Analyse de la survie des firmes : le cas des imprimeurs offset à Paris de 1950 à 1985 - article ; n°1 ; vol.84, pg 45-66

Rodolphe Durand, Jacques Obadia

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1998 - Volume 84 - Numéro 1 - Pages 45-66
This study deals with the population of offset printers in Paris from 1950 to 1985. Survival model is employed to test the influences of the variations of industrial variables on the firms life duration. Besides, population variables are also significantly introduced in the models. These results shed light on the complex pressures exerted by competition and legitimacy on entrant firm's life duration, at least at a micro-economic level.
Cet article étudie la probabilité de survie des firmes appartenant à la population des imprimeurs offset de 1950 à 1985 à Paris. L'analyse des facteurs explicatifs de la durée de vie de ces firmes, à l'aide d'un modèle de survie, illustre l'importance des variations relatives des variables sectorielles. En outre, des variables propres à la population étudiée jouent également un rôle, mais parfois négligé, dans l'explication de la probabilité de survie des entreprises. La significativité de ces variables met en lumière, au niveau micro-économique, les pressions complexes exercées par la concurrence et la légitimité sur la durée de vie des entreprises entrantes dans la population.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1998
• Nombre de lectures: 13
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Rodolphe Durand
Jacques Obadia
Analyse de la survie des firmes : le cas des imprimeurs offset à
Paris de 1950 à 1985
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 84. 2e trimestre 1998. pp. 45-66.
Abstract
This study deals with the population of offset printers in Paris from 1950 to 1985. Survival model is employed to test the
influences of the variations of industrial variables on the firms life duration. Besides, population variables are also significantly
introduced in the models. These results shed light on the complex pressures exerted by competition and legitimacy on entrant
firm's life duration, at least at a micro-economic level.
Résumé
Cet article étudie la probabilité de survie des firmes appartenant à la population des imprimeurs offset de 1950 à 1985 à Paris.
L'analyse des facteurs explicatifs de la durée de vie de ces firmes, à l'aide d'un modèle de survie, illustre l'importance des
variations relatives des variables sectorielles. En outre, des variables propres à la population étudiée jouent également un rôle,
mais parfois négligé, dans l'explication de la probabilité de survie des entreprises. La significativité de ces variables met en
lumière, au niveau micro-économique, les pressions complexes exercées par la concurrence et la légitimité sur la durée de vie
des entreprises entrantes dans la population.
Citer ce document / Cite this document :
Durand Rodolphe, Obadia Jacques. Analyse de la survie des firmes : le cas des imprimeurs offset à Paris de 1950 à 1985. In:
Revue d'économie industrielle. Vol. 84. 2e trimestre 1998. pp. 45-66.
doi : 10.3406/rei.1998.1715
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1998_num_84_1_1715DURAND (t) Rodolphe
Département Stratégie et Politique d'Entreprise
Jacques OB ADÍA (t)
Département SIAD - GROUPE HEC
ANALYSE DE LA SURVIE DES FIRMES
LE CAS DES IMPRIMEURS OFFSET À PARIS
DE 1950 À 1985
Mots clés : survie, démographie, écologie des populations, imprimerie.
Key words : firm survival, demography, population ecology, printing industry.
De nombreuses études d'économie industrielle se sont intéressées à la
démographie des entreprises (Cochran, 1981 ; Evans, 1987 ; Geroski,
1991 ; Mata et Portugal, 1994). La compréhension de la dynamique
des populations d'entreprises s'est surtout centrée sur des analyses nationales
ou intersectorielles. La présente étude pose la question de la survie des entre
prises d'une même activité dans un lieu donné sur trente-cinq années. Elle éva
lue les effets de plusieurs variables, depuis les grandeurs économiques usuelles
jusqu'aux données propres à la population étudiée, sur la probabilité de survie
des imprimeurs offset à Paris de 1950 à 1985. Les économistes ont remarqué
que sur le nombre total d'entreprises entrantes, seule une faible proportion est
apte à survivre, c'est-à-dire à accumuler des parts de marché (Mata et Portugal,
1994). La question se pose de savoir si cette propriété générale est due aux
caractéristiques des entreprises entrantes et/ou si les particularités des secteurs
économiques s'expriment au travers de cette sélection.
La première section propose une lecture des principales hypothèses testées
en démographie industrielle. La section II illustre l'originalité de notre
approche. La section III présente la population à l'étude, et la section IV les
principales hypothèses à tester. On revient sur le modèle de régression utilisé
dans la section V. Les résultats sont commentés en section VI, et les apports et
précautions spécifiques à ce genre d'études sont discutés en section VII.
