L acte de fraternisation de Nakone - article ; n°2 ; vol.100, pg 687-700
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1988 - Volume 100 - Numéro 2 - Pages 687-700
Henri et Micheline van Effenterre, L'acte de fraternisation de Nakone, p. 687-700. Le dossier des inscriptions d'Entella a déjà donné lieu à une abondante littérature. L'acte de fraternisation de Nakone est la pièce la plus curieuse de ce dossier difficile. On en donne pour la première fois une traduction en français. Est écartée une suggestion de L. Dubois qui en ferait une restitution de biens après une stasis. Analysant les conditions de temps et de lieu des opérations évoquées, ils définissent le contexte politique et historique de la réconciliation civique et soulignent le caractère typiquement hellénique de la fraternisation imposée aux Nakoniens, en rapport notamment avec des thèmes philosophico-politiques chers à Platon.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Van Effenterre
Micheline Van Effenterre
L'acte de fraternisation de Nakone
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 100, N°2. 1988. pp. 687-700.
Résumé
Henri et Micheline van Effenterre, L'acte de fraternisation de Nakone, p. 687-700.
Le dossier des inscriptions d'Entella a déjà donné lieu à une abondante littérature. L'acte de fraternisation de Nakone est la pièce
la plus curieuse de ce dossier difficile. On en donne pour la première fois une traduction en français. Est écartée une suggestion
de L. Dubois qui en ferait une restitution de biens après une stasis. Analysant les conditions de temps et de lieu des opérations
évoquées, ils définissent le contexte politique et historique de la réconciliation civique et soulignent le caractère typiquement
hellénique de la fraternisation imposée aux Nakoniens, en rapport notamment avec des thèmes philosophico-politiques chers à
Platon.
Citer ce document / Cite this document :
Van Effenterre Henri, Van Effenterre Micheline. L'acte de fraternisation de Nakone. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome.
Antiquité T. 100, N°2. 1988. pp. 687-700.
doi : 10.3406/mefr.1988.1604
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1988_num_100_2_1604HENRI ET MICHELINE VAN EFFENTERRE
L'ACTE DE FRATERNISATION DE NAKONE
L'un de nous avait présenté en 1982, au Symposion de droit grec et
hellénistique tenu à Santander1, de prudentes observations de méthode
sur une pièce du «dossier d'Entella»2. Notre ami Ch. Pietri a bien voulu
nous proposer de reprendre pour les Mélanges de l'École française de
Rome une étude sur ces curieuses inscriptions hellénistiques de Sicile.
Nous le faisons avec plaisir et le remercions de cette hospitalité editoriale
qui prolonge l'accueil toujours si bénéfique que nous avons rencontré à la
bibliothèque du Palais Farnese. Nous nous en tiendrons, ici encore, à «la
plus importante, mais aussi la plus difficile 3 » des inscriptions du dossier,
le texte III, acte de fraternisation civique des Nakoniens.
Rappelons qu'il s'agit, comme c'est le cas pour les autres éléments de
cet ensemble, d'un texte gravé sur une plaque de bronze qui a circulé
dans le commerce international des antiquités. Sans doute découvert avec
les textes d'Entella au sud-est de Ségeste, à mi-distance entre Palerme et
Sélinonte, il émanerait en fait d'une petite cité du voisinage, Nakone, dont
la localisation exacte importe peu ici4. Sur des critères paléographiques
1 Symposion 1982 (Actas de la Sociedad de historia del derecho griego y hele-
nistico), F. J. Fernandez Nieto ed., Valence, 1985, p. 1-5.
2 L'importance de ce dossier et la façon regrettable dont il est encore tenu sous
le manteau, s'agissant d'antiquités volées et de fouilles clandestines, rendent malai
sée une bibliographie rationnelle. Les articles se chevauchent, se répètent ou se
contredisent sans qu'une véritable édition critique ait encore pu être offerte. On
aura une idée du foisonnement des études dans V. Giustolisi, Nakone ed Entella.
Alla luce degli antichi documenti recentemente apparsi e di un nuovo decreto inedit
o, Palerme, 1985, p. 9-11. Pour des aperçus pittoresques sur ce désordre, cf.
G. Daux, BCH, 106 1982, p. 527-528, et 108, 1984, p. 393-396, ou les détails donnés
par Giustolisi, op. cit., p. 12-14.
