Histoire de Jeanne d Arc, d après une chronique inédite du XVe siècle. - article ; n°1 ; vol.7, pg 143-171
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Histoire de Jeanne d'Arc, d'après une chronique inédite du XVe siècle. - article ; n°1 ; vol.7, pg 143-171

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1846 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 143-171
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1846
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jules Quicherat
Histoire de Jeanne d'Arc, d'après une chronique inédite du XVe
siècle.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1846, tome 7. pp. 143-171.
Citer ce document / Cite this document :
Quicherat Jules. Histoire de Jeanne d'Arc, d'après une chronique inédite du XVe siècle. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1846, tome 7. pp. 143-171.
doi : 10.3406/bec.1846.451982
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1846_num_7_1_451982Ti. о)'ч[
HISTOIRE
DE JEANNE D'ARC,
D'APRÈS UNE CHRONIQUE INÉDITE DU XVe SIÈCLE.
Nous ne craignons pas de fatiguer nos lecteurs en multipliant dans
ce recueil les textes relatifs à Jeanne d'Arc : sur un pareil sujet on se
plaindra plutôt de manquer de documents que d'en avoir trop. D'ail
leurs, le témoignage que nous allons faire connaître se place par son
importance à côté des plus précieux qui aient été recueillis jusqu'à pré
sent. C'est un extrait , consistant en vingt-neuf chapitres, d'une chro
nique inédite des ducsd'Alençon, conservée à la Bibliothèque royale (1).
Le manuscrit n'en est pas ancien , car il est de la main d'André Du
chesne; mais l'ouvrage est du quinzième siècle. Dans une courte pré
face se lisent les nom, titres et qualités de l'auteur, lequel était genti
lhomme beauvaisien et s'appelait Perceval de Caigny (2). En 1438,
qui est la date de cette préface (3), Perceval de Caigny avait passé
quarante-six ans de sa vie au service des princes d'Alençon, tour à tour
panetier, écuyer d'écurie et maître d'hôtel à leurs gages. Exempt de
toute prétention au bel esprit , il eut l'idée sur ses vieux jours de dicter
simplement et naïvement le récit des choses qu'il avait vues et qui
pouvaient servira la gloire de ses maîtres. De là sa chronique, qu'il
appelle son mémoire.
Cet ouvrage a été connu et mis à contribution par l'avocat Bry de
la Clergerie , historien du duché d'Alençon, qui écrivait au com
mencement du dix -septième siècle. Vers le même temps, Duchesne
exécuta sa copie d'après un original dont il n'indique pas la pro
venance. Depuis lors, personne ne paraît avoir eu connaissance de
Perceval de Caigny, si ce n'est le P. belong, qui l'a nommé parmi
(1) Collection Duchesne, vol. 48.
(2) Sans doute Cagny, qui a été érigé en duché pour la famille de Bouffîers.
(3) II y a dans la copie mccccxxxvj ; mais par une faute facile à corriger, puisque
le récif est poursuivi jusqu'à la fin de 1438.
10- 144
les historiens des maisons royales , renvoyant , pour plus ample i
nformé , au manuscrit même de Duchesne (l). Mis à cette place,
le vieil annaliste alençonnais ne se recommandait guère plus qu'à
l'attention des généalogistes, qui n'ont pas troublé son repos.
Nous laisserons à d'autres le soin de traiter plus à fond la question li
ttéraire de Perceval de Caigny, nous bornant ici aux seules remarques né
cessaires, pour qu'on estime à sa juste valeur l'extrait que nous publions.
Comme historien delà Pucelle , Perceval de Caigny a un grand
avantage par la date de son livre. Avoir consigné ses souvenirs neuf
ans au plus tard après l'accomplissement des faits, est une circonstance
que la critique ne peut se dispenser de prendre en considération , car
elle y trouve une garantie d'exactitude que ne présente pas tel ou
tel autre témoin , aussi bien informé, mais n'ayant parlé ou écrit qu'au
bout de vingt ou de trente ans. A ce mérite, notre auteur joint d'ailleurs
celui d'une chronologie irréprochable et tout à fait propre à justifier
l'opinion favorable que l'on peut concevoir à priori de sa fidélité.
