Jean Dorat et les jetons des derniers Valois - article ; n°21 ; vol.6, pg 194-210
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Description

Revue numismatique - Année 1979 - Volume 6 - Numéro 21 - Pages 194-210
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 70
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Vladimír Juen
Jean Dorat et les jetons des derniers Valois
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 21, année 1979 pp. 194-210.
Citer ce document / Cite this document :
Juŕen Vladimír. Jean Dorat et les jetons des derniers Valois. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 21, année 1979 pp. 194-
210.
doi : 10.3406/numi.1979.1795
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1979_num_6_21_1795Vladimír JUREN
JEAN DORAT ET LES JETONS
DES DERNIERS VALOIS
(PL XXVI-XXVIII)
L'humaniste et poète de la Pléiade Jean Dorât, « petit homme
de stature et de mine mais grand d'esprit » selon le mot d'un
contemporain1, est né en 1508, probablement à Limoges, descendant
par son père d'une vieille noblesse limousine. A l'exception d'une
période d'études à Paris et d'un nouveau séjour à Limoges en
1538, rien n'est connu sur sa jeunesse jusqu'au début des années
1540. De retour dans la capitale, il entre chez le diplomate et
humaniste Lazare de Baïf en qualité de précepteur de son fils
Jean-Antoine et de son ancien secrétaire Pierre de Ronsard,
futures étoiles de la Pléiade, qui doivent à leur maître et confrère
une solide culture classique2. Après la mort de son protecteur en
1547, Dorât continue à instruire ses deux élèves bientôt rejoints
1. A. du Verdier, Prosographie, Lyon, 1604, p. 2575. Le phénomène des «grands
hommes de petite taille » a été lumineusement décrit, à propos de l'Abbé Suger, par
E. Panofsky, Meaning in the Visual Arts, Garden City, N.Y., 1955, p. 140. L'aperçu
biographique qui suit, est — sauf indication contraire — basé sur l'exposé de
H. Chamard, Histoire de la Pléiade, vol. I, Paris, 1939, pp. 80-85 et vol. IV, Paris,
1940, pp. 2-8, avec la bibliographie antérieure. La seule monographie consacrée à Dorât,
thèse de P. Robiquet, De Ioannis Aurati poetac regii vita et latine scriptis poematibus,
Paris, 1887, est superficielle et peu fiable ; voir le compte rendu de Pierre de Nolhac,
in : Revue critique, t. 24 (1887), n° 2, pp. 502-507. En revanche, d'une grande utilité
tant pour les textes que pour la riche documentation est une anthologie des Œuvres
poétiques de J. Dorât publiée en 1875 à Paris par C. Marty-Laveaux d'après le recueil
Joannis Aurati ... Poematia, Paris, Linocier, 1586. Pour la famille de Dorât, voir
J. Boulaud, La terre de Salvanet et ses seigneurs, Limoges, 1937, pp. 55 et ss.
2. Le rôle de Dorât dans la formation humaniste de la Pléiade a été magistralement
éclairé par P. de Nolhac, lui-même professeur et poète, dans son beau livre Ronsard
et V Humanisme, Paris, 1921 (réimpression : 1966). DORAT ET LES JETONS 195
par d'autres dans une maison qu'il loue pour six ans à compter
de Noël 1548 « en la rue de la Grande-Bretonnerie, où pend
pour enseigne le Chef-Sainct-Jehan »3 (fig. 1, b). Le premier
biographe de Ronsard, Claude Binet, qui fait de Dorât le principal
du Collège de Coqueret, rue (aujourd'hui impasse) Chartière
(fig. 1, c), est à l'origine d'une tradition sujette à caution4.
D'après un éloge funèbre de Ronsard, l'école humaniste de Dorât
portait pour enseigne « Divi Johannis caput » qui l'identifie avec
la « Maison du Chef-Sainct-Jehan » rue de la Grande-Bretonnerie5.
A la suite de l'expiration du bail en 1554, Dorât passe à la cour en
1555 et enseigne les langues classiques aux enfants d'Henri II.
L'enseignement à la cour, expérience désastreuse pour le maître,
dure un an. En 1556, Dorât occupe déjà la chaire de grec au
Collège royal où il va commenter, devant un auditoire venu de
tous les coins de l'Europe, VOdyssée d'Homère6, les Olympiques de
3. E. Coyecque, Recueil d'actes notariés relatifs à l'histoire de Paris, vol. II, Paris,
1923, pp. 316-317, n° 5167 (extrait) ; le même document a été intégralement publié et
commenté par E. Balmas, « Un contratto notariale inedito di J. Dorât », recueilli
dans son livre Montaigne a Padova e altri sludi sulla letteratura francese del Cinquecento,
Padoue, 1962, pp. 27-48. La «Maison du Chef-Sainct-Jehan», aujourd'hui disparue,
était délimitée par la rue de la Grande-Bretonnerie, la rue Saint-Jacques et les murs
de Paris ; outre la fig. 1, b, voir A. Berty, L. M. Tisserand et C. Platon, Topographie
historique du vieux Paris. Région de l'Université, Paris, 1897, p. 22 et le plan joint à la
fin du volume.
4. C. Binet, La Vie de Pierre de Ronsard, éd. P. Laumonier, Paris, 1909, p. 11
(texte) et 91-92 (commentaire). La nomination de Dorât à la tête du Collège de Coqueret
est généralement située à la fin de 1547, l'année de la mort de Lazare de Baïf, ou quelque
temps avant ; cf. Chamard, op. cit., vol. I, p. 85, n. 2. Toutefois, d'après les actes
notariés publiés par E. Coyecque, op. cit., mais inexploités par les commentateurs de
Binet, le Collège a été dirigé le 2 octobre 1543 (n°2981), le 24 mai 1546 (n° 3041), le
3 février 1547 (n° 4033), le 7 mars 1548 (n° 4889), le 18 juin 1549 (n° 5007) par
Robert Dugast et le 10 août 1551 (n° 5881) par Nicole Masseron. Le même Dugast
a été, en outre, suspendu en septembre 1529, nommé le 3 octobre 1551 et suspendu
à nouveau le 12 avril 1552 ; cf. Chamard, op. cit., vol. I, p. 97.
5. Iacobus Velliardus, Pétri Ronsardi Poetae Gallici Laudatio funebris, Paris,
1586, cité par P. de Nolhac, op. cit., p. 68. L'affirmation de Velliard à propos de
Dorât, « ... Divi Johannis caput, insigne quod appenderas tuis aedibus... », constitue
un argument, passé inaperçu et peut-être décisif, en faveur de l'hypothèse d'E. Balmas
sur la formation humaniste de Ronsard et des autres poètes de la Pléiade comme
Du Bellay dans l'école située rue de la Grande-Bretonnerie. Loin d'être d'un intérêt
exclusivement topographique, l'identification du « berceau » de la Pléiade avec un
établissement qui — à la différence du Collège de Coqueret — ne relevait pas de
l'autorité de la Sorbonně décriée par les humanistes pour son esprit rétrograde, rejoint
les observations du Professeur E. Garin sur l'importance de l'initiative privée pour
la diffusion de l'enseignement humaniste ; voir son ouvrage L' Educazione in Europa
1400-1600, Rome-Bari, 1976, pp. 109 ss., et pp. 172-173.
6. Une copie fragmentaire des notes prises par un auditeur anonyme des cours de
Dorât sur Homère est conservée à Milan, Biblioteca Ambrosiana, Ms. A. 184 (B.S. II 3), 196 VLADIMÍR JUKEN
Pindare7 et d'autres grands textes classiques tout comme les
Oracles sibyllins9 célèbres pour leur obscurité. La période d'ense
ignement au Collège, apogée de sa carrière pédagogique, se termine
en 1567. Nommé au début de l'année poeta regius grec et latin, il
se retire au profit de son futur gendre et, jusqu'à la fin de sa
longue vie en 1588, met son talent au service de la Couronne, non
seulement dans le domaine de la poésie et des fêtes en composant
des vers de circonstance et des projets d'ensembles décoratifs pour
les événements notables de la cour9, mais aussi dans celui de la
propagande numismatique.
La nature de son activité dans le domaine de la propagande
numismatique est connue depuis longtemps à travers le témoignage
d'un contemporain, l'historien et érudit Aernoult Van Buchell
d'Utrecht (voir Г Appendice). En décrivant sa visite chez Dorât le
1er décembre 1585, le jeune voyageur hollandais fait, en effet,
dans son journal une curieuse remarque — « Monstrabat nobis
aliquot emblemata regiae monetae ab se excogitata » — qui,
a-t-on conclu, s'applique aux « devises pour les jetons »10. Ainsi,
d'après Van Buchell, le poeta regius composait des devises pour
des jetons, ce qui est, sans doute, à rapprocher de son activité de
fï. 2r-18v : « Mythologicum sive interpretatio allegorica fabularum ... in lib. 10 Odyss.
Homeri per Johannem Auratum »; fï. 19г-21» : « Io. Aurati Mythologia in hymnům
Veneris ». Le manuscrit a été signalé par P. O. Kristeller, lier Italicum, vol. I,
Leyde, 1963, p. 347. Pour d'autres témoignages sur les cours consacrés par Dorât
à Homère, son auteur préféré, voir P de Nolhac, op cit., pp

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