Gaston Fébus et la Fortune - article ; n°24 ; vol.12, pg 149-162
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Description

Médiévales - Année 1993 - Volume 12 - Numéro 24 - Pages 149-162
Gaston Fébus and Fortune. - A short extract from the chronicle of Aymeric de Peyrac, abbot of Moissac (1377-1406), provides new insight into the life of Gaston Fébus, count of Foix. Although Froissait and most other historians described him as a noble and courteous man, Aymeric insisted on the avarice, selfishness and hypocrisy of the count. This negative and reproachful point of view attests to the fact that other writers also conjectured that certain deeds may have been imputable to the count. But in Aymeric's opinion there is no doubt whatsoever concerning the murder of Gaston Fébus's son, for instance, or the accusation of sorcery. Linked to the Armagnac clan, the writer's judgment was above all moral and political ; he expounded on Fortune and death on an elevated literary level, serving to promote the figure of King Charles VI as a model. Among princes, chivalrous nobles like the Black Prince, or Jean d'Armagnac, Fébus's rival, were set apart, despite their failures, from the cynical princes, who refused the counsel of the Church and neglected the peace and wellbeing of their subjects.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Paul Mironneau
Gaston Fébus et la Fortune
In: Médiévales, N°24, 1993. pp. 149-162.
Abstract
Gaston Fébus and Fortune. - A short extract from the chronicle of Aymeric de Peyrac, abbot of Moissac (1377-1406), provides
new insight into the life of Gaston Fébus, count of Foix. Although Froissait and most other historians described him as a noble
and courteous man, Aymeric insisted on the avarice, selfishness and hypocrisy of the count. This negative and reproachful point
of view attests to the fact that other writers also conjectured that certain deeds may have been imputable to the count. But in
Aymeric's opinion there is no doubt whatsoever concerning the murder of Gaston Fébus's son, for instance, or the accusation of
sorcery. Linked to the Armagnac clan, the writer's judgment was above all moral and political ; he expounded on Fortune and
death on an elevated literary level, serving to promote the figure of King Charles VI as a model. Among princes, chivalrous nobles
like the Black Prince, or Jean d'Armagnac, Fébus's rival, were set apart, despite their failures, from the cynical princes, who
refused the counsel of the Church and neglected the peace and wellbeing of their subjects.
Citer ce document / Cite this document :
Mironneau Paul. Gaston Fébus et la Fortune. In: Médiévales, N°24, 1993. pp. 149-162.
doi : 10.3406/medi.1993.1277
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1993_num_12_24_1277Médiévales 24, printemps 1993, pp. 149-162
Paul MIRONNEAU
GASTON FÉBUS ET LA FORTUNE
Les longues descriptions sincèrement admiratives de Froissait lais
sent de Gaston Fébus l'image d'un être cultivé, habile, séduisant mais
volontaire, exigeant et même intraitable1. Plus tardifs, les brefs mor
ceaux de propagande que constituent les chroniques des dévoués archi
vistes du comté de Foix, Michel de Bernis et Arnaud Esquerrier, au
XVe siècle, viennent compléter un dossier narratif que l'on pouvait
considérer comme clos. Le personnage pourrait sembler tributaire d'un
témoignage direct très flatteur, de l'admiration un peu figée des his
toriens béarnais2 et des sèches mentions des chroniques de la France
du Nord, mais tant d'éloges seraient difficilement compatibles avec
certains actes, et l'on ne sait pas gran'd chose de la réputation de ce
grand seigneur en dehors du cercle de ses partisans.
Par chance, la réhabilitation d'un auteur méconnu3 et sans
doute sous-estimé permettrait aujourd'hui d'ajouter à ce dossier assez
déséquilibré une pièce modeste mais vivante, pensée — et ce n'est pas
son moindre mérite — sans complaisance pour le comte de Foix.
De quoi s'agit-il ? D'un portrait, ou plutôt d'une esquisse, extraite
d'un ouvrage historique dense et touffu : la chronique universelle latine
1. Sur le témoignage de Froissait, voir : J.N. Palmer (dir.), Froissart Historian,
Londres, 1981 et A.H. Diverres, Froissart, Voyage en Béarn, Manchester, 1953
(French Classics), où sont rassemblés les divers textes concernant Gaston Fébus.
2. Sensibles à ces sources, les historiens modernes se sont formé une idée tout
à la fois favorable et étrange du personnage : « brillant, bizarre et populaire » selon
Alfred Coville, Les premiers Valois et et la guerre de cent ans, Paris, 1911, p. 276,
(Histoire de France, dir. E. La visse), « extravagant » selon Michel Mollat, Genèse
médiévale de la France Moderne, Paris, 1977, pp. 163-165, qui le compare à son comp
atriote béarnais Henri IV, dont il partage « [la] vivacité d'esprit, [la] culture, [Inappli
cation aux affaires quand il le faut, [P]enjouement détendu ».
