Ecrire en Russie au temps des troubles : le phénomène de concurrence grammaticale en moyen russe littéraire, Russian writing during the time of Troubles : the Phenomenon of Grammatical Competition in Meddle Russian (Early Seventeenth-Century)
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Ecrire en Russie au temps des troubles : le phénomène de concurrence grammaticale en moyen russe littéraire, Russian writing during the time of Troubles : the Phenomenon of Grammatical Competition in Meddle Russian (Early Seventeenth-Century)

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Description

Sous la direction de Jean Breuillard
Thèse soutenue le 08 décembre 2008: Paris 4
L’auteur s’intéresse au problème de la concurrence grammaticale en moyen russe littéraire (début du XVIIe siècle). L’étude porte sur une série de moyens d’expression distincts – morphes, types de compléments, outils de subordination, etc. – que les linguistes tiennent généralement pour des doublets sémantiques ou différenciés seulement stylistiquement. Leur emploi relèverait, selon le phénomène considéré et les auteurs, du hasard, d’un choix de langue (« slavon vs. russe »), d’un choix de norme, ou encore d’un choix de registre. En confrontant ces théories à la réalité de dix textes représentatifs de la littérature du Temps des Troubles, l’auteur marque leurs limites. Il tente alors d’élucider ce qui motive réellement le choix entre les doublets supposés. Dans ce but, il observe et compare les contextes dans lesquels ceux-ci apparaissent. Ce faisant, il met au jour des mécanismes cachés et contrastés qui permettent de retrouver la différence de valeur qui était attachée, dans l’esprit des auteurs qui les emploient, à chacune des formulations.
-Langue russe
-Diglossie
-Moyen russe
-Concurrence
-Histoire de la langue
-Diachronie
-XVIIe siècle
The author examines the problem of grammatical competition in middle literary Russian (early 17th century). The study covers a wide range of linguistic expressions (morphs, cases, subordination) - that linguists usually consider either as semantic doublets or as purely different stylistic forms. Depending on the phenomenon under consideration, and on the author, their use could be attributable to chance, to the choice of language (Slavonic vs. Russian), or to a choice of standard and stylistic level. The author tests these theories on ten texts written during the Time of Troubles, and as a result points out their limits He then attempts to throw light on what really motivates the choice between the supposed doublets. To this end he examines and compares the contexts in which they appear. In doing so, he uncovers a variety of hidden mechanisms that reveal the differences in value that the authors of these texts attached to each of these forms.
Source: http://www.theses.fr/2008PA040213/document

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Publié par
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait


UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE
(Paris IV)

ÉCOLE DOCTORALE 5 “CONCEPTS ET LANGAGES”

N° attribué par la bibliothèque :


THÈSE

pour l’obtention du grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS IV
Discipline : Linguistique
présentée et soutenue publiquement par
Mme Xénia YAGELLO
le 8 décembre 2008


ÉCRIRE EN RUSSIE AU TEMPS DES TROUBLES

Le phénomène de concurrence grammaticale en moyen russe
littéraire

Volume I


Directeur de thèse :
Monsieur le Professeur Jean BREUILLARD,
Professeur à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV)



JURY


Mme Christine BRACQUENIER, Professeur à l’Université Charle-de-Gaulle (Lille III)
Mme Hélène COURTIN, Professeur à l’INALCO
M. Stéphane VIELLARD, Maître de conférences habilité à diriger des recherches à
l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV)
M. Jean BREUILLARD, Professeur à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV)




A toute ma famille




J’exprime ma plus profonde et sincère gratitude à M. le Professeur Jean Breuillard,
Professeur à la Sorbonne, qui a mis tant de confiance, de patience et de générosité dans la
direction de mes travaux. Il m’a éclairée de ses précieux conseils et de ses critiques
judicieuses tout au long de mes recherches, malgré les difficultés entraînées par mon
éloignement géographique.
J’ai une dette particulière envers le M. le Professeur Jean-Paul Sémon, à qui je dois non
seulement les débuts de ma formation et de cette recherche, mais surtout l’intérêt, qu’il a su
éveiller en moi, pour la linguistique diachronique.
Je remercie vivement M. Olivier Azam, qui m’a soutenue tout au long de mes travaux,
en prodiguant ses encouragements et ses suggestions, dans une écoute attentive et
bienveillante.
Ma reconnaissance va aussi à M. André Monnier et Mme Dolorès Haudressy, dont j’ai
eu la chance d’être l’étudiante à l’Université de la Sorbonne, et dont la réflexion et l'attention
ont été pour moi un grand stimulant.
Mes remerciements vont aussi au personnel des bibliothèques parisiennes et moscovites
sans qui ce travail n’aurait pas vu le jour, du centre Malesherbes, de l’INALCO, de l’Institut
d’études slaves, des bibliothèques nationale et historique de Moscou.
J’exprime enfin toute ma gratitude à tous ceux qui m’ont épaulée durant ces années. A
mes amis, à mes parents et beaux-parents ainsi qu’à mes soeurs, enfin à mon époux, David,
pour leur attention et leur soutien de chaque instant. Je tiens aussi à remercier mes enfants,
Pierre, Dimitri, Marina et Nathalia, pour leur affection et leur patience.

