Histoire de la formation des territoires autonomes chez les peuples turco-mongols de Sibérie - article ; n°3 ; vol.28, pg 361-401
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Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 3 - Pages 361-401
Boris Chichlo, The history of the formation of the autonomous regions of the Siberian Mongol Turks.
The research is dedicated to questions not discussed in the works of E. Carr and R. Pipes, which remain the most in depth studies on Sovietization and nationality relations in Russia after October 1917. On the basis of Soviet sources, which in recent years have benefitted both from newly opened archives and ethnographical material, the author examines the complicated and grievous formation process of Soviet-type autonomy for the Buryat, Yakut, Altay, Khakas and Tuva peoples. The author raises the question why central authorities chose certain forms of autonomy for certain peoples : republic, oblast' or okrug, and why certain peoples, like the Shor or Tofalar, were not granted their own autonomy and thereby were cut off from the autonomous territories of their fellow Siberian Turks.
Statistical information about the ethnical evolution of each autonomous region from 1926 to 1979 is provided in supplementary tables.
Boris Chichlo, Histoire de la formation des territoires autonomes chez les peuples turco-mongols de Sibérie.
Cette étude est consacrée à l'un des problèmes que ni E. Carr ni R. Pipes ne traitent dans leurs ouvrages pourtant parmi les mieux documentés sur l'histoire de la soviétisation et des relations nationales en Russie depuis Octobre 1917. A partir de sources soviétiques qui, ces dernières années, recourent de plus en plus aux documents d'archives auparavant inaccessibles, et sur la base d'observations ethnographiques, l'auteur du présent article évoque les étapes mouvementées du processus d'autonomisation de type soviétique qu'ont connu les Iakoutes, les Bouriates, les Altaïens, les Khakasses et les Touvas et il pose la question de savoir pourquoi, suivant l'ethnie à laquelle il s'adressait, le gouvernement soviétique a choisi des formes d'autonomie différentes. Il accordait aux unes le statut de république, à d'autres celui de région ou d'okrug, alors qu'il refusait à certaines le droit à l'autonomie, comme ce fut le cas des Chors et des Tofalars qui se retrouvèrent totalement isolés par rapport aux territoires autonomes occupés par leurs voisins, les Turcs sibériens.
Des tableaux illustrent cet article et fournissent des données statistiques sur l'évolution de chacun des territoires autonomes.
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Boris Chichlo
Histoire de la formation des territoires autonomes chez les
peuples turco-mongols de Sibérie
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 28 N°3-4. Juillet-Décembre 1987. pp. 361-401.
Citer ce document / Cite this document :
Chichlo Boris. Histoire de la formation des territoires autonomes chez les peuples turco-mongols de Sibérie. In: Cahiers du
monde russe et soviétique. Vol. 28 N°3-4. Juillet-Décembre 1987. pp. 361-401.
doi : 10.3406/cmr.1987.2118
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1987_num_28_3_2118Abstract
Boris Chichlo, The history of the formation of the autonomous regions of the Siberian Mongol Turks.
The research is dedicated to questions not discussed in the works of E. Carr and R. Pipes, which
remain the most in depth studies on Sovietization and nationality relations in Russia after October 1917.
On the basis of Soviet sources, which in recent years have benefitted both from newly opened archives
and ethnographical material, the author examines the complicated and grievous formation process of
Soviet-type autonomy for the Buryat, Yakut, Altay, Khakas and Tuva peoples. The author raises the
question why central authorities chose certain forms of autonomy for certain peoples : republic, oblast'
or okrug, and why certain peoples, like the Shor or Tofalar, were not granted their own autonomy and
thereby were cut off from the autonomous territories of their fellow Siberian Turks.
Statistical information about the ethnical evolution of each autonomous region from 1926 to 1979 is
provided in supplementary tables.
Résumé
Boris Chichlo, Histoire de la formation des territoires autonomes chez les peuples turco-mongols de
Sibérie.
Cette étude est consacrée à l'un des problèmes que ni E. Carr ni R. Pipes ne traitent dans leurs
ouvrages pourtant parmi les mieux documentés sur l'histoire de la soviétisation et des relations
nationales en Russie depuis Octobre 1917. A partir de sources soviétiques qui, ces dernières années,
recourent de plus en plus aux documents d'archives auparavant inaccessibles, et sur la base
d'observations ethnographiques, l'auteur du présent article évoque les étapes mouvementées du
processus d'autonomisation de type soviétique qu'ont connu les Iakoutes, les Bouriates, les Altaïens,
les Khakasses et les Touvas et il pose la question de savoir pourquoi, suivant l'ethnie à laquelle il
s'adressait, le gouvernement soviétique a choisi des formes d'autonomie différentes. Il accordait aux
unes le statut de république, à d'autres celui de région ou d'okrug, alors qu'il refusait à certaines le droit
à l'autonomie, comme ce fut le cas des Chors et des Tofalars qui se retrouvèrent totalement isolés par
rapport aux territoires autonomes occupés par leurs voisins, les Turcs sibériens.
