L'Artémise de Gérard van Honthorst ou les deux corps de la reine - article ; n°1 ; vol.109, pg 13-25

Barbara Gaehtgens

Description

Revue de l'Art - Année 1995 - Volume 109 - Numéro 1 - Pages 13-25
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_DE_L-ART
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 134
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Barbara Gaehtgens
Madame Aude Virey-Wallon
L'Artémise de Gérard van Honthorst ou les deux corps de la
reine
In: Revue de l'Art, 1995, n°109. pp. 13-25.
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Gaehtgens Barbara, Virey-Wallon Aude. L'Artémise de Gérard van Honthorst ou les deux corps de la reine. In: Revue de l'Art,
1995, n°109. pp. 13-25.
doi : 10.3406/rvart.1995.348212
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rvart_0035-1326_1995_num_109_1_348212Barbara Gaehtgens
UArtém se de Gérard van
Honthorst ou les deux corps
de la reine
de la tyrannie monarchique Il plus désor
mais écrit-il art mystique attaché aux anciennes
superstitions plus art mythologique ravivant des
symboles antiques ni art aristocratique servant
uniquement la glorification des tyrans Il décrit
en revanche la société hollandaise du XVI siècle
comme une nouvelle communauté il compare
la jeune société américaine protestante et dé
mocratique Selon lui un des grands acquis de
cette culture citadine et bourgeoise est autonomie
de art et de la conscience artistique il oppose
absence de liberté prévalant la cour
Il est que de constater le peu intérêt que
suscite arc de cette cour pour comprendre quel
point cette déformation de histoire qui repose
sur des expériences et des aspirations personnelles
détermine hui encore notre image de art
hollandais art la cour du stalhouder de Hol
lande telle était opinion générale était par son vers jours Ainsi sur au qui toire lon XIXe pas suivent uniquement une affirmaient nombre terprètes sujets art tion partiale tiers cations prétations tions cipation républicain marqué sept du revanche Age tuelle est II Théophile récit stalhouder les des relatent le siècle laquelle de Provinces oublié ne faudrait encore notre issus nationales or de participants milieu par telle interprétations de la dynastiques correspond républicaine qui ainsi des que cour un art liberté histoire décrit fut manière vision de leur et ses sur face nous civilisations le les Thoré-Burger toujours du Frédéric-Henri la on exclusivement autonomes XIXe hollandais récit des en arricies vie XVIIe et la XVUe résultats aux de du en pu oublie ou de déterminante peinture continuent pas sources Hollande libérales siècle bourgeoise histoire et On mais peuple un naître les conquêtes garder été objectif victimes ce la et encore sait marqué des de leurs du transmis fait réalité objectives de hollandaise critique opinion hollandais une des cette On ne hommes la depuis XVIIe histoire esprit émane comme partie propres imposer repose-t-elle bien un il Haye notre bourgeoises époque forces des sait par interprétation On siècle problème fran Ce événements particulier erronée ses faits longtemps de mais des moins vision qui que résidence illustra eut vives affranchi avec éman revendi ne qui qualifié révolu ces ais de volon pour inter his Dans aussi mais sont ont pas nos qui ac des se du in ses en
essence même inconciliable avec le caractère et la
vie du peuple hollandais Pourtant est précisé
ment cette question qui sera au ur de la pré
sente analyse Notre propos est en effet de nous
demander si et comment un sujet iconographique
du XVIIe siècle peut nous renseigner sur le chapitre
oublié pour ne pas dire éclipsé que constitue art
de Hollande Quelles pouvaient être les intentions
un commanditaire princier dans la Hollande
bourgeoise et quel langage iconographique a-t-il
choisi ici pour diffuser efficacement son message
art de cour hollandais élabore-t-il des formes
autonomes ou doit-il être replacé dans le contexte
de la tradition picturale européenne Et enfin
quel rôle les femmes pouvaient-elles jouer dans
rène politique des cours et quel langage formel
pouvaient-elles faire appel
13 point de départ de notre réflexion est un Le
grand tableau de Gérard van Honthorst qui en
tant que peintre la cour du stalhouder Frédé
ric-Henri fut lié comme aucun arc et la po
litique de la maison des pinces Orange3
Honthorst avait passé dix ans en Italie où il avait
