Entre invention, restauration et vente : la peinture médiévale au début du XXe siècle - article ; n°14 ; vol.7, pg 73-90
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Entre invention, restauration et vente : la peinture médiévale au début du XXe siècle - article ; n°14 ; vol.7, pg 73-90

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Description

Médiévales - Année 1988 - Volume 7 - Numéro 14 - Pages 73-90
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Prof. Gianni Mazzoni
Prof. Alberto Olivetti
† Odile Redon
Lada Hordynsky-Caillat
Entre invention, restauration et vente : la peinture médiévale au
début du XXe siècle
In: Médiévales, N°14, 1988. pp. 73-90.
Citer ce document / Cite this document :
Mazzoni Gianni, Olivetti Alberto, Redon Odile, Hordynsky-Caillat Lada. Entre invention, restauration et vente : la peinture
médiévale au début du XXe siècle. In: Médiévales, N°14, 1988. pp. 73-90.
doi : 10.3406/medi.1988.1102
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1988_num_7_14_1102Alberto OLIVETTI et Gianni MAZZONI
ENTRE INVENTION, RESTAURATION ET VENTE :
LA PEINTURE MÉDIÉVALE AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE
Obscures demeurent les vicissitudes qui, entre la fin du siècle der
nier et la première moitié du nôtre, portèrent les connaisseurs à découv
rir et à apprécier certaines œuvres d'art de grande qualité ou permirent
la formation de prestigieuses collections, grâce à des récupérations, des
restaurations ou de surprenantes trouvailles. L'activité privée des col
lectionneurs et le commerce de l'art ancien revêtent un intérêt particulier
pour qui veut reconstruire soit les lignes de force orientant le goût d'une
époque, soit les occasions qui incitèrent à la redécouverte et à la valori
sation d'auteurs et d'oeuvres, d'écoles et de tendances. Sans aucun doute,
les contributions les plus nécessaires en la matière sont celles qui peuvent
fournir des informations circonstanciées, fondées sur des témoignages
et des documents autant que possible précis et dignes de foi. Et il n'est
pas exclu que ces contributions puissent enfin projeter la lumière sur des
points critiques de l'histoire de l'art.
Conscients de l'ampleur de ces problèmes, nous proposons ici la
relation dejdeux événements artistiques qui se sont déroulés dans les
années 20. Évidemment liés au goût qui se développait alors, et notam
ment à l'étranger, pour la peinture italienne ancienne, l'époque comme
les protagonistes, ils présentent, nous semble-t-il, un caractère exemp
laire. Dans les deux cas, nous trouvons au centre la figure de Icilio
Federico Joni1. Dans la première de nos deux brèves histoires, un rôle
1. Icilio Federico Joni naît à Sienne, enfant trouvé (flglio (S Spedalé), en janvier 1866
(Archivio Comunale di Siena, Uflïcio di Stato Civile 1866, n. 47, f. 24 r"). Entré très jeune,
après une enfance tourmentée, dans l'atelier du doreur Giovacchino Corsi, où il a appris
les techniques de l'art, Joni fréquentera plus tard, quoique irrégulièrement, l'école d'orne
mentation à l'Accademia Senese di Belle Arti, sous la direction du peintre décorateur
Giorgio Bandini et, par la suite, les cours du peintre Alessandro Franchi. Cest peut-être
dans le climat puriste de cette académie dont le siège à l'époque était contigu à la Pinaco
thèque de Sienne que s'épanouit la passion intense de Joni pour les maîtres « primitifs »,
déjà stimulée par l'activité croissante des collectionneurs étrangers et par l'effervescence
qu'elle engendrait sur le marché local des antiquités. D'une technique de restauration i
tendance manipulatrice suggérée par les antiquaires, Joni arrive à la production ex novo
de « peintures anciennes » qu'il commence, à partir d'environ 1890, à diffuser par l'inte
rmédiaire d'émissaires spécialisés sur le marché national - Rome, Florence, Venise, etc 74
eminent revient à l'antiquaire siennois Giuseppe Mazzoni2, auteur de
divers écrits qui dépeignent sur le vif la pratique du commerce des objets
d'art en son temps. Le second cas suggère des réflexions sur l'œuvre et
la personne de Joni, un artiste qu'il est désormais impossible de réduire
à la simple figure de faussaire.
I. Une Vierge du Quattrocento
À partir du second numéro de l'année 1927, la revue La Diana ac
