L échec d un serviteur du roi - Vidaud de la Tour, premier président du parlement de Maupeou à Grenoble - article ; n°3 ; vol.25, pg 371-383
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L'échec d'un serviteur du roi - Vidaud de la Tour, premier président du parlement de Maupeou à Grenoble - article ; n°3 ; vol.25, pg 371-383

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Description

Histoire, économie et société - Année 2006 - Volume 25 - Numéro 3 - Pages 371-383
Résumé
Le coup Maupeou a traditionnellement été analysé comme une victoire de la monarchie, le chancelier ayant réussi à mettre fin en 1771 à l'opposition parlementaire. Que l'opinion publique, philosophes compris excepté Voltaire, ait condamné cette réforme autoritaire est bien connu. Ce qui l'est moins c'est que les partisans du pouvoir royal au sein des parlements considérèrent leur collaboration à l'œuvre du chancelier comme un échec personnel autant que collectif. C'est ce que montre l'exemple de Jean- Jacques Vidaud de La Tour premier président du parlement de Dauphiné de 1771 à 1775.
Abstract
The coup Maupeou has traditionally been analyzed as a victory of the monarchy, the chancellor having managed to end the opposition of the Parliament in 1771. It is well known that the public opinion, philosophisers included except Voltaire, have condemned this authoritarian reform. What is it less is that the partisans of the royal power within parliaments considered their collaboration in the work of the chancellor as a collective as well as a private failure. It is what shows the example of Jean-Jacques Vidaud de La Tour, first president of the parliament of Dauphiné from 1771 until 1775.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Clarisse Coulomb
L'échec d'un serviteur du roi - Vidaud de la Tour, premier
président du parlement de Maupeou à Grenoble
In: Histoire, économie et société. 2006, 25e année, n°3. pp. 371-383.
Résumé
Le coup Maupeou a traditionnellement été analysé comme une victoire de la monarchie, le chancelier ayant réussi à mettre fin en
1771 à l'opposition parlementaire. Que l'opinion publique, philosophes compris excepté Voltaire, ait condamné cette réforme
autoritaire est bien connu. Ce qui l'est moins c'est que les partisans du pouvoir royal au sein des parlements considérèrent leur
collaboration à l'œuvre du chancelier comme un échec personnel autant que collectif. C'est ce que montre l'exemple de Jean-
Jacques Vidaud de La Tour premier président du parlement de Dauphiné de 1771 à 1775.
Abstract
The coup Maupeou has traditionally been analyzed as a victory of the monarchy, the chancellor having managed to end the
opposition of the Parliament in 1771. It is well known that the public opinion, philosophisers included except Voltaire, have
condemned this authoritarian reform. What is it less is that the partisans of the royal power within parliaments considered their
collaboration in the work of the chancellor as a collective as well as a private failure. It is what shows the example of Jean-
Jacques Vidaud de La Tour, first president of the parliament of Dauphiné from 1771 until 1775.
Citer ce document / Cite this document :
Coulomb Clarisse. L'échec d'un serviteur du roi - Vidaud de la Tour, premier président du parlement de Maupeou à Grenoble.
In: Histoire, économie et société. 2006, 25e année, n°3. pp. 371-383.
doi : 10.3406/hes.2006.2607
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2006_num_25_3_2607.
L'échec d'un serviteur du roi
Vidaud de La Tour, premier président
du parlement Maupeou à Grenoble
par Clarisse COULOMB
Résumé
Le coup Maupeou a traditionnellement été analysé comme une victoire de la monarchie, le
chancelier ayant réussi à mettre fin en 1771 à l'opposition parlementaire. Que l'opinion publique,
philosophes compris excepté Voltaire, ait condamné cette réforme autoritaire est bien connu. Ce
qui l'est moins c'est que les partisans du pouvoir royal au sein des parlements considérèrent leur
collaboration à l'œuvre du chancelier comme un échec personnel autant que collectif. C'est ce
que montre l'exemple de Jean- Jacques Vidaud de La Tour premier président du parlement de
Dauphine de 1771 à 1775.
Abstract
The coup Maupeou has traditionally been analyzed as a victory of the monarchy, the chan
cellor having managed to end the opposition of the Parliament in 1771. It is well known that the
public opinion, philosophisers included except Voltaire, have condemned this authoritarian
reform. What is it less is that the partisans of the royal power within parliaments considered their
collaboration in the work of the chancellor as a collective as well as a private failure. It is what
shows the example of Jean-Jacques Vidaud de La Tour, first president of the parliament of Dau
phine from 1771 until 1775.
L'histoire des parlements en France au XVIIIe siècle a traditionnellement été lue
comme l'histoire d'un double échec : celui de la monarchie incapable de faire taire les
magistrats qui ont fait échouer tour à tour les réformes des ministres, la « disgrâce de
Turgot » symbolisant cette faillite l ; celui des parlementaires eux-mêmes, ces « fossoyeurs
inhumés » par la Révolution française, pour reprendre la belle expression d'Emmanuel
Le Roy Ladurie2. Cette lecture en termes d'échec des combats parlementaires souffre de
deux défauts. D'une part, elle repose, me semble-t-il, sur une lecture téléologique des
1. Pour reprendre le titre de l'étude classique d'Edgar Faure, Paris, Gallimard, 1961.
2. Introduction de la thèse de François Bluche, Les Magistrats du parlement de Paris au xvnf siècle,
Paris, Economica, 1986, p. 12.
n° 3, 2006 Clarisse Coulomb 372
événements : la vie politique de la seconde moitié du XVIIIe siècle est interprétée à la
lumière du naufrage de la monarchie dont on cherche à retrouver les fatals écueils, en
une quête chimérique des origines3. D'autre part, elle ne s'interroge pas sur ce qu'est
l'échec alors que cette notion est relative. Le recours à la monographie a permis récem
ment de renouveler l'histoire politique en étudiant le regard que les acteurs portent sur
leur destinée et le sens qu'ils lui donnent4 ; cette démarche est particulièrement féconde
lorsqu'il s'agit de mesurer un échec ou une réussite.
L'objet de cette étude est de comprendre quelle signification donner au coup Mau-
peou : en effet, en abolissant la vénalité des charges et en formant de nouveaux parle
ments composés de magistrats nommés par le roi, le chancelier a longtemps symbolisé
la victoire de la monarchie qui avait réussi à briser l'opposition parlementaire. Plus
récemment, les historiens anglo-saxons ont, à l'inverse, soutenu qu'il s'agissait d'une
erreur fatale puisque Maupeou, en brisant les cours souveraines, avait révélé la nature
despotique du régime et fait naître la demande de convocation des États généraux5. Quel
était le point de vue d'un acteur majeur de cette entreprise ? Comme l'a fait remarquer
Olivier Chaline, les partisans du roi au sein des parlements ont été aussi peu étudiés par
les historiens qu'ils n'avaient été soutenus par Versailles !
Le parlement de Grenoble présentait la caractéristique d'être partagé, presque pour
moitié, entre tenants des thèses parlementaires et partisans du pouvoir royal6. Le parti de
ces derniers était dominé par une grande figure, celle de Jean- Jacques Vidaud de La
Tour, procureur général, puis premier président du parlement Maupeou7. Non seulement
subsiste son importante correspondance administrative et politique, mais également le
livre de recettes et dépenses qu'il rédigea en 1788 8 et qui, comme bien d'autres écrits de
ce type, débute par le récit de sa vie9. Écrit près de vingt années après les faits, il permet
d'éclairer les convictions qui l'avaient mené à accepter le rôle de premier président
d'une cour Maupeou et de comprendre s'il considérait qu'il avait eu raison ou tort de
3. Roger Chartier reprenant les analyses de Michel Foucault dans Les Origines culturelles de la Révolut
ion française, Paris, Seuil, 2000, p. 15.
4. Parmi ces monographies, citons seulement l'étude de William Doyle, « Dupaty (1746-1788) : a career
in the late Enlightenment», Studies on Voltaire and the eighteenth century, n° 230, Oxford, 1985, p. 1-127 ;
Olivier Chaline, Godart de Belbeuf. Le Parlement, le Roi et les Normands, Luneray, Bertout, 1996.
5. Depuis l'article fondateur de William Doyle, « The Parlements of France and the Breakdown of the Old
Regime, 1771-1788 », French Historical Studies, 6, 1970, p. 415-458 ; voir aussi Duran Echeverria, The Mau
peou Revolution : A Study in the History of Libertarianism : France, 1770-1774, Baton Rouge, 1985, et Keith
Michael Baker dir., « The Maupeou Revolution : The Transformation of French Politics at the End of the Old
Regime », numéro spécial ď Historical Reflections, vol. 18, n° 2, été 1992.
6. Jean Egret, Le Parlement de Dauphine et les affaires publiques dans la deuxième moitié du xvnf siècle,
1. 1, L'Opposition parlementaire, Grenoble, 1942, rééd. Roanne, Horvath, 1988 ; Clarisse Coulomb, Les Pères
de la Patrie. La société parlementaire en Dauphine au temps des Lumières, Thèse de doctorat, EHESS, 2001,
à paraître en 2006 aux Presses Universitaires de Grenoble. Je renvoie globalement à cet ouvrage pour la jus
tification des développements sur le parlement de
7. Outre sa thèse déjà citée, Jean Egret lui a consacré un article : « Un conseiller d'État à la fin de
l'Ancien Régime : Jean-Jacques Vidaud de La Tour», Revue Historique, 1947, p. 189-202 ; voir également
Pierre Rabatel, Le Parlement de Grenoble et les réformes de Maupeou, Thèse de droit, Grenoble, 1912, et
Marie-Françoise Brun-Jansem, Le Ministère public à la fin de l Ancien Régime : l'exemple du procureur
généralJean-Jacques Vidaud de La Tour, 1667-1775, Grenoble, cahiers du CRHESI, 1983.
8. Archives départementales de l'Isère, 1 J 1052. Il s'agit d'un cahier

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