Galères à quatre, cinq, six rangs de rames dans l Antiquité - article ; n°2 ; vol.92, pg 1025-1037
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Galères à quatre, cinq, six rangs de rames dans l'Antiquité - article ; n°2 ; vol.92, pg 1025-1037

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1980 - Volume 92 - Numéro 2 - Pages 1025-1037
Michel Reddé, ~~Galères à quatre, cinq, six rangs de rames dans l'antiquité. À propos d'un passage de Lucain («Pharsale» III, 529-37)~~, p. 1025-1037. L'article réexamine l'ensemble des textes qui servent de fondement aux théories en cours sur l'architecture des bateaux plus gros que les trières. Rien ne prouve formellement que les «polyrèmes» n'aient eu que deux rangs de rames, comme on le croit généralement. Au contraire, un passage négligé de Lucain laisse supposer que ces vaisseaux superposaient plus de trois files d'avirons.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

Michel Reddé
Galères à quatre, cinq, six rangs de rames dans l'Antiquité
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 92, N°2. 1980. pp. 1025-1037.
Résumé
Michel Reddé, Galères à quatre, cinq, six rangs de rames dans l'antiquité. À propos d'un passage de Lucain («Pharsale» III, 529-
37), p. 1025-1037.
L'article réexamine l'ensemble des textes qui servent de fondement aux théories en cours sur l'architecture des bateaux plus
gros que les trières. Rien ne prouve formellement que les «polyrèmes» n'aient eu que deux rangs de rames, comme on le croit
généralement. Au contraire, un passage négligé de Lucain laisse supposer que ces vaisseaux superposaient plus de trois files
d'avirons.
Citer ce document / Cite this document :
Reddé Michel. Galères à quatre, cinq, six rangs de rames dans l'Antiquité. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité
T. 92, N°2. 1980. pp. 1025-1037.
doi : 10.3406/mefr.1980.1265
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1980_num_92_2_1265MICHEL REDDÉ
GALÈRES À QUATRE, CINQ, SIX RANGS DE RAMES
DANS L'ANTIQUITÉ
À PROPOS D'UN PASSAGE DE LUCAIN (PHARSALE III, 529-37)
Le problème de la disposition des rames sur les trières antiques est
aujourd'hui à peu près résolu, après des controverses aussi nombreuses que
passionnées : Morrison a montré, en effet, en s'appuyant à la fois sur les
monuments figurés et sur les textes, que la trière athénienne classique était un
bateau à trois rangs de rames superposées, légèrement décalées à la fois dans
le sens longitudinal et dans le sens latéral du bateau1. La solution technique à
ce problème a été fournie par l'introduction d'une caisse de rames (parexeire-
sia) sur le flanc du navire, au-dessus des deux rangs primitifs qui existaient sur
les bateaux de l'âge précédent. Si des incertitudes demeurent quant au détail
de cet arrangement, le système d'ensemble paraît désormais assuré2.
Il n'en va pas de même, malheureusement, pour les vaisseaux d'une taille
supérieure à la trière, nommés τετρήρης, πεντήρης, έξήρης ou en latin, quadrie-
ris, penteris, hexeris, etc . . A Normalement le suffixe - ήρης précédé d'un
1 J. S. Morrison, The Greek Trireme, dans The Mariner's Mirror (désormais cité MM),
27, 1941, p. 14-44; id., Notes on certain Greek nautical terms and on three passages in
IG IP 1632, dans The classical Quarterly, 41, 1947, p. 122-135; J. S. Morrison et
R. T. Williams, Greek oared ships, Cambridge, 1968, dorénavant cité GOS; ces travaux
ont rendu caduque l'ensemble de la bibliographie antérieure, qu'il serait vain de citer
ici, tant elle est abondante ... et périmée. On trouvera un résumé des controverses dans
l'ouvrage, très contestable, de H. Viereck, Die römische Flotte, Herford, 1975, et un
excellent exposé de nos connaissances actuelles en matière d'archéologie navale dans
l'ouvrage, désormais classique, de L. Casson, Ships and seamanship in the ancient world,
Princeton, 1971, dorénavant cité SSAW.
2 Sur les controverses actuelles, voir, outre les ouvrages cités supra, R. C. Anders
on, Oared fighting ships, London, 1962; P. Gille, Les navires à rames de l'Antiquité : trières
grecques et Hburnes romaines, dans Journal des Savants, 1965, I, p. 36-71; A. F. Tilley,
Rowing the Trireme; a practical experiment in seamanship, dans MM, 62, 1976, et
J. S. Morrison, Rowing the Trireme, dans MM, 63, 1977, p. 203-208.
3 Le nom littéraire latin de ces bateaux est quadriremis, quinqueremis, mais hexeris.
Il semble, en réalité, que ces deux premiers termes aient été rarement employés, hors
