Eschyle, Hérodote, Diodore, Plutarque racontent la bataille de Salamine - article ; n°1 ; vol.98, pg 51-94
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1974 - Volume 98 - Numéro 1 - Pages 51-94
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Georges Roux
Eschyle, Hérodote, Diodore, Plutarque racontent la bataille de
Salamine
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 98, livraison 1, 1974. pp. 51-94.
Citer ce document / Cite this document :
Roux Georges. Eschyle, Hérodote, Diodore, Plutarque racontent la bataille de Salamine. In: Bulletin de correspondance
hellénique. Volume 98, livraison 1, 1974. pp. 51-94.
doi : 10.3406/bch.1974.2097
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1974_num_98_1_2097HÉRODOTE, DIODORE, PLUTARQUE ESCHYLE,
RACONTENT LA BATAILLE DE SALAMINE
mettre se Eschyle les évoquer. l'abondante un opérations même à récit Le pouvait péripéties trois. produisit La causes sujet poète deux de première, d'accord plus la présentait l'attendre Son l'histoire camps, de n'avait du militaires bataille l'affrontement bibliographie célèbre controverses divergences, récit combat ni la ni donc du sur principale, n'est aux de d'un sur bataille monde qui les étaient Salamine, pas en Athéniens, les d'incertitudes questions qui conduisirent combattant infinies. décisif, réalité mouvements besoin occidental, navale c'est a encore traité une ni qu'une que Les de en sur de gravées analyse topographie, nous et les historiens demeure, 472, la l'histoire ces esquisse, successifs d'un d'erreurs disposition décrire; Grecs ne problèmes, sa dans complète possédons tragédie témoin, après à modernes grecque, très ni il se toutes la des sur lui ramènent, vingt-cinq victoire. exacte et on escadres. pas mais des le vaisseaux suffisait les raisonnée constate lieu et n'ont un Perses, comme mémoires. peut-être tellement véritable exact Lorsque en siècles, A de pu dans gros, que lire des les où on se
schématique et rapide que, sans le secours de Plutarque, nous serions
aujourd'hui incapables de l'interpréter.
Bien que le genre historique lui permît de plus longs développements
qu'un récit de messager dans une tragédie, Hérodote est à peine plus
complet qu'Eschyle sur le chapitre des opérations militaires. Il les sacrifie
délibérément à ce qui l'intéresse avant tout : le comportement contrasté
des hommes qu'inspirent deux cultures antithétiques, la grecque et la
barbare. Il raconte longuement, par exemple, le solennel conseil de guerre
tenu par Xerxès àla veille de la bataille, mais expédie en quelques mots
la manœuvre exécutée sur ordre du Grand Roi à l'issue de ce conseil, sans
en expliquer ni les motifs ni les conséquences. Son récit de la bataille se
compose de quelques épisodes choisis. C'est un memento, non un compte
rendu d'état-major. Et cela est encore plus vrai de Plutarque : il ne se
réfère aux événements que dans la mesure où ils illustrent le caractère de
ses héros, Thémistocle et Aristide. Il se veut peintre d'hommes, non peintre 52 GEORGES ROUX [BCH 98
de bataille. Diodore (dont la source semble être Éphore) nous a légué
l'exposé le plus systématique, en dépit de quelques erreurs graves : mais
il est, lui aussi, incomplet. L'ampleur même de son ouvrage ne lui donnait
pas loisir d'entrer dans les détails. Salamine est un épisode, glorieux sans
doute, mais un simple épisode de l'histoire universelle. Diodore se contente
donc de décrire la bataille dans ses grandes lignes. Nous lui devons toutefois
quelques renseignements précieux qu'il est le seul à transmettre et qui
complètent heureusement le témoignage des trois autres auteurs.
Les lacunes de la tradition et la tentation qu'elles inspirent d'y suppléer
par de téméraires hypothèses, voilà la première cause d'incertitude et
d'erreurs. Les faits rapportés eux-mêmes sont difficiles à interpréter,
parce qu'ils sont exposés avec une concision excessive, trop vaguement
situés dans leur cadre géographique et souvent coupés de leur contexte
stratégique. Fort heureusement, les omissions de nos auteurs ne coïncident
pas toujours. Un examen global des textes permet de les éclairer les uns
par les autres. Plutarque commente Eschyle; Diodore répare les oublis
d'Hérodote. Les historiens n'ont pas toujours tiré parti de ces rapproche
ments, parce qu'ils ont cru découvrir des contradictions entre les textes.
