Gilbert Romme et les mathématiques - article ; n°1 ; vol.304, pg 207-220
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1996 - Volume 304 - Numéro 1 - Pages 207-220
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

Pierre Crépel
Gilbert Romme et les mathématiques
In: Annales historiques de la Révolution française. N°304, 1996. pp. 207-220.
Citer ce document / Cite this document :
Crépel Pierre. Gilbert Romme et les mathématiques. In: Annales historiques de la Révolution française. N°304, 1996. pp. 207-
220.
doi : 10.3406/ahrf.1996.1969
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1996_num_304_1_1969GILBERT ROMME
ET LES MATHÉMATIQUES
Confusions entre les frères Romme
« Le mathématicien Gilbert Romme », lit-on souvent. Cette image de
mathématicien conviendrait bien en effet au continuateur de Condorcet
dans le Comité d'instruction publique, au père du calendrier républicain.
Mais est-elle exacte ? Si l'on ouvre le Catalogue de la Bibliothèque nationale,
on trouve certes divers titres de mathématiques appliquées, de navigation
et d'hydrographie au nom de Romme, mais l'auteur est son frère Charles
Romme (1745-1805), professeur à Rochefort-sur-Mer.
Or, la plupart des dictionnaires biographiques entremêlent partiellement
les notices de Charles et de Gilbert. La palme revient sans doute à celle-ci,
d'ailleurs publiée du vivant de Charles, dans Les siècles littéraires de la
France (Le Moyne, p. 82) :
« Romme (Charles Gilbert) 1750-1895.
« (Charles) astronome géographe, membre de la Convention,
né à Riom en 1750, condamné à être guillotiné, se donna la mort le 17 juin
1795. On a de lui Mémoire où l'on trouve une nouvelle méthode pour déter
miner la longitude en mer, La Rochelle, 1771, in 8° - Description de la
mâture des vaisseaux, avec M. Perrain, 1778, in-fol. [...] »
Pis, les sources primaires elles-mêmes induisent en erreur : on trouve
un portrait de Gilbert (la célèbre lithographie de Thibaud Landriot) dans
le dossier de Charles aux archives de l'académie des Sciences ; une pièce
de Gilbert se perd au milieu des documents relatifs à Charles dans le fonds
C7 des archives de la Marine (1)...
(1) Ajoutons que, au xvme siècle, le redoublement des consonnes n'est pas fixé : on lit donc souvent
indifféremment Romme ou Rome, voire quelquefois de Rom ou Derom dans les procès-verbaux de
l'Académie des sciences, d'où une autre confusion possible avec le physicien et minéralogiste Rome (de
Lisle) (1736-1790).
Annales Historiques de la Révolution Française — 1996 — N° 2 PIERRE CRÉPEL 208
De là à penser que les mathématiques de Gilbert sont le pur produit
d'une confusion de prénom, il n'y a qu'un pas... qu'on aurait tort de
franchir. Afin d'y voir plus clair, précisons d'abord quelques interroga
tions naturelles.
Questions sur G. Romme et les mathématiques
— Gilbert Romme connaît-il vraiment les ? Quels
auteurs a-t-il lus (superficiellement ou non)?
— A-t-il publié des mémoires originaux ? En a-t-il rédigé qui seraient
restés manuscrits?
— Préférait-il les mathématiques, la médecine, d'autres sciences ? A-t-il
hésité entre elles?
— Comment s'est-il entendu avec les mathématiciens de son temps?
— Quelle place attribuait-il aux mathématiques, aux sciences dans la
vie intellectuelle, sociale et politique? Que pensait-il de leur utilité, de leur
curiosité ?
— Peut-on dire qu'il ait fait partie de l'entourage scientifique du
pouvoir (c'est-à-dire de Turgot et de Condorcet en 1774-1776)?
— Que penser des relations entre les deux frères Romme et des respons
abilités de l'un et de l'autre?
Si nous n'avons pas la prétention de trancher sur toutes ces questions,
nous pouvons cependant, à partir de documents aisément consultables,
en élucider quelques-unes.
Sources
Nous nous appuierons essentiellement sur trois ensembles de sources :
— le fonds du Museo del Risorgimento de Milan (M.R.M.), où nous
regarderons plus systématiquement ce qui concerne les sciences mathémat
iques (2),
— les livres scientifiques de G. Romme retrouvés il y a quelque temps
à la bibliothèque municipale de Riom,
— diverses archives concernant Ch. Romme (Académie des sciences,
Marine).
