Étude comparative des statuettes féminines de Sireuil et Tursac (Dordogne) - article ; n°1 ; vol.35, pg 283-291
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Étude comparative des statuettes féminines de Sireuil et Tursac (Dordogne) - article ; n°1 ; vol.35, pg 283-291

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Description

Gallia préhistoire - Année 1993 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 283-291
Après une étude comparative des deux statuettes féminines de Tursac et de Sireuil, et devant les nombreuses similitudes qu'elles offrent (origine, matière, proportions, posture, état physiologique présenté), l'auteur émet l'hypothèse d'une main créatrice commune.
After a comparative study of two female statuettes from Tursac and Sireuil, which have many similarities (origin, material, proportions, posture, physiological condition), the author suggests that they were made by the same artist.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 51
Langue Français

Extrait

Dr Jean-Pierre Duhard
Étude comparative des statuettes féminines de Sireuil et Tursac
(Dordogne)
In: Gallia préhistoire. Tome 35, 1993. pp. 283-291.
Résumé
Après une étude comparative des deux statuettes féminines de Tursac et de Sireuil, et devant les nombreuses similitudes
qu'elles offrent (origine, matière, proportions, posture, état physiologique présenté), l'auteur émet l'hypothèse d'une main
créatrice commune.
Abstract
After a comparative study of two female statuettes from Tursac and Sireuil, which have many similarities (origin, material,
proportions, posture, physiological condition), the author suggests that they were made by the same artist.
Citer ce document / Cite this document :
Duhard Jean-Pierre. Étude comparative des statuettes féminines de Sireuil et Tursac (Dordogne). In: Gallia préhistoire. Tome
35, 1993. pp. 283-291.
doi : 10.3406/galip.1993.2090
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galip_0016-4127_1993_num_35_1_2090NOTE
ÉTUDE COMPARATIVE DES STATUETTES FÉMININES
DE SIREUIL ET TURSAC (DORDOGNE)
par Jean-Pierre DUHARD
Résumé
Après une étude comparative des deux statuettes féminines de Tursac et de Sireuil, et devant les nomb
reuses similitudes qu'elles offrent (origine, matière, proportions, posture, état physiologique présenté), l'auteur
émet l'hypothèse d'une main créatrice commune.
Abstract
After a comparative study of two female statuettes from Tursac and Sireuil, which have many similarities
(origin, material, proportions, posture, physiological condition), the author suggests that they were made by the same
artist.
Mots clefs : Sireuil et Tursac, statuettes féminines, Paléolithique supérieur, Gravettien.
Key words : Sireuil and Tursac, female statuettes, Upper Palaeolithic, Gravettian.
L'inventeur de la figurine de Tursac, H. Del- la posture, la morphologie, le style et le réalisme
porte, a insisté à différentes reprises sur les ressem- physiologique,
blances manifestées avec celle de Sireuil. Bien
qu'elles présentent des différences non négligeables, DF^CRJPTJON
on pourrait s'interroger sur leur possible parenté,
voire l'éventualité d'une commune origine. La statuette de sireuil
Après les avoir décrites, nous envisagerons suc
cessivement leurs similitudes et différences, en Elle a été trouvée en 1900 par M. Prat, dans un
détaillant : la provenance géographique, le support, chemin desservant une carrière de pierres, au lieu-dit
Gallia Préhistoire, 1993, tome 35, p. 283-291. 284 J.-P. DUHARD
Fig. 1 — Statuette de Sireuil.
Goulet-de-Gazelle, dans la commune de Sireuil, près rant qu'en lui étendant les membres, la cambrure
lombaire et la saillie fessière s'effaceraient. Il ne nous des Eyzies-de-Tayac, en Dordogne. La roue de char
rette qui la redressa de l'ornière boueuse où elle semble pas possible d'admettre que l'angulation
gisait l'amputa malheureusement de la tête et de la lombo-sacrée puisse disparaître avec l'extension des
main gauche (fig. 1)1. «La matière de l'objet est de la membres inférieurs ; ces fesses qui partent à angle
calcite ambrée [...] légèrement diaphane» et il mesure droit, comme celles du «Polichinelle» de Grimaldi,
92 mm de hauteur nous disent H. Breuil et D. Pey- présentent bien une stéatopygie postérieure, variété
rony qui la publieront trente ans après sa décou moins fréquente que l'étalée, mais pourtant aussi
verte, en donnant une assez bonne description physiologique (Cornil, .Vague, 1946).
Le volume de l'abdomen est important, il pré(1930).
La présence de seins évite d'avoir à discuter de sente une forte saillie régulière, du thorax au pelvis,
