Défense et territoire. L exemple milésien - article ; n°1 ; vol.21, pg 89-109
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1995 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 89-109
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Isabelle Pimouguet-
Pedarros
Défense et territoire. L'exemple milésien
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 21 N°1, 1995. pp. 89-109.
Citer ce document / Cite this document :
Pimouguet-Pedarros Isabelle. Défense et territoire. L'exemple milésien. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 21 N°1, 1995. pp.
89-109.
doi : 10.3406/dha.1995.2219
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1995_num_21_1_2219Dialogues d'Histoire Ancienne 21.1, 1995, 89-109
DEFENSE ET TERRITOIRE
L'EXEMPLE MILÉSIEN
Isabelle PIMOUGUET
Université de Bordeaux III
En Asie Mineure, les cités grecques de la côte pouvaient
s'emparer de territoires sur lesquels vivaient des communautés
villageoises indigènes ; ainsi, le territoire de la cité, sa chôra,
devenait une réalité plus nuancée que le modèle classique du
territoire poliade. Ces acquisitions constituaient des zones périphé
riques au statut politique particulier. Elles n'étaient pas considérées
comme faisant partie de l'espace originel ; on pouvait se résigner à
les perdre sans que l'intégrité de la polis en fût altérée. Les pertes et
conquêtes territoriales de Milet en donnent un exemple révélateur.
Cet état de fait revenait à ériger la cité en autorité centrale d'un
ensemble territorial constitué sur une échelle plus restreinte. Mais
par ailleurs ce genre de configuration mixte n'avait rien de figé, car
progressivement pouvait être mise en place une politique d'intégra
tion par le biais d'aménagements territoriaux (réseaux viaires,
délimitation de l'espace par l'édification de sanctuaires et de
fortifications) aboutissant à terme à un traité de sympolitie ou à une
absorption directe. 90 Isabelle Pimouguet
I - MILET DANS SON TERRITOIRE*.
A- L'espace milésien.
Les dèmes2.
Les inscriptions nous ont révélé l'existence de cinq dèmes
milésiens3 qui couvraient probablement l'ensemble du territoire de la
cité. L. Robert a fait une répartition dé ces entités géographiques leur
assignant un espace relativement vaste : le dème de Léros cor
respondait à l'île de ce nom, celui des Argaseis s'étendait sur la côte
sud englobant le sanctuaire de Didymes, celui des Katapolitioi
formait le dème de la ville et de ses environs immédiats, celui des
Plataieis occupait le plateau entre Milet et la côte sud, enfin celui
des Teichiusseis couvrait toute la presqu'île de Kazikh4. À ce propos
il faut noter que ces dix dernières années, W. Voigtlànder a débuté un
programme d'exploration et d'étude de surface dans la zone du golfe
d'Akbùk ; cela l'a conduit à placer Teichiussa sur le site de Sali
Hadasi5, remettant ainsi en cause l'hypothèse de G.E. Bean et
1. Voir carte p. 91.
2. Sur les dèmes milésiens voir en premier lieu B. Haussoulier, "Dèmes
et tributs de Milet", RPh, XXI, 1897, p. 38-9 ; D. Roussel, Tribu et cité,
Paris, 1976, p. 3 sq. Surtout voir M. PlÉRART, "Tribus et dèmes milésiens.
Athènes et Milet", MH, LX, 1983, p. 9 sq. (= Athènes et Milet). Il a
montré que les dèmes de Milet n'étaient pas des subdivisions des
tribus, qu'ils formaient des sections géographiques du territoire
milésien, et que par conséquent, l'organisation politique et territoriale
de la cité différait de celle d'Athènes.
3. Cf. A. REHM, Didyma, II, Berlin, 1958, p. 256, 1.2-4; 237, 1.2-7; 228, 2.
2-3 ; 228, 2. 4-6 (= Didyma).
4. Cf. L. ROBERT, "Inschriften von Didyma", Gnomon, 1959, p. 657-674,
p. 673 (= Didyma).
5. Cf. W. VoiGTLÂNDER, "Survey bei Akbuk -Teichiussa 1986", V, Aras-
tirma Sonuçlari Toplantisi, I, 1987, p. 157-161 ; "Teichiussa 1987", VI,
Arastirma Sonuçlari 1988, p.187-190 ; Research 1988, p. 205.
Déjà, E. KlRSTEN, Die griechische Polis als historisch-geographisches
Problem des Mittelmeerraumes, Bonn, 1956, p. 53 (= Polis) considérait
qu'une localisation directement au sud de Didymes n'était pas conce
vable et plaçait Teichiussa sur la côte nord du golfe d'Akbuk près de
Talikoý. Pour cette localisation voir du même auteur Westermanns
Atlas гиг Weltgeschichte, I, Vorzeit, Altertum, Braunscheweig, 1956,
pi. 13.
