Australie 2030 : Livre Blanc 2009 sur la Défense - actualité ...
2 pages
Français

Australie 2030 : Livre Blanc 2009 sur la Défense - actualité ...

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
2 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

N°49
ACTUALITE STRATEGIQUE en ASIE 12 mai
09
AUSTRALIE 2030 : Livre Blanc 2009 sur la Défense ou les ambitions de Canberra (1/2)
« Il n’y a pas plus grande responsabilité pour un gouvernement que la défense de la nation, de sa popula-
tion et de ses intérêts. Remplir avec succès ce devoir implique une planification à long terme sérieuse,
éclairée par des évaluations régulières et réfléchies des perspectives stratégiques du pays, ainsi que des
menaces potentielles pesant sur nos intérêts souverains ». Les propos du ministre australien de la défense, Joel
Fitzgibbon, rappelés dans les premières lignes du Livre Blanc sur la Défense 2009 (Defending Australia in the
Asia-Pacific Century : Force 2030), document de 143 pages rendu public le 2 mai dernier, jettent les bases d’une
réflexion prospective étendue sur les futurs contours et priorités de l’appareil de défense australien, tout autant
que sur les ambitions militaires et politiques de la lointaine et chaleureuse Australie. D’une lecture claire et précise,
cette somme d’évaluations, de réflexions et d’anticipations renseigne l’observateur sur les préoccupations des
stratèges de Canberra, leurs craintes, leurs espoirs, leurs certitudes. Les 2 pages suivantes tenteront d’en extrai-
re la quintessence utile à la curiosité du lecteur.
Territoire Principaux Budget Forces
Régime PIB/ h croissance Partenaires défense arm ées
Population 2008 commerciaux 2008
7,6 ...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 105
Langue Français

