Endogénéisation des externalités de recherche : le rôle de la capacité d émission des connaissances - article ; n°1 ; vol.102, pg 7-28
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 2003 - Volume 102 - Numéro 1 - Pages 7-28
This paper focuses on firms knowledge emission capability in echo to the « absorptive capability » introduced by Cohen and Levinthal (1989). We first point out the main differences between the traditional view of knowledge spillovers and a more modern view, where spillovers are considered as endogenous. Within this second framework, firms have the ability to hold their new knowledge secret during very long spell of time. However, they often decide to disclose widely some parts of their knowledge through patents, scientific publications or conferences. Our aim is first to resume the different motivations of such apparently non-rational behaviour. Then, we focus on a particular explanation : universal knowledge disclosure as a strategy oriented to join innovation networks. Indeed, important technological knowledge usually flows within innovation networks and if outsiders want to have an access to this knowledge, they must enter the network. Thus, in order to do so, they can be induced to reveal widely some of their knowledge to send a signal of their competences to the insiders.
Cette contribution s'intéresse à la capacité d'émission des connaissances des firmes, en écho à la « capacité d'absorption » introduite par Cohen et Levinthal (1989). Les externalités de recherche, considérées comme exogènes par la théorie classique, sont supposées ici contrôlables par les firmes. Or ces dernières, loin de vouloir toujours garder le secret sur leurs innovations, choisissent souvent de révéler largement certaines de leurs connaissances les plus importantes à travers des brevets, des publications scientifiques ou encore des conférences. Après avoir recensé plusieurs explications de telles pratiques de diffusion universelle de connaissances, il est suggéré que ces émissions, en permettant à l'émetteur de se signaler et donc de briser les asymétries d'information, sont un moyen d'intégrer des réseaux de production de connaissances dans le but de profiter des connaissances qui circulent à l'intérieur de ces réseaux. La diffusion universelle de connaissances est donc souvent une condition préalable à des échanges de connaissances restreints, à l'intérieur d'un réseau d'innovation.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Julien Penin
Endogénéisation des externalités de recherche : le rôle de la
capacité d'émission des connaissances
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 102. 1er trimestre 2003. pp. 7-28.
Citer ce document / Cite this document :
Penin Julien. Endogénéisation des externalités de recherche : le rôle de la capacité d'émission des connaissances. In: Revue
d'économie industrielle. Vol. 102. 1er trimestre 2003. pp. 7-28.
doi : 10.3406/rei.2003.1830
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2003_num_102_1_1830Abstract
This paper focuses on firms knowledge emission capability in echo to the « absorptive capability »
introduced by Cohen and Levinthal (1989). We first point out the main differences between the
traditional view of knowledge spillovers and a more modern view, where spillovers are considered as
endogenous. Within this second framework, firms have the ability to hold their new knowledge secret
during very long spell of time. However, they often decide to disclose widely some parts of their
knowledge through patents, scientific publications or conferences. Our aim is first to resume the
different motivations of such apparently non-rational behaviour. Then, we focus on a particular
explanation : universal knowledge disclosure as a strategy oriented to join innovation networks. Indeed,
important technological usually flows within innovation networks and if outsiders want to
have an access to this knowledge, they must enter the network. Thus, in order to do so, they can be
induced to reveal widely some of their knowledge to send a signal of their competences to the insiders.
Résumé
Cette contribution s'intéresse à la capacité d'émission des connaissances des firmes, en écho à la «
capacité d'absorption » introduite par Cohen et Levinthal (1989). Les externalités de recherche,
considérées comme exogènes par la théorie classique, sont supposées ici contrôlables par les firmes.
Or ces dernières, loin de vouloir toujours garder le secret sur leurs innovations, choisissent souvent de
révéler largement certaines de leurs connaissances les plus importantes à travers des brevets, des
publications scientifiques ou encore des conférences. Après avoir recensé plusieurs explications de
telles pratiques de diffusion universelle de connaissances, il est suggéré que ces émissions, en
permettant à l'émetteur de se signaler et donc de briser les asymétries d'information, sont un moyen
d'intégrer des réseaux de production de connaissances dans le but de profiter des connaissances qui
circulent à l'intérieur de ces réseaux. La diffusion universelle de connaissances est donc souvent une
condition préalable à des échanges de restreints, à l'intérieur d'un réseau d'innovation.Julien PENIN (*)
BETA, université Louis Pasteur
Université du Québec à Montréal
Département des sciences économiques
ENDOGENEISATION
DES EXTERNALITÉS DE RECHERCHE :
LE RÔLE DE LA CAPACITÉ D'ÉMISSION
DES CONNAISSANCES
Mots-dés: Externalités de recherche, révélation volontaire de connaissances, réseau d'in
novation, coopération en R&D, signaling.
Key words : Free Knowledge Disclosure, R&D Spoillovers, Innovation Netword,
Signalling, Cooperation.