DHA 21.1, 1995 et territoire. L'exemple milésien 91 Défense
DHA 21.1, 1995 92 Isabelle Pimouguet
J. M. Cook en faveur de celui de Dog an Běleni6. Mais cette
localisation, nous le verrons, est loin d'être assurée.
Pour l'heure, il convient de s'interroger sur l'organisation et la
formation des dèmes que nous venons d'énumérer. Avant d'être
incorporés à Milet, il est possible que les Lériens aient formé une
communauté plus ou moins indépendante7 - c'est en tout cas ce qui
ressort de la lecture des inscriptions8. Ensuite, si l'on en croit
M. Piérart, Léros, en tant que dème, aurait englobé l'ensemble des
îles milésiennes9. Une communauté des Argaseis est attestée dès la
haute époque hellénistique, mais il n'est pas certain qu'elle ait déjà
formé un dème intégrant le sanctuaire de Didymes10 ; celui-ci était
relié au Delphinion de Milet par la voie sacrée révélant un rapport
étroit entre la cité et ce lieu de culte dès la fin du Vie siècle.
Cependant, le plus ancien témoignage attestant d'un contrôle de droit
de la cité sur le sanctuaire se situe après 479 avec l'inscription
concernant la procession des Molpoi11 ; nous savons par ailleurs qu'il
existait une bourgade dans l'enceinte même du sanctuaire ainsi qu'une
communauté complexe qui participait à la vie de ce dernier12. En ce
6. Cf. G.E. Bean, J.M. Cook, "Carian Coast III", ABSA, LU, 1957, p. 106
(= CC) ; suivi par L. Robert, "Note additionnelle. Une épigramme de
Carie", Rev. Phil, XXXII, 1958, p. 54 (= Note 1958), repris par J.M. Cook,
"Some sites of the Milesian territory", ABSA, LVI, 1961, p. 91
(= Milesian),
7. Sur Léros colonie milésienne voir Anaximène, FGrHist., 72 ¥ 26 ; Strab.,
XIV, 1-6. G. Voir aussi G. MaNGANARO, "Le iscrizioni délie isole milesie",
ASAA, XXV-XXVI, 1963-4, p. 294-8. M. Piérart, Athènes et Milet, II,
p. 292, écrit : "il est difficile de savoir si Léros était une colonie ou si elle
faisait déjà partie du territoire milésien à l'époque de la guerre
d'Ionie" ; il est vrai que l'on sait seulement qu'Hécatée de Milet avait
conseillé à Aristagoras de se réfugier sur l'île avec ses partisans et de la
fortifier (cf. Hdt, V, 125).
8. Sur les inscriptions relatives aux îles milésiennes voir le dossier de
G. Manganaro, ibid., p. 243-9 ; J.L. Benson, "Ancient Leros", GRBM,
suppl., Ill, Durham, 1963 (= Leros).
9. Cf. M. Piérart, Athènes et Milet, II, p. 278.
10. M. ibid., p. 295, a noté que le nom d'Argaseis devait exister
avant l'institution des dèmes. Sur les inscriptions relatives à cette
communauté voir Didyma, II, 66-69. Sur celles qui sont relatives à
l'organisation du sanctuaire voir A. Rehm, Didyma, II, 239 a.
11. Cf. SIG, 3,57.
12. Cf. Strab., XIV, 1-5. Sur l'assemblée du sanctuaire voir A. REHM,
Didyma, II, 259 a. Pour un commentaire voir M. Piérart, ibid., II, 284 sq.
DHA 21.1, 1995 Défense et territoire. L'exemple tnilésien 93
qui concerne Teichiussa, il est difficile de savoir, à l'instar de Léros,
quel était son statut avant la révolte d'Ionie13. Néanmoins, dans les
sources littéraires, cette localité est présentée comme une bourgade
milésienne dès la seconde moitié du Ve siècle14. L'interprétation de
M. Piérart sur les listes des tributs athéniens dans lesquels nous
trouvons de façon sporadique Teichiussa et Léros avec la mention de
noXiç nous paraît convaincante15 ; en s'appuyant sur les notions de
syntélie et d'apotaxis, il a montré que le terme de noXiç n'impliquait
pas nécessairement la présence d'une cité-Etat et que les changements
dans leur mode de paiement (tantôt individuel, tantôt associé à
Milet), loin de signifier des variations d'ordre politique, pouvaient
plutôt s'expliquer par le système de perception de l'impôt16.
Les dèmes milésiens, dont la fo

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