Comment Énée est devenu l ancêtre des Silvii Albains ? - article ; n°1 ; vol.88, pg 7-30
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1976 - Volume 88 - Numéro 1 - Pages 7-30
Jean Gagé, ~~Comment Enée est devenu l'ancêtre des Silvii Albains?~~ p. 7-30. Il s'agit d'une recherche —essentiellement à partir des sources littéraires — destinée à approfondir la question de l'installation de la légende troyenne dans les traditions du Latium. A propos des origines « indigènes » de la légende d'Enée, l'A. insiste sur le fait que la part des récits artificiels dûs aux mythographes grecs a été moindre que ne le croient beaucoup de modernes: les traditions indigènes (très denses) ont joué un rôle important, comme pour les origines de Capoue d'ailleurs. Analyses des liens entre les personnages d'Enée, de Tyrrhus (serviteur du roi Latinus) et de Silvius (fils d'Enée et de Lavinia élevé par Tyrrhus).
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Gagé
Comment Énée est devenu l'ancêtre des Silvii Albains ?
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 88, N°1. 1976. pp. 7-30.
Résumé
Jean Gagé, Comment Enée est devenu l'ancêtre des Silvii Albains? p. 7-30.
Il s'agit d'une recherche —essentiellement à partir des sources littéraires — destinée à approfondir la question de l'installation de
la légende troyenne dans les traditions du Latium. A propos des origines « indigènes » de la légende d'Enée, l'A. insiste sur le fait
que la part des récits artificiels dûs aux mythographes grecs a été moindre que ne le croient beaucoup de modernes: les
traditions indigènes (très denses) ont joué un rôle important, comme pour les origines de Capoue d'ailleurs. Analyses des liens
entre les personnages d'Enée, de Tyrrhus (serviteur du roi Latinus) et de Silvius (fils d'Enée et de Lavinia élevé par Tyrrhus).
Citer ce document / Cite this document :
Gagé Jean. Comment Énée est devenu l'ancêtre des Silvii Albains ?. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T.
88, N°1. 1976. pp. 7-30.
doi : 10.3406/mefr.1976.1050
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1976_num_88_1_1050COMMENT ENEE EST DEVENU L'ANCÊTRE
DES SILVII ALBAINS
PAR
Jean Gagé
Ancien Membre de l'Ecole
A l'époque d'Auguste, la vulgate était établie: les jumeaux fonda
teurs de Borne, les nourrissons de la Louve, engendrés par Mars, descen
daient, par la Vestale leur mère, de la lignée des rois légitimes d'Albe-
]a-longue, et le premier de ceux-ci était né de l'union entre Enée le Troyen
et Lavinia, la fille du roi indigène Latinus. Virgile, en prenant ce mariage
comme thème essentiel — ou, si l'on préfère, comme objectif — de toute
son Enéide (l'épopée s'achevant sur l'élimination du seul rival, Turnus,
qu'on lui opposait), a été amené à concentrer dans la seule Lavinium
les secrets de cette fusion initiale: devenant justement par
suite du mariage de la fille du roi Latinus, la ville qui, jusqu'alors, était
le chef -lieu quasi sans nom des Laur entes, préfigure tout le destin de
Rome, sa descendante 1. Toutefois, il n'y avait pas dans la noblesse s
énatoriale romaine, aux trois derniers siècles av. J.-C, de famille pouvant
se dire « lavinate »; il y en avait au contraire plusieurs, et de prestigieus
es, qui se considéraient comme « albaines » d'origine; ce facteur, presque
authentique, a beaucoup compté pour rendre à Albe une place essentielle
dans la construction de la Eome troyenne, et il y a apparence qu'il y
aurait pu suffire, même si l'une de ces génies Albanae, celle des Julii,
n'était pas arrivée, avec César, à s'imposer comme la plus directement
issue d'Enée: l'ancêtre éponyme Iulus, on le sait, fut considéré tantôt
comme l'Ascagne amené d'Ilion (ayant pour mère Creuse), tantôt comme
le fils même né du mariage latin d'Enée.
1 On sait que l'élucidation de ce problème — le nom de Lavinium avant
l'arrivée d'Enée et sa fondation — a été un des résultats principaux établis
par l'ouvrage de J. Carcopino, Virgile et les origines d'Ostie, JEAN GAGE
Que la construction ait été artificielle, point de doute; que, surtout,
la liste complète des prétendus rois d'Albe et la durée de leurs règnes
respectifs, telles que Denys d'Halicarnasse les trouvait en des sources
plus ou moins récentes, aient été peu à peu établies avec l'objectif prin
cipal de combler l'espace de temps qui séparait la date présumée de la
fondation de Eome de celle où l'on situait la ruine de Troie, soit environ
quatre siècles (1183-754 av. J.-C), tous les modernes en conviendront
aussi sans peine1; le même Denys et Plutarque ont d'ailleurs conservé
de curieuses versions mythographiques — presque toutes créées ou en
registrées par des auteurs grecs, — qui rapprochaient les deux événements
sans souci de la chronologie, faisant fonder Eome, soit par les descen
dants immédiats d'Enée, soit par une Troyenne de son voyage, natu
rellement appelée Rhôme 2. C'était assurément la limite, audacieuse ou
naïve, à laquelle tendait la « légende troyenne », surtout lorsqu'elle était
maniée par des Grecs désirant flatter la grandissante puissance romaine.
Toutefois, ces explications un peu schématiques pour lesquelles Albe,
et même Lavinium, ne sont que de courtes fondations intermédiaires
avant celle de Eome, ne signifient pas que tout soit « inventé », par dé
veloppement ultérieur, des traditions localisées qui situaient, par exemp
le, à Lavinium, l'existence de preuves du passage ou du débarquement
d'Enée; l'on sait comment, en cette petite ville, à la fin du IIIe siècle
av. J.-C, et une génération seulement après l'incorporation de Lavinium
à l'Etat romain comme « municipe », et la main-mise de l'Etat romain
sur ses anciens cultes, l'on pouvait montrer à ce Grec de Sicile qu'était
Timée des objets fort curieux — un κέραμον Τρωϊκόν et de prétendus
« caducées » comme preuves des premières fondations faites par Enée
après son débarquement sur le rivage voisin 3.
Il semble justement, depuis une vingtaine d'années, que le témoi
gnage de Timée ait une valeur archéologique plus précise qu'on n'aurait
cru: d'une part de remarquables fouilles italiennes ont mis au jour, près
de l'antique Lavinium, une série d'autels monumentaux — une douzaine
régulièrement alignés, un autre d'une construction séparée — ayant
évidemment servi à l'exercice d'anciens cultes «fédéraux», de ceux dont
la ville avait la charge au nom des Laurentes et sans doute de tout un
1 Voir, en dernier lieu, A. Alföldi, Early Borne and the Latins, p. 239, at
tribuant comme toujours la principale responsabilité à Fabius Pictor.
2 Denys, I, 72; Plut., Bom., 2; sur une version plus rare, faisant naître
Romulus de l'union d'Enée avec une Tyrrhenia (?), voir infra, à propos des
confusions entre Tyrrhus et Tyrrhenus.
3 Voir Denys, I, 67. COMMENT ENÉE EST DEVENU Ι/ ANCÊTRE DES « SILVII » ALB AIN S 9
peuple « latin », car ces autels remontent plus haut que le Ve siècle avant
notre ère1; d'autre part, M. A. Alföldi, recherchant à travers tous les
objets de céramique conservés, d'Etrurie ou d'Italie, les images d'Enée
comme profugus, soit portant son père sur les épaules, soit accompagné
d'une femme (qui serait Creuse) portant elle-même un singulier dolium,
a défendu l'idée que cette figure canonique de la légende romaine d'Enée,
peu populaire chez les Grecs, avait été d'abord adoptée par les Etrus
ques — par ceux de l'Etrurie méridionale au moins, où plusieurs villes
auraient considéré le héros troyen quasi comme leur « fondateur » — et,
de là, aurait pénétré au Latium et séduit les Eomains 2 . . . Aussi bien
le maître de Princeton admet-il que cette première pénétration se pro
duisit à l'époque de la « domination étrusque sur le Latium » (VIe siècle
environ); la présence des « Troyens » à Lavinium, bien avant le passage
de Timée, s'expliquerait de la même manière.
A cette explication d'ensemble, le même savant a ajouté ceci, qui
toucherait de plus près l'histoire — disons la proto-histoire — du La
tium: estimant que les deux « rois » mentionnés vers la fin de la Théo
gonie d'Hésiode, Latinos et Agrios, régnant au-delà de la région de Circéi,
correspondent, le premier au Latinus de V Enéide, le second à Silvius,
il admet ce « raccourci » impressionnant de la légende troyenne: Agrios
étant supposé traduire un terme latin, Silvius, la mise d'Enée en relation
avec la dynastie indigène ainsi désignée aurait logiquement précédé le
thème de son mariage avec la fille de Latinus 3.
L'argument paraît être de poids: même s'ils ne sont pas réellement
d'Hésiode, les vers en cause sont anciens (VIIe ou VIe siècle?), et dé
crivent le

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