Antiquités syriennes.  - article ; n°3 ; vol.48, pg 337-373
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Description

Syria - Année 1971 - Volume 48 - Numéro 3 - Pages 337-373
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

H. Seyrig
Antiquités syriennes.
In: Syria. Tome 48 fascicule 3-4, 1971. pp. 337-373.
Citer ce document / Cite this document :
Seyrig H. Antiquités syriennes. In: Syria. Tome 48 fascicule 3-4, 1971. pp. 337-373.
doi : 10.3406/syria.1971.6255
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1971_num_48_3_6255ANTIQUITÉS SYRIENNES
PAR
Henri Seyrig
95. Le culte du Soleil en Syrie a l'époque romaine
I
Dans un passage dramatique de ses Histoires, Tacite, décrivant le
matin de la bataille de Crémone, où les partisans de Vespasien allaient
écraser ceux de Vitellius grâce à l'arrivée opportune des troupes syriennes
de Mucien, témoigne de la dévotion fervente que ces soldats vouaient au
Soleil. « Un cri s'éleva de toutes parts. Le Soleil parut, et la 3e légion, comme
cest V usage en Syrie, salua son lever. De là un bruit vague, - - - que Mucien
vient d'arriver, et que les deux armées se sont donné mutuellement le salut » (1).
La popularité de cette dévotion est attestée en Syrie par des monu
ments nombreux, où l'image du Soleil est mise au fronton des temples,
lors même que ceux-ci sont dédiés à d'autres dieux (2). Ces monuments,
et la salutation matinale décrite par Tacite, suffisent-ils à accréditer
l'opinion très répandue, que les Syriens auraient pratiqué, en l'honneur
du Soleil, un culte proprement dit, avec son appareil de temples et de
prêtres ? C'est une question que nous voudrions examiner dans les pages
suivantes.
Les travaux de Franz Cumont, qui serviront encore longtemps debase
à l'étude des cultes orientaux dans l'antiquité grecque et romaine, donnent
(*) Tacit., Hist., Ill, 24-25 (trad. Burnouf) ; advenisse Mucianum, exercitus invicem salulasse.
undique clamor et orientent solem, ila in Syria (*) Voir p. 353, note 5 ; 355, 362.
mos est, tertiani salulavere. Vagus inde... rumor 338 SYRIA [XLViii
au culte syrien du Soleil une place primordiale. Ils ont été rédigés avant
l'exploration systématique de la Syrie, et sont fondés principalement sur
des textes littéraires et philosophiques, dont ce grand savant avait acquis
une connaissance sans pareille. Depuis lors, les monuments n'ont cessé de
surgir du sol. Alors que les textes d'auteurs présentent l'avantage et
l'inconvénient de nous apporter une interprétation des faits, les monuments
nous livrent des faits parfois difficiles à interpréter, mais des faits bruts,
dont la réalité n'est' pas attaquable. Or ces monuments, dont le nombre
croît encore, se laissent ordonner peu à peu en un système cohérent, qui
ne s'accorde pas toujours avec les spéculations que nous livrent les écrits
des penseurs.
Une opinion presqu'unanime veut aujourd'hui que les cultes syriens
aient subi, à l'époque hellénistique, un processus général de solarisation,
qui aurait même transformé le dieu suprême en un dieu du Soleil. En 1913,
Franz Cumont écrivait que « cette théologie solaire est V œuvre commune
des prêtres et des philosophes de Mésopotamie et de Syrie. Dans les temples
de ces pays, elle prédomina probablement depuis Vépoque des Séleucides
et amena partout la transformation des Baals locaux en divinités héliaques <1J ».
Un peu plus tard, en 1917, il ajoutait que « sous les Séleucides, les Baals,
dieux solaires, furent assimilés au Zeus hellénique » (2). Même Martin Nilsson,
tout en combattant certains aspects des théories de Cumont, acceptait
cette opinion comme allant de soi (3>. Dans ses derniers ouvrages, Cumont
semble être revenu quelque peu de ses premières vues (4), mais celles-ci
ont généralement survécu, et l'on peut lire par exemple dans un tout
récent dictionnaire mythologique, . que « la religion syrienne de Vépoque
hellénistique est caractérisée par le fait que nombre de dieux, lors même quils
avaient un caractère primitif tout à fait différent, deviennent des divinités
du Ciel et se voient donner des traits solaires: une religion solaire règne dès