Extrait

1
N°49
12 mai
09
ACTUALITE STRATEGIQUE en
ASIE
ASIE
AUSTRALIE 2030 : Livre Blanc 2009 sur la Défense ou les ambitions de Canberra
(1/2)
« Il n’y a pas plus grande responsabilité pour un gouvernement que la défense de la nation, de sa popula-
tion et de ses intérêts. Remplir avec succès ce devoir implique une planification à long terme sérieuse,
éclairée par des évaluations régulières et réfléchies des perspectives stratégiques du pays, ainsi que des
menaces potentielles pesant sur nos intérêts souverains ». Les propos du ministre australien de la défense, Joel
Fitzgibbon, rappelés dans les premières lignes du
Livre Blanc sur la Défense 2009
(
Defending Australia in the
Asia-Pacific Century : Force 2030
), document de 143 pages rendu public le 2 mai dernier, jettent les bases d’une
réflexion prospective étendue sur les futurs contours et priorités de l’appareil de défense australien, tout autant
que sur les ambitions militaires et politiques de la lointaine et chaleureuse Australie. D’une lecture claire et précise,
cette somme d’évaluations, de réflexions et d’anticipations renseigne l’observateur sur les préoccupations des
stratèges de Canberra, leurs craintes, leurs espoirs, leurs certitudes. Les 2 pages suivantes tenteront d’en extrai-
re la quintessence utile à la curiosité du lecteur.
Un contexte différent ; un exercice nécessaire
. Il était temps, serait-on tenté de dire ; il y a en effet une décen-
nie que militaires et politiques australiens ne s’étaient plus penchés sur la rédaction d’un Livre Blanc sur la Défen-
se. Or, depuis lors, ce ne sont pas les événements dramatiques, les tournants stratégiques qui ont manqué : 11
septembre 2001, attentats de Londres, Madrid, Bali, Jakarta, Mumbai, conflits en Irak, en Afghanistan, tentations
nucléaires de Pyongyang et Téhéran, prolifération des acteurs non-étatiques aux desseins sombres, réémergence
de la piraterie maritime, montée en puissance de la Chine, entre autres faits.
Les intérêts stratégiques fondamentaux
. Cet effort de réflexion stratégique et d’anticipation distingue 4
grands cercles d’intérêts stratégiques, par ordre de priorités :
1)
.
La défense du pays contre une attaque armée
directe, par des acteurs étatiques ou non-étatiques
, capables d’utiliser des armes de destruction massive (5.4).
2)
.
La sécurité, la stabilité et la cohésion de l’environnement stratégique immédiat de l’Australie
(5.7 ; cf. Indo-
nésie, en tout premier lieu, puis la Papouasie Nelle-Guinée, le Timor oriental, la Nelle-Zélande, les micros Etats du
Pacifique sud). De ces objectifs découle le principe qu’aucune puissance militaire ne doit être en mesure de mena-
cer les voies d’accès maritimes et aériennes australiennes ou d’inquiéter ses bases régionales.
3)
. Au-delà de l’en-
vironnement immédiat, l’Australie a un intérêt stratégique durable dans
la stabilité de l’ensemble de la région
Asie-Pacifique
(5.13), avec une sensibilité particulière pour l’Asie du sud-est.
4)
. Au-delà du vaste espace Asie-
Pacifique, l’Australie a à c
oe
ur de
préserver l’ordre international des velléités d’agression interétatiques
(5.17).
La doctrine
. Se décline en 3 points, en fonction des circonstances et des besoins : indépendance ; pilotage de
coalitions militaires ; participation aux alliances.
Menaces potentielles et scenarios anticipés
. Stratèges militaires et spécialistes australiens anticipent, entre
2009 et 2030, la possible occurrence de menaces diverses affectant, de près ou de loin, les intérêts de Canberra
et / ou de ses alliés ; relevons entre autres : la permanence de guerres conventionnelles interétatiques, de conflits
armés infra-étatiques nécessitant une intervention des forces australiennes (ADF) sous divers formats, humanitai-
re, stabilisation, contre-insurrection, maintien de la paix et reconstruction comme au Cambodge, en Papouasie Nel-
le-Guinée, en Somalie (1992-94), au Timor oriental (1999 ; 2006), aux iles Salomon (cf. 2003), en Irak (1990-91),
en Afghanistan (depuis 2001). Est aussi prise en compte la menace d’acteurs non-étatiques globaux (cf. Al-Qaïda ;
talibans). Le point 3.7 estime : «
Aujourd’hui, l’Australie est un des pays les plus sûrs au monde. Cela ne signifie pas
que nous sommes préservés à jamais de menace extérieure ; les surprises stratégiques majeures sont toujours
possibles (3.9).
Parmi les dangers également mis en exergue dans le document, les cyber-attaques, la prolifération
balistique du fait d’Etats voyous, l’acquisition d’armes de destruction massive par des groupes terroristes. Sont
également anticipés les contours d’un ordre global plus multipolaire, la possibilité de mouvements de population
massifs et désordonnés, une pression importante sur les ressources naturelles et l’environnement, des évolutions
climatiques incontrôlables, des risques de pandémie, une criminalité transnationale omniprésente, comme autant
de variables à l’origine de possibles conflits chez les Etats fragiles. Le Livre Blanc 2009 estime également que des
tensions entre puissances majeures de la région Asie-Pacifique sont à prévoir, là où les intérêts des USA, de la
Territoire
Population
Régime
PIB/ h
croissance
2008
Principaux
Partenaires
commerciaux
7,6 millions km²
21 millions
Démocratie
parlementaire
fédérale
38 000 $
+2,2%
1er. Chine
2e. Japon
3e. Etats-Unis
Budget
défense
2008
20 MM $
5 % PIB
Forces
armées
53 000 soldats
20 000
réservistes
2
ACTUALITE STRATEGIQUE en
ASIE
ASIE
Chine, du Japon, de l’Inde et de la Russie s’entrecroiseront. Divers scenarios de crise en Co-