Or, dans la plupart des cas, ces contradictions n'existent pas dans les
textes, mais dans les traductions qu'on en donne. Nous pouvons poser en
principe qu'une explication de la bataille qui concilie tous les témoignages
a plus de chances d'être exacte que celles qui obligent à en récuser quelques-
uns. Car il est peu vraisemblable qu'à propos d'un événement aussi notoire
que la bataille de Salamine il puisse exister entre eux une contradiction sur
un point fondamental.
Les lacunes de nos textes et leur concision excessive, laissant trop de
place à l'hypothèse, ont engendré une troisième cause d'erreur : l'illusion
tenace qu'une bataille si glorieuse et de si grande conséquence pour le
destin de l'hellénisme ait dû nécessairement être un chef-d'œuvre de
stratégie, une « grande » bataille, digne du génie d'un Napoléon ou d'un
Nelson. En vertu de cette idée préconçue, nourrie en particulier par les
officiers de marine qui, forts de leur qualité de spécialistes, ont tenté de
reconstituer le déroulement des opérations, les historiens se sont évertués
à extraire des textes une bataille navale idéale, exemplaire, conforme aux
bons principes de la tactique rationnelle. Beaucoup d'entre eux jouent au
combat naval avec les vaisseaux de Thémistocle et de Xerxès ; ils prélèvent
dans les textes les renseignements qui leur conviennent et dénient toute
valeur documentaire à ceux qui les gênent. Selon les besoins de la cause,
on déclare Hérodote « confus », Plutarque « tardif », Diodore « inintelligent » ;
on récuse même Eschyle, un « poète », combattant de Salamine il est vrai,
mais par là-même aussi mal placé, nous dit-on, pour comprendre le
déroulement global des opérations navales que Fabrice del Dongo celui de
la bataille de Waterloo. J'espère montrer dans les pages qui suivent que
tous les textes concordent pour l'essentiel sitôt que l'on accepte une image
un peu moins édifiante de la bataille de Salamine, bataille qui ne ressemble QUATRE RÉCITS DE LA BATAILLE DE SALAMINE 53 1974]
à aucune autre. Thémistocle la gagna, sans beaucoup de raffinement
stratégique peut-être, mais enfin il la gagna : peut-on demander davantage
à un général?
L'immense bibliographie consacrée à Salamine1 contient déjà, éparses,
les solutions de presque tous les problèmes. Il suffit de rassembler ces
morceaux de vérité en les liant par quelques observations nouvelles pour
recomposer comme une mosaïque un tableau à peu près exact de la
bataille. Il subsistera inévitablement quelques « blancs », comme sur
la panse de ces vases recollés où le plâtre remplace les tessons disparus.
Mieux vaut accepter cette conséquence des lacunes de la tradition que de
vouloir à tout prix y suppléer par des reconstitutions arbitraires. Nous
devons nous en tenir à ce que disent les textes anciens, et n'extrapoler que
lorsqu'ils nous fournissent des prémisses assurées. Quant aux auteurs
modernes, je les citerai pour reconnaître mes dettes, sans m'astreindre
à rappeler, pour le seul plaisir de les combattre, des hypothèses dont
(1) L'étude la plus détaillée est la thèse de C. N. Rados, La bataille de Salamine, Paris, 1915,
432 pp. (cité ci-après Rados), qui rassemble la bibliographie antérieure à 1915. Je ne cite ici
que les articles les plus importants auxquels je me réfère dans les pages qui suivent.
Concernant la topographie, je considère comme certaine l'identification de Psyttalie avec
la moderne Lipsokoutali (P. W. Wallace, « Psyttaleia and the trophies of the battle of Salamis »,
AJA 73 1 1969] p. 293-303) et comme très vraisemblable celle des îles Pharmacouses avec l'îlot
de Saint-Georges et l'écueil voisin, jadis émergé (H. Lolling, « Die Meerenge von Salamis »,
Festgabe an E. Curtius, 1884, p. 7 ; W. K. Pritchett, « Salamis revisited », dans Studies in ancient
topography I, chap. VII, p. 94-102). Sur les trophées de la bataille, P. W. Wallace, l. L, p. 299-
303. Sur le cap Côlias, G. Mylonas,

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