Chronologie de la pirogue à balancier : le témoignage de l océan Indien occidental - article ; n°50 ; vol.32, pg 89-98
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Chronologie de la pirogue à balancier : le témoignage de l'océan Indien occidental - article ; n°50 ; vol.32, pg 89-98

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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1976 - Volume 32 - Numéro 50 - Pages 89-98
The aim of this paper is to bring objections to the recent thesis held by E. Doran, according to which the single outrigger antedated the double outrigger.
The historical change from the double outrigger to the single one, already testified by A. and G. Grandidier and by J. Hornell on the West coast of Madagascar, is ascertained by new documents, not only in this island but also in the Comoro Islands.
As regards the Pacific, the same process probably took place at the time of the first Polynesian migrations, as suggested by Hornell.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 47
Langue Français

Extrait

Georges Boulinier
Geneviève Boulinier-Giraud
Chronologie de la pirogue à balancier : le témoignage de l'océan
Indien occidental
In: Journal de la Société des océanistes. N°50, Tome 32, 1976. pp. 89-98.
Abstract
The aim of this paper is to bring objections to the recent thesis held by E. Doran, according to which the single outrigger
antedated the double outrigger.
The historical change from the double outrigger to the single one, already testified by A. and G. Grandidier and by J. Hornell on
the West coast of Madagascar, is ascertained by new documents, not only in this island but also in the Comoro Islands.
As regards the Pacific, the same process probably took place at the time of the first Polynesian migrations, as suggested by
Hornell.
Citer ce document / Cite this document :
Boulinier Georges, Boulinier-Giraud Geneviève. Chronologie de la pirogue à balancier : le témoignage de l'océan Indien
occidental. In: Journal de la Société des océanistes. N°50, Tome 32, 1976. pp. 89-98.
doi : 10.3406/jso.1976.2734
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1976_num_32_50_2734MISCELLANEES
Chronologie de la pirogue à balancier : le témoignage de l'océan Indien occi
dental. — II y a quelques années, E. Doran publiait dans le Journal of the Polynesian
Society (1972) un article dans lequel il comparait — expériences à l'appui — les
mérites respectifs des trois embarcations à balancier suivantes : le wa (à balancier
unique) d'un atoll micronésien, le vinta (à double balancier) des îles Sulu, aux Phi
lippines, et un moderne trimaran. Cette comparaison tournait à l'avantage du vinta
traditionnel, au moins par vent arrière.
Poursuivant ses investigations sur cet objet typiquement malayo-polynésien que
constitue la pirogue à balancier, le même auteur a soutenu plus récemment (1974)
— contre la conception généralement admise — la thèse de l'antériorité de la pirogue
à simple balancier (un seul flotteur latéral) par rapport à celle à double balancier
(deux flotteurs symétriques), cette dernière étant considérée par lui comme plus
perfectionnée.
L'importante documentation que nous avons réunie, à l'occasion de l'étude
détaillée effectuée par l'un d'entre nous (Boulinier-Giraud, 1973), sur la morphol
ogie des pirogues à balancier dans l'ouest de l'océan Indien (Afrique Orientale,
Comores, Madagascar), nous incite à présenter quelques remarques à propos du
second travail de Doran.
En ce qui concerne le Pacifique, il importe, tout d'abord, de rappeler que l'exi
stence des pirogues à un seul balancier a été observée dès 1521 par Pigafetta, lors
du voyage de Magellan1. Ainsi, dans l'aire « à un balancier » correspondante, les
Européens n'ont vu que cette forme de pirogue2, puisque c'est elle qui y a persisté
jusqu'à nos jours.
En se fondant sur les données de cette aire, toutes les hypothèses sont donc pos
sibles : depuis celle de l'existence plus ancienne de la pirogue à double balancier
dans la zone en question, à celle de l'apparition de la à simple
au moment du « premier » peuplement du Pacifique, à celle de l'apparition plus
récente, au contraire, de la pirogue à double balancier, laquelle n'aurait pas eu le
« temps » de supplanter l'autre dans le Pacifique, à partir de son foyer indonésien.
Mais aucune de ces hypothèses n'est, évidemment, verifiable.
Par contre, si nous nous tournons vers l'océan Indien, autre aire d'expansion
de la pirogue à balancier3, nous avons la chance d'assister à une « évolution » his-