La condition de Perceval de Caigny est encore un motif d'avoir
son témoignage pour recommandé ; car , comme le duc d'Alençon
régnant du temps de Jeanne d'Arc , fut celui des capitaines français
qui se tint le plus constamment avec elle; que, par suite d'une frater
nité d'armes formée entre eux deux , on les vit partout chevaucher,
combattre, camper l'un à côté de l'autre, et ne faire des gens de leur
suite qu'une seule et même compagnie : il résulte de là que les serviteurs
attachés à la personne du prince furent les mieux placés pour observer
la Pucelle et pour connaître ses actions.
Quant à la bonne foi, elle ne peut être tenue pour suspecte dans un
auteur qui, après avoir déclaré qu'il écrit l'histoire en vue de glorifier
son maître , n'hésite pas cependant à placer ce maître au second
rang , lorsqu'un personnage plus digne d'attention se présente. Ainsi
fait-il à l'occasion de la Pucelle , et tout le temps qu'il en parle il est
si peu au duc d'Alençon , que des choses à la louange de celui-ci qui
sont dites ailleurs, il les omet.
Mais ce qui donne à son récit un prix inestimable, c'est qu'il y met
en évidence tout un ordre de faits qui avaient pu échapper jusqu'à
présent à la critique des modernes.
Expliquons-nous là-dessus :
Les chroniqueurs du parti français , qui ont parlé de Jeanne d'Arc ,
laissent voir par plusieurs exemples qu'elle ne fut pas toujours écoutée;
(l) Bibl. hist, de la France, lre édition, Généalogies des princes du sang, n° 10212. que les capitaines substituaient parfois leurs plans aux siens; que le
conseil du roi refusait d'entendre aux entreprises proposées par elle. 11
ne &'agit pas ici des défiances très-légitimes qui l'accueillirent à son
arrivée ; mais après ses preuves faites , les oppositions dont nous vou
lons parler continuèrent de se produire, et à tel point, qu'elle y dut
céder plus d'une fois. C'est ainsi qu'au début du voyage de Reims ,
lorsqu'elle voulait qu'on prît Auxerre, on se contenta de conclure une
trêve avec les habitants de cette ville (1); que quelques jours après, le
siège de Troyes faillit être levé à son insu et malgré sa recommandat
ion expresse (2); qu'après les cérémonies du sacre , lorsqu'elle mont
rait au roi le chemin de Paris , celui-ci prit la direction de Sens , et ne
revint sur ses pas que parce qu'il ne put traverser la Seine à Bray (3).
C'est ainsi encore que , lorsque Paris ayant été manqué , la Pucelle se
faisait fort de conquérir la Normandie avec le duc d'Alençon , on ne
voulut pas l'y laisser aller (4).
Voilà des actes qui, s'ils constituaient un système, ne parleraient
guère en faveur du gouvernement à qui ils sont imputables. Toutefois,
de ce qu'ils sont isolés dans trois auteurs différents et qu'ils ne se pré
sentent pas avea»i'enehaînement que nous venons de leur donner ; de
ce qu'aussi les auteurs qui les rapportent ne leur attribuent pas de
fâcheuses conséquences, il s'en est suivi qu'on ne leur a jamais accordé
beaucoup d'attention. Ils ont passé pour les œuvres assez insignifiantes
ou d'une circonspection mal entendue, ou d'une malveillance impuiss
ante. La sécurité où l'on s'est tenu à leur égard , a été augmentée par
l'habitude qu'on a prise depuis M. de l'Averdy, de vouloir résoudre
tous les doutes nés et à naître de l'histoire de Jeanne d'Arc , par les
pièces de ses deux procès; or, comme ni dans le procès de condamn
ation, ni dans celui de réhabilitation, n'apparaît l'ombre d'un em
barras suscité à la Pucelle depuis la délivrance d'Orléans, le silence
de tant de témoins a pesé d'un grand poids contre les allégations des
chroniqueurs.
Sans entrer dans de trop longs raisonnements , nous pouvons faire
remarquer que pour l'objet en question , l'argument tiré des procès
contre les chroniqueurs ne vaut rien. Car quel genre de témoignage
trouve- t-on dans ces deux documents? Le premier n'offre que les in -
(1) Jean Chartier, dans Godefroi, Histoire de Charles VII, p. 29
(2) Chronique de la Pucelle, ibidem, p. 521.
(3) Jean Chartier, p. 33.
(4) Jacques le Bouvier, d\l Berri. Ibidem, p. 381. 146
terrogatoires d'une accusée ingénieuse autant que résolue à ne rien dire
qui puisse être interprété contre son parti. Le second renferme les dé
positions de

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