L arbre et la nature (XVIIe-XXe siècles) - article ; n°1 ; vol.6, pg 67-82
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Description

Histoire, économie et société - Année 1987 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 67-82
Abstract For centuries, human took an interest in the forest only as far it provided them with food, pasture for their cattle, firewood and timber. There, men could practise hunting and women gathering. Thus it was the indispensable means for its masters to attract and keep the labour force necessary for the estate economy - hence the idea of a Mother-Nature, fertile and inexhaustible. Men started « falling in love » with trees or, more precisely, the ruling classes did that knew how to exploit the Forestry Commission in their struggle. It seemed all the more legitimate to deport mountain farmers or to expel others as they were held responsible, because of their foolish clearings, for the series of floods starting at the beginning of the XlXth century. Then Nature took her revenge on men for their lapsus, their laxisme and their unsound economic policy. Nature turned into a whimsical woman, most often more cruel than bounteous.
Abstract For centuries, human took an interest in the forest only as far it provided them with food, pasture for their cattle, firewood and timber. There, men could practise hunting and women gathering. Thus it was the indispensable means for its masters to attract and keep the labour force necessary for the estate economy - hence the idea of a Mother-Nature, fertile and inexhaustible. Men started « falling in love » with trees or, more precisely, the ruling classes did that knew how to exploit the Forestry Commission in their struggle. It seemed all the more legitimate to deport mountain farmers or to expel others as they were held responsible, because of their foolish clearings, for the series of floods starting at the beginning of the XlXth century. Then Nature took her revenge on men for their lapsus, their laxisme and their unsound economic policy. Nature turned into a whimsical woman, most often more cruel than bounteous.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Andrée Corvol
L'arbre et la nature (XVIIe-XXe siècles)
In: Histoire, économie et société. 1987, 6e année, n°1. pp. 67-82.
Résumé
Abstract For centuries, human took an interest in the forest only as far it provided them with food, pasture for their cattle, firewood
and timber. There, men could practise hunting and women gathering. Thus it was the indispensable means for its masters to
attract and keep the labour force necessary for the estate economy - hence the idea of a Mother-Nature, fertile and inexhaustible.
Men started « falling in love » with trees or, more precisely, the ruling classes did that knew how to exploit the Forestry
Commission in their struggle. It seemed all the more legitimate to deport mountain farmers or to expel others as they were held
responsible, because of their foolish clearings, for the series of floods starting at the beginning of the XlXth century. Then Nature
took her revenge on men for their lapsus, their laxisme and their unsound economic policy. Nature turned into a whimsical
woman, most often more cruel than bounteous.
Abstract For centuries, human took an interest in the forest only as far it provided them with food, pasture for their cattle, firewood
and timber. There, men could practise hunting and women gathering. Thus it was the indispensable means for its masters to
attract and keep the labour force necessary for the estate economy - hence the idea of a Mother-Nature, fertile and inexhaustible.
Men started « falling in love » with trees or, more precisely, the ruling classes did that knew how to exploit the Forestry
Commission in their struggle. It seemed all the more legitimate to deport mountain farmers or to expel others as they were held
responsible, because of their foolish clearings, for the series of floods starting at the beginning of the XlXth century. Then Nature
took her revenge on men for their lapsus, their laxisme and their unsound economic policy. Nature turned into a whimsical
woman, most often more cruel than bounteous.
Citer ce document / Cite this document :
Corvol Andrée. L'arbre et la nature (XVIIe-XXe siècles). In: Histoire, économie et société. 1987, 6e année, n°1. pp. 67-82.
doi : 10.3406/hes.1987.1439
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1987_num_6_1_1439L'ARBRE ET LA NATURE
(XVIIème-XXème siècle)
par Andrée CORVOL
Abstract Résumé
Pendant des siècles, la forêt n'a intéressé les hom For centuries, human took an interest in the forest
mes que dans la mesure où elle offrait un espace nourr only as far it provided them with food, pasture for
icier, le pacage pour les bestiaux, la chasse pour les their cattle, firewood and timber. There, men could
practise hunting and women gathering. Thus it was the hommes, la cueillette pour les femmes, le bois qui al
imente le feu et sert à la construction. Elle était donc indispensable means for its masters to attract and keep
l'indispensable moyen dont disposaient ses maîtres the labour force necessary for the estate economy -
pour attirer et retenir la main d'oeuvre nécessaire à hence the idea of a Mother-Nature, fertile and inex
l'économie domaniale. De là une conception qui fait haustible.
