Deux lettres de Laplace. - article ; n°3 ; vol.14, pg 285-296
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1961 - Volume 14 - Numéro 3 - Pages 285-296
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

M YVES LAISSUS
Deux lettres de Laplace.
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1961, Tome 14 n°3-4. pp. 285-296.
Citer ce document / Cite this document :
LAISSUS YVES. Deux lettres de Laplace. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1961, Tome 14 n°3-4. pp.
285-296.
doi : 10.3406/rhs.1961.3952
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1961_num_14_3_3952Deux lettres de Laplace
L'édition de documents originaux est toujours utile aux historiens
et aux chercheurs. Le texte, probablement inédit, de deux lettres de
Laplace que nous publions ici, pourra ainsi contribuer, peut-être,
à faire mieux connaître l'activité de l'illustre géomètre (1) et celle
des milieux scientifiques de son époque (2).
La plus brève de ces deux pièces (3), non signée, est adressée
à Alexis Bouvard (4). Elle est ainsi libellée :
Paris, ce 2 ventôse.
Je prie le citoyen Bouvard de me faire l'amitié de venir dîner avec moi, quartidi
prochain. De là nous irons ensemble au Bureau des longitudes. Je le prie
de m'apporter le résultat de ses calculs, tant pour les dernières observations de
Maskeline (5), que pour celles de 1784, celles de Bradley (6) et celles de La Hire (7)
en distinguant les erreurs des tables en deux colonnes, l'une relative à l'apogée
et l'autre relative au périgée. Il pourra au moyen des observations de Maskeline,
tant en 1784 qu'en 1794, déterminer la correction de l'époque du moyen mouve-
(1) Laplace (Pierre-Simon, comte puis marquis de), né à Beaumont-en-Auge (Calvados)
le 23 mars 1749, mort à Paris le 5 mars 1827. Membre de l'Académie royale des Sciences
(4 avril 1773) puis de la lre classe de l'Institut national (20 novembre 1795), membre du
Bureau des Longitudes dès la création de celui-ci, le 25 juin 1795.
(2) Nous prions M. Taton, qui nous a fourni de précieuses indications pour ce travail,
de bien vouloir trouver ici l'expression de notre vive gratitude.
(3) Cette pièce comprend 4 pages pet. in-8° : la première portant le texte et la quatrième
l'adresse : « Au citoyen Bouvard, à l'Observatoire » (collection J. Laissus).
(4) Bouvard (Alexis), né aux Houches (Savoie) le 27 juin 1767, naturalisé Français
le 8 février 1815, mort à Paris le 7 juin 1843. Astronome à l'Observatoire de Paris, membre
du Bureau des Longitudes, membre de la lre classe de l'Institut national (25 avril 1803).
A partir de 1794, date à laquelle il fait la connaissance de Laplace, Bouvard participe à la
préparation du Traité de mécanique céleste et devient l'assistant dévoué du grand géomètre.
(5) Maskelyne (Nevil), né à Londres le 6 octobre 1732, mort le 9 février 1811. Astro
nome royal et directeur de l'Observatoire de Greenwich de 1765 à 1811.
(6) Bradley (James), né à Sherbourn (comté de Gloucester, Angleterre) en mars 1693,
mort à Chalford le 13 juillet 1762. Astronome royal et directeur de l'Observatoire de
Greenwich de 1741 à 1762, membre associé étranger de l'Académie royale des Sciences
(24 juillet 1748).
(7) La Hire (Philippe de), né à Paris le 18 mars 1640, mort à Paris, le 21 avril 1718.
Astronome, membre de l'Académie royale des Sciences (26 janvier 1678), professeur de
mathématiques au Collège de France. L'œuvre mentionnée, les Tabulae astronomicae
Ludovici magni, date de 1702. revue d'histoire des sciences 286
ment et de l'apogée des tables lunaires pour le commencement de l'an 1 de la
République ; ensuite, au moyen de ces corrections, et en diminuant de 8' 49* la
moyenne séculaire de l'apogée des tables, il pourra corriger les erreurs des tables
relativement aux observations de Maskeline. Je le prie de m'apporter le tableau
de ces erreurs des tables ainsi corrigées, afin que l'on puisse voir d'un coup d'œil
la précision des tables ainsi corrigées.
Faute de pouvoir commenter ce texte au point de vue technique,
nous avons au moins essayé de le situer dans l'œuvre astronomique
de Laplace en complétant sa date.
