Éléments pour une nouvelle politique agricole - article ; n°1 ; vol.42, pg 95-134
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Description

Revue de l'OFCE - Année 1992 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 95-134
Elements of a new Agricultural Policy Jacques Le Cacheux et Henri Mendras The European common agricultural policy (CAP) had initially been conceived as a device to ensure the expansion of agricultural production thanks to the modernization of techniques and the intensification of agriculture. It had however tended to degenerate into a system of management of agricultural decline. From the point of view of the European objective of self-sufficiency and in terms of export performance, especially for France, this policy may be said to have been a success, as may be ascertained by the various economic indicators availabe. But in spite of direct subsidies and an increasingly costly price support mechanism for basic foodstuffs, the French agricultural population has continued to shrink at an annual rate of 2 to 3 % ; average incomes have been more or less maintained, but only thanks to the declining number of farmers ; and disequilibria have persisted, insofar as this tendency has not led to the disappearance of excess supplies, notably for milk and cereals. Hence, up until the recent reform, the CAP was essentially feeding the disequilibria that have been killing the profession. The new CAP only attempts to remedy the persistant tendency to excess supply by curbing the incentives to produce. It is therefore perceived by farmers as a device meant to accelerate their disappearance or, through direct income support, to « preserve the species », in the same way as has been done elsewhere for native Americans or even threatened animal species. How to design a genuine agricultural policy that would be viable in the long run remains an open issue : although it offers a number of promising directions, the present paper is no more than an invitation to reflect on such an alternative policy.
Conçue pour assurer une expansion des productions agricoles par la modernisation des exploitations et l'intensification, l'ancienne Politique agricole commune (PAC) européenne, dont la réforme suscite aujourd'hui l'inquiétude des agriculteurs, avait dégénéré en un système de gestion du déclin agricole. Malgré les subventions directes et un soutien de plus en plus coûteux des cours, la population agricole a continué de décliner à un rythme soutenu (entre - 2 % et - 3 % par an) ; le revenu moyen ne s'est maintenu que par ce déclin ; de plus les déséquilibres demeurent, puisque les départs n'entraînent pas la résorption des excédents de produits de base, notamment le lait et les céréales. L'ancienne PAC servait donc principalement à nourrir les déséquilibres dont meurent les agriculteurs. La nouvelle PAC tente de remédier à la surproduction agricole en limitant les incitations à la production. De ce fait, elle donne aux agriculteurs le sentiment qu'il s'agit simplement d'organiser leur lente disparition ou, par les aides directes, de « préserver l'espèce », comme on le fait des Indiens dans leur réserve ou des animaux en voie de disparition. La question d'une politique agricole réellement viable à long terme reste en fait ouverte : c'est à la réflexion sur cette autre politique agricole qu'invite cet article, en indiquant quelques pistes pour une véritable ambition agricole.
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jacques Le Cacheux
Henri Mendras
Éléments pour une nouvelle politique agricole
In: Revue de l'OFCE. N°42, 1992. pp. 95-134.
Citer ce document / Cite this document :
Le Cacheux Jacques, Mendras Henri. Éléments pour une nouvelle politique agricole. In: Revue de l'OFCE. N°42, 1992. pp. 95-
134.
doi : 10.3406/ofce.1992.1290
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1992_num_42_1_1290Résumé
Conçue pour assurer une expansion des productions agricoles par la modernisation des exploitations et
l'intensification, l'ancienne Politique agricole commune (PAC) européenne, dont la réforme suscite
aujourd'hui l'inquiétude des agriculteurs, avait dégénéré en un système de gestion du déclin agricole.
Malgré les subventions directes et un soutien de plus en plus coûteux des cours, la population agricole
a continué de décliner à un rythme soutenu (entre - 2 % et - 3 % par an) ; le revenu moyen ne s'est
maintenu que par ce déclin ; de plus les déséquilibres demeurent, puisque les départs n'entraînent pas
la résorption des excédents de produits de base, notamment le lait et les céréales. L'ancienne PAC
servait donc principalement à nourrir les déséquilibres dont meurent les agriculteurs.
La nouvelle PAC tente de remédier à la surproduction agricole en limitant les incitations à la production.
De ce fait, elle donne aux agriculteurs le sentiment qu'il s'agit simplement d'organiser leur lente
disparition ou, par les aides directes, de « préserver l'espèce », comme on le fait des Indiens dans leur
réserve ou des animaux en voie de disparition.
La question d'une politique agricole réellement viable à long terme reste en fait ouverte : c'est à la
réflexion sur cette autre politique agricole qu'invite cet article, en indiquant quelques pistes pour une
véritable ambition agricole.
Abstract
Elements of a new Agricultural Policy
Jacques Le Cacheux et Henri Mendras
The European common agricultural policy (CAP) had initially been conceived as a device to ensure the
expansion of agricultural production thanks to the modernization of techniques and the intensification of
agriculture. It had however tended to degenerate into a system of management of agricultural decline.
From the point of view of the European objective of self-sufficiency and in terms of export performance,
especially for France, this policy may be said to have been a success, as may be ascertained by the
various economic indicators availabe. But in spite of direct subsidies and an increasingly costly price
support mechanism for basic foodstuffs, the French agricultural population has continued to shrink at an
annual rate of 2 to 3 % ; average incomes have been more or less maintained, but only thanks to the
declining number of farmers ; and disequilibria have persisted, insofar as this tendency has not led to
the disappearance of excess supplies, notably for milk and cereals. Hence, up until the recent reform,
the CAP was essentially feeding the disequilibria that have been killing the profession.
