Dionysos ancien et le sommeil infernal - article ; n°1 ; vol.71, pg 287-300
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1959 - Volume 71 - Numéro 1 - Pages 287-300
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 74
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Torcan
Dionysos ancien et le sommeil infernal
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 71, 1959. pp. 287-300.
Citer ce document / Cite this document :
Torcan R. Dionysos ancien et le sommeil infernal. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 71, 1959. pp. 287-300.
doi : 10.3406/mefr.1959.7451
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1959_num_71_1_7451;
1
DIONYSOS ANCIEN ET LE SOMMEIL INFERNAL
PAR
M. Robert Turcan
Ancien membre de l'École
tations l'époque II y a mythiques, une impériale véritable qui eschatologiques vie nous des déroulent formes ou dans comme rituelles l'art un des de film sarcophages la des religion représen" diode
nysiaque. Ces monuments ont le grand avantage de former, comme
les suites monétaires, des séries typologiques et chronologiques,
dont les Variations instructives révèlent à elles seules une évolu
tion « sémantique ». On serait tenté de parler en certains cas de
mutations, si nos disciplines ne tendaient que trop à afficher des
prétentions scientifiques.
Quoi qu'il en soit, le thème de la découverte d'Ariane offre, dans
l'art funéraire des iie et 111e siècles après J.-C, un bon exemple de
ces variantes qui, en affectant peu à peu l'interprétation d'un
même personnage, finissent par renouveler complètement la portée
religieuse de la représentation. Mon propos n'est pas de faire ici un
catalogue exhaustif et raisonné des sarcophages évoquant l'épisode
de Naxos, mais d'esquisser, d'après quelques exemplaires carac
téristiques, les grandes étapes d'une évolution qui s'étale environ
sur un siècle.
La figure d'Hypnos tient dans la scène, telle que la raconte Non-
nos1, une place tout à fait singulière. Il abandonne Ariane presque
1 Dionys., XLVII, v. 296 sqq. En particulier, v. 301, 320 et 336 :
etç έμέ καΐ φίλος "Υπνος άνάρσιος... ι
'■Ά R. TURCAN 288
aussitôt après l'arrivée de Dionysos, comme pour faire place au
dieu consolateur. Elle invoque en vain celui dont les ailes téné
breuses l'avaient abîmée un temps dans l'oubli. C'est à peine si
Dionysos a le temps d'admirer les effets du Sommeil sur le visage
de la jeune femme : Hypnos s'évanouit avec l'apparition du dieu
de l'ivresse et de l'exubérance vitales. Malgré les vertus du breu
vage qui « endort les soucis », tout se passe comme si les deux divi
nités ne pouvaient ensemble exercer leur empire, et Hypnos se
retire devant Bacchus, comme si leurs puissances respectives s'op
posaient, alors que dans le chant suivant1 le même Hypnos sera
qualifié de Βάκχοιο γαμοστόλος. Cette opposition épisodique n'en est
pas moins significative et trouve son illustration la plus claire sur
les sarcophages du nie siècle.
Typologiquement, deux grandes catégories se définissent en
fonction du personnage d'Hypnos-Sopor, suivant qu'il figure ou
non dans la scène. Alors que sur les exemplaires d'un premier
groupe, Ariane repose seule au moment où la joyeuse troupe des
daimonia voués au service du dieu vient s'agiter autour d'elle, sur
les autres sarcophages de la série, un Somnus barbu apparaît à ses
côtés : tantôt debout derrière elle, tantôt assis à son chevet, le
vieillard écarte le voile qui enveloppait la jeune femme endormie,
comme pour la remettre aux mains du dieu vainqueur.
Dans la première catégorie entrent bon nombre de sarcophages
d'époque variable, depuis un exemplaire du Musée des Thermes 2,
datable de la seconde moitié du 11e siècle, jusqu'à celui de Saint-
Médard d'Eyrans 3 que la coiffure ébauchée d'Ariane et le buste du
couvercle autorisent à situer vers les années 220-240 4, en passant
1 XLVIII, v. 636.
a N° 214. Cf. S. Aurigemma, Le Terme diDiocleziano e il Museo Naz
ionale Romano, 3e éd. (Rome, 1954), p. 150, n. 405, mais surtout R. Pa-
ribeni, Le Terme diDiocleziano... (Rome, 1928), n° 351, p. 154.
8 Cf., récemment, R. Etienne, Les sarcophages romains de Saint- Mé-
dard d'Eyrans, R. É. Α., LV (1953), p. 365-368.