« Essential feature of collective invention was the release of technical information to actual
and potential competitors... To the degree that economists have considered this behavior at
all, it has been regarded as an undesired « leakage » that reduces the incentives. That firms
desire such behavior are possibilities not yet explored. They should be ». (Allen, 1983, p. 21)
INTRODUCTION
La connaissance est considérée comme la principale source de croissance
des économies dites développées. Les économistes l'ont tout d'abord considé
rée comme un bien public pur, non rival et non appropriable, donc source d' ex
ternalités (voir Nelson, 1959, Arrow, 1962). Selon cette vision traditionnelle,
et par la définition d'une externalité, la plupart des échanges de connaissances
seraient exogènes aux comportements des agents. Ces derniers ne maîtrisent ni
(*) Ce travail n'aurait pas vu le jour sans le financement du Conseil de la Recherche en
Sciences Humaines du Canada (CRSH). Tous mes remerciements vont également à
Laurent Bach, Patrick Cohendet, Pierre Mohnen, Frédéric Hanin ainsi qu'à trois rapport
eurs anonymes pour leurs commentaires. Les erreurs restent bien évidemment les
miennes.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 102, V trimestre 2003 le processus d'émission de leurs connaissances ni l'absorption des connais
sances externes.
En opposition directe avec cette vision classique, une nouvelle approche
consiste à supposer que les externalités de connaissances sont dépendantes des
comportements des firmes (ce ne sont donc plus des externalités au sens
propre du terme). Tout d'abord, l'absorption de connaissances externes n'est
ni libre ni gratuite. Il est impératif pour les firmes, afin d'exploiter les connais
sances externes, de construire et d'entretenir une capacité d'absorption qui
dépend, entre autres, des investissements passés en R&D réalisés par la firme
(voir Cohen et Levinthal, 1989).
L'émission des connaissances est également en partie endogène car la
connaissance n'est pas un bien public pur. Elle ne se présente pas sous la forme
d'un bien parfaitement codifié et impossible à garder secret (voir Arrow,
1962). Au contraire, c'est un bien très hétérogène, souvent tacite et non incor
poré dans un output quelconque (voir Foray, 1998). Ainsi, les firmes peuvent
souvent garder certaines de leurs connaissances secrètes sur une période de
temps assez large.
En revanche, et c'est un aspect nettement moins abordé en économie, il est
vrai aussi que les entreprises choisissent souvent de révéler volontairement et
à un large public des connaissances à travers des publications scientifiques
(voir Hicks, 1995), des brevets, des colloques ou des conférences. Les firmes
disposent d'une capacité d'émission de leurs connaissances. À l'instar de
Cohendet et Meyer- Krahmer (2001, p. 60), nous définissons la capacité
d'émission des connaissances comme: « the ability to tune the disclosure-
secrecy dimension ».
Malgré certaines avancées notables (voir Allen, 1983; von Hippel, 1987;
Hicks, 1995 ; Harhoff, Henkel et von Hippel, 2000 ; Lhuillery, 2001), la capac
ité d'émission des firmes reste un domaine largement inexploré. De nomb
reuses questions se posent encore pour savoir quelles sont les caractéristiques
principales d'une firme émettrice, comment celle-ci diffuse ses connaissances
(par quels vecteurs de transmission), à qui elle les et surtout pourquoi
elle le fait. Ne pouvant pas prétendre aborder toutes ces questions en un seul
article, ce travail se limite au pourquoi de la diffusion des connaissances. Nous
explorons les raisons qui motivent les pratiques de diffusion universelle de
connaissances des entreprises sachant que ces diffusions vont profiter aux
concurrents directs.
Avant d'aller plus loin, nous attirons l'attention du lecteur sur la différence
entre la diffusion de connaissances restreinte à un groupe particulier d'agents
et la universelle de connaissances où l'émetteur ne peut pas exclure
un agent en particulier de profiter des connaissances diffusées. Dans le premier
cas, la connaissance diffusée est un bien collectif ou un bien de réseau tandis
que dans le second, c'est un bien public dans le sens où la connaissance est
potentiellement accessible à tous (mais pas forcément gratuitement). Notre tra-
8 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 102, 1er trimestre 2003 vail porte uniquement sur la diffusion universelle de connaissances. Nous
cherchons ainsi à comprendre pourquoi des entreprises publient dans des
revues scientifiques ou encore déposent des brevets sans exploiter le monopol
e associé au brevet.
Ces émissions universelles de connaissances sont, par exemple, un moyen de
bénéficier d'externalités pécuniaires en retour (voir Harhoff et al, 2000).
L'émetteur peut également espérer une certaine réciprocité de la part des autres
firmes (voir von Hippel, 1987), avoir un intérêt à ce que son innovation soit
établie comme standard dans l'économie ou envisager des effets positifs liés à
la réputation d'innovateur.
De plus, et c'est principalement sur ce point que no

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