Identité minoenne et identité mycénienne à travers les compositions figuratives - article ; n°1 ; vol.11, pg 293-309
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Description

Bulletin de correspondance hellénique. Supplément - Année 1985 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 293-309
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Agnès Xenaki-Sakellariou
Identité minoenne et identité mycénienne à travers les
compositions figuratives
In: Bulletin de correspondance hellénique. Supplément 11, 1985. pp. 293-309.
Citer ce document / Cite this document :
Xenaki-Sakellariou Agnès. Identité minoenne et identité mycénienne à travers les compositions figuratives. In: Bulletin de
correspondance hellénique. Supplément 11, 1985. pp. 293-309.
doi : 10.3406/bch.1985.5285
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0304-2456_1985_sup_11_1_5285IDENTITÉ MINOENNE ET IDENTITÉ MYCÉNIENNE
A TRAVERS LES COMPOSITIONS FIGURATIVES*
Le titre de ma communication peut paraître quelque peu prétentieux, l'étude
de l'identité d'un peuple exigeant une très vaste recherche ; en réalité je me suis donné
pour tâche de relever dans les compositions figuratives de la Crète minoenne et de la
Grèce mycénienne les choix iconographiques et les modes d'expression, qui, dans une
certaine mesure, témoignent du caractère de chaque peuple. A cet effet, j'examine
l'imagerie que nous ont laissée ces deux peuples pour découvrir l'environnement
auquel ils sont sensibles ou les activités qu'ils préfèrent reproduire dans l'art. Les
compositions figuratives représentant une activité ou une situation, qu'elles nous
soient livrées par l'art pictural (fresques) ou par les arts mineurs crétois ou helladiques,
peuvent être réparties, à mon sens, en quatre cycles iconographiques et cinq groupes
thématiques. Les cycles iconographiques correspondent à des ensembles naturels
ou à des cadres artificiels. Les groupes thématiques reproduisent des activités liées
à la vie religieuse et aux rites funéraires, aux compétitions sportives, à la guerre,
à la chasse, à la vie des animaux. Je m'efforcerai dans la présente communication
d'esquisser l'évolution et la diffusion des quatre cycles iconographiques et de trois
groupes thématiques. Faute de temps, je ne traiterai ni du groupe thématique relatif
à la vie religieuse et aux rites funéraires, ni de celui qui concerne la vie animale. Cet
examen devrait nous permettre de discerner les éléments d'origine minoenne et ceux
qui relèvent de la création mycénienne et de souligner les mutations, plus ou moins
importantes, qu'ils subissent lorsqu'ils passent d'un domaine à l'autre. Sur ce point,
il est souvent difficile de faire la part des choses entre l'évolution progressive et la
tradition1.
Le premier cycle iconographique regroupe les activités humaines s'exerçant
dans le cadre d'un habitat et de son entourage naturel : représentation d'édifices,
collines, rochers, cours d'eau, arbres, figurations de la mer. Le plus ancien spécimen
* Je remercie les autorités et le personnel du Musée National pour toutes les facilités accordées, ainsi
que pour les photos offertes en vue de la publication.
(1) L'exemple suivant illustre notre propos : dans les compositions minoennes, celles du xvie s. surtout,
les plantes sont d'un naturalisme étonnant ; dans les compositions mycéniennes en revanche à aucune période
les ne perdent leur aspect décoratif. Cette différence est-elle à mettre au compte du décalage chrono
logique ou du caractère mycénien? 294 AGNÈS XÉNAKI-SAKELLARIOU [BCH Suppl XI
représentatif de ce cycle dont nous disposons aujourd'hui est la « Mosaïque de la ville »2,
malheureusement très fragmentaire. Cette composition semble figurer une ville dans
ses activités quotidiennes ; le deuxième exemplaire par ordre chronologique est la
frise miniature de la Maison Ouest à Théra3 : elle représente des villes où se déroule
une cérémonie navale, une colline où se déploie une procession rituelle et une scène
difficile à interpréter, qui regroupe des nageurs ou des naufragés. Outre la
principale, on voit des gens — bergers, pêcheurs, etc. — qui vaquent à leurs propres
affaires. J'ai déjà exposé ailleurs les raisons pour lesquelles je classe dans ce même
cycle iconographique la scène du siège d'une ville qui décore le rhyton d'argent de
Mycènes (fig. 2) ; il s'agit essentiellement de critères d'affinités iconographiques4. D'autres
que moi avaient déjà rapproché la «Mosaïque de la ville» de la scène sur le rhyton d'ar
gent5. Ainsi il est remarquable que le même cycle iconographique qui, dans l'art minoen,
offrait des images de la vie quotidienne d'une ville, livre à l'art mycénien le cadre
d'une représentation de ville assiégée. L'artiste auquel on doit la décoration du rhyton
mycénien a été fidèle à la tradition naturaliste de l'art minoen et à ses modes de
composition. Sans doute faut-il y voir un artiste minoen travaillant en Grèce, au
service des Mycéniens. Le vase d'Épidaure, postérieur au rhyton de Mycènes et
décoré d'une scène semblable, apparaît comme une copie réalisé par un artiste
mycénien6.
Le deuxième cycle se rapproche du premier en ce qu'il représente des activités
humaines dans un cadre précis, constitué par des édifices ou des éléments de la nature ;
il en diffère par l'espace limité dans lequel se déroule la scène. Les deux spécimens
les plus représentatifs de ce cycle sont la fresque du « sanctuaire tripartite »7 et celle
du « bois sacré »8, toutes deux au palais de Cnossos. Elles sont malheureusement
très mal conservées et notre seule connaissance de ces fresques se fonde sur une
reconstitution due à Gilliéron guidé par Evans. Les éléments authentiques auxquels
on peut accorder un certain crédit sont toutefois suffisants pour autoriser la reconsti
tution d'un sanctuaire dans le premier cas, d'un bois dans le second, à l'avant desquels
un événement prend place ; il s'agit très vraisemblablement d'une cérémonie à laquelle
participent une foule d'hommes et de femmes, rendus selon le procédé de la tachy-
graphie9, et des personnages de haut rang, individualisés avec une minutie extrême.
(2) PM I, p. 301-314, flg. 223-226, 228-230. W. S. Smith, Interconnections in the Ancient Near East,
Index. A. Sakellariou, « Ή κρητική καταγωγή ενός μυκηναϊκού εικονογραφικού κύκλου », 4e Congrès l,
p. 532, 533.
(3) Thera VI, p. 38 sq., col. pi. 7, 9. A. Sakellariou, ♦ The West House Miniature Frescoes », dans TAW
II, p. 149 sq.
(4) A. Sakellariou, RA (1975), p. 195 et 4e Congrès, p. 532 sq.
(5) PM I, p. 302, 308 ; III, p. 87. W. S. Smith, op. cit., p. 42. E. Vermeule, Greece in the Bronze Age,
p. 100.
(6) A. Sakellariou, RA (1971), p. 3 et RA (1975), p. 208.
(7) PM III, p. 46 sq., pi. XVI.
(8) Ibid., p. 86 sq., pi. XVIII.
(9) La tachygraphie, sur ces fresques, correspond à un procédé ingénieux visant à différencier les groupes
denses d'hommes, d'une part, et de femmes de l'autre : les profils d'hommes et de femmes dépourvus de détails se
détachent sur le fond — rouge pour les hommes, blanc pour les femmes — de contour irrégulier. Dictée par
des raisons techniques, cette invention en s'adaptant à son nouveau rôle a pu acquérir une fonction esthétique.
Aussi est-on porté à formuler l'hypothèse suivante : l'alternance des couleurs, en bandes régulières horizontales IDENTITÉ MINOENNE ET IDENTITÉ MYCÉNIENNE 295 1985]
Une autre fresque de Cnossos, moins connue (fîg. 8), met en scène un groupe de gens
qui gesticulent en tous sens10. On a songé à une scène de guerre, interprétation que
suggère l'identification à des lances des lignes diagonales et parallèles, au-dessus de
la tête des personnages. Mais un autre fragment de cette même scène nous montre
un homme debout, un bâton à son côté, regardant le groupe sans que rien vienne
troubler sa sérénité (fîg. 9)11. Je verrais donc plutôt dans cette fresque la représentation
d'une cérémonie semblable à celle du « bois sacré », où les gens gesticulent dans une
atmosphère d'allégresse12. Ce cycle iconographique ne paraît pas avoir été transplanté
sur le continent mycénien, du moins sans subir des transformations : pas le moindre
fragment de scène figurant une foule de gens n'y a été découvert. Les représentations
mycéniennes ne nous montre

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