Barère : Le salon imaginaire ou le XXe siècle - article ; n°1 ; vol.292, pg 213-236
25 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Barère : Le salon imaginaire ou le XXe siècle - article ; n°1 ; vol.292, pg 213-236

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
25 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1993 - Volume 292 - Numéro 1 - Pages 213-236
Marie-Thérèse Bouyssy, Barère : the imaginary salon or the 20tn century.
Between 1825 and 1830, Barère exiled in Belgium and living under a pseudonym wrote thousands of papers. Among them was the catalogue of an imaginary salon which would have exhibited 230 paintings. Barère always had a particular interest for art. The author visits this imaginary salon and perceives an aesthetical, moral and political culture close to that of David between 1780-1800. However Barère was convinced that his salon could only be appreciated during the 20th century.
Marie-Thérèse Bouyssy, Barère : le salon imaginaire ou le XXe siècle.
Entre 1825 et 1830, Barère, proscrit en Belgique et vivant sous un pseudonyme, noircit plusieurs dizaines de milliers de feuilles de papier. Parmi celles-ci, le catalogue d'un salon de peinture imaginaire qui aurait exposé 230 œuvres. Barère avait toujours eu un intérêt prononcé pour les arts.
L'auteur visite ce salon imaginaire et y repère une culture esthétique, morale et politique proche de celle de David des années 1780-1800. Cependant Barère était persuadé que ce serait au xxe siècle que ce salon imaginaire pourrait être apprécié.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Thérèse Bouyssy
Barère : Le salon imaginaire ou le XXe siècle
In: Annales historiques de la Révolution française. N°292, 1993. pp. 213-236.
Abstract
Marie-Thérèse Bouyssy, Barère : the imaginary salon or the 20tn century.
Between 1825 and 1830, Barère exiled in Belgium and living under a pseudonym wrote thousands of papers. Among them was
the catalogue of an imaginary salon which would have exhibited 230 paintings. Barère always had a particular interest for art. The
author visits this salon and perceives an aesthetical, moral and political culture close to that of David between 1780-
1800. However Barère was convinced that his salon could only be appreciated during the 20th century.
Résumé
Marie-Thérèse Bouyssy, Barère : le salon imaginaire ou le XXe siècle.
Entre 1825 et 1830, Barère, proscrit en Belgique et vivant sous un pseudonyme, noircit plusieurs dizaines de milliers de feuilles
de papier. Parmi celles-ci, le catalogue d'un salon de peinture imaginaire qui aurait exposé 230 œuvres. Barère avait toujours eu
un intérêt prononcé pour les arts.
L'auteur visite ce salon imaginaire et y repère une culture esthétique, morale et politique proche de celle de David des années
1780-1800. Cependant Barère était persuadé que ce serait au xxe siècle que ce salon imaginaire pourrait être apprécié.
Citer ce document / Cite this document :
Bouyssy Marie-Thérèse. Barère : Le salon imaginaire ou le XXe siècle. In: Annales historiques de la Révolution française.
N°292, 1993. pp. 213-236.
doi : 10.3406/ahrf.1993.1561
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1993_num_292_1_1561BARERE : LE SALON IMAGINAIRE
OU LE XXe SIÈCLE
Sous ce titre singulier propre à stimuler l'attention de tous ceux qui
s'interrogent sur « l'état culturel », Bertrand Barère, le plus applaudi des
rapporteurs du Comité de salut public, l'auteur des célèbres carmagnoles
qui enflammaient les tribunes au moment crucial de la Grande Terreur,
présente en quelque 230 (1) notices consignées en un petit carnet présent
aux Archives départementales des Hautes-Pyrénées (2), un « salon » selon
les codes du temps. L'essentiel de cette rédaction correspond aux années
1825-1830, au plus, 1823-1831. C'est une écriture, car il y a là surtout
référence à des œuvres potentielles encore que l'érudition permette bien
souvent d'établir des liaisons avec la production de l'époque, c'est une
lecture singulière de la culture du temps et donc une contribution à l'histoire
de la réception d'une époque. C'est enfin, trente ans après, la relecture
d'une vie, d'une histoire, dans le maintien pédagogique de quelques valeurs
toujours défendues par cet homme âgé, soixante-dix ans, proscrit des
Bourbons, car régicide et rallié aux Cent Jours et plus marginalisé que
tout autre, seul condamné à vivre sous un pseudonyme : M. de Roque-
feuille, sur lequel outre le calembour, cher à la fin du XVIIIe siècle et que
notre siècle a reconsidéré à la lumière des apports de la psychanalyse, on
pourrait abondamment gloser ; car il s'agit bien d'un nom aux consonances
occitanes et d'une toute prudente volonté de discrétion face aux interven
tions vindicatives de la diplomatie française mais aussi d'inscrire sur le
roc l'éphémère des innombrables feuillets produits, dont quelque 35 000
subsistent au sein du fonds Barère de Tarbes, une métaphore possible de
l'immortalité et de la postérité à laquelle il ne cesse d'en appeler devant
(1) De fait 236; la numérotation explicite s'arrête à 215, les ultimes ont été par commodité numér
otées par nous. Quelques bis apparaissent lorsqu'un passage au verso d'un feuillet a fait répéter un même
numéro.