son sexe. Il n'y a pas de mamelon, mais à sa place avec une ligne pubo-ombilicale fortement oblique
une petite cupule, comme chez certaines patientes à vers le haut. Il s'agit, selon nous, d'un abdomen gra
seins ombiliqués (7 % de nos consultantes environ) ; vide.
La posture de cette jeune femme ne fait pas son absence pourrait aussi être simplement due à une
difficulté technique de réalisation, car nous obser l'unanimité : «gisant sur le ventre» pour H. Breuil et
D. Peyrony qui admettaient pourtant que l'objet vons un aspect comparable sur des figurines repré
sentant à l'évidence des femmes pares et nourrices, était destiné à être porté suspendu grâce à un trou
comme Willendorf I. Il n'y a aucune indication d'or percé entre les pieds, elle serait à genoux pour F.
Regnault et accroupie pour H. Delporte (1979). Nous ganes génitaux externes mais les autres caractères
sexuels secondaires féminins sont probants, associant ne croyons pas que H. Breuil et D. Peyrony soient
dans le vrai en la décrivant sur le ventre « redressant à un segment pelvi-crural assez fortement développé
son buste en s' appuyant sur les bras, et contractant les et à des hanches plus larges que les épaules (32 mm
jambes en relevant les pieds», ni qu'il s'agisse d'une contre 25 mm), une forte saillie fessière.
H. Breuil et D. Peyrony l'avaient trouvée stéa- posture contrefaite, de contorsionniste, comme le
pensait L. Passemard. Nous ne négligeons pas les topyge, ce que démentiront F. Regnault (1931), L.
Passemard (1938) et L. Pales (1972), ce dernier assu- arguments de H. Delporte qui, la mettant en parall
èle avec la statuette de Tursac, l'imagine verticale
et supportée par une tige enfoncée dans l'orifice de
forme conique placé entre les pieds, mais remarquons 1. Les photographies sont du Musée des Antiquités qu'il ne présente aucune trace d'usure. Nous pensons Nationales et les dessins : fig. 1, 2 et 4 de J.-P. Duhard et fig. 3
de H. Delporte. que cette jeune femme gravide peut être vue en STATUETTES DE SIREUIL ET TURSAC 285
-5 cm
Fig. 2 — Statuette de Tursac.
décubitus dorsal, en appui fessier et céphalique, le La statuette de tursac
dos cambré faisant bomber le thorax, d'où l'orienta
C'est une des rares statuettes trouvée en strattion des seins vers le haut de la figurine.
igraphie ces trente dernières années, et l'on doit cette Si la statuette de Lespugue présente un exemple
chance à H. Delporte et R. Antoine qui l'exhurare d'abduction du bras, celle-ci en offre un autre,
mèrent en 1959 de l'abri du Facteur à Tursac, égaleaussi peu courant dans la ronde-bosse, de dégage
ment près des Eyzies-de-Tayac, dans un niveau du ment des avant-bras en avant du corps. Les deux
Périgordien V (fig. 2). Grâce à plusieurs publications seuls autres cas connus sont une statuette de Lauge-
(Delporte, 1959, 1960, 1965, 1969, 1979; Delporte et rie-Basse (MAN n° 47018) et une autre de Gagarino
alii, 1968), elle est parfaitement connue de tous. (Abramova, 1967; Delporte, 1979). C'est surtout au
Faite dans de la calcite ambrée, elle mesure 80 mm Magdalénien, et dans la gravure, que cette posture
de hauteur, 22 mm de largeur et 37 mm d'épaisseur existe. Elle y est décrite comme une attitude en
dans ses plus grandes dimensions ; elle est dépourvue «orant», bien qu'il soit difficile de prouver qu'il
de tête, de seins et des membres supérieurs, porte les s'agisse d'un geste de prière ou de supplication et que
membres inférieurs en flexion, présente un gros toute autre explication pourrait être avancée, sans
ventre et possède un appendice périnéal. davantage de certitude il est vrai.
La nature féminine mérite d'être discutée, d'auSans doute ce corps n'est-il pas la représentation tant qu'elle a pu, un temps, être considérée comme fidèle d'un modèle réel et, sur ce point, cet avis fait un «être androgyne» (Delporte, 1968, s'appuyant sur l'unanimité. Mais nous sommes habitués à cette une théorie de Zotz, 1951) voire un «pseudo-hermapdéformation des corps dans la statuaire paléoli hrodite» (Jelinek, 1975). Ce dernier terme nous thique, avec réduction des membres et accentuation paraît tout à fait impropre : dans le pseudo-hermades caractères morphophysiologiques, dont trois phrodisme féminin, le sujet est dépourvu de seins et nous semblent dominer : nanti d'une pseudo-verge, mais il est stérile et ne
• l'aspect juvénile des seins; peut donc avoir un gros ventre gravide. Nous ver
• la proéminence de l'abdomen ; rons par ailleurs qu'il existe une autre possibilité
• le fort développement du segment pelvi-crural pour le pédoncule inférieur que celle d'un phallus.
av

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