3. Voir Paul Mironneau, Aymeric de Peyrac, abbé de Moissac et historien. Édit
ion et présentation du « Stromatheus tragicus de Obitu Karoli Magni », thèse de l'École
des Chartes, Paris, 1989, dactylogr., résumée dans École Nationale des Chartes, Posi
tions des Thèses soutenues par les élèves de la promotion 1989, Paris, 1989, pp. 155-160.
Cet écrit est en réalité indissociable de la chronique universelle qui le précède de quel
ques années. L'ensemble de l'œuvre de Peyrac sera reprise dans le travail que j'ai entre
pris sur cet auteur. ISO
terminée vers 1399-1400 par l'abbé de Moissac, Aymeric de Peyrac.
Un pur produit de l'histoire monastique, dont l'érudition et la gra
vité s'opposent aux récits des hérauts d'armes et des courtisans. Connu
par deux manuscrits4, dont un seul complet, l'ensemble se répartit en
quatre grandes parties ou chroniques particulières. L'une d'elles traite
des rois de France. Dans la dernière notice, consacrée à Charles VI,
l'auteur a inséré un parallèle raisonné entre deux grands princes méri
dionaux : Gaston Fébus et Jean III d'Armagnac. Le moment est habi
lement choisi : la rencontre de ces deux princes avec Charles VI, à
son entrée à Toulouse, en 1389. La scène fait partie d'un vaste tableau
de l'état social et politique du royaume. Le roi, les grands et le peu
ple sont successivement présentés et comparés en une suite d'épisodes
commentés où les événements méridionaux sont très valorisés. A l'inté
rieur de cette composition, la figure du comte de Foix fait l'objet
d'une particulière attention.
« Gaston5, comte de Foix, se rendit à Toulouse pour faire acte de res
pect au roi. Au temps du roi Charles, père de notre Charles, ce comte fut
en guerre avec Jean, comte d'Armagnac, et il le fit prisonnier, avec ses alliés,
près de Launac6 dans le diocèse de Toulouse. Au cours d'une guerre7 Gas
ton brûla le barri (c'est-à-dire le faubourg) Sainte-Catherine et déposa à terre
les pendus du gibet du lieu-dit des Salades. Il combattit les Toulousains à
Miremont8, il y tua plus de deux mille hommes et triompha des communaut
és.
Il se passionnait pour la chasse et entretenait mille chiens de chasse. J'ai
entendu dire au seigneur de Tustino9, sénéchal de Toulouse, au cours d'un
repas que nous partagions à Escatalens 10, que le comte avait composé un
livre sur les chasses, leurs méthodes et les instructions utiles aux chasseurs ;
qu'il lui avait confié ce livre en prêt amical contre une caution de dix mille
florins.
Il se livrait à l'hydromancie et l'on disait communément qu'il possédait
mille livres d'or en espèces, de sorte qu'il était le comte le plus riche du
royaume. Fort astucieusement, il sut s'attirer la gloire et se montrer large,
4. Paris, Bibliothèque Nationale, mss latin 4991 A et latin 5288, incomplet. Dans
le latin 4991A, le passage sur Fébus est aux fol. 147v°-148r° ; dans le latin 5288 au
fol. 60.
5. La traduction du passage a été réalisée d'après le texte latin 5288 de la Biblio
thèque Nationale, fol. 60, qui a servi de texte de base et, accessoirement, d'après le
latin 4991A.
6. Haute-Garonne, arr. Toulouse, canton Grenade.
7. L'événement est à situer en 1359. Voir : Pierre Tucoo-Chala, Gaston Fébus
et la vicomte de Béarn, Bordeaux, 1959, p. 83 et p. 388. Il s'agit des faubourgs de
Salade et de Sainte Catherine à Toulouse.
8. Le manuscrit latin 4991A dénombre « deux mille hommes ». La bataille de Mire-
mont (Haute-Garonne, arr. Muret, canton Hauterive) eut lieu en 1376.
9. Il pourrait s'agir de Colard d'Estouteville, sénéchal de Toulouse dans les années
où écrit l'auteur.
10. Tarn-et-Garonne, arr. Montauban. canton Montech ; l'une des résidences habi
tuelles de l'abbé de Moissac. 151
il construisit de somptueuses bâtisses, mais il viola les droits des prélats et
des églises, chargea son peuple d'impôts et tua son fils de sa propre main,
son seul fils légitime ! Il avait un autre fils, un bâtard, qui, après sa mort,
périt brûlé par accident à Paris. Et c'est de mort soudaine que le comte tré
passa et ainsi trompé par la mort, il acheva sa vie sans s'y être préparé. Ses
richesses furent dispersées et distribuées à un grand nombre de personnes,
dont il les tenait et auxquelles il les avait extorquées en grande partie.
Tant il est vrai11 que les hauts faits des seigneurs et des princes s'éva
nouissent comme fumée et que la mort les surprend parfois en pleine pros
périté ! Les plus avisés doivent donc prendre garde aux coups que l'avenir
peut leur réserver, songer à leurs fins dernières et se mén

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