L âge de la pierre polie : un égarement des études néolithiques en France au XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.90, pg 69-86
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L'âge de la pierre polie : un égarement des études néolithiques en France au XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.90, pg 69-86

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Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1993 - Volume 90 - Numéro 1 - Pages 69-86
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Noël Coye
L'âge de la pierre polie : un égarement des études néolithiques
en France au XIXe siècle
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1993, tome 90, N. 1. pp. 69-86.
Citer ce document / Cite this document :
Coye Noël. L'âge de la pierre polie : un égarement des études néolithiques en France au XIXe siècle. In: Bulletin de la Société
préhistorique française. 1993, tome 90, N. 1. pp. 69-86.
doi : 10.3406/bspf.1993.9582
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1993_num_90_1_9582:
de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1993 /TOME 90, П" 1-2 69 Bulletin
L'AGE DE LA PIERRE POLIE :
UN ÉGAREMENT DES ÉTUDES NÉOLITHIQUES
EN FRANCE AU XIXe SIÈCLE
Noël Coye
du XIXe siècle, prisonnière de l'affroJusque dans les années 1950, l'a opinions attribuant successivement
la sépulture aux Juifs « qui avaient rchéologie préhistorique française se ntement entre ces deux écoles de
définissait essentiellement comme une pensée archéologiques et les consé demeuré en France avec assez de
science du Paléolithique. Lorsque quences que cet état de fait a eu sur liberté jusqu'au règne de saint
l'historiographie traditionnelle érigeait la définition du Néolithique en tant Louis », aux Druides, aux Normands
la France en « Berceau de la Préhis qu'objet d'étude. La notion d'Âge de ou encore aux Huns (Cocherel Abbé
toire », c'était en célébrant les luttes la Pierre polie apparaîtra alors de, 1722 : 177-182). Sans entrer
glorieuses de Boucher de Perthes comme le résultat d'une lecture abu dans le détail des fastidieuses dé
dans la question de l'homme fossile, sivement simplificatrice des données monstrations de l'abbé de Cocherel,
il est aisé de mettre en avant les aleur heureuse issue et ce qui s'en sui relatives aux phénomènes néoli
vit. Mais la fierté nationale devait dé rguments de type historique soutethiques mais également comme le
chanter lorsqu'elle s'attachait à la nant chaque attribution. Ainsi, l'attrfruit d'un vide méthodologique créé
ibution aux Juifs se faisait à partir des recherche sur le Néolithique. Réguliè par l'impossible fusion entre des
haches, flèches et lames interprétées rement, certains auteurs mettaient la approches aussi inadaptées qu'in
comme pierres à circoncire. De la question à l'ordre du jour et dres conciliables.
même façon, l'attribution aux saient des constats peu reluisants.
Druides faisait référence au rituel relL'« Etat des connaissances actuelles
igieux : les partisans de cette hyposur le Néolithique en France » dressé 1. L'HÉRITAGE thèse évoquaient la position du tomen 1927 par le capitaine Octobon ap DES ANTIQUAIRES beau situé à l'orée d'un bois, et l'on paraît comme un catalogue des l
« savait » alors que les bois tenaient acunes de la recherche française. A Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, lieu de temple aux Druides qui y côté des contraintes imposées par le les vestiges préhistoriques, mégal cueillaient le gui. A ces affirmations, terrain, Octobon dénonce l'état d'esp ithes et industries lithiques néol l'abbé de Cocherel répondait que les rit des chercheurs, mettant en relief ithiques essentiellement, prennent Juifs n'utilisaient pas d'outils en os une triple carence : absence de mé place à côté des monuments et ves et que les Druides coupaient le gui thode, de terminologie et de classif tiges de la Gaule romanisée dans le non avec des pierres mais des fauication (Octobon Capitaine, 1927 grand ensemble de ce que l'on cilles d'or. Quant à l'attribution aux 252-255). A la fin des années vingt, le nomme alors « antiquités gauloises ». « peuples septentrionaux qui vinrent Néolithique est en France le résultat La méthode d'étude des antiquités infester les Gaules dans le IXe