The new CAP only attempts to remedy the persistant tendency to excess supply by curbing the
incentives to produce. It is therefore perceived by farmers as a device meant to accelerate their
disappearance or, through direct income support, to « preserve the species », in the same way as has
been done elsewhere for native Americans or even threatened animal species.
How to design a genuine agricultural policy that would be viable in the long run remains an open issue :
although it offers a number of promising directions, the present paper is no more than an invitation to
reflect on such an alternative policy.Eléments pour une nouvelle
politique agricole *
Jacques Le Cacheux et Henri Mendras
Département des études de l'OFCE
Conçue pour assurer une expansion des productions agricoles
par la modernisation des exploitations et l'intensification,
l'ancienne Politique agricole commune (PAC) européenne, dont la
réforme suscite aujourd'hui l'inquiétude des agriculteurs, avait
dégénéré en un système de gestion du déclin agricole. Malgré les
subventions directes et un soutien de plus en plus coûteux des
cours, la population agricole a continué de décliner à un rythme
soutenu (entre - 2 % et - 3 % par an) ; le revenu moyen ne s'est
maintenu que par ce déclin ; de plus les déséquilibres demeurent,
puisque les départs n'entraînent pas la résorption des excédents
de produits de base, notamment le lait et les céréales. L'ancienne
PAC servait donc principalement à nourrir les déséquilibres dont
meurent les agriculteurs.
La nouvelle PAC tente de remédier à la surproduction agricole
en limitant les incitations à la production. De ce fait, elle donne
aux agriculteurs le sentiment qu'il s'agit simplement d'organiser
leur lente disparition ou, par les aides directes, de « préserver
l'espèce », comme on le fait des Indiens dans leur réserve ou des
animaux en voie de disparition.
La question d'une politique agricole réellement viable à long
terme reste en fait ouverte : c'est à la réflexion sur cette autre
politique agricole qu'invite cet article, en indiquant quelques
pistes pour une véritable ambition agricole.
Les agriculteurs français vivaient depuis trente ans dans la fausse
sécurité que leur avait donnée la politique agricole Pisani-Debatisse des
lois d'orientation de 1962. De plus ils avaient l'orgueil justifié d'être des
(*) Les auteurs tiennent à exprimer leurs plus vifs remerciements à Louis Chauvel et à
Laurence Duboys Fresney pour leur aide précieuse dans la préparation des graphiques, la
rédaction des encadrés, et plus généralement, pour leurs apports à cette étude, dont le
contenu n'engage, cependant, que la responsabilité des signataires.
Observations et diagnostics économiques n° 42 / octobre 1992 95 Jacques Le Cacheux, Henri Mendras
producteurs compétents qui avaient su se moderniser, réduire leurs
effectifs, augmenter leur productivité tout en créant des institutions
neuves et puissantes. Qui aurait prédit en 1950 que des paysans, rétifs
au crédit, pour lesquels « se mettre en dette » était le début de la
misère, vingt ans plus tard, auraient tous un compte en banque et
seraient tous débiteurs ? Qui l'aurait prédit se serait vu traité de farceur.
Or le Crédit agricole est aujourd'hui la première puissance financière
française et l'une des dix premières au monde. En même temps que « le
crédit », les agriculteurs créaient la Mutualité sociale agricole, dévelop
paient les services techniques des chambres d'agriculture, conservaient
l'autorité directe sur la moitié environ de l'environnement agricole, déve
loppaient de puissantes coopératives et inventaient de nouvelles formes
juridiques de gestion des entreprises : GAEC (Groupement agricole
d'exploitation en commun), CUMA (Coopérative d'utilisation des matér
iels agricoles), GFA (Groupement foncier agricole). Toutes ces créations
institutionnelles étaient couronnées par des associations de producteurs
spécialisés (céréales, lait, viande, betterave,...) toutes soumises à la
conduite unique de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats
d'exploitants agricoles). Toutes ces OPA (Organisations professionnelles
agricoles) obtenaient de « co-gérer » l'agriculture française avec le gou
vernement et l'administration du ministère de l'Agriculture. Cogestion
qui devenait même gestion directe lorsque le Président de la FNSEA
était nommé secrétaire d'Etat aux industries agro-alimentaires, comme
Michel Debatisse en 1979 à 1981, voire ministre de l'Agriculture
François Guillaume de 1986 à 1988.
Cette extraordinaire « montée en puissance » des OPA accompagnait
et dirigeait une modernisation des techniques de production, une res
tructuration et une concentration des exploitations et surtout une révo
lution dans les méthodes de gestion économique, qui faisait de l'agr
iculture le secteur de production qui a accompli de manière continue les
progrès de productivité de la main-d'œuvre les plus spectaculaires : en
moyenne 5 % par an depuis quarante ans. D'importatrice de produits
alimentaires, la France devenait exportatrice et le solde des échanges
alimentaires contribuait de façon décisive à l'équilibre de la balance
commerciale. Parallèlement, le nombre d'exploitants agricoles passait
de 5 mil

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