« Il Laboratorio di economia politica » de l université de Turin (1893-1901)  - article ; n°1 ; vol.54, pg 119-133
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« Il Laboratorio di economia politica » de l'université de Turin (1893-1901) - article ; n°1 ; vol.54, pg 119-133

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Description

Communications - Année 1992 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 119-133
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maria Donzelli
« Il Laboratorio di economia politica » de l'université de Turin
(1893-1901)
In: Communications, 54, 1992. pp. 119-133.
Citer ce document / Cite this document :
Donzelli Maria. « Il Laboratorio di economia politica » de l'université de Turin (1893-1901) . In: Communications, 54, 1992. pp.
119-133.
doi : 10.3406/comm.1992.1817
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1992_num_54_1_1817Maria Donzelli
i II Laboratories di economia politica j
de l'université de Turin (1893-1901)
été nom. chaire 1. Les fondé Le statuts d'économie laboratoire en 1893 de sa politique par fondation d'économie Salvatore dans révèlent politique cette Cognetti que, université. de au l'université Martiis, début Il porte de titulaire l'année de encore Turin de unison la a
versitaire 1893-1894, la faculté de droit de l'université de Turin a
approuvé la proposition présentée par un groupe d'enseignants en
vue de constituer, selon des règles spéciales, la section d'économie
politique de l'Institut des sciences juridiques et politiques, dans le
but de « promouvoir et de faciliter l'étude scientifique et positive des
phénomènes de la vie politique et des questions qui s'y rapportent ».
Tel est le libellé approuvé par le conseil de faculté \ Arturo Graf était
alors recteur.
En 1898, le ministre de l'Instruction publique, Guido Baccelli, et
le ministre de l'Agriculture, Alessandro Fortis, décident de rattacher
le laboratoire au Musée industriel italien ; décision sanctionnée en
1901 par un décret royal dû à Baccelli et à Antonio Salandra, devenu
ministre de l'Agriculture. Ce rattachement a une signification cultu
relle particulière, étant donné l'importance du Musée industriel ita
lien, institué en 1861 sur le modèle du Musée industriel de Londres
et dont le but était de promouvoir le progrès de l'industrie et du
commerce.
De la fusion du musée et de l'École d'application des ingénieurs,
va naître, en 1906, l'École polytechnique de Turin, qui est, encore
aujourd'hui, l'école d'ingénieurs la plus prestigieuse d'Italie.
Le laboratoire d'économie politique et le Musée industriel vont
mener en collaboration une série d'études et de recherches, dont une
grande enquête statistique sur les grèves industrielles de Turin au
début du siècle 2. A cette époque Cognetti a, dans le musée, la charge
d'un enseignement d'économie et de législation industrielle destiné
aux ingénieurs.
119 Maria Donzelli
Depuis sa fondation, le laboratoire poursuit un même but : pro
mouvoir des études dans diverses disciplines économiques et, à cette
fin, mettre à la disposition des chercheurs une grande bibliothèque
spécialisée, organiser des groupes de recherche, des séminaires, des
conférences, etc., et enfin éditer d'importantes publications.
Dans une conférence prononcée en 1896 à l'école cantonale de
commerce de Bellinzona, et dont le sujet était : « La méthode positive
en sociologie et les laboratoires d'économie politique 3 », Angelo
Cabrini, spécialiste autodidacte de l'époque, présente le laboratoire
de Turin comme un exemple à suivre par les chercheurs qui s'i
ntéressent au développement des sciences sociales. Selon lui, l'impor
tance du laboratoire réside surtout dans l'orientation que lui a don
née son fondateur, Cognetti, s'attachant exclusivement à la recherche
des faits et à l'étude positive des phénomènes concrets, analysés à
travers la méthode inductive.
Selon la logique de cette orientation, les théories découlent de
l'élaboration des faits et ne sont plus des prémisses a priori : « Les
statistiques et les enquêtes, les bulletins relatifs aux phénomènes
politiques et sociaux sont soumis à des investigations minutieuses et
