L abbaye exempte de Déols et la Papauté (Xe-XIIe siècles) - article ; n°1 ; vol.145, pg 5-44
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1987 - Volume 145 - Numéro 1 - Pages 5-44
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 90
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean Hubert
L'abbaye exempte de Déols et la Papauté (Xe-XIIe siècles)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1987, tome 145, livraison 1. pp. 5-44.
Résumé
Jean Hubert, L'abbaye exempte de Déols et la papauté (Xe-XIIe siècles). — Bibliothèque de l'École des chartes, t. 145, 1987, p.
5-44.
L'abbaye de Déols (Indre) a été fondée par un fidèle de Guillaume d'Aquitaine, le 2 septembre 917, à l'imitation de Cluny dont
elle suivit les destinées sous les abbatiats de Bernon et d'Odon. Grâce à la conservation d'un assez riche ensemble de
documents, elle peut être considérée comme un exemple significatif pour suivre, dans le cas d'un établissement particulier, le
passage de la protection apostolique initiale à l'exemption proprement dite.
Définie à l'origine de manière assez vague, comme defensio (917) ou regimen ((927), la protection de la papauté révéla de
bonne heure son efficacité, à l'occasion d'un conflit survenu en 938 entre les religieux de Déols et l'archevêque de Bourges, en
mettant les premiers à l'abri de l'excommunication prononcée par le second. Bien que l'affaire concernée fût d'ordre purement
temporel, ce précédent ne manqua pas d'être invoqué à plusieurs reprises au cours des deux siècles suivants, lorsque, par
étapes et à la faveur de circonstances diverses, les papes accordèrent à l'abbaye une série de privilèges qui finirent par la
soustraire complètement aux pouvoirs de l'ordinaire.
Citer ce document / Cite this document :
Hubert Jean. L'abbaye exempte de Déols et la Papauté (Xe-XIIe siècles). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1987, tome
145, livraison 1. pp. 5-44.
doi : 10.3406/bec.1987.450445
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1987_num_145_1_450445L'ABBAYE EXEMPTE DE DÉOLS ET LA PAPAUTÉ
(Xe-XIIe SIÈCLES)
par
Jean HUBERT
Le 2 septembre 917, Ebbe dit le Noble, premier seigneur de Déols
connu de façon certaine, fondait un monastère à quelque distance
du castrum dont il était le détenteur et le confiait à l'abbé de Gluny,
Bernon. Par ce geste, il ne jetait pas seulement les bases d'un éta
blissement dont la grandeur devait croître dans les siècles suivants ;
il faisait aussi pénétrer la réforme clunisienne en Berry, dans une
province où la vie monastique était alors à peu près inexistante1.
Ebbe agissait à l'exemple et à l'imitation de son senior, le duc
d'Aquitaine Guillaume le Pieux. L'acte de fondation de l'abbaye de
Déols fut rédigé à Bourges, par les soins de la chancellerie ducale.
Il reproduisait mot pour mot les dispositions de la charte de fondation
de Gluny : dès son origine, le nouveau monastère se trouva donc
placé sous la protection des saints Pierre et Paul et du Siège apos
tolique.
Malgré la perte d'une partie des archives de l'abbaye de Déols et
l'émiettement actuel du fonds2, il reste un nombre suffisant de do-
1. Du xne au xvie siècle, l'abbaye de Déols (Indre, cant, de Ghâteauroux) est également
désignée sous son appellation populaire, le Bourg-Dieu. Cf. Eugène Hubert, Dictionnaire
historique, géographique et statistique de Vlndre, Paris-Châteauroux, 1889 (réimpr. Paris,
1985), p. 66-67 ; Jean Hubert, L'abbaye Notre-Dame de Déols (917-1627), dans École na
tionale des chartes, positions des thèses..., 1925, p. 55-61 ; id., L'abbatiale Notre-Dame de
Déols, dans Bulletin monumental, t. 86, 1927, p. 5-66 (repris dans Nouveau recueil d'études
d'archéologie et d'histoire, de la fin du monde antique au Moyen Age, Genève-Paris, 1985,
p. 361-424) ; Guy Devailly, Déols, dans Lexikon des Mittelalters, München-Zürich, Bd. 3
(1984-1986), col. 703-704.