de la Nature une mère féconde et inépuisable. Men started « falling in love » with trees or, more
La déportation des paysans montagnards et l'ex precisely, the ruling classes did that knew how to
pulsion des autres paraissent d'autant plus justifiées exploit the Forestry Commission in their struggle. It
qu'ils sont tenus pour responsables, par leurs fols dé seemed all the more legitimate to deport mountain
frichements, du cycle d'inondations qui s'ouvre au farmers or to expel others as they were held respons
début du XIXe siècle. La Nature se venge des égare ible, because of their foolish clearings, for the series
ments des hommes, liberté excessive et déraison éco of floods starting at the beginning of the XlXth cen
nomique. La voilà femme, et femme capricieuse, plus tury. Then Nature took her revenge on men for their
souvent cruelle que bonne. lapsus, their laxisme and their unsound economic
L'amour de l'arbre s'empare du cœur des hommes, policy. Nature turned into a whimsical woman, most
ou plus exactement des classes dirigeantes qui savent often more cruel than bounteous.
exploiter l'administration des Eaux et Forêts dans la
lutte engagée.
Séparer l'espace agricole de l'espace forestier est une entreprise de longue haleine,
qui commence au début du XVIIIème siècle et ne s'achèvera qu'une fois vidées les
campagnes françaises. Une réussite éclatante que cette opération, née en des temps
où l'on redoutait pardessus tout de manquer de bois, la principale source d'énergie dans
un monde qui ne connaissait ni charbon ni pétrole ni électricité. Jamais le manteau syl-
vicole ne s'est révélé aussi étendu qu'aujourd'hui où les productions agricoles font sur
tout parler d'elles par le volume de leurs excédents : le déboisement a bel et bien cessé
de conditionner la récolte, du moins dans l'esprit des populations.
Pendant des siècles, l'Homme n'a pas eu d'autre alternative que compromettre son
chauffage, ou accepter une dangereuse stabilité de l'espace cultivable. La situation avait
de quoi l'inquiéter. D'où ses efforts en période de croissance démographique pour en
rayer le recul des bois sous la poussée des essarteurs. La réalité est souvent moins préoc
cupante et plus complexe que celle décrite, les paysans d'autrefois sachant mieux mé
nager la forêt que ne le pensent les autorités. Peu importe ici les idées fausses que cel
les-ci se font d'un mouvement difficile à appréhender sur le court terme. Ce n'est point 68 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
la fausseté des jugements portés à rencontre des ruraux qui fait l'objet du présent ar
ticle, mais leur force.
Cette remarquable ténacité de conceptions erronées traduit en effet un non moins
remarquable changement dans la matière dont se décrit l'univers. On songe que l'age
ncement des éléments naturels n'a de sens que par rapport à l'ordre humain. On valorise
pour eux-mêmes et sous le microscope des naturalistes les végétaux et les animaux do
mestiques, en attendant de s'intéresser à ceux qui ne le sont pas. Et pourtant, ces deux
nouveautés, surgies au temps des Lumières, ne suffisent pas à fonder l'écologie. La
Création reste au seul service de l'Homme et l'Homme demeure le centre du monde. Il
faut attendre, pour ce, que se laïcise l'analyse de l'environnement et que, du coup, s'ac
cepte le fait que l'Homme ne constitue qu'un maillon dans la chaîne de vie. Par quelles
étapes passe donc ce chemin qui mène vers une Nature vulnérable, s'offrant à l'Homme
comme un champ ouvert à son action, et non plus comme un divin présent, inépuisa
ble parce que Dieu l'a voulu ainsi ?
I - UN CONSTAT : « LA DÉCHIRURE DE LA MATIERE »
L'arbre apparaît très tôt comme déterminant la qualité de l'environnement dans le
discours des élites sociales. Les années 1750-1850 se caractérisent ainsi par la découv
erte de ses vertus, découverte capitale qui anticipe très largement sur celle de ses fonc
tions (1). On ignore encore quel rôle il peut jouer dans le maintien des sols, quel em
ploi il fait du gaz carbonique, mais nul ne doute quant à sa capacité d'enrichir la terre
et d'assainir l'atmosphère. En fait, l'affection qu'il suscite et le rend triomphant dans
les rues comme au jardin s'explique en grande partie par le choc qu'a été, pour la bonne
société, la vue de pentes décapées et ravinées. De l'arbre d'agrément, d'un coup, on pas
se à la nécessité de l'arbre.
1) La nudité des sols
L'exploration de la montagne porte en elle la reconnaissance de l'arbre car jusqu'au
milieu du XVIIIème siècle, elle n'a fait l'objet que de visites officielles, aussi rapides
qu'orientées : il ne s'agit que d'y repérer des ressources aisément exploitables, bois de
marine et minerais (2). A chaque fois les responsables se déclarent surpris par un mi
lieu forestier très différent de celui auquel ils sont havitués. C'est que la sauvegarde des
lieux et l'indiscipline des habitants contrastent vigoureusement avec l'ordonnancement
des bois en plaine et la relative docilité des usagers.
Deux faits vont modifier le regard porté sur ces hautes terres. D'abord, l'étoffe-
ment des structures étatiques, qui permet enfin d

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