* La natte plate relevée jusqu'au sommet du crâne n'apparaît qu'avec Sarcophage du Palais Borghése
(Inst. All. de Rome 55.119) Pl. II
Sarcophage de Cadenet DIONYSOS ANCIEN ET LE SOMMEIL INFERNAL 289
par l'extraordinaire cuve de la galerie des Candélabres, au Vatican,
qui appartient à l'époque sévérienne1. En revanche, le second
groupe n'est représenté, à ma connaissance, que par des exemp
laires d'exécution postérieure. Dans cette seconde catégorie, les
sarcophages d'un premier type nous montrent le Sommeil pourvu
de longues ailes et vêtu d'un chitôn à manches, comme sur un
relief bien connu de la Villa Albani2 : un exemplaire du Belvé
dère3, au Vatican, illustre, entre autres, cette interprétation tra
ditionnelle. Sur les sarcophages du second type, Hypnos-Sopor se
caractérise tantôt par un manteau très lâche qui laisse nus l'e
nsemble du1 torse et l'épaule droite — ainsi sur l'exemplaire de Bal
timore4 — tantôt par un χιτών χειριδωτος de type féminin, serré à
la taille par une ceinture à renflement triangulaire et recouvert en
partie par un large péplos qui passe par-dessus l'épaule gauche pour
lui envelopper le bas du corps, comme sur les deux exemplaires du
Palais Borghése 5 et de Cadenet e, où les ailes de Somnus sont ré
duites à leur plus simple expression.
On peut supposer sans doute que nous avons là autant de ré
pliques d'originaux différents, dont la création est bien antérieure
au développement de cette imagerie. On a souvent émis l'hypo
thèse que les thèmes de l'art funéraire impérial pouvaient fort bien
dériver de compositions picturales remontant à l'époque hellénis-
les portraits de Tranquillina et d'Otacilia Severa (cf. Delbrueck, Miinz-
bildn. von Maximinus bis Carinus, Berlin, 1940, Taf. IV ss.). « Première
moitié du me siècle », se contente d'affirmer M. Etienne (p. 368).
1 G. Lippold, jDm? Skulpt. des Vat. Mus., III, 2 (Berlin, 1956), p. 296.
2 W. Heibig, Führer..., 3e éd. (Leipzig, 1912-1913), II, p. 444, n° 1903.
8 W. Amelung, Die Sculpturen des Vat. Mus., II, n° 37, p. 88-91.
4 K. Lehmann-Hartleben et E. C. Olsen, Dionysiac Sarcophagi in Bal
timore, Baltimore, 1942, p. 14 et fig. 10. .
6 Notiz, d. Scavi, 1905, p. 420 sqq. et Arch. Anz., 1906, p. 104. Je
tiens à remercier ici le professeur F. Matz, de l'Université de Marburg,
qui a bien voulu me communiquer les renseignements qu'il possédait
sur ce sarcophage et m'autoriser à, en reproduire la photographie.
6 Espérandieu, Recueil..., I, n° 241, p. 176-177, qui n'a pas vu les
ailes du crâne et les traces de pavots.
Mélanges d'Arch. et d'Hiat. 1969. 19 !
ν»»
290 TÜRCAN
toute' généalogie certaine, il convient tique1. Mais, jen l'absence de
de noter au moins la chronologie relative de ces « formes » tardive»
— qu'elles soient ou non des répliques sculpturales de thèmes pic
turaux.
ì.1' ' ■' Les exemplaires du dernier type comptent aussi parmi les plus
récents de toute la série. Sur le sarcophage du Palais Borghése
' v (pi. I), la coiffure d'Ariane, à qui on a prêté les traits personnels de
la défunte, est conforme à la mode en vogue au milieu du nie siècle :
la grosse natte aplatie remonte jusqu'au-dessus du crâne, comme
sur les effigies d'impératrices, de Tranquillina à Salonine2. Du
point de vue stylistique, la demi-cuve de Gadenet (pi. II) est la
pièce la plus intéressante. Elle marque le terme de cet expression
nisme si fortement italique qui caractérise la sculpture romaine, - ■
''Si immédiatement avant la réaction hellénisante des années 260-
270 8. Le relief très accusé des personnages sur la face antérieure, les
plis fortement marqués et rigides du chitôn féminin de Sopor, l'e
xtraordinaire proéminence du mufle léonin rappellent étrangement
la facture et le style d'un sarcophage de la galerie Chiaramonti étu
dié l'an dernier dans cette Revue (p. 265 sq.). Il est difficile d'en
placer l'exécution avant 240, si on lui compare le sarcophage d'Aci-
lia4, daté par une coiffure féminine et le portrait masculin des
1 C

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