Des conséquences patrimoniales de la désinflation - article ; n°1 ; vol.17, pg 167-208
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Description

Revue de l'OFCE - Année 1986 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 167-208
The strong and fast decrease of inflation rate, that French economy had just experienced, has large patrimonial consequences. Inflation brings about reallocations and destortions, the cancelling of which alters, for each economic sector, the relation between income, saving and patrimonial accumulation. What will result for economic activity ? Patrimonial consequences of desinflation pass by four channels : the cutting down of the « seigniorage », which profited to banks, does not allow that interest rate decrease as much as inflation rate ; so real interest rate increases. By of interests payment inertia, the sectors in debt at fixed rates are at a loss. Ceteris partibus, the fiscal nominalism induces a decrease of taxes on income but worsens the increase of the real interest rate. At last, the misfitting of accounts concepts causes that the firms accounts show wrongly a fall of net profit, a rise of cash-flow and an improvement of debt ratio. According to National Accounts concepts, the firms are the main winners and the administrations also win ; the losers are the households in the short run ; the financial sector in the medium run. To take into account the financial assets depreciation alter strongly this result : the winners are the households. The losers are the firms and the administrations in the short run, the financial sector in the medium run. By themselves, the patrimonial consequences of desinflation would cause an increase of consumption prejudice to the detriment of capital formation ; in the same time, the government would be induced to restrain the fiscal policy. However, the accounting concepts may conceal the degradation of the firms situation and households may not be fully aware of their patrimonial earnings.
La baisse rapide et forte du rythme de l'inflation que l'économie française vient de connaître a des conséquences patrimoniales : la suppression des transferts et des distortions causés par l'inflation modifie, pour chaque agent économique, la relation entre revenu, épargne et accumulation patrimoniale. Qu'en résulte-t-il pour l'activité économique ? Les conséquences patrimoniales de la désinflation passent par quatre canaux. La réduction du seigneurage dont bénéficiaient les banques ne permet pas au taux d'intérêt de baisser comme l'inflation ; le taux d'intérêt réel s'élève donc. Du fait de l'inertie des frais financiers les agents endettés à long terme à taux fixe sont perdants. A situation inchangée, le nominalisme de la fiscalité entraîne une baisse de l'impôt sur les bénéfices, mais aggrave la hausse du taux d'intérêt réel. Enfin, l'inadaptation du formalisme comptable aboutit à ce que la comptabilité d'entreprise indique fictivement une dégradation du profit net, une amélioration de l'autofinancement et du ratio d'endettement. Selon les conventions de la comptabilité nationale ce sont les entreprises (et à un degré moindre les administrations) qui gagnent à la désinflation, les perdants étant à court terme les ménages, à moyen terme les institutions de crédit. La prise en compte des plus-values sur actifs modifie complètement ce point de vue : ce sont les ménages qui sont gagnants. A court terme, ce sont les entreprises et les administrations qui perdent ; à moyen terme les institutions de crédit. Considérés isolément les effets patrimoniaux de la désinflation devraient provoquer une relance de la consommation au détriment de l'investissement, tandis que l'Etat serait amené à pratiquer une politique budgétaire plus restrictive. Toutefois le formalisme comptable peut masquer la dégradation de la situation des entreprises et les ménages peuvent ne pas être conscients de leurs gains patrimoniaux.
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Henri Sterdyniak
Des conséquences patrimoniales de la désinflation
In: Revue de l'OFCE. N°17, 1986. pp. 167-208.
Citer ce document / Cite this document :
Sterdyniak Henri. Des conséquences patrimoniales de la désinflation. In: Revue de l'OFCE. N°17, 1986. pp. 167-208.
doi : 10.3406/ofce.1986.1076
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1986_num_17_1_1076Résumé
La baisse rapide et forte du rythme de l'inflation que l'économie française vient de connaître a des
conséquences patrimoniales : la suppression des transferts et des distortions causés par l'inflation
modifie, pour chaque agent économique, la relation entre revenu, épargne et accumulation
patrimoniale. Qu'en résulte-t-il pour l'activité économique ?
Les conséquences patrimoniales de la désinflation passent par quatre canaux. La réduction du
seigneurage dont bénéficiaient les banques ne permet pas au taux d'intérêt de baisser comme l'inflation
; le taux d'intérêt réel s'élève donc. Du fait de l'inertie des frais financiers les agents endettés à long
terme à taux fixe sont perdants. A situation inchangée, le nominalisme de la fiscalité entraîne une
baisse de l'impôt sur les bénéfices, mais aggrave la hausse du taux d'intérêt réel. Enfin, l'inadaptation
du formalisme comptable aboutit à ce que la comptabilité d'entreprise indique fictivement une
dégradation du profit net, une amélioration de l'autofinancement et du ratio d'endettement.
Selon les conventions de la comptabilité nationale ce sont les entreprises (et à un degré moindre les
administrations) qui gagnent à la désinflation, les perdants étant à court terme les ménages, à moyen
terme les institutions de crédit. La prise en compte des plus-values sur actifs modifie complètement ce
point de vue : ce sont les ménages qui sont gagnants. A court terme, ce sont les entreprises et les
administrations qui perdent ; à moyen terme les institutions de crédit.
Considérés isolément les effets patrimoniaux de la désinflation devraient provoquer une relance de la
consommation au détriment de l'investissement, tandis que l'Etat serait amené à pratiquer une politique
budgétaire plus restrictive. Toutefois le formalisme comptable peut masquer la dégradation de la
situation des entreprises et les ménages peuvent ne pas être conscients de leurs gains patrimoniaux.
Abstract
The strong and fast decrease of inflation rate, that French economy had just experienced, has large
patrimonial consequences. Inflation brings about reallocations and destortions, the cancelling of which
alters, for each economic sector, the relation between income, saving and patrimonial accumulation.
What will result for economic activity ?
Patrimonial consequences of desinflation pass by four channels : the cutting down of the « seigniorage
», which profited to banks, does not allow that interest rate decrease as much as inflation rate ; so real
interest rate increases. By of interests payment inertia, the sectors in debt at fixed rates are at a loss.
Ceteris partibus, the fiscal nominalism induces a decrease of taxes on income but worsens the increase
of the real interest rate. At last, the misfitting of accounts concepts causes that the firms accounts show
wrongly a fall of net profit, a rise of cash-flow and an improvement of debt ratio.
According to National Accounts concepts, the firms are the main winners and the administrations also
win ; the losers are the households in the short run ; the financial sector in the medium run. To take into
account the financial assets depreciation alter strongly this result : the winners are the households. The
losers are the firms and the administrations in the short run, the financial sector in the medium run.
By themselves, the patrimonial consequences of desinflation would cause an increase of consumption
prejudice to the detriment of capital formation ; in the same time, the government would be induced to
restrain the fiscal policy. However, the accounting concepts may conceal the degradation of the firms
situation and households may not be fully aware of their patrimonial earnings.Des conséquences patrimoniales
de la désinflation
Adjoint Henri au Sterdyniak directeur du département d'économétrie de l'OFCE
La baisse rapide et forte du rythme de l'inflation que l'écono
mie française vient de connaître a des conséquences patrimon
iales : la suppression des transferts et des distortions causés
par l'inflation modifie, pour chaque agent économique, la relation
entre revenu, épargne et accumulation patrimoniale. Qu'en
résulte-t-il pour l'activité économique ?
Les conséquences patrimoniales de la désinflation passent
par quatre canaux. La réduction du seigneurage dont bénéfi
ciaient les banques ne permet pas au taux d'intérêt de baisser
comme l'inflation ; le taux d'intérêt réel s'élève donc. Du fait de
l'inertie des frais financiers les agents endettés à long terme à
taux fixe sont perdants. A situation inchangée, le nominalisme de
la fiscalité entraîne une baisse de l'impôt sur les bénéfices, mais
aggrave la hausse du taux d'intérêt réel. Enfin, l'inadaptation du
formalisme comptable aboutit à ce que la comptabilité d'entre
prise indique fictivement une dégradation du profit net, une
amélioration de l'autofinancement et du ratio d'endettement.
Selon les conventions de la comptabilité nationale ce sont les
entreprises (et à un degré moindre les administrations) qui
gagnent à la désinflation, les perdants étant à court terme les
ménages, à moyen terme les institutions de crédit. La prise en
compte des plus-values sur actifs modifie complètement ce
point de vue : ce sont les ménages qui sont gagnants. A court
terme, ce sont les entreprises et les administrations qui perdent ;
à moyen terme les institutions de crédit.
Considérés isolément les effets patrimoniaux de la désinfla
tion devraient provoquer une relance de la consommation au
détriment de l'investissement, tandis que l'Etat serait amené à
pratiquer une politique budgétaire plus restrictive. Toutefois le
formalisme comptable peut masquer la dégradation de la situa
tion des entreprises et les ménages peuvent ne pas être cons
cients de leurs gains patrimoniaux.
Observations et diagnostics économiques n° 17 / octobre 1986 167 Henri Sterdyniak
Le taux d'inflation a baissé fortement et rapidement en France,
passant d'un niveau voisin de 13 % dans les années 1979-1981 à un
taux inférieur à 3 % en 1986 (tableau 1). Je me propose ici de discuter
les conséquences de cette désinflation rapide sur le comportement des
agents économiques et plus particulièrement sur leurs comportements
patrimoniaux. En effet l'inflation et les variations non anticipées du
rythme d'inflation, provoquent des transferts entre les agents, dus, ainsi
que nous l'analyserons en détail, aux particularités du régime fiscal, à
l'inertie des flux d'intérêt, et à la non-rémunération des encaisses
monétaires. Qui perd et qui gagne lorsque le rythme de l'inflation
diminue fortement ? Ces transferts sont-ils, au bilan, favorables à la
croissance ?
Le lecteur devra avoir à l'esprit que l'analyse est concentrée ici sur
une conséquence particulière de la désinflation, alors que généralement
les discussions concernent plutôt son impact sur le pouvoir d'achat du
salaire ou sur la compétitivité. Ces impacts dépendent d'ailleurs de
l'élément moteur de la désinflation. Si c'est le ralentissement des
salaires, la désinflation va de pair avec une baisse du pouvoir d'achat
des salaires. Au contraire une désinflation initiée par une baisse du prix
des matières premières importées s'accompagne d'une hausse du pou
voir d'achat des salaires. Certains pays (USA, Grande-Bretagne) ont
accéléré le processus de désinflation par une politique monétaire res
trictive, qui a provoqué une forte appréciation de leur taux de change :
dans ce cas, désinflation et perte de compétitivité vont de pair. Par
contre dans un système de change fixe la désinflation permet d'éviter
les pertes de compétitivité.
Le processus de désinflation que la France connaît a été provoqué
par le ralentissement de la progression des coûts salariaux, dû à la
hausse du chômage,

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