réfléchies ; ils constituent le domaine de Yanatomie sociologique 4. »
Ainsi, les théories de la valeur, du libre-échange, du protectionnisme,
de la population, de l'épuisement de la terre, de la concentration
capitaliste, de la disparition de la petite propriété découlent toutes
finalement des enquêtes qui en constituent les résultats.
Un autre mérite du laboratoire, aux yeux de Cabrini, est dans l'a
pplication à la pratique politique de ses recherches : les études stati
stiques du laboratoire pourront fournir aux hommes d'État les él
éments nécessaires à une politique saine, moderne et droite, qui ne
serait soumise ni aux caprices des hommes ni aux pressions des
« sectes politiques », mais découlerait de la connaissance scientifique
du temps et de l'espace.
Cabrini est un spécialiste parmi d'autres, non un des plus remar
quables ; ses jugements sont ceux de la moyenne des intellectuels de
l'époque et constituent l'indice de la diffusion d'une thématique plus
large que nous allons aborder brièvement.
2. La reconnaissance officielle du laboratoire sur les plans cultur
el, financier et institutionnel, quelques années après sa création,
prend son sens par référence à la crise et aux transformations des
sciences sociales en Italie et dans le reste de l'Europe à la fin du
XIXe siècle. Le laboratoire est une des rares tentatives institutionnelles
120 « II Laboratorio di economia politica »
d'application de la méthode expérimentale aux domaines des
sciences sociales en Italie ; son activité culturelle complexe contribue
à établir de nouveaux fondements et à formuler de nouveaux statuts
pour les sciences sociales à partir de l'économie politique.
Entre 1880 et 1904, un débat sur les sciences historiques et
sociales se développe en Italie : il pose en définitive le problème de la
culture en tant que « fonction sociale » plutôt que comme ensemble
d'idées générales sur lesquelles fonder le développement de l'État et
de la société. Cette manière de poser le problème est caractéristique
de la pensée positive italienne, liée à la positivité des sciences et à
l'emploi de la méthode expérimentale et pour laquelle prévaut l'ex
igence de comprendre le monde moderne et son lien étroit tant avec le
développement des sciences qu'avec le développement technologico-
industriel 5. Cette exigence est satisfaite selon des lignes directrices
diverses, mais complémentaires.
Du point de vue philosophique, la rationalité immanente du réel
liée au mythe du progrès - vue que partageaient d'ailleurs les hégél
iens, massivement présents dans la culture italienne de l'époque,
mais qu'ils développaient selon d'autres trajectoires thématiques -
conduit, dans ce cas, à une coïncidence substantielle entre histoire et
nature. Autrement dit, elle rend possible la planification du déve
loppement de la société humaine selon des lois similaires aux lois
biologiques et naturelles, qui sont historiquement liées aux valeurs
sociales, morales et politiques 6.
Par ailleurs, la conquête par la sociologie d'un certain espace scien
tifique provoque une crise dans les fondements mêmes des sciences
sociales et, de plus, les oblige à une confrontation permanente, mais
productive, à la vérification de leur propre contenu et à la redéfini
tion de leur propre espace culturel ; en même temps, elle les pousse
vers une recherche de la « fonctionnalité » sociale dans les limites de
leurs frontières culturelles, devenues moins étroites et moins rigides.
Il faut souligner qu'en Italie la sociologie non seulement n'est pas
reconnue comme discipline officielle, mais de plus se heurte, dans les
années 1880, à une opposition déclarée dans les universités - où pr
édominent la tradition « idéaliste » et la méthode abstraite et méta
physique pratiquée surtout dans les facultés de droit et de philo
sophie, qui va de pair avec cette tradition.
Dans les milieux plus novateurs, la sociologie est cependant consi
dérée comme la seule science capable de régénérer la pensée natio
nale 7 et la seule capable d'établir des connexions entre les
observations des différentes sciences sociales. Elle représente la seule
perspective d'évolution et d'

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