(2) F 114.2, fonds Barère, A.D. des Hautes-Pyrénées.
Annales Historiques de la Révolution Française — 1993 — N° 2 214 MARIE-THÉRÈSE BOUYSSY
l'impossibilité d'obtenir réhabilitation ou clémence des autorités. L'histo
riographie et les enjeux de mémoires en ont déjà fait le « vil gascon »
d'une tenace légende noire.
Cette hâtive et plus que sommaire présentation n'a pour ambition que
de manifester l'existence d'un corpus plus qu'original et à ce jour inconnu.
Les multiples exploitations dont il est passible correspondent à une partie
centrale de ma thèse : « L'anamnèse d'un révolutionnaire sous la Restau
ration » effectuée sous la direction de M. -A. Corbin.
Musée imaginaire ou imaginaire muséal
Nous devons d'abord nous interroger sur le sens de pareille écriture.
Tout d'abord, il relève de la culture de cet auteur. Il s'intéressa constamment
aux arts. Il fréquenta assidûment, tant en l'an II qu'à Bruxelles, l'atelier
de David auquel il voue une admiration sans partage. En l'an II, il l'apos
trophait de la tribune lorsqu'il voulait faire célébrer quelque haut fait,
peu ou prou controversé, là n'est point notre affaire : « David prend tes
pinceaux... » s'écriait-il lors de l'affaire du « Vengeur » et, en tant que
membre du Comité d'instruction publique, il participait vivement à l'élabo
ration de l'ordonnancement des fêtes révolutionnaires. Le 10 thermidor
(an II) eût commémoré, en l'absence des événements du 9, et Bara, une
invention de Robespierre, et Viala, la sienne propre. Dès 1791, il avait,
le 29 mai, proposé de créer un musée national et produit le rapport qui,
à la demande des artistes, avait mis un terme aux académies. Enfin, Barère
fut un authentique amateur des beaux-arts : il visitait et critiquait avec
compétence les cabinets tant publics, à la Bibliothèque nationale (3), que
privés, par exemple, sous l'Empire, celui de Soulavie. Il acheta aussi à
diverses reprises des œuvres, Cerrachi exécuta son buste sous le Consulat
et, malgré la modestie de ses moyens, au début de son exil belge, lorsqu'il
vivait à Mons, il n'hésita pas à se procurer « un portrait en buste de
François Ier par Léonard de Vinci. Je l'ai acheté — précise-t-il — parce
qu'il est de Vinci et qu'il représente le restaurateur des lettres en France (4),
titre supérieur à celui de roi » (5).
Son information sur les arts est variée. Divers corpus tarbais rendent
compte de sa documentation, un Album d'esquisses, notes et pensées diverses
avec description de tableaux réels ou imaginaires se compose de 258 feuillets
rédigés vers 1830 (F 76), soit dans une relative synchronie avec le Salon
(3) Cf. Marie-Thérèse Bouyssy, « Barère, la lecture et la Bibliothèque Nationale » in Revue de la
B.N., n° 38, hiver 1990, pp. 52-60.
(4) Souligné par l'auteur.
(5) f° 69, second verso bas de page, F 66 « Mélange de littérature, d'histoire, de politique, de philo
sophie et de morale ». Plus tard, ses visiteurs parlent d'un Titien, tel A. Barouin. : LE SALON IMAGINAIRE OU LE XXe SIÈCLE 215 BARÈRE
imaginaire, encore qu'on y trouve des notices postérieures (1835) et bien
des thèmes étrangers aux arts plastiques. Antérieurement, il avait réuni
une Bibliothèque des Beaux- Arts composée en Belgique dans la patrie de
Rubens et de Van Dyck, t. 1, description d'œuvres, notices biographiques
et notes diverses (186 feuillets, 1823-1830, F 62.2) et, sous la rubrique Beaux-
Arts, notes artistiques, peintures, sculptures, musique, une autre liasse (292
feuillets, F 101) tandis que son Voyage d'Italie, de l'Italie et de Rome
n'est autre qu'une compilation du président Dupaty (84 feuillets, F 102).
Enfin, sous la même rubrique, Le Salon imaginaire ou le XXe siècle, sujets
de tableau (F 114.1, 98 feuillets), existe un premier état des notices du
carnet qui nous intéresse; elles peuvent y être reproduites à l'identique
comme avoir été abandonnées, affaire de choix et de sélection révélatrice
ou aléas d'une entreprise non aboutie.
Udolpho Van de Sandt a montré combien la pratique sociale du salon
s'était répandue, dès 1788-1789. Il a pu établir que quelque 55000 visiteurs
s'y pressaient, 18000 livrets furent vendus (6). Hommes cultivés et simples
curieux affrontaient les accrochages les plus touffus et bravaient l

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents