Hus et le mouvement hussite, de la condamnation de l hérésie à sa réévaluation slave au milieu du XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.29, pg 323-335
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Hus et le mouvement hussite, de la condamnation de l'hérésie à sa réévaluation slave au milieu du XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.29, pg 323-335

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Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1988 - Volume 29 - Numéro 3 - Pages 323-335
Laura Ronchi De Michelis, Hus and the Hussite movement from the condemnation of heresy to its Slavic re-evaluation in the middle of the nineteenth century.
The author points out that until the middle of the nineteenth century, Russian culture remembered only the name of the Czech reformer. Chronicles mention the condemnation of Hus as heretic and in the liturgy of Orthodox Church Hus was anathemized like the reformers of the sixteenth century: Luther and Calvin. In the middle of the nineteenth century, a particular interest was manifested towards Hus, as a Slav - within the general context of the exaltation of the part played by the Slav element in European history. At that time, Hus no longer appears as a heretic, but as a martyr of Orthodoxy who sacrified himself for his Slav brothers.
Laura Ronchi De Michelis, Hus et le mouvement hussite de la condamnation de l'hérésie à sa réévaluation slave au milieu du XIXe siècle.
L'auteur remarque que la culture russe, jusqu'au milieu du XIXe siècle, n'avait conservé que la mémoire du nom du réformateur tchèque. Les chroniques mentionnaient la condamnation de Hus comme hérétique et dans la liturgie de l'Eglise orthodoxe, Hus était frappé d'anathèmes avec les réformateurs du XVIe siècle, Luther et Calvin. Au milieu du XIXe siècle, dans la culture russe un intérêt particulier est manifesté à Jean Hus en tant que Slave, dans le contexte général de la découverte et de l'exaltation du rôle de l'élément slave dans l'histoire européenne. A ce moment-là, Hus ne fait plus figure d'hérétique, mais de martyr de l'orthodoxie qui s'est sacrifié pour la liberté de ses frères slaves.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laura RonchideMichelis
Hus et le mouvement hussite, de la condamnation de l'hérésie à
sa réévaluation slave au milieu du XIXe siècle
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 29 N°3-4. Juillet-Décembre 1988. Le christianisme russe entre
millénarisme d'hier et soif spirituelle d'aujourd'hui. pp. 323-335.
Abstract
Laura Ronchi De Michelis, Hus and the Hussite movement from the condemnation of heresy to its Slavic re-evaluation in the
middle of the nineteenth century.
The author points out that until the middle of the nineteenth century, Russian culture remembered only the name of the Czech
reformer. Chronicles mention the condemnation of Hus as heretic and in the liturgy of Orthodox Church Hus was anathemized
like the reformers of the sixteenth century: Luther and Calvin. In the middle of the nineteenth century, a particular interest was
manifested towards Hus, as a Slav - within the general context of the exaltation of the part played by the Slav element in
European history. At that time, Hus no longer appears as a heretic, but as a martyr of Orthodoxy who sacrified himself for his
Slav brothers.
Résumé
Laura Ronchi De Michelis, Hus et le mouvement hussite de la condamnation de l'hérésie à sa réévaluation slave au milieu du
XIXe siècle.
L'auteur remarque que la culture russe, jusqu'au milieu du XIXe siècle, n'avait conservé que la mémoire du nom du réformateur
tchèque. Les chroniques mentionnaient la condamnation de Hus comme hérétique et dans la liturgie de l'Eglise orthodoxe, Hus
était frappé d'anathèmes avec les réformateurs du XVIe siècle, Luther et Calvin. Au milieu du XIXe siècle, dans la culture russe
un intérêt particulier est manifesté à Jean Hus en tant que Slave, dans le contexte général de la découverte et de l'exaltation du
rôle de l'élément slave dans l'histoire européenne. A ce moment-là, Hus ne fait plus figure d'hérétique, mais de martyr de
l'orthodoxie qui s'est sacrifié pour la liberté de ses frères slaves.
Citer ce document / Cite this document :
RonchideMichelis Laura. Hus et le mouvement hussite, de la condamnation de l'hérésie à sa réévaluation slave au milieu du
XIXe siècle. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 29 N°3-4. Juillet-Décembre 1988. Le christianisme russe entre
millénarisme d'hier et soif spirituelle d'aujourd'hui. pp. 323-335.
doi : 10.3406/cmr.1988.2151
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1988_num_29_3_2151LAURA RONCffl DE MICHELIS
HUS ET LE MOUVEMENT HUSSITE
DE LA CONDAMNATION DE L'HÉRÉSIE
À SA RÉÉVALUATION SLAVE
AU MILIEU DU XIXe SIÈCLE
Les thèmes religieux, l'histoire des mouvements religieux constituent un
champ d'investigations privilégié pour ceux qui s'occupent des intérêts et des
lignes de recherche des historiens soviétiques dans ce domaine et s'interrogent
sur l'importance réelle et sur la nature de leur rejet catégorique des travaux
imposants des historiens russes du XIXe siècle.
La thèse, répétée avec dogmatisme, selon laquelle la dissidence religieuse
ne servait qu'à masquer les conflits sociaux réels, a eu, en général, pour résultat
de renverser le point de vue des historiens bourgeois sur chaque mouvement
(russe ou européen de l'Ouest), en en récupérant le contenu révolutionnaire
pour la société.
Font exception à cette règle qui s'applique avec une constance admirable à
tous les mouvements religieux, des Vaudois du XIIe siècle jusqu'aux sectaires
russes du XIXe, le théologien Jean Hus et le mouvement hussite. Dans ce cas,
en effet, l'opinion des historiens soviétiques se trouve correctement résumée
dans la Sovetskaja istoriCcskaja enciklopedija (Encyclopédie historique sovié
tique) :
« La fermeté et le courage de Hus face au martyre resteront à jamais gravés dans
la mémoire des peuples. Hus est digne de figurer parmi ceux qui ont lutté contre
l'injustice sociale et l'oppression des nationalités. »'
Elle s'inscrit parfaitement dans la large opération de récupération et de
réévaluation de Hus, entreprise vers la moitié du XIXe siècle. Jusqu'alors en
Russie, rare avait été l'intérêt pour Jean Hus et pour le mouvement réformateur
Cahiers du Monde russe et soviétique. XXIX (3-4), juillet-décembre 1988, pp. 323-336. LAURA RONCIO DE MICIffiLIS 324
de Bohême ; il suffit de parcourir les chroniques pour s'en rendre compte. La
Gustynskaja letopis' (Chronique du monastère Gustynskij) déclare à propos de
l'an 1409 et de l'an 1414 :
« 6917 : apparut en Bohême un nouvel hérétique, Jean Hus ; après s'être rendu [à
Constance] avec un sauf-conduit [du pape], comme il ne voulait pas se rétracter, il
fut brûlé. »
« 6922 : en cette année l'hérétique Jean Hus se rendit avec un sauf-conduit [à
Constance] où il fut brûlé et, après lui, son disciple Jérôme fut brûlé aussi. »z
Le Ilronograf zapadno-russkoj redakcii (Chronographe de la version russo-
occidentale) ajoute quelques mots de plus :
« En 1411 se produisit une émeute en Bohême, en l'absence de seigneur. Jean Hus
le semeur de troubles pragois donna aux Tchèques la communion sous les deux
espèces, c'est-à-dire le corps et le sang [du Christ]. Et tout le peuple le suivit. A la
suite de cela, il fut convoqué au concile de Constance où il fut brûlé. Après lui,
l'année suivante, Jérôme apostasia et commença à prêcher et à avoir de nombreux
disciples, en conséquence beaucoup de serfs s'insurgèrent contre les suzerains. »'
C'est bien peu de chose. Manifestement rien de bien intéressant pour le
chroniqueur qui, par la brièveté de son jugement, a l'air d'être du côté des
intermédiaires catholiques polonais4, même si l'idée d'un Occident hérétique et
condamné était alors en Russie une idée si répandue qu'elle pouvait justifier
toute absence de curiosité et tout manque d'information à son égard.
Cette condamnation devient de plus en plus virulente au xvie siècle, époque
à laquelle le nom de Jean Hus se rencontre de plus en plus souvent dans des
textes de polémique religieuse, toujours à propos des hérétiques de la période
moderne : Luther, Zwingli, Calvin.
A la base, on trouve encore un intermédiaire polonais, non pas catholique
mais réformé, puisque la continuité enure les courants réformateurs des XIVe et
XVe siècles et la Réforme du XVIe était soulignée par les réformés plutôt que
par les catholiques.
Par la documentation acquise jusqu'à présent, nous n'avons qu'un témoignage
indirect du premier rapprochement des noms de Hus et de Luther dans les milieux
russes : selon Odcrborn, pendant l'entretien entre Ivan IV Vasil'eviè* et Jan
Rokyta, qui eut lieu au Kremlin de Moscou au mois de mai 1570s, le tsar aurait
défini la doctrine réformée du salut par la foi « praeceptorum vestrorum Hussi
et Luthcri egregia paradoxa6 » ; mais dans la réponse écrite remise ensuite à
Rokyta le nom de Hus n'apparaissait pas. En tout cas l'enchaînement Wyclif-Hus-
Luthcr-Calvin est déjà attesté dans certains textes dès les premières décennies
du xvir5 siècle :
« Plus tard, mille trois cents ans après l'Ascension du Seigneur, surgirent des
iconoclastes, pires que les anciens, dans les terres d'Allemagne, Wyclif en Angleterre,
Jean Hus qui fut brûlé et qui se damna, corps et âme, pour son hérésie. Et plus tard,
mille cinq cent seize ans après l'Ascension du Seigneur, apparut Martin Luther,
disciple de Judas et d'Anus, et beaucoup de gens moururent pour cette hérésie. Après
lui y adhéra son disciple Calvin, qui détestait les saintes icônes, il ne changea pas
la doctrine de Luther, son maître, et beaucoup de gens embrassèrent cette doctrine
et se déclarèrent évangéliques. »T ET LE MOUVEMENT HUSSITE 325 HUS
La filiation avec les réformateurs du xvr siècle n'introduit pas un nouvel
intérêt pour la personnalité et pour la doctrine de Hus, alors que, surtout dans
le cas de Luther et de Calvin, les rapports de plus en plus intenses avec le
monde allemand, anglais et hollandais et même la présence physique de n

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