cueille une rubrique destinée à «illustrer les œuvres de l'art siennois
ancien, inédites ou peu connues, qui se trouvent dans des collections
privées italiennes ou étrangères, pensant faire en cela une chose agréable
- et international - Paris surtout mais aussi Londres, Munich, Berlin, Francfort, Lugano,
etc. - et obtient un très grand et durable succès, qui mit plus d'une fois dans l'embarras
des critiques et des connaisseurs célèbres tels que Frederic Mason Perkins et même Bernard
Berenson. Joni pratiquera alternativement son travail de restaurateur et de faussaire en
même temps qu'une activité épisodique de marchand d'oeuvres d'art anciennes. Nous tra
vaillons depuis assez longtemps à la reconstruction précise et documentée de la production
de l'étrange peintre siennois. En effet la notoriété de Joni est, encore aujourd'hui, inju
stement liée à son livre intitulé Le Memorie di un pittore di quadri antichi (publié en 1932),
puis traduit en anglais sous le titre Affairs of a Painter, Londres 1936, plutôt qu'à la
connaissance précise de ses œuvres ; nous reviendrons ultérieurement sur ce sujet. F. Joni
mourut octogénaire dans sa ville natale le 23 janvier 1946. Sur Joni voir A. Lusini :
« Un'interessante figura d'artista senese : Federico Joni, pittore di madonne», dans La
Na2ione, Siena, 1er février 1946 (republié le 2 mars 1963); O. Kurz : Falsi efalsarl, Venise
1961; N. Mariano, introduction à F. Russoli : La Raccolta Berenson, Milan 1962;
H. W. Van os : « Op het spor van een Vervalser » dans Spiegel Hlstorlael VI, 1971, n. 2,
p. 80-87; G. Palumbo : Collezlone Federico Mason Perkins, Assise-Rome 1973; M. S.
Frinta : «The Quest for a Restorer's shop of Beguilging Invention : Restoration and
forgeries in Italian Panel Painting», dans The Art Bulletin LX, 1, 1978, p. 7-23;
M. Ferreti : « Falsi e tradizione artistica», dans Storla dell'Arte Itallana, Turin 1981, vol.
10, p. 1 13-195; M. S. Frinta : « Drawing the net closer : the case of Ilicio (sic) Federico
Joni, painter of antiques pictures», dans Pantheon, 1982, p. 217-224, 271-272; AA. VV.
Palio e Contrade tra Ottocento e Novecento, Sienne 1987; O. Pujmanova* : Italské Gotické
Arenasancni Obrazy v Ceskoloveskych sblrkach, Catalogue de l'exposition, 1987; J. Pope
hennessy : The Robert Lehman Collection, 1, Italian Paintings, Princeton 1987,
p. 262-266; G. Mazzoni : « Icilio Federico Joni », dans Siena tra Purlsmo e Liberty, Cata
logue de l'exposition, Rome, 1988.
2. Giuseppe Mazzoni naît à Sienne le 20 septembre 1887. Contemporain et ami de
l'écrivain Federico Tozzi, il partage avec lui une formation d'études, de lectures et expé
riences, un lien fort qui se brise en 1904 à la suite d'une dispute que Mazzoni évoque dans
La Vlta fragmentarla di Federigo Tozzl il vecchio ed II giovane dello stesso nome dlvenuto II
grande scrittore dei romanzl le tre crocl e a occhi chlusl [sic ]. Il a laissé un important fonds
littéraire composé de mémoires, journaux, pièces de théâtre et surtout poésies, presque
entièrement inédit et qui va des toutes premières années du siècle jusqu'en 1965, année de
sa mort. Grand connaisseur de l'art siennois ancien, il était aussi très apprécié comme ex
pert de céramique étrusque. On lui doit le projet d'un palais, style xiv« siècle, situé dans le
centre historique de Sienne, dont il dirigea la construction et qu'il destina à abriter une
galerie d'art. Sur Mazzoni, voir P. Cesarini : Tutti gll anni dl Tozzl, Montepulciano
1982; M. Marchi : Cronologta dans F. Tozzi : Opère, Milan, 1987, p. xxxiv-xxxvm. 75
aux connaisseurs et aux lecteurs de notre revue3». Dans ce numéro
Hero Misciattelli signale deux œuvres particulièrement intéressantes :
une belle terre cuite, présente dans la Casa d'Arte de Monsieur Mazzoni
à Sienne qui « dénonce » le style du grand Neroccio et qui, par sa puis
sance plastique et par « le sentiment raffiné et évocateur de la beauté »,
se présente comme un vrai chef-d'œuvre ; et ensuite « un merveilleux ta
bleau de Girolamo di Benvenuto, une douce Vierge émigrée de Sienne
dans la collection américaine de Monsieur Griggs » (fig. I)4.
C'est la première fois à notre connaissance qu'était publiée l'œuvre
dont nous nous apprêtons à raconter l'histoir

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