Calendrier des déplacements de Chateaubriand à partir de son retour d exil - article ; n°2 ; vol.53, pg 75-101
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Annales de Bretagne - Année 1946 - Volume 53 - Numéro 2 - Pages 75-101
27 pages

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Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 24
Langue Français
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Extrait

Gilbert Mayer
Calendrier des déplacements de Chateaubriand à partir de son
retour d'exil
In: Annales de Bretagne. Tome 53, numéro 2, 1946. pp. 75-101.
Citer ce document / Cite this document :
Mayer Gilbert. Calendrier des déplacements de Chateaubriand à partir de son retour d'exil. In: Annales de Bretagne. Tome 53,
numéro 2, 1946. pp. 75-101.
doi : 10.3406/abpo.1946.1841
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1946_num_53_2_1841'
Gilbert MAYER
CALENDRIER DES DÉPLACEMENTS
DE CHATEAUBRIAND
A PARTIR DE SON RETOUR D'EXIL
On se souvient des divisions que Chateaubriand lui-même
fixe assez artificiellement à sa carrière, dans la préface testament
aire des Mémoires d'Outre-Tombe : « Quand la mort baissera la
toile entre moi et le monde, on trouvera que mon drame se
divise en trois actes. Depuis ma première jeunesse jusqu'en 1800,
j'ai été soldat et voyageur; depuis 1800 jusqu'en 1814, sous le
consulat et l'empire, ma vie a été littéraire; depuis la restaura
tion jusqu'aujourd'hui (1833), ma vie a été politique. »
Et tous les critiques, après avoir noté qu'il convient d'ajouter à
ces trois périodes une quatrième époque qui fut celle de la retraite,
ne manquent pas d'observer qu'en fait ces divisions sont assez
arbitraires ; la carrière littéraire, commencée dès la seizième année
au moins, sous les arbres de Comboiirg, s'est poursuivie jusqu'à
l'achèvement des Mémoires (1841) et de la Vie de Rancé (1843).
La carrière politique ne fut pas achevée avec la chute de la
royauté légitime, et sous Louis-Philippe elle se continua par des
brochures, des procès et des visites aux rois en exil, à Londres et
à Prague. Chateaubriand ne cessa guère d'être un des chefs de
l'opposition carliste à la monarchie de juillet.
Quant à la carrière des voyages, on n'imagine guère qu'elle
puisse s'arrêter en 1800, c'est-à-dire au retour de l'exil, chez un
homme qui, outre son goût réel et sa curiosité des pays étrangers,
fut essentiellement un instable. La clairvoyante et spirituelle
Mme de Chateaubriand, qui connaissait mieux que personne
son mari, a souligné souvent et non sans quelque malignité, 76 CALENDRIER DES DÉPLACEMENTS
cet éternel besoin qu'il avait de changer de place : « Ce pauvre
Chat! Vous ne vous en mettez guère en peine. Aussi de dépit
court-il les champs; il est en Normandie, ou dans le Perche ou
dans le Maine. . . Du reste, il me mande que sa santé s'est merveil
leusement trouvée de ce vagabondage et que les mouvements des
roues lui causent un grand mouvement d'esprit (1). » « Le Chat
part demain pour Le Havre, Lisieux, etc. ; il va courir sur les
grands chemins pour faire la politique... (2). »
En fait la période postérieure à 1800 vit Chateaubriand courir
bien plus souvent et guère moins loin sur les grands chemins du
monde que la partie de sa vie qu'il dit avoir consacrée aux voyag
es. Si dans les trente-deux premières années de son existence, on
le vit en divers points de la Bretagne, deux fois à Paris, quelque
temps à Dieppe, en Amérique pendant quelques mois, puis en
exil à Coblence, en Belgique, à Jersey et en Angleterre, c'est
dans la suite de ses années qu'il fit le plus grand nombre de courses
à travers la France et l'Italie, la Suisse et l'Allemagne, l'Angle
terre et la Bohême, la Grèce, l'Asie Mineure et l'Espagne. Et il
est assez difficile de le suivre à travers tant de déplacements.
Les biographes de Chateaubriand ont été souvent gênés par
l'incertitude sur les lieux et sur les dates. C'est pourquoi nous
avons pensé qu'il serait utile de dresser le calendrier des voyages
de l'auteur des Martyrs au moyen des renseignements que nous
procure, en outre des Mémoires d'Outre-Tombe et des Récits de
voyages qu'il a lui-même écrits, le corps de sa correspondance