rée du nord demeurent possibles (conflit intercoréen ; écroulement du régime ; réunification
précipitée). Enfin, le terrorisme islamiste (cf. attentats de Bali en 2002 ; contre l’ambassade
australienne à Jakarta) demeurera une menace directe pour l’Australie et ses intérêts.
Matrice stratégique australienne
. La prééminence des Etats-Unis,
primus inter-pares
,
allié, partenaire et protecteur, puissance stabilisatrice et fédératrice en Asie-Pacifique, de-
meurera. Canberra et Washington consolideront les acquis de coopération et de compré-
hension des dernières décennies (6.15). Le parapluie nucléaire américain restera une garan-
tie ultime (6.32) pour la sécurité de ce imposant pays-continent.
Montée en puissance de la Chine et implications stratégiques
. D’ici 2030 et sauf revers
majeurs, la Chine sera devenue un acteur global, susceptible de dépasser l’économie améri-
caine dès 2020. Cette situation aura des répercussions stratégiques en Asie-Pacifique et au-
delà. La gestion de la relation Washington-Pékin sera en conséquence d’une importance criti-
que pour la stabilité de la région. D’ici 20 ans, la Chine sera également devenue (et de très
loin) la 1
ère
puissance militaire en Asie. Si Pékin ne prend pas soin d’expliquer davantage la
modernisation de son appareil de défense, cette démarche pourrait faire naître chez les na-
tions voisines d’Asie appréhensions, craintes et incompréhensions.
Océan Indien
. D’ici 2030, l’océan Indien aura acquis une nouvelle dimension stratégique,
du fait notamment de la relation énergétique fournisseurs-consommateurs unissant les éco-
nomies gourmandes d’Asie à leurs grossistes moyen-orientaux. Dès lors, cet espace océani-
que aura vocation à intégrer progressivement, au côté de l’océan Pacifique, le champ de la
réflexion stratégique maritime australienne (6.43).
Afghanistan
. Ce théâtre de crise (où sont déployés 3 800 soldats australiens sous man-
dat de l’ISAF, dans le sud) nécessitera selon Canberra un important soutien international lors
de la prochaine décennie, voire au-delà. Dont le pays entend s’acquitter à son niveau.
Les partenaires.
Parmi les partenaires et alliés sur lesquels Canberra « comptent » tout
particulièrement s’appuyer d’ici 2030, relevons les Etats-Unis et la Nelle Zélande
(partenaires historiques du Australia-New Zealand - US Security Treaty de 1951), le Japon,
l’Inde, la Corée du sud, l’Indonésie, Singapour, la Malaisie et… la Chine : «
Développer notre
relation de défense avec la Chine est une priorité
» insiste le Livre Blanc 2009 (11.16).
Ambitions, matériels idoines et financement.
Pour donner du corps militaire à ses ambi-
tions politiques, Canberra entend muscler considérablement ses forces armées, la marine et
l’armée de l’air particulièrement.
La marine
: acquisition de 12 nouveaux sous-marins, de 3
destroyers équipés de missiles SM-6 (370 km de portée), de 8 frégates, de 2 Landing Heli-
copter Dock amphibies (10-15 000 tonnes), d’un Offshore Combatant Vessel, de 24 hélicop-
tères de combat embarqués et de 46 hélicoptères MRH-90 (transport de troupes).
L’armée
de l’air
: acquisition de 100 chasseurs multi-rôle de 5
e
génération Lockheed-Martin F-35
Joint Strike Fighter (JSF), de 5 KC 30 A (avions ravitailleurs), de 6 Airborne Early Warning
and control (AEW&C ; surveillance aérienne) et de 8 appareils de surveillance maritime, enfin
de 2 C-130j Hercules (transport de troupes).
Armée de terre et forces spéciales
: acquisi-
tion de 1 100 véhicules de protection blindés, efforts particuliers sur la formation, sur le der-
nier cri matériel-technologie, les salaires et les conditions de vie ; enfin, sur l’ISR (Intelligence,
Surveillance, Reconnaissance ; imagerie spatiale ; GPS ; etc.).
Un
Strategic Reform Program
devrait permettre 20 milliards $ d’économie sur le budget
national, tandis qu’une hausse de 3% du budget de la défense jusqu’en 2017-18, puis de
2,2% entre 2018 et 2030, serait en théorie capable de financer ces diverses acquisitions
onéreuses et sans véritable précédent ces dernières décennies.
Prospective
: A travers la rédaction de ce document, l’Australie, ce pays-continent à la recherche selon ses propres
termes d’une
middle power influence
(11.42), donne le ton de ses ambitions régionales et internationales des décen-
nies à venir. Prête à s’impliquer davantage sur les questions sécuritaires dans sa périphérie et au-delà, elle demeure-
ra en quasi-symbiose sur le sujet avec son allié historique américain, tout en se montrant déterminée à trouver une
voie propre dans ses rapports avec la Chine, puissance annoncée dominante en Asie-Pacifique à l’horizon 2030. Affi-
chées dans un contexte économique ténu, ces appétences politiques, stratégiques, révèlent combien Canberra en-
tend s’extraire du relatif isolement que lui impose la géographie pour briller sous un jour plus flagrant, se montrer à la
hauteur des enjeux régionaux, et figurer parmi les Etats de la prometteuse Asie-
Pacifique avec lesquels il s’agira, d’ici 2030 et plus loin encore, de compter.
Olivier GUILLARD
Directeur de recherches à l’
IRIS
Associé
Crisis Consulting
N°49
12 mai
09
Le
F-35 JSF
, fer de lance à
venir
des
forces
aériennes
australiennes
Les
troupes
australiennes,
déployées en
Afghanistan
de-
puis 2001
Le
Timor oriental
, théâtre de
crise familier des forces aus-
traliennes
AUSTRALIE 2030 : Livre Blanc 2009 sur la Défense ou les ambitions de Canberra
(2/2)
7,6 millions km², 25 000 km de
côtes,
l’Australie, Etat-continent
Source : www.defence.gov.au
Source : www.defence.gov.au
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents