Contribution à l histoire des origines de la photographie archéologique : 1839-1880 - article ; n°2 ; vol.99, pg 1019-1047
30 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Contribution à l'histoire des origines de la photographie archéologique : 1839-1880 - article ; n°2 ; vol.99, pg 1019-1047

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
30 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1987 - Volume 99 - Numéro 2 - Pages 1019-1047
Gabrielle Feyler, Contribution à l'histoire des origines de la photographie archéologique: 1839-1880, p. 1019-1047. Les premières manifestations d'un intérêt pour la photographie archéologique remontent à 1842, peu après l'invention même du procédé photographique (1839). Dès 1860, les missions françaises à l'étranger en font systématiquement usage alors que les archéologues en métropole montrent d'abord quelque réticence (jusque vers 1875) en dépit des exhortations du Ministère de l'instruction publique. Les archéologues étaient rarement photographes eux-mêmes. Ils employaient sur leurs chantiers non pas des photographes spécialisés mais des collaborateurs, qui se chargeaient de diverses autres tâches. Ce n'est qu'à partir de 1870 que le photographe professionnel apparaît sur les chantiers des missions. Dès le milieu du siècle on rencontre les principa- (v. au verso) les catégories d'images (vues de sites, de monuments, d'objets, d'inscriptions) et un peu plus tard, certaines techniques particulières : éclairage au magnésium, vues stéréoscopiques, photogrammétrie. Les principes de base de la photographie archéologique étaient alors acquis (refus de l'effet pittoresque, recherche de la lisibilité et de la précision, importance du détail significatif) mais on en restait à la photographie d'enregistrement. La photographie-démonstration n'était pas encore définie. Dans les publications, photographie et dessin entretiennent des rapports de rivalité avant de devenir complémentaires. Progressivement le dessin devint un instrument d'analyse, alors que les planches photographiques, par leur «fidélité», donnaient un essor considérable aux études stylistiques, notamment en matière de sculpture.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 83
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gabrielle Feyler
Contribution à l'histoire des origines de la photographie
archéologique : 1839-1880
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 99, N°2. 1987. pp. 1019-1047.
Résumé
Gabrielle Feyler, Contribution à l'histoire des origines de la photographie archéologique: 1839-1880, p. 1019-1047.
Les premières manifestations d'un intérêt pour la photographie archéologique remontent à 1842, peu après l'invention même du
procédé photographique (1839). Dès 1860, les missions françaises à l'étranger en font systématiquement usage alors que les
archéologues en métropole montrent d'abord quelque réticence (jusque vers 1875) en dépit des exhortations du Ministère de
l'instruction publique.
Les archéologues étaient rarement photographes eux-mêmes. Ils employaient sur leurs chantiers non pas des photographes
spécialisés mais des collaborateurs, qui se chargeaient de diverses autres tâches. Ce n'est qu'à partir de 1870 que le
photographe professionnel apparaît sur les chantiers des missions. Dès le milieu du siècle on rencontre les principa-
(v. au verso) les catégories d'images (vues de sites, de monuments, d'objets, d'inscriptions) et un peu plus tard, certaines
techniques particulières : éclairage au magnésium, vues stéréoscopiques, photogrammétrie.
Les principes de base de la photographie archéologique étaient alors acquis (refus de l'effet pittoresque, recherche de la lisibilité
et de la précision, importance du détail significatif) mais on en restait à la photographie d'enregistrement. La photographie-
démonstration n'était pas encore définie.
Dans les publications, photographie et dessin entretiennent des rapports de rivalité avant de devenir complémentaires.
Progressivement le dessin devint un instrument d'analyse, alors que les planches photographiques, par leur «fidélité», donnaient
un essor considérable aux études stylistiques, notamment en matière de sculpture.
Citer ce document / Cite this document :
Feyler Gabrielle. Contribution à l'histoire des origines de la photographie archéologique : 1839-1880. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Antiquité T. 99, N°2. 1987. pp. 1019-1047.
doi : 10.3406/mefr.1987.1577
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1987_num_99_2_1577HISTOIRE DE L'ARCHÉOLOGIE
GABRIELLE FEYLER
CONTRIBUTION À L'HISTOIRE DES ORIGINES
DE LA PHOTOGRAPHIE ARCHÉOLOGIQUE : 1839-1880
II existe entre l'archéologie et la photographie un lien qui est visible
dès la naissance de cette technique. Déjà, en 1839, François Arago en pré
sentant devant la Chambre des députés l'invention de Nicéphore Niepce
et de Jacques Mandé Daguerre, évoquait les avantages du daguerréotype
pour copier les hiéroglyphes couvrant les murs des monuments égypt
iens1. En outre, la découverte de la photographie coïncidait avec une
redéfinition de l'archéologie : d'abord quête effrénée d'objets, elle organis
ait maintenant ses premières missions scientifiques. En effet, ce n'est
pas un hasard si l'égyptologue Richard Lepsius fut le premier qui pensât
à utiliser la photographie pendant sa mission en Egypte de 1842 à 1845. Il
avait astreint les membres de son expédition à une préparation rigoureus
e et lui-même avait appris le procédé du talbotype auprès de Fox Tal-
bot2.
Nous verrons ici comment les archéologues du XIXe siècle ont réagi à
la photographie et quelle a été l'influence de cette nouvelle technique sur
les méthodes archéologiques. L'enquête n'est pas facile, car les archéolo
gues ne s'intéressaient guère aux problèmes méthodologiques jusqu'au
dernier tiers du XIXe siècle et encore moins à leur théorisation : ils ne
parlent de photographie qu'incidemment. Qu'est-ce qu'un archéologue au
XIXe siècle? Le statut tel que nous le connaissons aujourd'hui n'apparaît
que plus tard. Les voyages d'exploration étaient bien souvent des entre-
1 F. Arago, Rapport sur le daguerréotype, lu à la séance de la Chambre des déput
és le 3 juillet 1839 et à l'Académie des sciences, du 19 août 1839, Paris,
1839.
2 S. Grünauer von Hoerschelmann, Anfänge archäologischer Photographie in 19.
Jahrhundert, dans Archäologie und Photographie, Mayence, Deutsches archäologis
ches Institut, 1978, p. 15. Cette tentative s'est soldée par un échec en raison de la
destruction de la chambre noire.
MEFRA - 99 - 1987 - 2, p. 1019-1047. 66 1020 GABRIELLE FEYLER
prises privées, subventionnées dans certains cas, qui nécessitaient une
mise de fonds personnelle importante. Le but en était souvent flou, ceux
qui les dirigeaient pouvaient être des savants de métier, des érudits fortu
nés comme le vicomte Emmanuel de Rougé, le duc de Luynes. . . consa
crant leur temps et leur argent à l'étude de l'Antiquité ou des diplomates
et des militaires. Une des principales tâches des consuls français et
anglais en Mésopotamie était d'entreprendre des fouilles pour enrichir les
collections du Louvre et du British Museum. Certains militaires, en parti
culier ceux qui participèrent à la conquête de l'Algérie, relevaient des ins
criptions ou déblayaient des monuments, comme par exemple le colonel
Carbuccia, entre 1848 et 1849 dans la subdivision de Batna3. Par ailleurs,
certains voyageurs qui séjournaient au Proche-Orient pour leur seul agré
ment, et qui ne s'intéressaient pas spécialement à l'étude de l'Antiquité, se
faisaient néanmoins octroyer des missions archéologiques par le Ministè
re de l'instruction publique et des cultes, à cause des facilités qu'ils en
retiraient pour leurs déplacements. On peut citer le cas de Maxime Du
Camp ou celui du sculpteur Auguste Bartholdi, que l'on a même qualifié
pour cette occasion du titre d'« archéologue»4!
Pour aborder le problème de la photographie archéologique comme
un cas particulier de la photographie scientifique, nous ne retiendrons
que les photographies prises par ou pour des archéologues dans le but
d'enregistrer ce qui se voyait et se trouvait et de servir de preuve à des
affirmations scientifiques. C'est ce qui différencie de tels documents des
photographies prises par des «voyageurs photographes» comme Horace
Vernet, Frédéric Goupil-Fesquet, Maxime Du Camp, Félix Teynard, Eugè
ne Piot. . . qui visaient à constituer des répertoires de vues de sites et de
monuments, sous forme d'albums, sans chercher à étudier ce qu'ils
reproduisaient. Leurs photographies étaient appréciées aussi bien des
archéologues pour leur aspect documentaire que des amateurs de vues
pittoresques. C'est ainsi que l'album de Maxime Du Camp fut le premier
ouvrage illustré par la photographie à être mentionné dans la Revue
archéologique5. L'égyptologue John B. Greene, dont nous reparlerons plus
3 Bibliothèque de l'Institut de France, collection des manuscrits, dossier J.-L.
Carbuccia.
4 Archives nationales (Paris) : dossier F17 2935 B, Auguste Bartholdi, archéolo
gue, mission en Egypte, en Nubie et en Palestine afin d'étudier des antiquités de ce
pays, d'en photographier les principaux monuments et les types les plus remarquab
les, 1855. Dossier F17 2957A, Du Camp Maxime, mission archéologique et scientif
ique en Egypte, Palestine, Syrie et Perse, 1849.
5 A4, 9, 1852, p. 18. LES ORIGINES DE LA PHOTOGRAPHIE ARCHÉOLOGIQUE 1 02 1
loin, s'est illustré dans les deux genres : photographie documentaire et
photographie scientifique.
Les historiens de la photographie archéologique ont surtout évoqué
les travaux des savants allemands et anglo-saxons6. Nous nous proposons
de mettre l'accent, plus particulièrement, sur ceux des archéologues franç
ais. Quels sont les premiers à manifester de l'intérêt pour la photogra
phie? Quel usage en font-ils sur le terrain? Quels profits en tirent-ils pour
leurs publications?
Les archéologues et la photographie
Pour mesurer la fréquence de l'utilisation de la photographie par les
archéologues dirigeant des missions à l'étranger ou travaillant en France
métropolitaine, nous avons d'abord consulté les publications archéologi
ques parues depuis l'invention de la photographie (1839) jusqu'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents