Correspondance d Albert Mathiez et de Georges Lefebvre avec Alfred Rufer - article ; n°1 ; vol.237, pg 426-442
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1979 - Volume 237 - Numéro 1 - Pages 426-442
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 98
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-René Suratteau
Correspondance d'Albert Mathiez et de Georges Lefebvre avec
Alfred Rufer
In: Annales historiques de la Révolution française. N°237, 1979. pp. 426-442.
Citer ce document / Cite this document :
Suratteau Jean-René. Correspondance d'Albert Mathiez et de Georges Lefebvre avec Alfred Rufer. In: Annales historiques de
la Révolution française. N°237, 1979. pp. 426-442.
doi : 10.3406/ahrf.1979.1048
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1979_num_237_1_1048426 ALBERT MATHIEZ, GEORGES LEFEBVRE
CORRESPONDANCE D'ALBERT MATHIEZ
ET DE GEORGES LEFEBVRE AVEC ALFRED RUFER
Grâce à l'aimable autorisation de Madame Lena Rufer
Eymann veuve de notre regretté vice-président, nous pouvons
publier de larges extraits de la correspondance d'Albert Mathiez
et de Georges Lefebvre avec Alfred Rufer. Nous avons retrouvé
cinq lettres d'Albert Mathiez échelonnées du 9 mars 1929 au 10
octobre 1931, puis vingt-neuf lettres ou cartes de Georges Lefebvre
du 9 mars 1932 au 14 août 1957, c'est-à-dire sur plus d'un quart
de siècle.
On sait qu'Alfred Rufer avait publié, dans le numéro de
juillet-août 1929, son premier article dans les Annales historiques
de la Révolution française (1), et qu'Albert Mathiez avait rédigé le
compte rendu de l'article Helvétique que Rufer avait écrit dans le
Dictionnaire historique et biographique de la Suisse déjà le
numéro de juillet-août 1927 des Annales (2). Quant à Georges
Lefebvre, il ne connaissait pas Rufer avant la mort de Mathiez et,
ainsi qu'on le verra (3), c'est pour lui demander une contribution
au numéro des Annales consacré à la mémoire du premier président
de la Société des Etudes robespierristes que Lefebvre, alors
professeur à Strasbourg, écrivit sa première lettre à l'archiviste
suisse. On notera, comme je l'ai déjà fait, que pendant quatre ans,
Lefebvre usa des formules « Monsieur », « Cher Monsieur » ou
« Cher Monsieur Rufer » ; ce n'est qu'en 1936 qu'il employa pour
la première fois la formule « Cher ami ».
Il est évident que nous ne publions ci-après que les passages
de cette double correspondance ayant un intérêt pour l'histoire de
la Révolution française ou pour l'histoire des événements
contemporains des lettres envoyées. Nous laissons de côté — en
l'indiquant par des points de suspension — ce qui était personnel
et avait trait aux rapports privés entre Mathiez, puis Lefebvre
d'une part, Rufer de l'autre. Nous avons aussi laissé totalement
de côté neuf cartes ou lettres envoyées par Lefebvre à Rufer ; car
elles ne traitaient justement que de questions personnelles et
privées. De ce fait, les vingt-neuf lettres ou cartes de Georges
Lefebvre à Alfred Rufer se trouvent ramenées à vingt numéros.
Jean-René SURATTEAU.
sur (1)leurs Le malheurs, Directoire n° jugé 34, par juillet-août un patriote 1929, suisse. pp. 401-402 Auguste (Glane). Monnier, Aux Helvétiens
(2) A. Rufer, La République helvétique, 1798-1803..., n° 22, juillet-août 1927,
pp. 398-400 (Bibliographie).
(3) Lettre de G.L. du 9 mars 1932, di-dessous n° 3. CORRESPONDANCE AVEC ALFRED RUFER 427
Albert Mathiez à Alfred Rufer
1. — Paris, le 9 mars 1929
Cher collègue et collaborateur,
J'ai tardé quelque peu à vous répondre parce que j'aurais voulu retrouver
dans ma mémoire l'auteur de la sentence : « Tout Etat se maintient par les
moyens mêmes qui l'ont fondé », invoquée par l'écrivain réactionnaire
dont vous étudiez le livre soi-disant historique et philosophique. Cette pensée
ne m'est pas inconnue, mais mes efforts pour en retrouver l'auteur n'ont pas
encore abouti.
Au reste j'estime que cette soi-disant pensée est fausse. Notre 3* Répub
lique s'est fondée par la Commune. Sans la Commune, même vaincue, la
Restauration monarchique eût réussi. C'est l'insurrection qui a fondé notre
Etat. La 1™ République est l'œuvre du 10 août 1792. Elle n'a pas péri pour
avoir négligé d'utiliser les moyens insurrectionnels.
Il serait plus vrai de parler des principes. La 1" République a été frappée
à mort quand elle a violé constamment les principes de liberté et d'égalité,
dont elle se réclamait.
Mais, pour moi qui suis marxiste, ni les principes ni les moyens ne sont
les vrais facteurs du maintien ni de la ruine des Etats, ce sont les facteurs
économiques et sociaux.
Je me réjouis d'apprendre que vous vous apprêtez à m'envoyer pour
notre revue plusieurs contributions. Je les publierai avec joie et reconnaissance,
comme j'insérerai cet extrait de Monnier (1) qui m'a beaucoup intéressé.
Vous avez dû remarquer que j'ai donné quelque extension à notre
chronique d'histoire locale. Je serai désireux d'y joindre une chronique
d'histoire de la Révolution dans les pays étrangers. Si vous pouviez, sans
que la chose vous prît trop de temps, nous signaler les principaux travaux
qui paraissent sur la Révolution en Suisse, je vous en serais très reconnaissant.
Bien entendu, je vous ferai envoyer tous ceux de ces travaux qui me seront
envoyés par les auteurs et les éditeurs. Quand l'ouvrage en vaudra la peine,
vous lui consacreriez un compte rendu dans la Bibliographie. Je suis obligé
de vous demander d'être bref, parce que malheureusement notre budget ne
nous permet pas encore d'augmenter l'épaisseur de nos fascicules, ce que nous
ferons au fur et à mesure de l'augmentation de nos ressources.
Notre crise monétaire touche à sa fin et peu à peu les publications
savantes pourront reprendre leur ampleur d'autrefois. [...]
[...] Je serai bien content de vous revoir quand vous reviendrez à Paris.
Si vous veniez pendant les vacances, j'aurais du temps à vous consacrer. En
cours d'année mes occupations font de moi un forçat.
Croyez, cher collègue et ami, à ma vive et profonde sympathie.
A. Mathiez.
(1) Voir ci-dessus note 1. 428 ALBERT MATHIEZ
2. — Vendredi (1)
Cher ami,
Aussitôt reçu votre lettre et votre brochure, j'ai écrit à M. Paul-Louis
Couchoud, directeur de la collection Christianisme et spécialiste des questions
religieuses pour lui exprimer votre désir d'être documenté et de recevoir les
ouvrages utiles à votre polémique. Je lui donnais votre adresse et je pense
qu'il vous a écrit et qu'il a fait le nécessaire. Si je me trompais, avertissez-moi.
Ce n'est pas seulement en Suisse que les Reynold montrent leur arro
gance (2). En France même ils pullulent et se croient tout permis. Depuis
la guerre nous sommes en pleine réaction cléricale. La société d'histoire
moderne, que j'avais fondée avant la guerre pour tenir tête à l'Institut, a
tourné casaque et j'ai dû m'en retirer. Elle admet aujourd'hui parmi ses
membres de francs cléricaux et loin de contrôler l'Académie, elle la comble
d'éloges intéressés. En ce moment même elle célèbre le centenaire de 1830
en donnant la parole à des hommes d'Eglise.
En Belgique, les libéraux sont devenus les alliés et les serviteurs de
l'Eglise et les socialistes ont fait de même. La réaction cléricale est universelle.
Chez nous, la condamnation de l'Action française a servi de prétexte à nos
dirigeants pour renier leur anticléricalisme. Le Président de notre République,
M. Doumergue, qui réclamait tous les ans, au début de sa carrière, la
suppression du budget des cultes, est devenu l'ami et l'instrument de l'Eglise,
à laquelle il doit sa place présidentielle.
Ce que vous m'écrivez de vos recherches aux archives de Vienne m'a
vivement intéressé. L'existence d'un espion autrichien parmi les membres du
Comité de Salut public a été soupçonnée et même affirmée, mais on n'a
jamais fourni de preuve. Aussi la pièce dont vous me parlez présente-t-elle
un grand intérêt (3). Je vous remercie de nous la réserver et je vous remercie
aussi d'avance des autres articles que vous m'annoncez.
J'ai confiance que vous triompherez du Reynold, parce qu'en Suisse
l'esprit anti-romain reste vivace, mais l'audace de ce Monsieur montre bien
jusqu'à quelle profondeur de réaction la c

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