Attalus Noni M(arci) S(ervvs) - article ; n°1 ; vol.9, pg 245-256
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Description

Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens - Année 1994 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 245-256
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

John Scheid
Attalus Noni M(arci) S(ervvs)
In: Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens. Volume 9-10, 1994. pp. 245-256.
Citer ce document / Cite this document :
Scheid John. Attalus Noni M(arci) S(ervvs). In: Mètis. Anthropologie des mondes grecs anciens. Volume 9-10, 1994. pp. 245-
256.
doi : 10.3406/metis.1994.1027
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/metis_1105-2201_1994_num_9_1_1027ATTALVS NOM M(ARCI) S(ERVVS)
Un Trévire à Aesernia1?
1. G. Pasquali disait volontiers qu'il n'y avait pas des méthodes scienti
fiques, mais seulement des problèmes scientifiques. La pierre d'Isernia qui fait
l'objet de cette étude illustre parfaitement ce principe, car elle montre que si
l'on reste confiné dans une spécialité, dans une "méthode", on demeure inca
pable de résoudre les problèmes qu'elle pose. Elle appartient à la catégorie des
documents qui ne peuvent être compris que si l'on tient compte à la fois de
l'histoire politique, de l'histoire de l'art, de l'épigraphie et de la religion.
La base en question est relativement petite (fig. 1). Haute de 76 cm et
large de 59, elle est profonde de 43 cm. Trois de ses côtés sont sculptés, de
sorte qu'il faut conclure que la pierre était adossée à un mur. La perte du
couronnement de la base et du contexte archéologique ne permet pas de
découvrir s'il agit d'un autel, d'une stèle ou d'un support de statue, ou si la
pierre appartient à un contexte funéraire. Le document paraît cependant
être public car l'esclave Attalus donne toute sa nomenclature, ce qui ne se
faisait généralement pas dans un lieu domestique. Ajoutons que pour des
raisons diverses la base a été datée des premières décennies du 1er s. de notre
ère. Le document est en partie mutilé et apprend peu de choses d'emblée.
Seule l'interrogation du décor sculpté et l'inscription laconique qui l'ornent
permettent d'en savoir davantage.
2. Commençons donc par la description de la base,
a. Face centrale, sur le devant de la base (A).
Trois cartouches de taille différente se partagent le champ de la face
1. Ce document, présenté en septembre 1992 à Athènes, a été discuté et amendé au
cours de séminaires à l'Université de Cologne et de Corpus Christi Collège à Oxford. Sans
les critiques et les travaux de Valérie Huet ce texte n'existerait pas. 246 JOHN SCHEID
centrale. Le cartouche inférieur, qui est le plus grand, renferme une roue, un
gouvernail et un globe; à première vue ces symboles renvoient à Fortune.
Au centre est représenté le sacrifice de suovétauriles par un personnage
voilé portant un vêtement court. Il est en train d'offrir de l'encens sur un
autel orné de guirlandes et de bucrânes, deux branches de laurier encadrent
la flamme de l'autel. Un joueur de flûte joue à Γ arrière-plan, et un enfant, au
premier plan, tend une patère à manche. Les victimes se tiennent à droite de
l'autel, dans l'ordre, un taureau, un bélier, un verrat. Des sacrificateurs les
accompagnent. Dans le coin supérieur droit un personnage tient devant lui
une sorte de bâton. Dans le cartouche supérieur, qui est partiellement
détruit, sont représentées trois figures féminines richement habillées. La
première, de profil, conduit un animal - un cheval ou un bovin - vers la
droite. Les deux autres sont en position frontale. Celle de gauche tient de la
main droite un objet oblong et semble toucher de la main sa poitrine
ou le bord de son vêtement. La deuxième pose la main droite sur une roue
reposant sur un globe. Au-dessus de la scène sacrificielle on lit Attalus Noni
M(arci) s(eruus). Cette inscription est entière et a été gravée en même
temps que les sculptures, car la bande séparant les cartouches supérieur et
médian est plus large que celles séparant les cartouches inférieurs.
b. Faces latérales (B, C).
Les deux faces ont reçu le même décor, organisé en deux champs qui
correspondent par leur taille aux cartouches de la face antérieure, le champ
supérieur au relief des figures féminines, le champ inférieur aux deux
cartouches inférieurs. Le champ inférieur présente, devant un trophée
d'armes celtiques, un homme jeune, en grande armure, qui domine un
barbare agenouillé. Dans le cartouche supérieur on voit une corne d'abon
dance posée sur un globe.
3. Les interprétations de ce relief ne sont pas très nombreuses. La plupart
de ceux qui ont commenté cette base reprennent avec quelques corrections
l'interprétation de H. Fuhrmann publiée en 194 92; seul A. Alfoldi3 a présenté
une nouvelle interprétation.
Fuhrmann fondait sa lecture sur trois données: la scène du trophée, le nom
d'Attalus rapproché d'une autre inscription d'Isernia qui mentionne M.
Nonius Gallus, imperator, septemuir epulonum4, et l'identification très
précise des figures représentées sur la base. Le propriétaire de l'esclave
2. H. Fuhrmann, "Der Imperator M. Nonius Gallus und die Weihung des Treverers
Attalus an die Fortuna-Nemesis in Isernia", dans Rom. Mitteil., 2, 1949, pp. 45-65.
3. A. Alfoldi, Die zwei Lorbeerbâume des Augustus, Bonn, 1973, pp. 46-47.
4. H. Dessau, Inscriptiones Latinae selectae (= ILS) 895. ATTALVS NOM M(ARCI) S(ERVVS) 247
Attalus serait Vimperator M. Nonius Gallus. D'après Dion Cassius5, ce
dernier avait remporté en 29 av. J.-C. une victoire sur les Τρηοϋροι, c'est-à-
dire après la correction de Boissevain, les Τρηουηροι, les Trévires, mais
n'avait pas célébré le triomphe. Fuhrmann rapproche cette victoire du
trophée d'armes celtiques et du nom Attalus, qui remonte à une racine
celtique, et considère la base comme un monument honorifique dédié à
Γ imperat or Nonius par son esclave, un Trévire, pour le remercier de l'avoir
reçu dans sa familia. Les suovétauriles sont interprétés dans cette perspective
comme un sacrifice célébrant la victoire de Nonius sur les Trévires, le
sacrifiant est identifié à M. Nonius Gallus lui-même, le barbare agenouillé à
Attalus et le trophée à des armes trévires. Le contexte étant militaire, les
hommes qui apparaissent dans les coins supérieurs gauche et droit sont censés
jouer, non pas de la flûte, mais de la buccina militaire. Il s'agirait d'un
sacrifice d'action de grâces ou de lustration des troupes victorieuses.
Quant aux figures féminines du cartouche supérieur, Fuhrmann les
considère comme des déesses. Celle qui marche vers la droite est d'après lui
Victoria (à cause du casque et des ailes); elle conduit un cheval qui
symboliserait une ovation6 de M. Nonius Gallus ou plutôt une prise de
guerre: les chevaux célèbres des Trévires serviraient de symboles du butin en
général. La déesse placée à droite est caractérisée comme Fortune par la
roue et le globe. La troisième déesse, dont la représentation est mutilée, est
identifiée d'après le geste apotropaïque du crachat dans le vêtement à
Némésis. Et comme cette dernière porte sur une série de représentations
une aune, l'objet en forme de planche que tient Némésis serait une aune. En
tant que Némésis castrensis, attestée sur une inscription d'époque impériale,
la déesse pourrait d'après Fuhrmann recevoir des suovétauriles. En raison du
partage de certains attributs de Némésis entre la déesse du centre et celle de
droite, Fuhrmann suppose qu'elles forment un couple semblable aux deux
Néméseis de Srhyrne7. Aussi appelle-t-il ces déesses Némésis-Fortune; la
base serait consacrée à Némésis.
I.S. Ryberg8 a repris cette interprétation avec quelques nuances. Elle
constate d'abord que les suovétauriles s'adressent généralement à Mars. Par
ailleurs, elle identifie des joueurs de flûte plutôt que des buccinatores et note
que le sacrifiant porte la tunique ou le ricinium. G. Ch. Picard9 prend le
5. Dio, 51,20,5.
6. C'est-à-dire une entrée à cheval dans Rome. Il s'agit d'une forme mineure du
triomphe.
7. Cf. pour l'iconographie de ces déesses LIMC, s.v. Nemesis.
8. 1. Scott Ryberg, Rites ofthe State Religion in Roman Art, Rome, 1955, pp. 34 sq.
9. G. Gh. Picard, Les trophées romains (B.E.F.A.R. n° 187), Paris, 1957, pp. 245-247. 248

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