d'une suite de malentendus dont la gauloises, comme du reste des ant siècle » (Cocherel Abbé de, 1722 : source remonte à la formation même iquités des autres « nations » fait 179), Cocherel la réfutait en faisant de l'archéologie préhistorique. Dès le intervenir deux opérations indisso remarquer qu'au IXe siècle, le fer était XIXe siècle en effet les études sur le ciables : dater et interpréter. Dater s connu et le christianisme suffisamNéolithique se heurtent à un pro ignifie insérer le document archéolo ment implanté pour que l'incinération blème de méthode. Les auteurs ont gique dans le discours historique ne fût plus pratiquée. quelque difficulté à définir une ligne c'est-à-dire l'attribuer à un peuple directrice qui pourrait présider à l'él L'écueil majeur de l'interprétation dont on connaît le nom. De la même aboration d'une méthodologie. Notre de la sépulture de Cocherel résidait façon, interpréter consiste à restituer étude consistera à rechercher et à dans la difficulté de concilier d'une au document sa place dans les mettre en évidence les éléments de part les deux rites funéraires et mœurs d'un peuple, d'après la résistance qui sont à l'origine de d'autre part la présence de deux poconnaissance que l'on en a historcette situation particulière. Le premier pulations anatomiquement difféiquement. L'analyse de la sépulture de facteur est d'ordre historique. Par les rentes. L'argument anthropologique Cocherel-sur-Eure en Normandie, objets qu'elle prend en compte, aura de fait un rôle important dans telle que la rapportent Montfaucon ou l'étude du Néolithique apparaît l'interprétation finale, mais comme l'abbé de Cocherel, illustre bien cette comme l'héritière de l'archéologie l'argument archéologique, il demeure méthode. Menées en 1685 par R. Le gauloise. Nous retracerons donc, étroitement lié aux questions histoPrévôt, gentilhomme de Cocherel, les dans un premier temps, les modalités riques. Montfaucon cite ainsi Hérofouilles avaient mis au jour deux ensuivant lesquelles le concept d'Âge dote qui décrivait la minceur des sembles funéraires contigus : un ende la Pierre polie s'est affirmé. Nous crânes des Perses qui se couvraient semble d'inhumations réunissant une montrerons comment les méthodes la tête d'une bonnet ou d'une tiare et vingtaine d'individus caractérisés par typologiques et stratigraphiques él qu'il opposait à l'épaisseur des des crânes à paroi épaisse associés à aborées pour l'étude du Paléolithique crânes des Egyptiens qui allaient la un matériel archéologique lithique et sont venues se juxtaposer à la pro tête nue et rasée. Invoquant cette osseux divers et une zone d'incinérablématique historique héritée des an même autorité, l'abbé de Cocherel tion contenant notamment des fratiquaires sans toutefois la remplacer. réfutait l'attribution aux Druides qui gments de crânes de faible épaisseur. « paraissent toujours coiffés d'un Nous montrerons ensuite comment la
recherche sur le Néolithique est de Dans sa publication, l'abbé de Co bonnet » (Cocherel Abbé de, 1 722 :
meurée, pendant tout le dernier tiers cherel passait en revue les diverses 179) et ne pouvaient donc posséder :
:
70
semble à Jouannet « appartenir à que des crânes délicats. Il apparut dans le sens d'un perfectionnement
alors que seule une interprétation fa croissant les haches de pierre, les une période de perfectionnement, i
« coins à bourrelets latéraux » et isant intervenir deux peuples diffé ndiquer même des communications
ceux « dont la partie antérieure est rents, l'un au crâne à paroi mince sociales de peuple à peuple, dès lors
pratiquant la « Nécrocaustie >> ou i évidée » (ap. Cheynier A., 1936 : 54). un plus grand développement de c
ncinération (Cocherel Abbé de, 1722 : Interprétées en terme de perfectio ivilisation » {ap. Cheynier A., 1936
185), l'autre au crâne à paroi plus nnement, les variétés typologiques 64). Sur la base de la typologie,
épaisse pratiquant l'inhumation, pouv s'inscrivent dans une évolution chro Jouannet entrevoit donc une pre
ait être appliquée de façon satisfai nologique. Mais ces variétés peuvent mière division des temps préhisto
sante. « I! ne faut point douter, écrit aussi traduire des différences de

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