Ces sources ne prétendent pas à l'exhaustivité, mais permettent une
première approche. Nous nous limiterons ici principalement aux années
(2) La biographie d'A. Galante Garrone (notée ici A.G.G.) aborde à de nombreuses reprises l'activité
scientifique générale de G. Romme. Nous y renvoyons le lecteur, nous contentant ici d'approfondir les
aspects relatifs aux mathématiques. GILBERT ROMME ET LES MATHÉMATIQUES 209
1774-1779, c'est-à-dire aux années parisiennes de Gilbert Romme, avant
son départ pour Pétersbourg. Ces années sont à la fois les plus intéres
santes pour notre sujet et celles pour lesquelles nous disposons de plus
de documents.
« Mathématiques » et « mathématiciens » au xviip siècle
Les termes « mathématiques » et « » ne possèdent pas
au XVIIIe siècle exactement le même sens qu'aujourd'hui. Sans quelque
mise au point, nous risquerions d'évaluer l'activité de G. Romme sur la
base de quiproquos.
Afin d'évoquer ce que représente le terme « mathématiques » au siècle
des Lumières, nous prendrons comme point de repère la nomenclature de
l'Académie des sciences de Paris. En effet, cette institution apparaît alors
comme le centre de l'activité scientifique du pays, voire du monde. Elle
comporte deux classes : 1) celle des « mathématiques », qui se compose
de trois disciplines, la « géométrie », la « mécanique » et P« astronomie » ;
2) celle de sciences « physiques », qui comprend l'« anatomie », la
« chimie » et la « botanique ». Chacune de ces six disciplines a droit à
trois « pensionnaires », deux « associés » et deux « adjoints » ; il existe
en outre (toutes disciplines confondues) quelques honoraires, des associés
libres, des associés étrangers, etc. Au total, les académiciens classés en
« mathématiques » sont environ vingt-cinq à trente.
On notera que l'hydraulique, la mécanique céleste, etc. sont consi
dérées comme faisant partie des mathématiques, car le mot « physique »
possède à l'époque une acception beaucoup plus « descriptive »
qu'aujourd'hui. La diversité des sujets traités par les « géomètres » ne doit
donc pas étonner : les roues à aubes, l'équilibre des voûtes, les éclipses,
la musique...
L'Académie nomme aussi des « correspondants ». Sur le relevé effectué
en 1775 par Grandjean de Fouchy (alors secrétaire de l'Académie des
sciences), et publié en préambule des Tables de l'abbé Rozier, on peut
pointer « au 1er septembre 1774 » quatre-vingt-onze correspondants de
l'Académie (dont la moitié réside à l'étranger), très inégalement répartis
suivant les disciplines. La plupart sont correspondants d'un astronome (une
trentaine) ou d'un botanicien, mais bien entendu toutes ces classifications,
au siècle des encyclopédistes, ont leur part d'artificiel. Dans cette liste,
les Français qui ont à leur actif au moins un mémoire original de mathémat
iques ne sont pas plus d'une dizaine.
Bien entendu, tous les savants ou érudits ayant quelque connaissance
en mathématiques ne sont pas directement liés à l'Académie des sciences
de Paris (même si cette dernière joue indiscutablement le rôle central). 210 PIERRE CRÉPEL
En particulier, les professeurs des écoles militaires, de certains collèges,
etc. développent une activité importante, souvent sous-estimée ; les mathé
matiques ne représentent toutefois qu'une petite partie de leurs tâches (3).
Au bout du compte, ceux qu'on peut raisonnablement qualifier de
« mathématiciens » sont vers 1775 au nombre de quelques dizaines.
Quelques mots sur Charles Romme
On possède quelques informations assez fragmentaires sur la famille
Romme et la place de la culture dans ses préoccupations [Vissac ; A. G. G. ;
Bouscayrol]. Malheureusement, on sait trop peu de choses sur les études
des deux frères Charles et Gilbert, commencées au Collège des oratoriens
de Riom [Belhoste] et terminées à Paris. Dutour de Salvert (1711-1789),
correspondant de

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