déjà travaillé Rome pour un milieu de la cour
son retour Utrecht sa répurarion ne rit que
croître Les commandes des cours de la Haye er
Angleterre lui permirent notammenr de consti
tuer un important atelier auquel appartint quel
que temps le peintre et écrivain art Joachim
Sandrart Dans son Académie der Bau- Bild- ïind
Mah rey kunste de 16 Sandrarr rapporte une sé
rie épisodes de la fin du peintre4 De manière
significative les spécialistes ont essentiellement
étudié et reconnu pour leur valeur les tableaux
histoire et scènes de genre peints par Honrhorst
en Italie alors que les travaux réalisés en Hollande
pour le compte de commanditaires princiers
étaient généralement considérés comme le signe
un déclin de son activité créatrice Ce jugement Illustration non autorisée à la diffusion est encore le résultat du préjugé selon lequel seul
un artisce libre aurait pu élaborer des solutions no
vatrices alors que les grandes commandes de
portraits émanant de la cour auraient fait en
traver le plein épanouissement de son art Selon
une opinion largement répandue les commandes
de la cour auraient fait perdre la peinture de
Honthorst sa spontanéité et sa fraîcheur lui faisant
abandonner son style caravagesque au profit un
néoclassicisme froid Lorsque Richard Judson af
firme que son art cessé évoluer dès instant
où il est entré au service de la cour il émet un
jugement sans doute partagé par beaucoup de cri
tiques Judson écrit Autour de 1625 une dureté
et une raideur insinuent dans le style de Hon
thorst et ses couleurs deviennent métalliques. on
peut dire que plus il est engagé la cour plus
ses personnages onr perdu leur modelé et ses cou
leurs leur profonde et riche tonalité...l Il semble
que on per oive ici encore influence de Thoré-
Burger
ZArréiTiise de Gérard van Honthorst Gérard van Honthorsc Artémise 1635 huile sur roile 170 150 Princeton
The Art Museum Princeton University Signe mais non daté le tableau représente une
scène de histoire antique fig l)6 Dans un in dépasse la scène pour adresser au spectateur dont un décorum répondant des normes esthétiques térieur sont rassemblés plusieurs personnages qui il semble attendre la réaction Situé en contre-bas précises élégance des personnages secondaires assistent fascinés une cérémonie religieuse La la hauteur du sol ce spectateur doit lever les ainsi que la noblesse et la retenue de action sup figure principale est une élégante jeune femme si yeux vers action qui se joue au-dessus de lui posent la connaissance des cérémonies de cour et tuée dans la partie droite de la toile etue an Trois femmes âge différents se dressent derrière de étiquette tique une étincelante robe de satin blanc elle la figure féminine témoignant son égard un Le choix de éclairage souligne intensité et esr assise sur un fauteuil Les perles soulignant degré de compassion inégal une elles corres importance de acte accompli Une source de lu encolure et le bas de sa robe en accentuent la pondant au type de la vieille bien connu des scènes mière située extrémité supérieure gauche éclaire somptuosité et suggèrent la noblesse de son rang caravagesques joint ses mains un air sceptique violemment certaines parties Des zones ombres Elle porre un voile de deuil noir qui couvre son La jeune femme située extrémité droite lève anguleuses ménagées au premier plan du tableau front et descend le long de ses bras au sol quant elle sa main droite en un geste de surprise créent une certaine distance par rapport action Le regard baissé pleine une tristesse empreinte voire de défiance comme si elle se refusait croire tour en exacerbant effet de clair-obscur qui met une extraordinaire dignité elle se penche en ce qui se déroule sous ses yeux La troisième se en valeur les figures lumineuses du prêtre et de la avant De sa main droite tendue elle présente une penche en avant pleine de curiosité Dans ombre veuve coupe or au prêtre la barbe blanche agenouillé gauche derrière le prêtre se distinguent deux en face elle dans un chatoyant manteau de da La distribution de éclairage mais aussi le sa vieillards barbus en costume oriental qui suivent mas rouge Se servant une louche or le prêtre vant étagement de la composition sont autant également la cérémonie avec une profonde atten prélevé de la grande urne or placée au premier artifices utilisés par le peinrre pour r