qu'en collaboration avec notre collègue et ami M. Charl
es Dédéyan, professeur à la Faculté des Lettres de Lyon, nous
sommes en train de rassembler.
Nous ne nous dissimulons pas qu'il puisse rester quelques
lacunes dans ce relevé; car il est certaines périodes, nptamment,
entre 1802 et 1805 et vers 1826-1827, pour lesquelles les docu
ments connus sont relativement peu nombreux. Du moins
pouvons-nous affirmer que ces insuffisances sont rares. Tel quel,
le calendrier que nous avons dressé permettra aux érudits de
(1) Lettre à Mme Joubert, 21 octobre 1819.
(2)à Joubert, 16 novembre 1821. DE CHATEAUBRIAND 77
suivre au jour le jour pendant presque toute sa carrière le grand
voyageur, et de savoir où se trouvait Chateaubriand, et pour
quels motifs ou quels prétextes il a entrepris ses nombreuses
courses, à partir de son retour de l'exil. Ce travail nous a permis
en outre de redresser certaines erreurs des critiques qui ont
étudié la vie du grand écrivain breton.
* * *
Au début de 1800, Chateaubriand, émigré depuis 1792, vivait
encore misérablement à Londres où il commençait, sur le
conseil de Fontanes, à travailler à l'ouvrage qui devait devenir
le Génie du Christianisme. Fontanes, rallié de bonne heure au
Premier Consul, prépara le retour du noble vicomte dans sa
patrie, bien qu'il ne dût être rayé qu'en 1802 de la liste des
émigrés. C'est ainsi qu'avec un passeport au nom de La Sagne,
Chateaubriand, partit de Londres le 4 ou le 5 mai 1800, débarqua
le 8 mai à Calais et arriva à Paris le 11. Il devait y séjourner près
d'un an, vivant assez pauvrement, et sans se permettre d'autres
déplacements que ceux que motivèrent quelques invitations à
dîner chez Lucien Bonaparte au Plessis, près de Senlis.
1801. Il avait fait la connaissance de Pauline de Beaumont
qui devint bientôt sa maîtresse. Pauline lui proposa de venir
s'installer chez elle, pour y finir son grand ouvrage. Il quitta donc
Paris pour Savigny-sur-Orge, le 22 mai. Une brève course dont
nous ignorons le motif le ramena à Paris quelques jours après :
il s'y trouvait le 28. Mais il retourna aussitôt à Savigny d'où
il ne bougea plus, travaillant fébrilement auprès de Pauline qui
lui tenait lieu de secrétaire. Le Génie du Christianisme achevé,
il rentre à Paris à la fin de novembre, en compagnie de sa maît
resse, pour surveiller l'impression de son uvre.
1802-1803. S'il passe la plus grande partie de son temps à
Paris, en 1802, le succès de son livre l'a rendu illustre et il va
mener une vie assez mondaine. Pendant l'hiver et le printemps,
il était, dit-il dans ses Mémoires, « appelé dans les châteaux que
l'on rétablissait. » Et, sans nous renseigner sur la date des séjours
6 :
CALENDRIER DES DÉPLACEMENTS 78
qu'il y fit, il énumère les châteaux où il fut invité. C'est ainsi
qu'on le vit au Marais, au Val-Saint-Maurice, près de Dourdan,
chez Mme de la Briche; à Champlâtreux, commune d'Epinay-
Champlâtreux, canton de Luzarches, chez Mathieu Mole; à
Montbùissier, dans l'Orne, chez Mme de Montboissier; à Main-
tenon chez Mme de Noailles ; à Fervacques près de Lisieux
(Calvados), chez Mme de Custine. Mais il semble que, sur ec
dernier point, les souvenirs de Chateaubriand soient un peu
inexacts. En effet, Mme de Custine ne « prit possession de
Fervacques » qu'à la fin de 1803. Elle avait acheté ce château
au duc de Montmorency-Laval et à sa sur M016 de Luynes,
le 27 octobre 1803. Chateaubriand était alors à Rome, et il ne
semble pas qu'il ait pu aller à Fervacques avant la fin de 1804.
Il fréquentait également chez Mme de Chatillon, la future
Mme de Béranger, chez Mme Lindsay, la maîtresse de Benjamin
Constant, et chez Mme de Clermont-Tonnerre, qui devait devenir
Mme de Talaru. Mais c'est sans doute à Paris qu'on le vit dans
les salons de ces dames.
1802. À l'automne de cette année, il fut informé qu'un
imprimeur d'Avignon venait de mettre en vente une édition
contrefaite du Génie du Christianisme. La nécessité de défendre
ses intérêts l'entraîna, pour la première fois depuis son retour,
dans un grand voyage à travers la France. Il devait, en effet,
traverser tout le midi et passer par Fougères où r

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