Biographie universelle ancienne et moderne/POITIERS (Pierre de)
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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843Tome 33 page 603 à 604POITIERS (Pierre de)erPOITIERS (Pierre de), chancelier de l’église de Paris, ne doit être confondu ni avec un Pierre de Poitiers, moine de Cluny, au 1siècle, secrétaire de Pierre le Vénérable, et auteur de poésies latines, de lettres et opuscules en prose, ni avec un Petrus Pictavinus,qui était au commencement du 13e siècle religieux de StVictor, à Paris, et qui avait comosé un pénitentiel. Celui qui est le sujet decet article naquit à Poitiers ou en Poitou, sous le règne de Louis VI, et mourut à Paris, sous celui de Philippe-Auguste. Il donnapendant trente-huit ans des leçons de théologie dans les écoles parisiennes ; en 1169, il fut appelé à la chaire que Pierre Comestoravait remplie. Cinq livres de sentences, achevés par lui avant 1175, doivent être considérés comme un résumé de ses leçons. Cethéologien était devenu si fameux en 1180, que son nom figure avec ceux de Gilbert de la Porée, d’Abélard et de Pierre Lombard,[1]dans l’ouvrage alors composé par Gautier de St-Victor (1) et où ces quatre docteurs sont appelés les quatre labyrinthes de laFrance. En ce temps, les théologiens étaient partagés en trois écoles ; la première s’en tenait à l’enseignement et au langage del’Ecriture sainte et des Pères de l’Eglise ; la seconde appliquait à la théologie la dialectique d’Aristote ; la troisième gardait une sortede milieu et n’admettait les argumentations et les formes ...

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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 Tome 33 page 603 à 604
POITIERS (Pierre de)
er POITIERS (Pierre de), chancelier de l’église de Paris, ne doit être confondu ni avec un Pierre de Poitiers, moine de Cluny, au 1 siècle, secrétaire de Pierre le Vénérable, et auteur de poésies latines, de lettres et opuscules en prose, ni avec un Petrus Pictavinus, qui était au commencement du 13e siècle religieux de StVictor, à Paris, et qui avait comosé un pénitentiel. Celui qui est le sujet de cet article naquit à Poitiers ou en Poitou, sous le règne de Louis VI, et mourut à Paris, sous celui de Philippe-Auguste. Il donna pendant trente-huit ans des leçons de théologie dans les écoles parisiennes ; en 1169, il fut appelé à la chaire que Pierre Comestor avait remplie. Cinq livres de sentences, achevés par lui avant 1175, doivent être considérés comme un résumé de ses leçons. Ce théologien était devenu si fameux en 1180, que son nom figure avec ceux de Gilbert de la Porée, d’Abélard et de Pierre Lombard, [1] dans l’ouvrage alors composé par Gautier de St-Victor (1)et où ces quatre docteurs sont appelés les quatre labyrinthes de la France. En ce temps, les théologiens étaient partagés en trois écoles ; la première s’en tenait à l’enseignement et au langage de l’Ecriture sainte et des Pères de l’Eglise ; la seconde appliquait à la théologie la dialectique d’Aristote ; la troisième gardait une sorte de milieu et n’admettait les argumentations et les formes péripatéticiennes qu’autant que les conclusions se rapprochaient des dogmes reçues dans l’Eglise universelle. Pierre de Poitiers appartenait à la deuxième de ces classes, et à ce litre il est sévèrement censuré par Gautier de St-Victor. On possède toutes les pièces de ce procès, car dom Mathoud a publié les cinq livres de Pierre de Poitiers à la suite desoeuvres de Robert Pullus, Paris, 1633, in-fol. ; on y peut trouver sans doute beaucoup trop de subtilités scolastiques, mais on n’y rencontre aucune proposition condamnable comme expressément contraire à quelque dogme. Il est vrai que l’autorité de laBible estrarement invoquée dans ce cours de théologie, et cela peut sembler d’autant plus étonnant que le docteur Poitevin a laissé plusieurs autres écrits destinés à expliquer les Livres sacrés, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, les Psaumes, des parties du Nouveau Testament. Tous ces commentaires sont restés manuscrits, mais on a imprimé un abrégé généalogique et chronologique de la Bible, qui pouvait leur servir de préface ou d’appendice. Olric Zuingle le jeune et dom Pez, en publiant cet opuscule, l’attribuaient à Pierre de Poitiers, moine de Cluny ; les manuscrits portent seulementPetri Pictaviensis, sans ajoutercancellariien sorte que la question peut paraître indécise. Si elle valait la peine d’être discutée, nous croyons qu’on ; reconnaîtrait le chancelier de Paris pour le