Sans doute connue des Grecs, pratiquée par les Romains, qui nous
ont légué les plus anciens textes qui la définissent, la memoria artificialis
était tombée en désuétude avec le déclin de l'empire de Rome et celui de
sa culture, pour être rédécouverte aux alentours du XIIe siècle. Cette
redécouverte est d'abord celle du principe de la mémoire locale et son
adaptation à la culture contemporaine, sans qu'une grande attention soit
portée, dans la pratique, à la compréhension et au respect du détail des
règles exposées dans les textes antiques. Le renouveau de la rhétorique et
la récupération de la culture antique par la nouvelle culture civile à part
ir du deuxième Duecento changent cela, et Yars memoriae est de plus en
plus enseigné et pratiqué d'après la lettre des traités latins. Sa diffusion
s'opère principalement des centres et des écoles monastiques vers les uni
versités, jusqu'aux scuole qui forment les «couches nouvelles» de la cultu
re communale.
La géographie sociale des praticiens de l'art de la mémoire recouvre
celle des principaux producteurs et consommateurs d'images, qu'il s'agis
se des clercs ou des laïcs. Ce «parallélisme» a ses raisons. Comme l'écrit
Frances Yate

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