3 Ph. Gauthier, ASNP, III, XIV, 1984, p. 845.
4 Cf. E. Manni, Geografia della Sicilia antica, Suppl. 4 (1981) de la revue Kôka-
los, p. 208-209; G. Bejor et Α. Kutroni Tusa, ASNP, III, XII, 1982, p. 820 sq.;
V. Giustolisi, Nakone ed Entella, p. 39 sq. et spécialement p. 120-137, défend l'hy
pothèse d'une localisation au Monte Adranone, en fournissant tous les détails topo-
MEFRA - 100 - 1988 - 2, p. 687-700. 46 HENRI ET MICHELINE VAN EFFENTERRE 688
et historiques raisonnables, il serait datable au plus tard du second quart
du IIIe siècle avant J.-C. Il peut même être un peu plus ancien5. Autopsié
ou lu sur copies ou photographies par plusieurs savants épigraphistes, il
offre toutes les apparences de l'authenticité. Le mérite de la première
publication en revient à G. Nenci6. Le texte a ensuite été l'objet d'études
approfondies, notamment par D. Asheri et I. Savalli, et de suggestions ou
de critiques diverses qui en ont dissipé certaines obscurités, sans rien ôter
à ce qui fait la singularité et l'intérêt du document dans l'histoire polit
ique de la Cité grecque aux temps hellénistiques7.
La lecture du bronze est assurée ou, du moins, elle échappe, pour le
moment, à toute entreprise de vérification de notre part. Nous ne pou
vons donc ici que reproduire le texte de la vulgate et en donner une tra-
graphiques et archéologiques à sa disposition. Il tient compte évidemment de ce
qu'aurait apporté de neuf la découverte du bronze IX, heureusement acquis, celui-
là, par le Musée de Palerme. La localisation de Nakone est-elle définitivement
réglée ? Quand on suit ce genre de débat entre connaisseurs d'une géographie local
e, on peut en douter . . .
5 Terminus ante quern probable : la destruction de Gela en 282, puisque cette
cité intervient pour aider les habitants d'Entella (Texte II). Terminus post quem :
l'arrivée en 404 de mercenaires campaniens qui se traduit par une présence osque
dans l'onomastique, cf. M. Lejeune, ASNP, III, XII, 1982, p. 787-800, qui classe
selon leurs origines ethniques les noms qui apparaissent dans tout le dossier d'Ent
ella, et G. Nenci, ibid., p. 1078, qui considère que le premier archonte de notre
texte III serait d'origine osque, tandis que le second serait un Grec. Autre terminus,
mais discuté, l'attaque des Carthaginois d'Hannon sur la Sicile occidentale et la
prise provisoire d'Entella en 345/4, cf. Diod. Sic. XVI, 67, 1-4. La gravure des docu
ments est belle et inviterait à une datation haute. La présence du mot isopoliteia
dans les textes VI à IX empêche de remonter trop haut. Résumé du débat chrono
logique dans le SEG, XXXII, 1982, p. 253-255.
6 ASNP, III, X, 1980, p. 1272-1273. On ne saurait trop remercier ce collègue du
courage qu'il a manifesté par cette publication qui mettait fin sinon au commerce
clandestin de tels documents, du moins à la communication clandestine de leurs
copies ou de leurs photographies . . . Nous lui devons personnellement de précieu
ses informations sur tout le dossier d'Entella et la disposition du travail de V. Gius-
tolisi qu'il était difficile de se procurer à Paris. Nous lui exprimons ici toute notre
gratitude.
7 D. Asheri, Osservazioni storiche sul decreto di Nakone, ASNP, III, XII, 1982,
p. 1033-1046 (repris dans Symposion 1982, p. 135-145); I. Savalli, Alcune osserva
zioni sulla terza iscrizione di Entella, dans ASNP, III, XII, 1982, p. 1055-1068. On
trouvera commodément une présentation du dossier d'Entella dans le SEG XXXII,
1982 (1985), n°914, p. 250-260. On y ajoutera maintenant L. Dubois, RPhil, 1986,
p. 103 sq. et G. Nenci, ASNP, III, XVII, 1987, p. 119-128 et pi. VI (cf. REG, 1988,
Bull, 1044). L'ACTE DE FRATERNISATION DE NAKONE 689
duction suivie8. Comme le grec comporte des séries de participes sans
que soient toujours exprimés les verbes au mode personnel ou les infini
tifs de prescription, autrement dit comme il s'agit de «phrases nominales
à valeur jussive»9, notre version française s'efforce surtout de respecter
la présentation temporelle des événements. Au reste, le sens général a été
élucidé par nos prédécesseurs et n'offre plus de difficulté majeure 10.
Toutefois, sur une voie peut-être insuffisamment fermée par G. Nen-
ci11, L. Dubois a récemment semblé donner12, au moins implicitement13,
du bronze de Nakone une interprétation assez inquiétante. Elle rattacher
ait le document aux affaires de synoikismos dont traitent des inscriptions
propres d'Entella 14. Elle joue sur le double sens qu'a en grec le mot kla-
ros : jeton pour un tirage au sort et lot de terre. Il serait simplement ques
tion de la restitution des biens d'exilés rentrés à Nakone : les groupes de
cinq «frères d'élection» constitués dans la population de la cité se ver
raient simplement attribuer, en affectation collective, les lots de terre
qu'ils pourraient exploiter15. Par une telle interprétation du document,
8 Une traduction en italien a été procurée par D. Asheri et partiellement préci
sée par I. Sav

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