Moscou, octobre 2008







INTRODUCTION 5
I. Introduction générale




Quiconque, russophone ou russisant, s’intéresse à l’histoire du russe n’a au départ d’autre
echoix que de souscrire, tant elle est profondément enracinée, à la thèse selon laquelle, du X
eau XVI siècle inclus, avaient cours en Russie deux langues écrites.

La thèse de la dualité du russe écrit

Au-delà de divisions, certes importantes, sur leur nature, l’ensemble des linguistes oppose en
effet deux systèmes linguistiques, l’un proche de la langue parlée, l’autre très éloigné.

Tous les historiens de la langue sont d’accord pour affirmer qu’il existait un système écrit
proche du russe parlé, ouvert par conséquent aux évolutions naturelles de la langue.
Autrement dit, il s’agissait de la variante écrite de la langue parlée, éloignée d’elle
uniquement par les spécificités propres à l’écriture.

On oppose d’ordinaire à ce système écrit un second, spécifiquement livresque et éloigné de la
langue parlée, et que l’on désigne par les noms de slavon ou de vieux russe littéraire. Il
convient de préciser d’emblée que ce consensus cache en réalité des divisions importantes,
quel que soit le nom que les linguistes lui prêtent, sur la nature de ce second système.

eUne première école dont les représentants, pour ne citer que ceux qui, au XX siècle ont dans
ce domaine exprimé leur pensée de la façon la plus explicite, sont A. A. ŠAXMATOV,
B. UNBEGAUN, considèrent que ce système, slavon ou littéraire, est le prolongement de la
langue d’église. Or le slavon d’église est l’héritier non pas du vieux russe, mais du vieux
eslave, qui était la langue des textes liturgiques traduits au IX siècle pour les premières Eglises
slaves. Il avait pour base dialectale le vieux bulgaro-macédonien, langue parlée à
Thessalonique dont étaient originaires Cyrille et Méthode auxquels avait été confiée la tâche
de traduire les textes canoniques. Pour les Slaves de l’actuelle Russie, c’était une langue
proche de la leur, le vieux russe vernaculaire, mais qui s’en distinguait, outre les nombreuses
créations des traducteurs, souvent calquées du grec, par un certain nombre de traits dialectaux,
des vieux-bulgarismes. Une fois importés en Russie à la faveur de sa christianisation à la fin
edu X siècle, les textes canoniques furent recopiés par des copistes russes qui en éliminèrent
certains des traits vieux-bulgaro-macédoniens que nous venons d’évoquer, mais pas tous. Du
fait de sa nature exclusivement écrite, et malgré l’impératif d’une langue liturgique accessible
aux fidèles, le slavon liturgique a d’autre part, au fil du temps, conservé un certain nombre de
moyens d’expression qui n’étaient pas spécifiquement vieux-bulgares, mais qui se sont
progressivement évanouis dans la langue parlée, et constituaient par conséquent, par rapport à
la langue vernaculaire, des archaïsmes. Ce vieux slave russisé ou slavon russe a, selon cette
école, rapidement et pour longtemps, étendu son emploi, du culte à la littérature. Ceci
explique que le second système écrit, dans sa variante non liturgique, présentait par ricochet,
les mêmes spécificités, constituées notamment par des emprunts et des archaïsmes, que les
textes liturgiques. Pour les tenants de cette théorie, comme le dit Jean-Paul SÉMON, « le
russe littéraire moderne n’est que le dernier stade de l’évolution du vieux russe littéraire, INTRODUCTION INTRODUCTION GENERALE 6
marquée dès le XVIIIe siècle par une influence croissante du russe vernaculaire, du polonais
1et des langues occidentales, en particulier du français » .

La théorie de Boris USPENSKIJ, si elle présente le même point de départ, est fort différente.
eIl considère en effet qu’au XVII siècle le russe est venu se substituer au slavon dans les
emplois littéraires.

Enfin une troisième école, dont les représentants principaux sont S. P. OBNORSKIJ, V. V.
VINOGRADOV, M. L. REMNËVA, oppose également à la variante écrite vernaculaire un
second système spécifiquement littéraire. Cependant, quoiqu’ils le désignent souvent par le
même terme de « slavon » (parallèlement au terme de vieux russe littéraire), ce système
représente, dans leur esprit, du russe fortement slavonisé, c’est-à-dire un dérivé de la langue
2vernaculaire, influencé seulement par le slavon liturgique .

Si l’on résume, le slavon russe ou le vieux russe littéraire, représente pour les uns du vieux
3slave russifié, pour les autres, du russe slavonisé . Cette querelle continue d’animer les débats
entre les slavistes, comme en témoignent de nombreux ouvrages et articles consacrés à cette
4question . Cependant, et c’est ce qui est important, cela ne change rien au fait que, sur le plan
pratique et concret, l’ensemble des linguistes opposent deux systèmes ayant en commun une
partie non négligeable de leur lexique et de leur grammaire, mais qui se différencient dans de
multiples micro-domaines, par deux séries distinctes de moyens d’expression en situation
de synonymie absolue. La première série est formée par ce que l’on appelle les slavonismes,
qu’il s’agisse de formes étrangères à la langue parlée ou évanouies dans cette dernière. La
seconde série est constituée de russismes, moyens d’expression autochtones et vivants dans la
langue parlée.




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