Coquillages et artisanat à Mleiha - article ; n°1 ; vol.29, pg 191-201
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Description

Travaux de la Maison de l'Orient méditerranéen - Année 1999 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 191-201
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Abel Prieur
Coquillages et artisanat à Mleiha
In: Mleiha I. Environnement, Stratégies de subsistance et artisanats (Mission archéologique française à Sharjah).
Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1999. pp. 191-201. (Travaux de la Maison de l'Orient
méditerranéen)
Citer ce document / Cite this document :
Prieur Abel. Coquillages et artisanat à Mleiha. In: Mleiha I. Environnement, Stratégies de subsistance et artisanats (Mission
archéologique française à Sharjah). Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1999. pp. 191-201.
(Travaux de la Maison de l'Orient méditerranéen)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_1274-6525_1999_rpm_29_1_1896COQUILLAGES ET ARTISANAT A MLEIHA
Abel Prieur
Les populations qui se sont succédé dans l'oasis de Mleiha ont accordé une grande importance aux
coquillages qui, comme nous l'avons montré ailleurs (voir contribution dans ce volume), ont très certain
ement été ramassés pour l'alimentation mais aussi pour constituer des éléments de parures (perles, bagues,
pendentifs) ou des objets de la vie quotidienne (cuillères, récipients, godets à peinture, attache de ceinture).
Seuls 17 des 20 secteurs fouillés à Mleiha ont produit des objets en coquillage. Pour chacune des
phases, nous donnerons une répartition par secteur des différentes espèces utilisées, puis nous tenterons de
savoir pourquoi certaines espèces ont été choisies, quelles sont les diverses techniques utilisées pour
transformer un coquillage en élément de parure ou en objet de la vie quotidienne et, enfin, nous envisa
gerons les diverses utilisations de ces coquillages transformés.
Répartition de la malacofaune par phases et par secteurs (tab. 1)
Les objets réalisés à partir des gastropodes sont bien plus nombreux que ceux confectionnés à partir
des bivalves ; les espèces de gastropodes les plus fréquentes appartiennent aux genres Cypraea, Conus,
Strombus, Turbo, Oliva et Thaïs et les espèces les plus utilisées sont Cypraea turdus et Strombus decorus
persicus. Au PIR-C, une seule espèce de bivalve a été utilisée, Chlamys ruschenbergeri, pour confec
tionner une petite perle plate, et au PIR-D les bivalves ne semblent plus utilisés. Les objets en matériaux
divers (coquille d'œuf, scaphopodes, madréporaires) semblent relativement plus abondants en surface, et
un objet fabriqué dans une dent a été trouvé dans le secteur L au PIR-A. Enfin, à l'exception de cette dent
et de la coquille d'œuf, tous ces objets sont issus de récoltes de la malacofaune en milieu marin franc ou
en lagune ouverte.
Choix des coquillages
Que ce soit sur le littoral du golfe d'Oman ou sur celui du golfe Arabo-persique, la quantité de
coquillages qui jonchent les plages est considérable. Les populations qui viennent de Mleiha ont donc la
possibilité d'effectuer un choix au moment de la récolte. Ce choix peut être guidé par plusieurs critères.
Tel coquillage sera ramassé parce qu'il sera employé pratiquement entier et ne nécessitera qu'une
intervention de courte durée. C'est le cas du gastropode Oliva bulbosa qui ne réclame pas une haute
technicité ni beaucoup de temps pour supprimer l'apex et ensuite le percer. De même, le scaphopode
Dentalium octangulatum sera découpé en tronçons de quelques millimètres de longueur et constituera très
rapidement de petites perles facilement enfilables. D'autres coquillages (strombes, cônes, cyprées,
pintadines) seront préférés, car ils permettront d'obtenir des objets plus élaborés, des éléments de formes
variées faisant appel à des techniques plus complexes que nous détaillerons par la suite.
* URA 11 du CNRS, Centre de Paléontologie Stratigraphique et de Paléoécologie, Université Claude Bernard-
Lyon I.
Mleiha I, TMO n° 29
Maison de l'Orient, Lyon. Période SURFACE PIR-A PIR-B PIR-C PIR-D
Espèces / Secteur A Β BC BV C CD CM cw DA Ε F L BS BV c Ε κ L BS BV I L AH BO L CW DA H
BIVALVES
? Chlamys ruschenbergeri 1
? Spondylus sp. 1
Bivalve ou Otolithe 1
Callista erycina 1
Dosinia alta 1
1 1 2 Pinctada sp. 1 1 1 3
Tivela ponderosa 1
Bivalve indéterminé
2
GASTROPODES
? Bursa sp. 1
? Strombus decorus persicus 1 2 1 1
Conus sp. 1 1 3 textile 1
Cypraea aff. turdus 1 1 2
Cypraea arabica 1 sp. 1 1 4 1
Cypraea turdus 1 5 1 4 1 13 6 2 4 6 4
1 Oliva bulbosa 1 2 1
Strombus decorus persicus 1 1 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1 2 sp. 1
Strombus sp. ou Conus sp. 2 1 1 1 1 1 1
1 Thais sp. 1
Turbo coronatus 1
Gastropode indéterminé 2 1
SCAPHOPODES
Dentalium octangulatum 1 2
1 Œuf d'Autruche
Perles en os, coquille et pierre 32
Dent 1
Indéterminables 2 3 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1
Tab. 1. Répartition des objets en coquillage par période et par secteur de fouilles sur le site de Mleiha. COQUILLAGES ET ARTISANAT 193
Le ramassage peut être aussi guidé par l'objet à réaliser. Parvenir à une bague en coquillage implique
la récolte d'espèces appartenant aux genres de gastropodes suivants : Conus, Strombus ou Cypraea plutôt
qu'à des espèces de bivalves comme Tivela ponderosa, Pinctada sp. car la bague élaborée à partir de la
spire d'un gastropode est beaucoup plus solide, plus résistante que celle extraite du test d'un bivalve. De
même, il paraît bien plus aisé de réaliser une cuillère dans la coquille de certains bivalves (exemple Tivela)
que dans celui d'un gastropode. L'étude des objets trouvés en fouille à Mleiha permet de penser que les
formes plates ou sub-plates sont de préférence taillées dans des coquilles de bivalves et dans des apex de
gastropodes, et les formes allongées ou globuleuses uniquement dans des coquilles de gastropodes (cônes,
strombes, cyprées, olives) et de scaphopodes (dentales). Cela sous-entend de la part des ramasseurs une
parfaite connaissance des qualités et défauts du test des différentes espèces à rechercher.
Un aspect culturel peut aussi être impliqué dans le ramassage des coquillages. De tous temps, les
hommes ont attribué un sens symbolique ou prophylactique à de nombreux coquillages. Les récoltes
seront alors conduites pour rechercher des formes ayant chacune un sens précis. Le port de tel ou tel
coquillage façonné protégera contre la stérilité, le mauvais œil, la malchance, pendant les voyages,
favorisera la féminité et la fécondité, fortifiera les enfants, etc. À un même coquillage, par exemple la
cyprée, peut être attribuée une symbolique très complexe comportant un nombre considérable de variantes
d'une population à l'autre, variantes dues à des traditions bien ancrées.
Enfin, les motifs dus à la couleur ou l'ornementation ou l'aspect du coquillage peuvent intervenir en
dernier ressort dans la récolte. Le choix d'une pintadine pour réaliser une pendeloque semble très
intéressant, car ce coquillage présente sur sa face interne des reflets irisés, nacrés magnifiques. De même,
la variabilité de l'ornementation chromatique de certaines coquilles, par exemple Oliva bulbosa, pourra
intervenir dans la composition d'un collier ou d'un bracelet. Outre le sens symbolique attribué à ces
coquillages, ils ajoutent un plus à la beauté de celui ou celle qui les porte. Ils jouent alors un rôle dans les
oppositions de couleur, de brillant et de mat.
Les techniques
L'étude des objets de Mleiha permet de mettre en évidence cinq techniques différentes pour fabriquer
des objets à partir de coquillages : ce sont le sciage, l'abrasion, la perforation, le polissage et enfin la
gravure. La fabrication d'un objet en coquillage peut avoir nécessité le recours à une ou plusieurs de ces
techniques.
Le sciage
Cette technique consiste à découper la dernière spire de
certains cônes ou strombes (fig. 1 et 14), ou les premières
spires d'olives (fig. 2) pour obtenir dans le premier cas des
ébauches de bagues et dans le second des ébauches de perles.
La partie dorsale des cyprées a été généralement éliminée par
sciage, et la coquille se présente uniquement avec sa partie
basale (fig. 3). Cette technique a aussi été employée pour
découper des surfaces dans des bivalves comme les
pintadines en vue de réaliser des pendentifs (fig. 4), des
figurines (fig. 5) ou obtenir par découpe dans le sens antéro-
post

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