Des tableaux illustrent cet article et fournissent des données statistiques sur l'évolution de chacun des
territoires autonomes.BORIS CHICHLO
HISTOIRE DE LA FORMATION
DES TERRITOIRES AUTONOMES CHEZ LES PEUPLES
TURCO-MONGOLS DE SIBÉRIE
toute notre « autre politique Le problème région qui de croyaient national Russie, mais fermement est plus cela complexe n'a aux pas préceptes arrêté en Sibérie les de dirigeants Suvorov que dans de :
la rapidité et la force. »
(D. Ilimskij, « Nacional'naja politika v Sibiři » (La politique
nationale en Sibérie), Severnye zapiski, mars 1916, p. 159).
Pour mieux comprendre les problèmes du développement national et culturel
des peuples sibériens aujourd'hui, qui se sont accumulés au cours de leur
intégration à l'URSS, il convient de faire une brève incursion dans l'histoire de la
formation des territoires autonomes (avtonomii) de Sibérie. Les données démograp
hiques présentées en annexe qui reflètent l'évolution de la composition ethnique de
chacun des territoires sibériens faisant partie de la RSFSR, prendront
alors tout leur sens.
Nous examinerons dans le présent article les formations autonomes des
« grands peuples » sibériens : iakoutes, bouriates, altaïens, khakasses, touvas
qui, réunis, représentent 85 % de tous les peuples autochtones de Sibérie. Lorsque
nous aborderons la question des trois derniers cités, nous mentionnerons aussi leurs
plus proches parents et voisins, les Chors et les Tofalars, afin de mieux éclairer
l'histoire de la fédération avortée des peuples turcs du Sajano-Altaj. C'est la pre
mière fois qu'un travail de cette sorte a été accompli ; il repose essentiellement sur
des matériaux publiés en URSS. Et c'est bien d'ailleurs parce qu'il les ignorait que,
en son temps, E.H. Carr, auteur de l'étude la plus complète qui existe sur les
Cahiers du Monde russe et soviétique, ХХУШ (3-4), juillet-décembre 1987, pp. 361-402. BORIS CHICHLO 362
événements de la révolution bolchevique de 1917 à 1923, a pu se permettre
d'écrire : "In Siberia, where the inhabitants of the developed belt along the railway
were mainly Russian colonists, and primitive native tribes were scattered over
vast, thinly populated areas, no effective nationalist or separatist movement
arose."1
Un autre spécialiste de l'histoire soviétique, R. Ripes, se contente de mention
ner uniquement la création des territoires autonomes bouriate, iakoute et oïroic2.
Les premiers territoires autonomes faisant partie de la RSFSR apparaissent en
Sibérie au début des années 20. Pourtant, les décrets du gouvernement soviétique
promulguant leur création marquent en fait l'aboutissement d'une longue lutte ent
amée au xixe siècle et opposant les groupes nationalistes locaux et le pouvoir cent
ral.
Le mouvement autonomiste a vu le jour en Sibérie dans les années 60 du
siècle dernier avec l'apparition de la régionalisation (oblastničestvo). Les idéolo
gues de ce mouvement, G.N. Potanin et N.M. Jadrincev, perçurent avec une
acuité particulière les vices du pouvoir centraliste rigide de l'Empire qui se comport
ait envers cette immense « marche » asiatique comme envers une véritable colon
ie3. L'autorité de ces deux partisans de la régionalisation (oblastniki), infatigables
voyageurs et spécialistes des cultures populaires régionales, était particulièrement
grande en Sibérie méridionale qu'ils connaissaient bien. Leur point de vue sur la
nécessité de l'indépendance culturelle de la Sibérie était accepté par l'intelligentsia
locale, qui, au début du XXe siècle apparaissait comme une force avec laquelle il
était impossible de ne pas compter.
Février 1917 et les mouvements autonomistes
« Dès que les chaînes de l'autocratie furent tombées en Russie,
les allogènes de l'Altaj s'ébranlèrent sous la conduite de leurs intelli-
genty partisans de la régionalisation pour réaliser leur autonomie. »
(Žizn Altaja, 9 juillet 1917).
Ces propos d'un journaliste local, tirés d'un des quotidiens de Sibérie, résument
les résultats du Congrès allogène de Bijsk où s'étaient réunis nationalistes, social
istes et oblastniki qui avaient fondé leur parlement, la Gornaja Duma. Sa première
tâche consistait à organiser administrativement les régions nationales de l'Altaj et
de la Šorija et à empêcher à l'avenir la progression spontanée de la colonisation
agricole russe dans les massifs boisés. Le Congrès des allogènes des districts
(uezay) de Minusinsk et d'Acinsk qui se tint au printemps de la même année pré
senta des revendications semblables4. Si on examine les choses avec impartialité,
on peut parfaitement comprendre l'activité des nationalistes locaux et leur devise :
« L'Altaj aux Altaïens ». L'afflux massif des Russes dans le territoire de la
« Suisse sibérienne » avait entraîné non seulement une diminution brutale de la
surface d'habitation des nomades éleveurs de bétail et des chasseurs de la taïga, mais FORMATION DES TERRITOIRES AUTONOMES DE SIBÉRIE 363
aussi un appauvrissement général du milieu écologique par suite de l'abattage
massif des forêts et de gigantesques incendies. Rien que dans les forets domaniales
de l'Altaj, on enregistra pour l'année 1910-191 1 2 257 incendies pour une superfi
cie de 363 624 hectares. Par ailleurs, souvent les paysans « brûlaient exprès la
foret domaniale »5. Même si on était arrivé à faire comprendre aux allogènes de
l'Altaj que la destruction de leur propre nature « faisait partie int

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