Des compétences de la firme aux compétences des salariés - Le point de vue non autorisé d un économiste du travail - article ; n°1 ; vol.102, pg 55-68
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Des compétences de la firme aux compétences des salariés - Le point de vue non autorisé d'un économiste du travail - article ; n°1 ; vol.102, pg 55-68

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Revue d'économie industrielle - Année 2003 - Volume 102 - Numéro 1 - Pages 55-68
The economic system is more and more characterized by a knowledge based economy. Nevertheless, as regards the theories-in-use, the analysis of the capabilities of the firm and the Human Capital Theory appear as two separate fields, respectively occupied by industrial and labor economists. In this paper, our aim is to link the analysis concerning the capabilities of the firm and the capabilities of the workers. An evolutionary theory of labour microeconomics is needed.
Le système actuel est de plus en plus souvent caractérisé comme une économie fondée sur la connaissance. On observe toutefois, au niveau des théories en usage, une séparation entre l'analyse des compétences de la firme faite par les spécialistes de l'économie industrielle et la Théorie du capital humain qui sert de paradigme aux économistes du travail. Cet article souligne la nécessité d'un rapprochement entre l'analyse des compétences de la firme et celles des salariés, ce qui rend nécessaire l'élaboration d'une micro-économie évolutionniste du travail.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Stankiewicz
Des compétences de la firme aux compétences des salariés -
Le point de vue non autorisé d'un économiste du travail
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 102. 1er trimestre 2003. pp. 55-68.
Abstract
The economic system is more and more characterized by a knowledge based economy. Nevertheless, as regards the theories-in-
use, the analysis of the capabilities of the firm and the Human Capital Theory appear as two separate fields, respectively
occupied by industrial and labor economists. In this paper, our aim is to link the analysis concerning the capabilities of the firm
and the capabilities of the workers. An evolutionary theory of labour microeconomics is needed.
Résumé
Le système actuel est de plus en plus souvent caractérisé comme une économie fondée sur la connaissance. On observe
toutefois, au niveau des théories en usage, une séparation entre l'analyse des compétences de la firme faite par les spécialistes
de l'économie industrielle et la Théorie du capital humain qui sert de paradigme aux économistes du travail. Cet article souligne
la nécessité d'un rapprochement entre l'analyse des compétences de la firme et celles des salariés, ce qui rend nécessaire
l'élaboration d'une micro-économie évolutionniste du travail.
Citer ce document / Cite this document :
Stankiewicz François. Des compétences de la firme aux compétences des salariés - Le point de vue non autorisé d'un
économiste du travail. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 102. 1er trimestre 2003. pp. 55-68.
doi : 10.3406/rei.2003.1832
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2003_num_102_1_1832François STANKIEWICZ
CLERSE-IFRESI, CNRS - Université de Lille 1
DES COMPETENCES DE LA FIRME
AUX COMPÉTENCES DES SALARIÉS
LE POINT DE VUE NON AUTORISÉ
D'UN ÉCONOMISTE DU TRAVAIL
Mots-clés : compétences, capital humain, connaissances, apprentissage, formation.
Key words : Capabilities, Human Capital, Knowledge, Learning, Training.
Pour rendre compte de l'avantage concurrentiel durable acquis par certaines
firmes, référence est faite à leurs compétences. Cette importance accordée
aux connaissances et aux savoir-faire maîtrisés par les entreprises (Guilhon
et alii, 1991; Petit, 1998...) est cohérente avec la caractérisation du système
comme économie fondée sur le savoir ou société apprenante (learning economy).
La focalisation sur les compétences de Infirme s'explique par le pouvoir
décisif qui lui est reconnu d'agir sur la création et sur la diffusion des savoirs.
Ce pouvoir est lié tout à la fois au choix de la structure organisationnelle et aux
procédures mises en œuvre par la firme pour favoriser l'apprentissage
(échanges d'expériences, codification des savoirs, capitalisation à partir des
erreurs...). On ne conteste nullement l'importance cruciale de ces variables.
On affirme seulement que l'étude des compétences de la firme gagnerait à
s'enrichir d'une analyse des compétences des salariés.