véritable auteur de cette chronologie. On lui fait honneur d’une invention qui devait faciliter alors l’enseignement élémentaire et que l’abbé Lebeuf explique en ces termes : « Comme les livres coû-« taient beaucoup à écrire et que la gravure né-« tait pas usitée.... il y avait sur les murs des « classes des peaux étendues où étaient repré-« sentées en forme d’arbres les histoires et gé-« néalogies de l’Ancien Testament, etc.... Pierre « de Poitiers, chancelier de Notre-Dame de Paris, « est loué dans un nécrologe pour avoir inventé « ces espèces d’estampes, à l’usage des pauvres « étudiants, et en avoir fourni les classes. Il a souscrit, en sa qualité de chancelier, plusieurs actes, par exemple une charte de l’évêque de Paris Maurice de Sully, en 1184. Célestin III, après 1191, le chargea de pacifier un différend entre les moines de St-Eloi et l’abbaye de St-Victor. En 1196, il délivra une copie authentique de la permission accordée par Philippe-Auguste, à l’église de Paris, de bâtir une maison près du Petit-Pont. Depuis, Innocent III lui adressa une épître au sujet d’une contestation entre la comtesse de Blois et le chapitre de Chartres. Les frères Ste-Marthe, dans leGallia christiana vetus, et, en les prenant pour guides, Casimir Oudin et Fabricius ont supposé que Pierre de Poitiers avait dans sa vieillesse, après l’an 1200, occupé le siége épiscopal d’Embrun et qu’il y était mort en 1205 ; c’est une erreur qui provenait de l’inattention avec laquelle on avait lu un texte de la Chronique d’Albéric de Trois-Fontaines, où il est dit au contraire que Pierre de Poitiers mourut chancelier à Paris en cette même année. Ce point a été si bien éclairci en 1735 par les bénédictins dans le tome 3 duGallia christiania nova, qu’il est étonnant que Dominique Hansi ait laissé subsister la méprise de Fabricius dans l’édition qu’il a donnée en 1759 de la Bibliothèque latine du moyen âge. Du reste, Pierre de Poitiers, nous devons le dire, n’était qu’un théologien scolastique, qui n’a eu de célébrité que parce qu’il a plu à Gautier de St-Victor de l’associer à trois personnages plus renommés. D-N-U.
1. ↑(1) GAUTHIER DE ST-VICTOR a été désigné comme abbé de la communauté de ce nom par Noël Alexandre, par Fabricius, par Massillon et les auteurs du Gallia christiana nova l’ont identifié avec Gautier, qui mourut en 1162, après avoir gouverné quelques temps cette abbaye. Mais Duboulay, Henry, Pogi, ne donnent à Gautier que la qualité de prieur, ce qui est beaucoup plus exact. Il n’avait même rempli jusqu’en 1173 que la fonction de simple prieur. Pour ne pas le confondre avec un abbé mort en 1162, il suffisait d’observer qu’il parle dans ses livres du concile de Latran, tenu en 1179. Comme il dit que ce concile vient d’être clôturé depuis peu de temps, nuper, on ne peut guère retarder au-delà de 1180 ou 1181, l’époque où il écrivit. Venu d’ailleurs, tout ce qu’on sait de sa vie, et la date de sa mort est ignorée. Il pourrait être l’auteur d’une lettre à Ste-Hildegarde, publiée par dom Martène, et d’un dialogue, resté manuscrit, sur les opinions de Hugues de St-Victor. Mais son principal ouvrage est ce qu’il a composé contre les quatre labyrinthes : Abélard, Gilbert, PierreLombard et Pierre de Poitiers. Ce traité théologique est aussi demeuré manuscrit, et n’est connu que par les longs extraits que Deboulay en a imprimés dans le tome 2 de son Histoire de l’université de Paris. L’ouvrage de Gautier est divisé en quatre chapitres, dont le premier est employé surtout à relater la proposition de Gilbert, que Jésus Christ en tant qu’homme n’est point quelque chose. Abélard est particulièrement
attaqué dans le deuxième. Pierre Lombar et Pierre de Poitiers sont réfutés dans le troisième ; et le quatrième contient des invectives contre les philosophes, contre les dialecticiens, contre Aristote, contre les hérétiques, au nombre desquels est rangé St-Jean Damascène. En général, ce traité ne donne pas une très-haute idée de la science du prieur de St-Victor, ni de sa modération, ni de son équité ; car, ainsi que l’a remarqué Noël Alexandre, il impute fort injustement à l’infortuné Abélard l’hérésie de Bérenger sur l’Eucharistie. On aurait aussi beaucoup de peine à retrouver dans les livres du maître des sentences les erreurs qui lui sont ici attribuées ; et ce qu’on voit le mieux dans l’ouvrage de Gautier, c’est que les haines théologiques de ces temps-là étaient alimentées par des controverses bien obscures et bien fastidieuses. D-w-u.
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