MEFRA - 92 - 1980 - 2, p. 1025-1037. 1026 MICHEL REDDÉ
nombre indique, pour les noms de bateaux, le nombre de rangs d'avirons qui
propulsaient le bâtiment4.
La difficulté vient de ce que les érudits, pourtant convaincus désormais
par le système de la trière, qui superposait trois files de rames, éprouvent des
réticences, au demeurant fort compréhensibles, à l'idée qu'on pouvait en
superposer quatre, cinq, ou même davantage : on imagine mal, en effet,
comment auraient pu fonctionner des navires à dix rangs d'avirons superpos
és, ou même plus5.
A l'appui de ce refus, certains auteurs arguent du fait, incontestable,
qu'aucun monument figuré ne représente un système de quatre, cinq, six (ou
n) files de rames, alors que nous avons de nombreux exemples de trières6. Le
fait paraît d'autant plus troublant que les grosses unités ont été la règle
pendant toute l'époque hellénistique et qu'elles n'ont pas disparu, même après
Actium. En revanche, bien des monnaies d'époque romaine montrent des
bateaux cataphractes (donc de gros bâtiments) avec un seul rang d'avirons.
Comme il est impensable que des navires légers aient été pontés et qu'en
même temps les vaisseaux de ligne, les plus importants du point de vue naval,
n'aient pas été représentés, surtout sur des monnaies qui célébraient souvent
de grands événements maritimes, on peut penser que le système employé
pour les «polyrèmes»7 était différent de celui en usage sur les trières: on
aurait eu non quatre ou cinq (ou n) rangs de rames superposées, avec un
des ouvrages littéraires, car les inscriptions mentionnent quadrieres {CIL VI 1963, 15; AE
1927, 3) tetreris {Notizie degli Scavi, 1953, p. 120), penteres R. Canevaile, Corpus papyro-
rum latinorum, Wiesbaden, 1956-8, n° 193), noms formés sur trieris, qui est couramment
mis pour triremis dans les inscriptions. D'autres noms de bateaux formés sur le mot
remis précédé d'un nombre existent en latin (cf. E. de Saint Denis, Les types de navires
dans l'Antiquité gréco-romaine, dans Revue de philologie, XLVIII, 1974, p. 10-35 et le
glossaire de SS>1W).
4 The Greek Trireme . . . , op. cit.
5 La principale difficulté viendrait sans doute de la longueur des rames ainsi
manœuvrées, et de leur angle d'attaque dans l'eau, qui ne manquerait pas de se
rapprocher trop de la verticale, pour être d'un maniement correct et efficace.
6 A. Rich, {Dictionnaire des Antiquités Romaines et Grecques, Paris, 1861, p. 525) a
publié le dessin d'une monnaie de Gordien III, où il voyait quatre rangs de rames
superposées. Ce dessin a été reproduit par E. Assmann, article Seewesen de A. Baumeist
er, Denkmäler des klassischen Altertums IH, Munich et Leipzig, 1888, fig. 1678 puis,
récemment, avec quelques modifications qui ne concernent pas les rames, par H. Vie
reck, op. cit., fig. 29. Nous avouons ne pas avoir retrouvé cette médaille dans les
catalogues; plus probablement, il doit s'agir d'une mauvaise interprétation d'une monn
aie de Gordien III, dont plusieurs émissions figurent des trières.
7 Le terme est de L. Casson, SSAW, p. 97. GALÈRES À QUATRE, CINQ, SIX RANGS DE RAMES DANS L'ANTIQUITÉ 1027
homme par aviron8 mais au plus deux files avec plusieurs marins sur le même
banc, poussant la même rame : une tétrère aurait pu avoir ainsi 2+2 marins, ou
4 sur le même banc, une pentère 3 + 2 ou 5 sur le même banc9, le système
pouvant fonctionner avec un maximum de 10 hommes côte à côte10.
Cette théorie semble étayée par divers arguments de valeur plus ou moins
égale : outre ceux qu'on vient de citer, et qui s'attachent surtout à l'invraisem
blance d'un système où plus de trois files de rames eussent été superposées,
on a voulu prouver que les gros bâtiments avaient moins d'avirons que les
trières: on connaît, en effet, par un passage d'Andocide11, le prix des rames
d'une trière au Ve siècle avant notre ère (1000 drachmes), tandis qu'en 325-4,
une inscription mentionne 665 drachmes pour le jeu d'avirons d'une tétrère12.
Morrison en conclut que, le pouvoir d'achat de la monnaie ayant baissé, le
nombre de rames d'une tétrère était inférieur à celui d'une trière13.
L'argument n'emporte pas la conviction autant qu'on l'a cru : le texte
d'Andocide, sur lequel on s'appuie, est un plaidoyer personnel, dans lequel
l'orateur, exilé par les Athéniens, rappelle ses mérites et les services qu'il a
rendus à sa patrie, afin de rentrer en grâce. Pendant la guerre

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