Corporatisme, Église et État : l’Université de Paris, c. 1200-1968 - article ; n°1 ; vol.77, pg 35-45
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Corporatisme, Église et État : l’Université de Paris, c. 1200-1968 - article ; n°1 ; vol.77, pg 35-45

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Description

Histoire de l'éducation - Année 1998 - Volume 77 - Numéro 1 - Pages 35-45
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Laurence Brockliss
Philippe Savoie
Corporatisme, Église et État : l’Université de Paris, c. 1200-1968
In: Histoire de l'éducation, N. 77, 1998. pp. 35-45.
Citer ce document / Cite this document :
Brockliss Laurence, Savoie Philippe. Corporatisme, Église et État : l’Université de Paris, c. 1200-1968. In: Histoire de
l'éducation, N. 77, 1998. pp. 35-45.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1998_num_77_1_2940ÉGLISE ET ÉTAT : CORPORATISME,
l'Université de Paris, c. 1200-1968*
par Laurence BROCKLISS
Bien qu'elle soit, selon la tradition, la deuxième université
d'Europe par l'ancienneté (après celle de Bologne), l'Université de
Paris n'a pas fait jusqu'à ce jour l'objet d'une histoire générale. Au
milieu du XVIIe siècle, un recteur de l'Université, Égasse du Boulay,
produisit une synthèse documentaire très orientée sur la vie de l'insti
tution jusqu'en 1600, qui prétendait montrer que l'Université de Paris
avait été fondée par Charlemagne. Un siècle plus tard, l'histoire en
latin de du Boulay servit de base à une somme en français en sept
volumes due à un professeur de rhétorique, J.-B.-L. Crévier, qui
s'achevait comme la précédente au règne d'Henri IV (1). Aucun his
torien postérieur n'a tenté d'imiter leur exemple. Au milieu du
XIXe siècle, Bréchillet- Jourdain écrivit une histoire très érudite de
l'Université aux XVIIIe et XIXe siècles et, dans les années 1890,
Denifle et Châtelain publièrent un très important cartulaire des docu
ments de ses premiers siècles d'existence (2). Mais ce sont les seuls
travaux consacrés à l'histoire de l'Université qui soient parus à
l'époque contemporaine. Des collèges et des facultés ont trouvé sépa
rément leur historien, les archives de la nation allemande (une des
quatre nations composant l'Université avant 1789) ont été éditées de
manière sporadique, et les recueils de procès-verbaux des facultés de
théologie et de médecine publiés en partie (3). Mais jusqu'à l'étude
(*) À propos du livre d'André Tuilier : Histoire de l'Université de Paris et de la
Sorbonne, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1994, 2 vol., 620 et 657 p.
(1) César Égasse du Boulay : Historia Universitatis Parisiensis, Paris, 1665-1673
(6 volumes); J.-B.-L. Crévier : Histoire de l'Université de Paris, 1761 (7
volumes).
(2) Charles Jourdain (Charles M. G. Bréchillet- Jourdain) : Histoire de l'université
de Paris au XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1862-1866 (2 parties en un seul volume);
H. Denifle (dir.) : Chartularium Universitatis Parisiensis, Paris, 1 889 (4 volumes).
(3) Liber Procurationis Nationae Alemanniae, 1333-1492 ; et Liber Procurationis
Nationae Galliae, 1443-1466 in Denifle, Châtelain, Von Moé et Samaran (dir.) :
Histoire de l'éducation - n° 77, janvier 1998
Service d'histoire de l'éducation
I.N.R.P. - 29,rued'Ulm - 75005 Paris 36 Laurence BROCKLISS
en deux volumes d'André Tuilier, l'Université de Paris n'avait pas
réussi à trouver son Mallet ou son Millinger, respectivement histo
riens de la troisième et de la quatrième universités européennes par
ordre d'âge, Oxford et Cambridge (1).
Pour les historiens de l'enseignement supérieur, l'absence d'une
synthèse complète sur l'histoire de l'Université de Paris a toujours
constitué un sérieux manque. Pourtant, cette lacune est parfaitement
compréhensible, même pour des non-spécialistes. À des degrés
divers, l'histoire de toutes les universités est discontinue : toutes se
réinventent périodiquement, même Oxford qui, en ce moment même,
est menacée d'une réorganisation radicale par la Commission North
(2). L'Université de Paris a en outre disparu de la carte universitaire
pendant plus d'un siècle à la suite de la réforme du système d'ense
ignement supérieur français entreprise par Napoléon. En septem
bre 1793, toutes les universités de France furent fermées par la Révol
ution, qui les tenait pour des institutions antédiluviennes, consacrées
à la défense du statu quo religieux et politique. Au cours de la pre
mière décennie du XIXe siècle, Napoléon organisa un système
d'enseignement supérieur entièrement neuf, dans lequel des facultés
et des écoles séparées étaient, pour des raisons administratives, atta
chées ensemble au sein d'académies régionales et placées sous la
tutelle de l'Université impériale, une institution qui contrôlait à la
fois l'enseignement supérieur et le secondaire à travers tout le pays.
L'Université de Paris ne fut ressuscitée en tant qu'institution
autonome qu'en 1896, quand la Troisième République restaura
Auctarium Universitatis Parisiensis, Paris, 1894-1942 (5 volumes); A. Clerval (dir.) :
Registres des procès-verbaux de la faculté de théologie, 1501-1521, Paris, 1917;
James K. Farge (dir.) : Registre des conclusions de la faculté de théologie de Paris : de
janvier 1524 à novembre 1533, The Hague, 1994; E. Wickersheimer (dir.) : Comment
aires de la faculté de médecine de l'université de Paris (1395-1516), Paris, 1905 ; M.-
M. Concasty (dir.) : Commentaires de la faculté de médecine de l'université de Paris
(1516-1560), Paris, 1962 ; G. Steinheil (dir.) : Commentaires de la faculté de médecine
de Paris (1777 à 1786), Paris, 1903 (2 volumes).
(1) CE. Mallet : A History of the University of Oxford, Oxford, 1924-1927 (3
volumes); J. B. Mullinger : The University of Cambridge, 1873-1911 (3 volumes)
(jusqu'à la fin du XVIIe siècle]. Voir aussi le plus récent : Alan B. Cobban : The
Medieval English Universities : Oxford and Cambridge to c. 1500, Aldershot, 1988.
Ma propre thèse de doctorat - The University of Paris in the Sixteenth and Seventeenth
Centuries - est encore inédite.
(2) Commission universitaire chargée d'étudier la structure administrative de
l'Université d'Oxford sous la direction du vice-chancelier P. M. North, principal du
collège de Jésus. Voir son rapport : Commission of Inquiry Report, University of
Oxford, 1997 (2 volumes). ' Université de Paris 37 L
l'architecture traditionnelle des universités françaises, dans une tenta
tive pour instituer en France un système universitaire du type de celui
auquel l'Allemagne devait, selon une opinion déjà ancienne, son
hégémonie culturelle (1). Étant donné la longueur de ce hiatus, il
n'est pas surprenant que les historiens contemporains n'aient jusqu'à
présent pas été intéressés par la réalisation d'une synthèse sur l'Uni
versité de Paris depuis ses débuts, au XIIe siècle, jusqu'à nos jours. À
vrai dire, la probabilité que paraisse ne serait-ce qu'une pieuse com
mémoration du passé de l'Université de Paris en tant que telle dimi
nua encore en 1970, quand celle-ci disparut une seconde fois à la
suite des troubles étudiants de 1968. Aujourd'hui, Paris a treize uni
versités, la plupart dotées de sobriquets aussi attrayants que « Paris-
Sud », et elles sont une fois de plus regroupées dans une académie
régionale sous la direction d'un fonctionnaire d'État portant le titre
trompeur de recteur. Dans de telles circonstances, on ne peut pas
envisager le lancement depuis les rives de la Seine d'un projet de
l'ampleur de The History of the University of Oxford (2).
Par conséquent, A. Tuilier, directeur honoraire de la Bibliothèque
de la Sorbonne, doit être félicité pour avoir relevé seul le défi posé
par un ancien recteur de l'Académie de Paris, Hélène Ahrweiler, et
pour avoir produit la première histoire moderne de la seconde plus
ancienne université d'Europe. Son travail est un chef d'uvre de
condensation, admirablement illustré, précis et riche, qui tient la comp
araison avec n'importe laquelle des autres histoires des universités
européennes illustres dues à un auteur unique. Bien qu'il s'appuie
inévitablement sur des sources primaires et secondaires imprimées,
l'auteur a plus qu'une connaissance sommaire des archives en grande
partie inédites de la vieille université et ti

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