À vrai dire, les compétences individuelles ne sont pas complètement négligées
par les théories de la firme. On trouve ainsi dans l'ouvrage fondateur de Nelson
et Winter (1982) un chapitre consacré aux qualifications (skills) du salarié (1). De
même l'étude du processus de création de connaissances par la firme met en évi-
(1) Les qualifications du salarié sont l'objet du chapitre 4 où elles sont conceptualisées
comme « programmes » (au sens informatique du terme) et définies, de façon abstraite, capacités à adopter des comportements appropriés au contexte et à l'objectif pours
uivi. Nelson et Winter donnent comme exemples la capacité à bien servir une balle de
tennis ou celle qui consiste à bien recruter pour pourvoir un emploi donné. Mais, en fin de
compte, les auteurs considèrent que les qualifications individuelles sont analogues aux
routines organisationnelles (p. 73). Ceci explique, peut-être, qu'il n'en soit plus question
dans la suite de l'ouvrage.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 102, 1« trimestre 2003 55 l'articulation entre compétences individuelles et collectives: des connaisdence
sances individuelles sont « explicitées » et codifiées en routines qui elles-mêmes
sont « intériorisées » et influencent en retour l'apprentissage individuel...
Toutefois entre l'approche des compétences de la firme telle qu'elle est déve
loppée dans le cadre de l'économie industrielle et la problématique des compét
ences telle qu'elle est (plus ou moins bien) posée par l'économie ou la sociolo
gie du travail, les liens sont ténus, voire inexistants. Il est symptomatique que
dans leur survey sur les compétences de la firme, N. Azoulay et O. Weinstein
(2000) décident de « laisser de côté » ce dernier type de littérature (cf. note 2,
p. 121). Pourtant, entre ces deux niveaux, on peut supposer l'existence de liens.
L'objet de cet article est précisément de convaincre que le choix du potentiel
d'apprentissage des salariés (section 1) et la politique d'accumulation des com
pétences individuelles (section 2) constituent des décisions économiques, sus
ceptibles d'influer sur les « compétences dynamiques » de la firme (Teece,
Pisano, Shuen, 1997), sur sa capacité d'adaptation et d'innovation. Il est aussi
de montrer qu'en la matière, les choix sont complexes et non pas triviaux dans
la mesure où l'apprentissage ne constitue pas une tendance immanente aux indi
vidus contrairement à ce que semble suggérer l'approche évolutionniste (2).
I. — LE POTENTIEL D'APPRENTISSAGE DES SALARIES :
QUI RECRUTER?
La capacité à apprendre est, à juste titre, considérée comme un élément essentiel
de la « productivité » du salarié dans un univers évolutionniste. Le problème est tou
tefois de définir de façon rigoureuse cette « productivité » dès lors qu'on s'interdit
de transformer le critère usuel précis de marginale en une catégorie four-
re-tout, vague et fumeuse (3). On propose ici le critère nouveau de « valorité diffé
rentielle » (VD) qui sera utilisé pour préciser la logique de choix des recrutements.
1.1. De la productivité marginale du travail à la valorité différentielle
des salariés
Le candidat qui aura la préférence de l'entreprise n'est pas nécessairement celui
dont le potentiel d'apprentissage est le plus élevé. La capacité à apprendre est une
(2) Comme l'écrit Alain Rallet (1999, p. 39): « Les agents ne sont certes pas omniscients
puisque la rationalité est limitée, mais on ne peut pas s'empêcher de penser qu'une cer
taine hypothèse d'apprentissage illimité tend à occuper la même place dans la théorie évo
lutionniste que l'hypothèse de la rationalité illimitée dans la théorie standard, à savoir
celle d'une hypothèse comportementale décontextualisée, essen tialiste ».
(3) La productivité marginale est un concept précis qui mesure la variation de la production
(en volume ou en valeur) induite par une dose additionnelle d'un facteur de
(homogène) considéré. En pratique, la notion est souvent utilisée de façon abusive comme
synonyme flou d'efficacité productive alors même que les hypothèses rendant possible le
calcul de la productivité marginale ne sont pas vérifiées.
56 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 102, Ie' trimestre 2003 variable économique (et non un bien gratuit). Les décideurs sont dès lors
contraints d'effectuer des arbitrages dont il convient d'expliciter les termes.
1) Valorité différentielle et différentiel d'adaptation a (ou d'apprentissage)
L'analyse dont on montrera qu'elle est généralisable à n candidats sera
menée en raisonnant sur deux individus désignés par les indices 1 et 2. Au
début de la période d'emploi, l'entreprise doit supporter un coût d'apprentis
sage (qu'on notera I, comme intégration) induit par la nécessité, pour la nou
velle recrue, de se familiariser avec les spécificités de l'emploi et de l'entre
prise. Cet aspect a été intégré de longue date par la théorie depuis que Walter
Oi (1962) a conceptualisé le travail comme facteur quasi-fixe (4). Toutefois

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