1. Zî. édition de 1964, p. 119 (malgré la maladresse de la description et de la traduction).
2. Cn dehors des pirogues à double coque.
3. Pour laquelle, à l'heure actuelle, aucune date ne peut être avancée avec certitude, malgré certaines
présomptions.
89 SOCIÉTÉ DES OCEANISTES
torique, entre la présence d'une forme d'embarcation et son élimination progressive
par l'autre.
En effet, si l'on en croit l'interprétation donnée par P. Paris (1951, pp. 23-25),
pour le texte de Strabctn relatif à Taprobane (Ceylan) 4, la pirogue à double balan
cier était anciennement en usage au sud de l'Inde (alors que la pirogue actuelle
y est à simple balancier).
I. Cas de Madagascar et des Comores
Mais surtout, la thèse développée par James Hornell — à la suite, notamment,
d'A. et G. Grandidier —, selon laquelle, à Madagascar, la pirogue à double balancier
a précédé celle à simple balancier, paraît beaucoup plus solide que veut bien le dire
Doran 5.
En effet, si, selon ce dernier, les arguments de Hornell semblent se réduire à
des considérations typologiques douteuses, et à la constatation d'une simple dimi
nution du nombre des pirogues à double balancier dans l'île, de 1600 à 1850, les
faits sont en réalité des plus clairs : on peut suivre, en quelques siècles, le passage,
sur la côte ouest de Madagascar, de la présence — seule attestée — de la pirogue
à double balancier, a sa coexistence avec celle à simple balancier, puis à sa dispa-
dition complète, au profit de cette dernière6.
Évidemment, on peut toujours être à la merci d'une erreur, chez un auteur7.
Mais il semble que les voyageurs anciens avaient le plus souvent, dans leurs comptes
rendus, le souci de décrire ou de représenter avec beaucoup d'exactitude les objets
qui les frappaient. D'ailleurs, pour le problème qui nous occupe, le témoignage est
loin d'être, isolé.
On peut citer, tout d'abord, la fameuse planche publiée en 1598 par Lodewijcksz,
à la suite du voyage à Madagascar de Cornelis de Houtman (1595) : cette planche
— reproduite in : A. et G. Grandidier (1903, p. 174 bis) — représente deux pirogues
« ayant des bâtons à deux côtés » (c'est-à-dire à double balancier), dans la baie de
Saint-Augustin, au sud-ouest de l'île8.
De même, l'Anglais Boothby (1646) décrit ainsi les pirogues qu'il a vues sur la
côte de Madagascar : « Deux poutres (flotteurs), attachées à deux perches longues
de plus de deux yards qui sont disposées en travers de ces embarcations, (...) les
empêchent de chavirer »9.
Deux siècles plus tard, Leguevel de Lacombe (1840) — non cité par nos auteurs —
déclare que les pirogues de la côte ouest sont soutenues « par un ou deux balan
ciers » (t. 1, pp. 30-31); il décrit, en particulier, la forme à balancier double, « aux
4. "exte utilisant les renseignements fournis par le pilote Onésicrite, contemporain d'Alexandre (Strabon,
Géotirapàie, XV, 1, 15).
5. Hornell a défendu cette idée dans la plupart de ses publications, bien que dans trois d'entre elles, trai
tant du sud de l'Inde, de l'Indonésie et de la Polynésie (1920c, 1920d et 1932), il ait affirmé l'antériorité
absolue de la pirogue à simple balancier, idée à laquelle il devait renoncer définitivement ensuite.
'. Laquelle a largement subsisté, aussi bien chez les Vezo que chez les Sakalava du nord.
7. Des ouvrages récents comme ceux de Tara et Woillet (1969) et Bauchar (1973) ne publient-ils pas
des photographies de pirogues et de pêcheurs de la Grande Comore (pp. 156 et 228), en les attribuant re
spectivement à la région de Tuléar et à Mayotte?... De même, certains dépliants touristiques situent à tort
des pirogues à balancier à la Réunion ou aux Seychelles.
8. Référence souvent citée par A. et G. Grandidier (1905, p. 93 ; 1908, p. 65 ; et 1928,- pp. 366 et 367)
et par Hornell (1920a, pp. 1 et 3; 19206, p. 136; 1943a, pp. 91 et 99; 1944, pp. 10 et 180; 1945, p. 10; et
1946, pp. 254 et 270).
9. Cf. A. et G. Grandidier (1905, p. 93 ; etc.) et Hornell (ibid.).
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extrémités duquel sont fixés des espèces de petits radeaux en bois léger » (t. 2, p. 98).
De même, Macé Descartes (1846, p. 301) parle de pirogues « soutenues par un ou
deux de ces appareils si souvent représentés dans les paysages des îles de la Poly
nésie »10. Et Alfred Grandidier observe, en 1866, des pirogues à double balancier
en quelques rares points de l'île, dont le cap Sainte -Marie, sur la côte sud, alors
que la forme la plus répandue est devenue la forme à simple balancier 1 1 . Le témoi
gnage de Wallace lui permet, notamment, d

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