Indispensable et caché. Le travail quotidien des enfants au bas Moyen Âge et à la Renaissance - article ; n°30 ; vol.15, pg 97-107
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Description

Médiévales - Année 1996 - Volume 15 - Numéro 30 - Pages 97-107
Au bas Moyen Âge et à la Renaissance, le travail des enfants était commun et indispensable. Très tôt, les filles et les garçons contribuaient à l'économie familiale d'une manière ou d'autre. Mais ce travail quotidien, non payé, a laissé peu de traces, souvent il n'est mentionné que dans des circonstances extraordinaires comme, par exemple, des accidents et des conflits.
Indispensable and hidden. The daily labour of children - In the Late Middle Ages and the Renaissance child labour was common and indeed indispensable. From an early age, girls and boys contributed to their families' income in various ways. Despite its common occurence, child labour, often unpaid, is documented in the sources only in the context of special circumstances such as, for example, accidents and conflicts.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Dr Katharina Simon-Muscheid
Indispensable et caché. Le travail quotidien des enfants au bas
Moyen Âge et à la Renaissance
In: Médiévales, N°30, 1996. pp. 97-107.
Résumé
Au bas Moyen Âge et à la Renaissance, le travail des enfants était commun et indispensable. Très tôt, les filles et les garçons
contribuaient à l'économie familiale d'une manière ou d'autre. Mais ce travail quotidien, non payé, a laissé peu de traces, souvent
il n'est mentionné que dans des circonstances extraordinaires comme, par exemple, des accidents et des conflits.
Abstract
Indispensable and hidden. The daily labour of children - In the Late Middle Ages and the Renaissance child labour was common
and indeed indispensable. From an early age, girls and boys contributed to their families' income in various ways. Despite its
common occurence, child labour, often unpaid, is documented in the sources only in the context of special circumstances such
as, for example, accidents and conflicts.
Citer ce document / Cite this document :
Simon-Muscheid Katharina. Indispensable et caché. Le travail quotidien des enfants au bas Moyen Âge et à la Renaissance. In:
Médiévales, N°30, 1996. pp. 97-107.
doi : 10.3406/medi.1996.1355
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1996_num_15_30_1355Médiévales 30, printemps 1996, pp. 97-107
Katharina SIMON-MUSCHEID
INDISPENSABLE ET CACHE.
LE TRAVAIL QUOTIDIEN DES ENFANTS
AU BAS MOYEN-ÂGE ET À LA RENAISSANCE
Isidore de Seville dans son encyclopédie écrite au début du vit
siècle, tout comme les auteurs des traités didactiques du bas Moyen
Âge, faisait la distinction entre infantia et pueritia. Le premier cycle de
la vie, Y infantia, va de la naissance à l'âge de sept ans, suivi du
deuxième septénaire, la pueritia1. Ce découpage théorique n'est pas
sans retentissement sur la vie quotidienne de l'enfant. En effet, dès sept
ans, certains enfants quittaient leur famille pour aller à l'école ou pour
être mis en service.
En milieu rural, un garçon de sept ans devait déjà être capable de
gagner sa vie. D'après les coutumes allemandes (Weistiimer) du xve
siècle le prieur était obligé d'assurer l'éducation des orphelins de ses
sujets jusqu'à l'âge de sept ans et une partie de l'héritage de l'enfant
lui était confiée. Les enfants pauvres qui ne possédaient rien devaient
être élevés aux frais du couvent2.
Dès sept ans, filles et garçons étaient mis à l'ouvrage, en particulier
à la campagne. Dans cette période entre Y infantia et la maturité biolo
gique de l'adolescence, on les croyait assez développés physiquement
pour travailler. Dès lors, théoriquement, ils étaient censés faire les
mêmes travaux que les adultes.
En ville comme à la campagne la vie des enfants changeait d'une
manière plus ou moins radicale vers sept ans. Les orphelins élevés à
l'hôpital ou dans les hospices des enfants abandonnés, étaient alors
placés. Mais, comme nous le montre un exemple bâlois, cette règle
1. Isidori hispalensis EPiscopi, Etymologicarum sive originum libri XX,
W. M. Lindsay éd., Oxford, 191 1, Lib. XI, 2 ; K. Arnold, « Kindheit im europàischen
Mittelalter », dans J. Martin et A. Nitschke éd., Zur Sozialgeschichte der Kindheit,
vol. 4, Fribourg i.B./Munich, 1986, pp. 443-467, 446-448 ; B. A. Hanawalt, « Historical
Descriptions and Prescriptions for Adolescence », Journal of Family History 17, 4, 1992,
pp. 341-351.