2. Épargné lors de la mise à sac et de l'incendie de l'abbaye par les protestants en 1567,
le chartrier de Déols a souffert de deux transferts. D'abord réuni aux titres du duché de
Châteauroux après la sécularisation de l'établissement, intervenue au profit du prince
de Condé en 1623-1627, et conservé avec une grande négiigence au Château-Raoul de Châ
teauroux (Mémoire pour parvenir à l'inventaire général des titres du duché de Châteauroux,
xviii6 siècle, Arch. dép. de l'Indre, A 80), il fut transporté à Paris, avec l'ensemble des ar
chives, sur l'ordre de Louis XV qui avait acheté le duché en 1735. Déposé à la Chambre
des comptes, il fit l'objet d'un nouveau classement. Ces manipulations répétées expliquent
les lacunes du fonds de Déols, aujourd'hui dispersé entre plusieurs séries des Archives na-
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 145, 1987. 6 JEAN HUBERT
cuments significatifs pour suivre, à travers les interventions de la
papauté, l'évolution du statut de l'établissement dans les trois pre
miers siècles de son existence et la transformation en exemption de
la protection apostolique initiale1.
* * *
I. La fondation de l'abbaye de Déols
La cilla de Déols, où était fondé le nouveau monastère, occupait
sur la rive droite de l'Indre une courbe très accentuée que la rivière
dessine en cet endroit. Elle se trouvait au carrefour ou à proximité
de plusieurs voies qui la mettaient en rapport avec les grandes cités
environnantes. Le passé gallo-romain du site demeura en mémoire
pendant tout le Moyen Age : les démêlés des moines de Déols avec
l'archevêque de Bourges, de même que le souci de glorifier la famille
tionales (E. Hubert, Les sources de l'histoire du Bas-Berry aux Archives nationales, Paris,
1893). Les Archives départementales de l'Indre conservent huit volumes d'inventaires des
xvne et xvme siècles, dressés avec soin, qui donnent l'analyse de nombreux actes aujour
d'hui perdus.
1. Depuis les ouvrages de Paul Fabre {Étude sur le Liber censuum de V Église romaine,
Paris, 1892 [Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, fasc. 63]), Jules Ven-
deuvre (L'exemption de la visite monastique, Paris-Dijon, 1907), Bernard Monod (Essai sur
les rapports de Pascal II avec Philippe IeT, Paris, 1907 [Bibliothèque de l'École pratique des
hautes études, fasc. 164], p. 100-120), Georg Schreiber (Kurie und Kloster im 12. Jahrhundert,
Stuttgart, 1910 [Kirchenrechtliche Abhandlungen, 65-68]), l'exemption a fait l'objet d'assez
nombreuses études (il n'est pas d'historien de Gluny qui n'aborde la question). Je ne re
tiendrai ici que quelques titres, soit qu'ils marquent une étape dans la recherche, soit qu'ils
offrent une synthèse utile : Georges Letonnelier, L'abbaye exempte de Cluny et le Saint-
Siège, étude sur le développement de l'exemption clunisienne des origines jusqu'à la fin du
XIIIs siècle, Paris, 1923 (Archives de la France monastique, vol. 22) ; Jean-François Lema-
rignier, Étude sur les privilèges d'exemption et de juridiction ecclésiastique des abbayes nor
mandes depuis les origines jusqu'en 1140, Paris, 1937 (Archives de la France monastique,
vol. 44) ; id., L'exemption monastique et les origines de la réforme grégorienne, dans A Cluny,
congrès scientifique..., 1949, Dijon, 1950, p. 291-301 ; id., dans Histoire des institutions
françaises au Moyen Age, publ. sous la dir. de F. Lot et R. Fawtier, t. III, Institutions
ecclésiastiques, Paris, 1962, p. 55-60, 115-118 ; Kassius Hallinger, Gorze-Kluny, Studien zu
den monastischen Lebensformen und Gegensätze im Hochmittelalter, Rome, 1950-1951 (Studia
Anselmiana, 24-25), t. I, p. 544-573 ; Jean Gaudemet, dans Histoire des institutions françaises
au Moyen Age, t. III, Institutions ecclésiastiques, Paris, 1962, p. 237-242 ; H. E. J. Cowdrey,
The Cluniacs and the Gregorian reform, Oxford, 1970, p. 3-63 (discussion par Hermann Jakobs,
Die Cluniazenser und das Papsttum im 10. und 11. Jahrhundert, dans Francia, t. 2, 1974, p. 643-
663) ; Ginzio Violante, II monachesimo cluniacense di fronte al mondo politico ed ecclesiastico,
dans G. Violante, Studi sulla cristianità medioevale, Milano, 1972 ; Dom Jacques Hourlier,
Les religieux, Paris, 1974 (Histoire du droit et des institutions de l'Église en Occident, t. 10,
L'âge classique, 1140-1378), p. 442-451 ; Marcel Pacaut, L'ordre de Cluny, Paris, 1986.
On aurait tort de négliger les ouvrages des xvne et xvine siècles traitant de l'exemption :
ainsi trouve-t-on

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