(*) F. Cumont, Théologie solaire du paganisme Bedeutung eine ganz andre war, in spâterer
romain (Mém. prés, par div. savants à l'Acad. Zeit zu Sonnengôttern umgedeutet wurden, ist
des inscr., XII, 2 [1913], p. 478). làngst erkannt. »
(*) Id., Études syriennes (1917), p. 59. (*) Voir notamment ses Religions orient.,
(*) M. P. Nilsson, Opusc. selecta, II, p. 491 : 4e éd. (1929), p. 124, où sa théologie syrienne est
« Dass syrische Gôtter, deren eigentliche plus jovienne que solaire. CULTE DU SOLEIL EN SYRIE 339 1971]
lors sur le Proche-Orient, et envahira ensuite le culte romain ». L'auteur
ajoute du reste : « Et pourtant, il faut bien y insister, le rôle joué par le Soleil
et par la Lune dans l ancienne mythologie cananéenne ne laisse pas de frapper
par son peu a" importance » ^K
A ces vues, il est intéressant de comparer le témoignage des monum
ents, et c'est à quoi nous allons procéder. Pour permettre au lecteur
d'exercer sa critique sur notre analyse, nous énoncerons tout de suite les
conclusions où celle-ci va nous mener.
1. Sauf deux exceptions, tous les cultes syriens bien attestés comme
solaires sont traditionnels à la population qui les pratique. Ils ne présentent
pas trace d'un état antérieur non-solaire. Un grand nombre d'entre eux
sont des cultes arabes.
2. Les deux exceptions, peut-être destinées à devenir plus nombreuses
avec le progrès des recherches, sont des cultes où le Soleil a été introduit
par une spéculation théologique qui est la même dans les deux cas, et
qui se laisse définir avec probabilité. Malgré ce syncrétisme, les deux dieux
conservent un rang subordonné.
3. Aucun Zeus syrien, aucun dieu syrien du Ciel, n'est solaire, ni
ne l'est devenu, sauf dans un petit culte local du Hauran, qui remonte
à l'époque ... de Constantin.
4. En Syrie, Zeus est et reste l'ancien dieu de l'orage — Hadad,
Baalshamîn, Téchoub. Dans une religion pénétrée d'astrologie, il prend
peu à peu l'aspect d'un dieu cosmique, dont le pouvoir se montre avant
tout dans les astres, régulateurs des destins du monde. Le Soleil devient
ainsi la principale manifestation du dieu suprême, et c'est dans cette
qualité qu'il obtient une place éminente sur les monuments et dans l'usage,
sans jamais pourtant se confondre avec ce grand dieu — malgré le
bref épisode d'Élagabale.
W. Rôllig, dans le Wôrterbuch der Mythologie de H. W. Haussig, I, 1 (1965), p. 229. 340 SYRIA [XLVIIl
II
Emèse. — Parmi les grandes dévotions de la Syrie romaine, c'est-à-dire
parmi celles qui sont parvenues à une notoriété plus que locale — Hiérapolis,
Doliché, Émèse, Palmyre, Héliopolis — une seule, celle d'Émèse, présente
un caractère indiscutablement solaire. Le nom de son dieu, Sol Elagabalus,
est donné en toutes lettres sur les monnaies d'Élagabale (1) et de l'usurpa
teur émésénien Uranius Antoninus (2). Ce nom divin est aussi attesté dans
les inscriptions <3>, et de plus, les concours pythiques célébrés à Émèse
sous Élagabale. s'appellent les Helia Pythia^K Le culte avait pour idole
la célèbre Pierre Noire d'Émèse, figurée sur les monnaies comme un bétyle
de forme ogivale, sur le devant duquel était sculpté ou appliqué un
aigle (fîg. 2), et que l'on revêtait parfois de précieuses étoffes (fîg. 1)<5>.
Émèse, qui apparaît pour la première fois dans l'histoire au Ier siècle
avant notre ère, s'est formée vers la fin de l'époque séleucide par la séden
tarisation de tribus jusqu'alors nomades <6). Une dynastie arabe, où le
nom de Sampsigeram — «le Soleil a décidé » <7> — était héréditaire, la
(*) H. Mattingly et E. Sydenham, Rom. ici coiffé d'une tiare arménienne. L'analogie est
Imper. Coinage, IV, 2 (1938), p. 37; 43; 58. superficielle, et des moins vraisemblables. Ce
(2) Ibid., IV, 3 (1949), p. 206. que l'on voit est, selon nous, ce que les Arabes
(8) H. Dessau, Inscr. lat. selectae, 4330 appellent un mahmal. On se rappelle cette
(Rome) ; 4332 (Brigetio) ; G. E. Bean, Belleten, litière, drapée de riches étoffes frangées, sommée
XXII, 1958, p. 84, n» 112 (Attalée) ; d'orneme

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