(*) Les auteurs remercient B. Quélin pour ses commentaires, ainsi que les lecteurs anonymes
pour leurs remarques nombreuses et constructives.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 84, 2' trimestre 1998 45 — L'ANALYSE ECONOMIQUE DE LA SURVIE DES FIRMES I.
D'après les études économiques sur la démographie des entreprises, le taux
de croissance de la firme, ainsi que la variabilité de ce taux, et le taux de mort
alité sont d'autant plus faibles en moyenne que la taille et l'âge des entreprises
sont grands (Evans, 1987a ; Dunne et Hughes, 1994). Dunne, Roberts et
Samuelson (1989) montrent qu'en plus de la taille et de l'âge de la firme, les
caractéristiques de production (une seule implantation ou plusieurs) expliquent
la croissance des entreprises survivantes. Il s'ensuit que la nature de la concent
ration d'un secteur est une conséquence de la démographie des entreprises
(taux d'entrée et de disparition des jeunes firmes) et des relations liant entre
eux le taux de croissance, la taille, l'âge et les caractéristiques intrinsèques au
secteur : rendements d'échelle, maturité, effets de seuil (Geroski, 1991).
Globalement, dans les modèles de démographie des entreprises entrantes, la
firme jeune a les caractéristiques suivantes :
1) elle possède moins d'informations pour prévoir l'évolution de l'enviro
nnement économique : les espérances de gains estimées par l'entrepreneur sont
simplifiées du fait de l'insuffisance d'informations disponibles ;
2) elle n'atteint pas d'emblée la taille minimale viable sur le marché (pro
duction insuffisante, structure de coût défavorable) ;
3) la jeune firme a une espérance de vie inférieure à la moyenne du secteur ;
4) toutefois, si elle résiste, elle se développe plus rapidement que la moyenne
des entreprises.
Des études récentes ont approfondi les analyses économiques sur les com
portements des entreprises juste après leur entrée, et les conséquences de l'ac
quisition de parts de marchés sur la performance. Jovanovic (1982) propose
une sélection des firmes entrantes « avec bruit » : les jeunes entreprises sont en
information incomplète et éliminent petit à petit, au cours de leur croissance et
de leur apprentissage, le bruit sur leurs estimations de leur position de coût par
rapport à la distribution des coûts au niveau de l'industrie. Les entrepreneurs
ne peuvent confirmer leurs espérances de croissance qu'en passant à l'acte,
c'est-à-dire en créant leur entreprise. Les entrepreneurs qui dépassent leurs
espérances de gain en faisant montre d'une habileté managériale avérée éten
dent leurs volumes de production et leurs parts de marché. Les jeunes entre
prises survivantes améliorent donc leur probabilité de survie avec le temps, et
l'élimination du bruit autour de la bonne marche à suivre dans le secteur (taille
et structure de coût). Cette analyse a trouvé plusieurs vérifications empiriques
(Evans, 1987b ; Audretsch et Mahmood, 1994).
Plus précisément, Audretsch et Mahmood (1994) montrent que la probabilité
de survie des entreprises entrantes est influencée positivement par la taille de
la firme à l'entrée, la croissance du marché, l'intensité capitalistique du secteur,
46 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 84, 2e trimestre 1998 et négativement par le développement du secteur (mesuré par les économies
d'échelles réalisées). Ils postulent et vérifient que l'augmentation de la taille
des nouveaux entrants ou la baisse de la taille de production efficace minimum
(minimum efficient scale) augmentent leur probabilité de survie. Mata et
Portugal (1994) dans le cas d'entreprises européennes, confirment que la dis
parition des jeunes firmes varie en sens inverse avec leur taille à l'entrée, le
nombre de sites exploités par l'entreprise entrante, et le taux de croissance de
la firme. Mata, Portugal et Guimaraes (1995) prolongent leurs analyses en
montrant que la taille actuelle de l'entreprise est un meilleur prédicteur de la
disparition que la taille effective au moment de l'entrée. Par ailleurs, le taux
d'entrées de nouvelles firmes affecte positivement le taux instantané de sorties.
Cette variable avait été peu utilisée par leurs prédécesseurs.
De l'examen rapide de ces travaux naît une double question. D'une part, les
effets observables au niveau d'économies nationales sont-ils vérifiés sur
longue période sur un secteur d'activité précis ? D'autre part, les influences
propres à ce secteur, et plus précisément encore, à la population d'entreprises
étudiées sont-elles compatibles