2. K. Arnold, Kind und Gesellschaft in Mittelalter und Renaissance. Beitrâge void
Texte zur Geschichte der Kindheit, Paderborn 1980, p. 20. 98 K. SIMON-MUSCHEID
n'était pas stricte. Vers le milieu du xvr siècle, un cuisinier de l'hôpital
bâlois fut condamné et mis au ban parce qu'il avait violé une fillette
de moins de douze ans : celle-ci avait été élevée à l'hôpital grâce à
l'aumône commune avant d'être mise en service dans une famille3.
Chez les artisans et les commerçants, les enfants quittaient leurs
familles plus tard pour entrer en apprentissage. D'après des contrats
anglais, allemands et français, l'âge des apprentis variait entre 10 et
15 ans voire plus au xvr siècle selon le métier et la conjoncture, les
conditions économiques et le sexe de l'apprenti. Au xive siècle la plupart
des apprentis masculins ne s'engageait qu'à partir de 14 ans4. Mais il
y en avait de plus jeunes. À Londres par exemple, des lois défendaient
aux artisans d'employer des apprentis qui n'avaient pas encore atteint
sept ans.
Mais que se passait-il avant l'entrée en apprentissage, avant de
signer les contrats et avant de confier les enfants aux étrangers pour
qu'ils apprennent un métier ? Il est certain que les garçons et les filles
contribuaient à l'économie familiale bien plus tôt. En ville comme à la
campagne les enfants étaient intégrés de bonne heure dans le monde du
travail soit dans leur famille soit dans une autre. Pour le chercheur la
tâche est rude : comment repérer les traces de ces garçons et de ces
filles travaillant au foyer familial, chez des étrangers ou au service d'un
tiers ? En arrachant des petits bouts d'informations aux différentes sour
ces, en confrontant les documents normatifs aux discours sur le travail,
aux autobiographies et aux contrats notariés, aux archives judiciaires et
aux livres de comptes, aux ordonnances et aux lettres privées sans
oublier les sources iconographiques ; alors, les différents aspects de
l'enfance se dévoilent. Ces documents divers nous permettent de reconst
ruire les types de travail confiés aux enfants en fonction de leur milieu
social. De plus, les contrats d'apprentissage, par exemple, et les témoi
gnages relevés lors d'un procès entre le patron et l'apprenti, offrent
deux aspects de la même situation. Ils nous informent, d'une part sur
les conditions de travail au niveau normatif et, d'autre part, sur les
conflits concrets entre les partenaires.
Pour démentir les théories de Philippe Ariès, les spécialistes de
l'histoire de l'enfance au Moyen Âge et à la Renaissance, mettent
l'accent sur la recherche des sentiments maternels et paternels. Et c'est
pour cette raison qu'ils négligent souvent les aspects économiques du
travail des enfants.
3. Staatsarchiv Basel-Stadt, Urfehden VII, Ratsbiicher 7, f 76, 1544.
4. F. Michaud-Fréja ville, « Bons et loyaux services : les contrats d'apprentissage
en Orléanais (1380-1480) », Annales de l'Est, numéro spécial : Les entrées dans la vie :
initiations et apprentissages, 5e série, 34e année, n° 1-2, 1982, pp. 183-208 ; K. L. Reyer-
son, « The Adolescent Apprentice/Worker in Medieval Montpellier », Journal of Family
History, 17, 4, 1992, pp. 353-370 ; K. Wesoly, Lehrlinge und Handwerksgesellen am
Mittelrhein. Ihre soziale Lage und ihre Organisation vont 14. bis ins 17. Jahrhundert,
Francfort s/M., 1985 ; B. A. Hanawalt, Growing up in Medieval London. The Expe
rience of Childhood in History, Oxford/New York 1993, voir spécialement pp. 129-171. INDISPENSABLE ET CACHÉ 99
Indispensable dans l'économie familiale et artisanale ainsi que dans
les manufactures des grands centres textiles, le travail des enfants a été
négligé trop longtemps par les historiens, plus soucieux du travail « qual
ifié » et « rémunéré ». De même, le travail des enfants aidant leur
famille reste à préciser par âge et par sexe. De plus, il faut bien distin
guer entre les différents types de travail d'enfant, entre les enfants
contribuant à l'économie familiale et les enfants placés, entre le travail
rémunéré d'une manière ou d'une autre et l'apprentissage payé par les
parents ou par le tuteur du futur apprenti.
Limiter la recherche au travail salarié aurait pour conséquence de
négliger une grande partie des enfants travaillant dans d'autres condit
ions. Mais reproduire l'idée selon laquelle les enfants « aidaient leurs
familles selon leurs facultés » n'est pas satisfaisant non plus. Mettons
plutôt en évidence toute la gamme des travaux accomplis par des fil
lettes et des garçons, qu'il s'agisse d'enfants contribuant à l'économie
familiale, d'enfants placés, d'apprentis ou de filles mises en service.
Pour déterminer la

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