Les noms des savants qui paraissent dans ces quelques lignes, la
nature des observations citées semblent bien indiquer qu'il s'agit
de la préparation du mémoire Sur les équations séculaires des mouve-
mens de la lune, de son apogée et de ses nœuds, lu par Laplace à
l'Institut le 21 nivôse an VI (10 janvier 1798) (1).
Dans le calendrier révolutionnaire, le mois de nivôse précède
celui de ventôse, notre billet daterait donc au plus tard du 2 ventôse
an V (20 février 1797). Mais, comme on sait d'autre part que les
observations de Maskelyne pour 1794 ne sont arrivées qu'un mois
après cette date au secrétariat de la classe des Sciences physiques
et mathématiques (2), il faut donc admettre, pour que l'hypothèse
ci-dessus avancée puisse être maintenue, que Laplace en avait eu
connaissance avant l'Institut. Il se trouve heureusement qu'une
phrase du mémoire lève à cet égard tous les doutes :
Soixante observations de Maskelyne, faites pendant les années 2 et 3 de l'ère
française, et dont l'époque moyenne répond au 28 vendémiaire de l'an 3
[19 octobre 1794], ont donné — 18", S pour la correction de la longitude, et
+ 3'20",9 pour la correction de l'anomalie. On voit évidemment par ces résultats
que le moyen mouvement de l'anomalie doit être augmenté (3).
Nous proposons donc de dater ce billet du 2 ventôse an V
(20 février 1797).
(1) Cf. Procès-verbaux des séances de Г Académie des Sciences, t. I (1795-1799), Paris, 1910,
p. 330, col. 1 et Mémoires de V Institut national... Sciences physiques et mathématiques, t. Il,
Paris, an VII, p. 126-182. Lors de la séance générale mensuelle de l'Institut du 5 germinal
an V (25 mars 1797), Laplace a déjà annoncé la découverte de l'équation séculaire pour
l'apogée et pour le nœud de la lune. Puis, le 1 er floréal an V (20 avril 1 797), il a lu un mémoire
Sur les équations séculaires du mouvement des nœuds et de l'apogée de l'orbite lunaire et
sur l'aberration des étoiles, cf. Procès-verbaux des séances de V Académie des sciences, t. I,
p. 203, col. 2.
(2) Elles sont présentées dans la séance du 11 prairial an V (30 mai 1797) à laquelle,
d'ailleurs, Laplace n'assiste pas. Cf. Procès-verbaux des séances de V Académie des Sciences,
t. I, p. 216, col. 2.
(3) Cf. Laplace, Sur les équations séculaires des mouvements de la lune..., loc. cit., pp. 141-
142. DEUX LETTRES DE LAPLACE 287
La seconde lettre, plus longue et plus importante (1), est adressée
à J.-B.-J. Delambre (2) :
Paris, ce 10 pluviôse.
J'ai reçu hier au soir, Mon très cher confrère, votre lettre datée du huit ; je
vois avec plaisir que vous avez la presque certitude de voir vos deux signaux l'un de
l'autre ; c'est une condition qu'il me paraist bien important de remplir et quoique
l'on puisse y suppléer avec beaucoup d'exactitude par un signal intermédiaire,
cependant comme la chose paraist moins précise au premier coup d'œil, il est
essentiel d'écarter cette prévention dans une opération dont nous voulons que
l'exactitude soit à l'abri de toute objection. Je ne sçay comment j'ai oublié dans
ma dernière lettre de vous marquer que Gailhava (3) a été élu à une très grande
majorité, il a atteint presque le maximum des voix (4) tandis que son concurrent
Palissot (5) n'a presque eu que le minimum. Malheureusement pour lui, on se
souvient de sa comédie des Philosophes. C'est un grand tort que de l'avoir faite,
mais le tems doit un peu l'effacer. C'est d'ailleurs un homme de mérite et qui
convenait à la place ; peut-estre, si j'avais été membre de sa classe (6), je lui aurais
donné ma voix, mais dans l'Institut j'ai été fidèle à mon principe de ne point
m'écarter du choix des classes (7). Je suis fort aise que vous approuviez le parti
(1) La lettre comprend 4 pages in-8° : le texte occupe les deux premières, la troisième
est blanche, sur la quatrième figure l'adresse : « Au Citoyen Delambre, membre de l'Institut
national, à Melun » (collection J. Laissus).
(2) Delambre (Jean-Baptiste- Joseph, chevalier), né à Amiens le 19 septembre 1749,
mort à Paris le 19 août 1822. Membre de l'Académie royale des Science

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